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vente

Bon nombre de tableaux gisaient pêle-mêle parmi les meubles et les livres marqués au chiffre de leur ancien possesseur, quoique celui-ci n’eût sans doute jamais eu la louable curiosité d’y jeter un coup d’œil. Les vases de Chine, les tables de marbre, les meubles neufs et anciens avec leurs lignes arquées, leurs griffes, leurs sphinx, leurs pattes de lions, les lustres dorés et sans dorures, les quinquets, tout cela, entassé pêle-mêle, formait comme un chaos d’œuvres d’art, bien différent de la stricte ordonnance des magasins. Toute vente publique inspire des pensées moroses ; on croit assister à des funérailles. La salle toujours obscure, car les fenêtres encombrées de meubles et de tableaux ne filtrent qu’une lumière parcimonieuse ; les visages taciturnes ; la voix mortuaire du commissaire-priseur célébrant, avec accompagnement de marteau, le service funèbre des arts infortunés, si étrangement réunis en ce lieu ; tout renforce la lugubre impression.

Auteur: Gogol Nikolaï

Info: Nouvelles de Petersbourg. Le Portrait, p.140

[ aux enchères ] [ sinistre ]

 

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portrait

Un de ses amis m’écrivait il y a peu de temps qu’elle [Simone Weil] fut "plus poète dans sa vie que dans ses œuvres". C’est vrai. Elle était simple, et bien que sa culture générale fût tellement supérieure à la nôtre, nous avions avec elle de longues conversations sur un ton fraternel, nous plaisantions, elle riait avec nous, nous demandait de chanter (et pas toujours des choses très orthodoxes). Elle-même, assise au pied d’un petit lit de fer dans une chambre sans beauté qui ne comportait pas d’autres meubles, nous récitait parfois des vers grecs auxquels nous ne comprenions rien, mais qui nous réjouissaient quand même à cause du plaisir qu’elle y prenait. Enfin, un sourire, un coup d’œil faisaient de nous ses complices dans certaines situations cocasses. Ce côté de son caractère qui n’apparaissait pas souvent à cause du sérieux avec lequel elle envisageait d’ordinaire toutes choses avait un charme inoubliable.

Auteur: Thévenon Albertine

Info: Annexe dans "La condition ouvrière" de Simone Weil, éditions Galli mard, 2002, page 458

[ amie ] [ hommage ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

gouvernante

Néanmoins, chaque fois qu’il y avait des enfants, je m’en faisais des amis. Ce n’était pas à dessein. Je me retrouvais soudain en train de les divertir... L’une de mes maîtresses apprécia ce talent, pourtant. Elle avait deux petites filles, de sept et cinq ans. Elle m’engagea comme femme de chambre. Pendant deux ou trois jours, tout alla bien. La Présidente de la Cuisine était une vieille Noire obèse qui avait été la nourrice du maître de maison et faisait, comme on dit, partie des meubles. Personne n’a plus de pouvoir que ces meubles de famille dans les vieilles dynasties sudistes. Peu importe qui vous engage, le meuble peut vous chasser. Il rôde dans la maison en donnant des ordres à tout le monde, à commencer par le patron. Il ne faut surtout pas se mettre Cynthia, Rhoda ou Beckey à dos. Si on n’arrive pas à s’entendre avec la présidente, impossible de garder sa place.

Auteur: Hurston Zora Neale

Info: Des pas dans la poussière

[ gens de maison ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

mégapole

Une heure de voiture, le long d'une périphérie sans limites, composée entièrement de petits baraquements, de boutiques entassées, d'ombres de banians sur des maisonnettes indiennes aux arêtes émoussées et vermoulues comme de vieux meubles, suintantes de lumière, carrefours encombrés de passants aux pieds nus, habillés comme dans la Bible, tramways rouge et jaune à galerie ; petits immeubles modernes, immédiatement vieillis par l'humidité des tropiques, au milieu de jardins fangeux et de bâtisses de bois, bleu clair, vert d'eau ou simplement attaqués par le climat humide ou le soleil, avec des allées et venues continuelles et un océan de lumière, comme si partout, dans cette ville de six millions d'habitants, on célébrait une fête ; et puis le centre, sinistre et neuf, la Malabar Hill, avec ses petits immeubles résidentiels, dignes du quartier des Parioli, entre les vieux bungalows et le quai interminable, avec une série de cercles de lumière qui s'infiltrait à perte de vue dans l'eau...

Auteur: Pasolini Pier Paolo

Info: L'Odeur de l'Inde, p. 17

[ banlieue ] [ asie ]

 

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femmes-par-femmes

Dire qu'il y avait des gens assez bêtes pour se marier au bout de quelques semaines ! Fallait vraiment être givré...
Je sais de quoi je parle. Les promesses qu'on fait quand on est sur un petit nuage. Les cartons et les valises montés par l'escalier, les commodes et placards vidés pour faire de la place aux affaires d'un nouvel homme. L'espoir, toujours déçu, que cette fois, c'est du sérieux. Enfin un homme qui ne se défilera pas à la première occasion. Qui comprendra qu'il y a des jours avec et des jours sans. Son rasoir dans la salle de bain, son peigne, sa brosse. Ses vêtements à mettre à la machine avec les étiquettes à vérifier pour laver à la bonne température. Les CD inconnus alignés à côté des miens. Les plantes. Les tableaux à accrocher aux murs. En revanche, j'ai toujours refusé les meubles. Un petit bureau à la limite, un ordinateur. Le reste, il fallait le laisser au garde-meuble ou ailleurs.

Auteur: Ragde Anne B.

Info: Zona Frigida

[ couple ] [ emménager ]

 

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ignorance

Le moi de l’homme moderne a pris sa forme - nous l’avons indiqué ailleurs - dans l’impasse dialectique de la belle âme qui ne reconnaît pas la raison même de son être dans le désordre qu’elle dénonce dans le monde.

Mais une issue s’offre au sujet pour la résolution de cette impasse où délire son discours.

La communication peut s’établir pour lui valablement dans l’œuvre commune de la science et dans les emplois qu’elle commande dans la civilisation universelle ; cette communication sera effective à l’intérieur de l’énorme objectivation constituée par cette science et elle lui permettra d’oublier sa subjectivité.

Il collaborera efficacement à l’œuvre commune dans son travail quotidien et meublera ses loisirs de tous les agréments d’une culture profuse qui, du roman policier aux mémoires historiques, des conférences éducatives à l’orthopédie des relations de groupe, lui donnera matière à oublier son existence et sa mort, en même temps qu’à méconnaître dans une fausse communication le sens particulier de sa vie.

Auteur: Lacan Jacques

Info:

[ refoulement ] [ système dérivé fonctionnel ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

superstitions

Dans la certitude de sa fin prochaine, il ne sortait pas d’une pièce, ne fermait pas un livre, ne se servait pas d’un objet, sans croire que c’était son dernier acte, qu’il ne reverrait ni l’objet, ni le livre, ni la pièce ; et il avait alors contracté l’habitude d’un continuel adieu aux choses, un besoin maladif de reprendre les choses, de les voir encore. Cela se mêlait à des idées de symétrie : trois pas à gauche et trois pas à droite ; les meubles, aux deux côtés d’une cheminée ou d’une porte touchés chacun un nombre égal de fois ; sans compter qu’il y avait, au fond, l’idée superstitieuse qu’un certain nombre d’attouchements, cinq et sept par exemple, distribués d’une façon particulière, empêchaient l’adieu d’être définitif. Malgré sa vive intelligence, sa négation du surnaturel, il pratiquait avec une docilité de brute cette religion imbécile, qu’il dissimulait comme une maladie honteuse. C’était la revanche du détraquement nerveux, chez le pessimiste et le positiviste, qui déclarait croire uniquement au fait, à l’expérience.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 12 : La Joie de vivre

[ rationalistes ] [ paradoxe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rêve lucide

Dans un de mes songes, je me retrouvai dans une salle de cours, au beau milieu d’une bagarre; les gens se lançaient des meubles et se bousculaient. Un colosse de trois mètres de haut m’avait agrippé et je me débattais afin de pouvoir fuir ce monstre. C’est à ce moment que je compris que je rêvais. Au milieu de la scène je me dis: "Qu’est-ce que j’ai créé là? Un monstre!"

Je constatai que c’était ma création, que j’en étais responsable, mais je voulais quand même m’enfuir. Je savais que la solution résidait dans l’acceptation et qu’il me suffisait de dire: "D’accord, tu es à moi" pour qu’il se transforme; je l’avais déjà fait au cours d’expériences antérieures. Mais, quand je le regardai, je sentis de la répulsion et je voulus tout simplement m’enfuir. Je réussis cependant à trouver de l’amour dans mon coeur et je dis des mots d’amour et d’acceptation à mon monstre. Je le sentis alors se fondre en moi et la bagarre disparut. Je m’éveillai en me sentant merveilleusement revivifié.

Auteur: LaBerge Stephen

Info: “Awake in Your Sleep,” (forthcoming, Tarcher, 1984).

[ cauchemar ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mobilier

A part cette chaise, il n'y avait rien d'autre qu'une caisse en bois retournée sur laquelle trônaient un réchaud à alcool, une cafetière et une gargoulette contenant de l'eau potable. Gohar vivait dans la plus stricte économie de moyens matériels. La notion du plus élémentaire confort était depuis longtemps bannie de sa mémoire. Il détestait s'entourer d'objets; les objets recelaient les germes latents de la misère, la pire de toutes, la misère inanimée; celle qui engendre fatalement la mélancolie par sa présence sans issue. Non pas qu'il fût sensible aux apparences de la misère; il ne reconnaissait à celle-ci aucune valeur tangible, elle demeurait toujours pour lui une abstraction. Simplement il voulait protéger son regard d'une promiscuité déprimante. Le dénuement de cette chambre avait pour Gohar la beauté de l'insaisissable, il y respirait un air d'optimisme et de liberté. La plupart des meubles et des objets usuels outrageaient sa vue, car ils ne pouvaient offrir aucun aliment à son besoin de fantaisie humaine. Seuls les êtres dans leurs folies innombrables, avaient le don de le divertir.

Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ dénuement ] [ littérature ]

 

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candidature

Quand on pense qu'il y a à peine dix jours, j'ai postulé pour un travail de technicien de surface justement. Vous savez ce qu'ils ont osé me demander en dehors de mon CV ? Une lettre de motivation ! Qui connaît une seule personne qui fait le ménage parce que c'est sa passion ou par carriérisme ? La seule motivation quand on postule pour un job comme ça, c'est le besoin de gagner de l'argent, c'est tout. Comment peuvent-ils insulter les gens à ce point ? Imaginez que je réponde : "J'ai toujours rêvé d'astiquer, de faire briller les meubles... de voir des parquets reluisants, de respirer la fragrance de la lavande dans les toilettes des autres et rien n'équivaut pour moi en esthétique aux mouvements rythmés de la serpillière dans son aller-retour." Tout ça, parce qu'un énarque dans le coin, bien intentionné mais dans un coin protégé quand même, aura décidé de valoriser "ces" personnes en leur faisant faire comme tout le monde, un CV et une lettre de motivation... Comme le disait Pascal, "la seule chose qui me donne une idée de l'Infini, c'est la bêtise humaine".

Auteur: Fitzgerald Marie

Info: La vie à tâtons

[ colère ] [ labeur ]

 

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