Oisif dans la forêt de ma chambre
avec des arbres de tungstène, une chouette préparant du café,
des toiles d’araignée capuchonnées d’or sur les fenêtres regardant l’enfer du dehors ;
haleine tabagique : statues de perfection,
qui ne se laissent pas enliser dans des diatribes cancéreuses ;
des moteurs et des roues se traînent vers des issues gazeuses le long de la dent de sabre ;
mes arbres grimpent au milieu des comptines de singes,
grimpent à travers le plafond,
cassent les antennes télé et
le braillement terne des rires en boîte,
de l’humour en boîte, de la mort en boîte ;
oisif, oisif dans cette forêt,
lys calla, herbe, pierre, la paix de toute une nuit
sans bombarbier ni visage,
et je rêve le rêve de pierre,
le rêve d’herbe,
la rivière coulant à travers les phalanges
de mes doigts
à cent cinquante ans de là
abandonnant des petites quantités de gravillons, d’or et de radium,
que des poissons étourdis
soulèvent et retournent
avant de laisser retomber,
des particules de sable remontent
dans mon sommeil…
Le hibou recrache son café,
mes singes parlent d’un projet inepte
et mes murs
mes murs m’aident à supporter la saisie.
Auteur:
Info: "ermite dans la ville" dans Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp, éditions du Rocher, 2008
Commentaires: 0