image obsédante

je pouvais dire à la position du chat

à la manière dont il s’était tapi,

que sa proie le rendait dingue ;

et lorsque ma voiture est venue sur lui,

il s’est redressé dans la pénombre

et s’est enfui

avec un oiseau dans la gueule,

un très gros oiseau gris,

aux ailes tombantes comme un amour brisé,

transpercé par les crocs,

toujours en vie

mais plus beaucoup,

vraiment plus beaucoup.



l’oiseau d’amour brisé

le chat passe dans mon esprit

et je n’arrive pas à le faire sortir :

le téléphone sonne,

je réponds à une voix,

mais je le revois encore et encore,

ainsi que les ailes tombantes

les ailes tombantes et grises,

et cette chose tenait

dans une tête qui ne connaissait pas la pitié ;

c’est le monde, c’est le nôtre ;

j’ai raccroché le téléphone

et les murs chats de la chambre

se rapprochent de moi

et je voudrais hurler

mais ils ont des endroits pour les gens

qui hurlent ;

et le chat passe

le chat passe pour toujours

dans mon cerveau. 

Auteur: Bukowski Charles

Info: "conversation au téléphone" dans Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp, éditions du Rocher, 2008

[ allégorie ] [ cruauté ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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