et nous avons emménagé ici et avons eu le bébé,
une merveilleuse petite fripouille aux yeux pâles
qui m’a fait avaler mon cœur comme la cerise d’une boisson glacée
mais la femme a décrété que j’étais fou moi aussi
et elle et l’enfant sont partis vivre à Hollywood
et je leur donne autant d’argent que je peux –
mais la plupart du temps je passe toute la journée
à transpirer dans mon lit
à me demander combien de temps encore j’arriverai à les abuser
à écouter mon proprio tondre
sa pelouse dehors
46 années me pèsent sur le dos
et de grosses larmes vertes tombent en cascade ah, ah,
sur mon visage et mon oreiller sale les classifie :
toutes ces années flinguées en pleine tête
assassinées pour toujours
ivres mortes
entravées et piétinées dans des usines
criblées de mauvais rêves
dégoulinant dans des piaules infestées de souris et de
fantômes
aux quatre coins d’une Amérique insensée,
mec oh mec.
Auteur:
Info: "ces fenêtres enragées qui goûtent à la vie et me coupent si je passe à travers" dans Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp, éditions du Rocher, 2008
Commentaires: 3
miguel
12.12.2025
ok
Coli Masson
12.12.2025
Je ne sais pas si c'est vraiment le mot... je vois plutôt le regret d'un gâchis, de temps perdu, de gaspillage... errance plutôt ?
miguel
09.12.2025
perdu ?