métamorphose

Oisif dans la forêt de ma chambre

avec des arbres de tungstène, une chouette préparant du café,

des toiles d’araignée capuchonnées d’or sur les fenêtres regardant l’enfer du dehors ;

haleine tabagique : statues de perfection,

qui ne se laissent pas enliser dans des diatribes cancéreuses ;

des moteurs et des roues se traînent vers des issues gazeuses le long de la dent de sabre ;

mes arbres grimpent au milieu des comptines de singes,

grimpent à travers le plafond,

cassent les antennes télé et

le braillement terne des rires en boîte,

de l’humour en boîte, de la mort en boîte ;

oisif, oisif dans cette forêt,

lys calla, herbe, pierre, la paix de toute une nuit

sans bombarbier ni visage,

et je rêve le rêve de pierre,

le rêve d’herbe,

la rivière coulant à travers les phalanges

de mes doigts 

à cent cinquante ans de là

abandonnant des petites quantités de gravillons, d’or et de radium,

que des poissons étourdis

soulèvent et retournent

avant de laisser retomber,

des particules de sable remontent

dans mon sommeil…

Le hibou recrache son café,

mes singes parlent d’un projet inepte

et mes murs

mes murs m’aident à supporter la saisie. 

Auteur: Bukowski Charles

Info: "ermite dans la ville" dans Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp, éditions du Rocher, 2008

[ poème ] [ jungle ] [ transfiguration ] [ imagination ] [ pièce ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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