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canicule

L'odeur du macadam chaud me piquait le nez. Je remuais les jambes, gênée par les briques brûlantes. Impossible d'échapper à la chaleur. Elle nous attendait tous les matins au réveil, persistante et continue, suspendue en l'ait comme une dispute interrompue. Elle faisait fondre nos journées sur le trottoir et dans les cours, si bien que, incapables de rester cloîtrés entre des murs de brique et de béton, nous nous déversions à l'extérieur en emmenant nos vies avec nous. Les repas, les conversations, les débats - tout commençait dehors, puis se libérait, se répandait. Même l'avenue avait changé. D'immenses fissures s'étaient creusées dans les pelouses jaunies, et les chemins se faisaient mous et instables. Ce qui avait été solide et fiable devenait flexible, incertain. Plus rien ne paraissait sûr. Mon père disait que la température distendait les liens, mais ça me semblait plus sinistre encore. J'avais l'impression que l'avenue tout entière se mouvait et s'étirait, tentant de s'échapper d'elle-même.

Auteur: Cannon Joanna

Info: Mrs Creasy a disparu

 

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Ajouté à la BD par miguel

animal domestique

MON CHIEN
Nous sommes deux dans cette chambre : mon chien et moi... Dehors, la tempête hurle et sanglote.
La bête me fait face et me regarde droit dans les yeux.
Et moi je la fixe de même.

Elle a l'air de vouloir me dire quelque chose. Elle est muette. Elle ne parle point et ne se comprend pas elle-même. Mais moi je la comprends.

Je sais que la même émotion nous habite et qu'il n'y a point de différence entre nous. Nous sommes faits de la même matière, et la petite flamme qui palpite en moi vacille également en elle.

La mort va venir et secouer son aile énorme et glacée.
"C'est fini."
Et plus jamais personne ne saura quelle était la petite flamme qui brûlait en nous.
Ce ne sont pas un homme et une bête qui s'entre-regardent.
Mais deux paires d'yeux tout pareils qui s'interrogent.
Et dans chacune d'elles la même vie se blottit frileusement contre l'autre.

Auteur: Tourguéniev Ivan

Info: poèmes en prose

[ homme-animal ]

 

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hellénique

Je l’ai dit et je le répète, l’une des plus grandes joies qui puissent être données à l’homme est, au printemps, quand souffle une brise légère, de voguer sur la mer Egée : je n’ai jamais pu me présenter autrement le Paradis. Quelle joie sur le ciel et sur la terre peut être mieux en harmonie avec le corps et le cœur de l’homme ? Cette joie va jusqu’à l’exaltation, mais grâce à Dieu elle ne va pas au-delà et ainsi le bien-aimé monde visible ne disparaît pas ; c’est bien autre chose : l’invisible devient visible et ce que nous appelons Dieu et Vie Eternelle monte dans notre caïque et vogue avec nous. A l’instant atroce de la mort, fermez les yeux et, si vous voyez Santorin, Naxos, Paros et Mykonos, vous entrerez, sans même passer par la terre, dans le Paradis. Que pèsent le sein d’Abraham et les spectres immatériels du Paradis chrétien au regard de cette éternité grecque, faite d’eau, de rocher et de vent frais ?

Auteur: Kazantzakis Nikos

Info:

[ béatitude ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

illumination

Quelle folie vous aveugle ? Car c’est en vous et non en sortant de vous que sera tout ce que vous cherchez au-dehors et non en vous. C’est ordinairement la tare du vulgaire que, méprisant tout ce qui lui est propre, il convoite seulement sans cesse ce qui est étranger… Car c’est en nous que lui obscurément, en quelque sorte dans les ténèbres, la vie qui est la lumière des hommes. Elle ne doit pas être cherchée comme sortant de nous, bien qu’elle soit en nous, et non de nous mais de celui qui daigne faire en nous sa demeure… Il a planté cette lumière en nous afin que, par la lumière de celui qui habite une lumière inaccessible, nous voyions la lumière, et que nous puissions exceller par-dessus ses autres créatures. Nous sommes rendus vraiment semblables à lui, en ce qu’il nous a donné une étincelle de sa lumière. Cette vérité est donc à rechercher, non pas en nous, mais dans l’image de Dieu qui est en nous.

Auteur: Dorn Gérard

Info: Dans "Philosophia meditativa"

[ sagesse naturelle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pays étranger

A Tainaron bien des choses sont différentes de ce qu'elles sont chez nous. La première qui me vient à l'esprit ce sont les yeux : beaucoup de gens ici en ont de si grands qu'ils occupent jusqu'au tiers du visage. Cela rend-il leur vision plus nette, je l'ignore, mais je suppose que, jusqu'à un certain point, ils voient leur environnement autrement que nous. De plus, leurs organes visuels sont composés d'innombrables cônes et, à la lumière du soleil, la surface de leurs lentilles brille comme des arcs-en ciel. Au début j'étais décontenancée quand il me fallait converser avec l'une de ces personnes car je ne savais jamais si son regard était fixé sur moi ou sur un point derrière moi. Cela ne me trouble plus à présent. Il est vrai qu'il existe aussi des gens aux yeux aussi petits que des pointes d'épingles mais dans ce cas ils en ont un grand nombre, que ce soit sur le front, au bout de leurs antennes ou même dans le dos.

Auteur: Krohn Leena

Info: In "Tainaron", éd. José Corti, p. 45-46 - trad. du finnois par Pierre-Alain Gendre

[ sentiment d'étrangeté ] [ morphologie ] [ insectes ] [ bizarre dépaysement ] [ extraterrestre ] [ regards ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

poltergeist

Pendant que Freud continuait sur son idée, j'eus une sensation étrange. J'avais l'impression que mon diaphragme était chauffé à blanc, comme une voûte incandescente. Et juste à ce moment, il se produisit dans la bibliothèque, juste à notre droite, une détonation si bruyante que nous nous levâmes tous les deux, effrayés, craignant qu'elle ne s'écroulât sur nous. Je dis à Freud : "Voilà un exemple de ce qu'on appelle un phénomène catalytique. - Allons donc, s'écria-t-il, c'est une blague. - Ce n'en est pas une, répondis-je. Vous vous trompez, professeur. Et pour le prouver, je prédis qu'il va y avoir une autre détonation aussi violente dans un moment." Naturellement, j'avais à peine prononcé ces mots qu'on entendit de nouveau la même détonation. J'ignore toujours ce qui me donna cette certitude. Mais je savais, sans aucun doute possible, que le bruit allait se reproduire. Freud se contenta de me regarder bouche bée. Je ne sais pas ce qui se passait dans son esprit, ni ce que signifiait son regard.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Ma Vie, souvenirs, rêves et pensées

[ psychanalyse ] [ synchronicité ] [ coïncidence ]

 

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foyer

Oui, c'était bien là ma mère. Tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, comme si je ne rentrais pas tout juste de la guerre, comme si le monde n'était pas en ruine, la monarchie détruite, comme si notre vieille patrie continuait d'exister avec ses lois multiples incompréhensibles, mais immuables, ses us et coutumes, ses tendances, ses habitudes, ses vertus et ses vices. Dans la maison maternelle, on se levait à sept heures même après quatre nuits blanches. J'étais arrivé aux environs de minuit, la pendule de la cheminée, avec son visage de jeune fille las et délicat, frappa trois coups. Trois heures de tendre épanchements suffisaient à ma mère. Lui suffisaient-elles ? En tout cas, elle ne s'accorda pas un quart d'heure de plus. Elle avait raison. Je m'endormis bientôt, dans la pensée consolante de me trouver chez nous. Au milieu d'une patrie détruite, je m'endormais dans une forteresse inexpugnable. De sa vieille canne noire, ma veille maman écartait de moi tout ce qui aurait pu me troubler.

Auteur: Roth Joseph

Info: La crypte des Capucins

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

précognition

- Tu veux dire qu'avec ta théorie tu aurais une autre explication que l'instinct ?
- Ben oui, à cause de l'observation. L'instinct s'explique par l'observation. C'est très important la capacité d'observation. Les animaux ne pensent pas, ne raisonnent pas, et du coup ils ont une bien meilleure capacité d'observation que nous. Pas seulement par les yeux, ils bougent leurs oreilles, ils sentent les odeurs... en fait, ils détectent un tas de choses et savent reconnaître des signes bien plus facilement que nous.
- Des signes ? Mais comment veux-tu qu'il y ait des signes que Pauline arrive dans tout ce qu'observe Lili?
- Alors ça, je ne suis pas dans le cerveau de ta chatte. C'est elle qui se fabrique ses codes. Je te parle de l'observation par Lili de choses inhabituelles qui ne sont pas du tout produites par l'arrivée de ton amie mais qui pour Lili signifient qu'elle va arriver. Parce que ça vient du futur, tu comprends ?
- Heu, je ne suis pas bien sûre de te suivre...

Auteur: Guillemant Philippe

Info: La route du temps, théorie de la double causalité.

[ quantique ] [ animal domestique ]

 

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traumatisme

J'ai le double de ton âge quand tu es mort. Je suis une vieille dame aujourd'hui. Je n'ai pas peur de mourir, je ne panique pas. Je ne crois pas en Dieu, ni à quoi que ce soit après la mort. Je suis l'une des 160 qui vivent encore sur les 2 500 qui sont revenus. Nous étions 76 500 juifs de France partis pour Auschwitz-Birkenau. Six millions sont morts dans les camps. Je dîne une fois par mois avec des amis survivants, nous savons rire ensemble et même du camp à notre façon. Et je retrouve aussi Simone. Je l'ai vue prendre des petites cuillères dans les cafés et les restaurants, les glisser dans son sac, elle a été ministre, une femme importante en France, une grande figure, mais elle stocke encore les petites cuillères sans valeur pour ne pas avoir à laper la mauvaise soupe de Birkenau. S'ils savaient, tous autant qu'ils sont, la permanence du camp en nous. Nous l'avons tous dans la tête et ce jusqu'à la mort.

Auteur: Loridan-Ivens Marceline Rosenberg

Info: Et tu n'es pas revenu

[ camp de concentration ]

 

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évolution

Réponse à la question d'un fils à son père : Quel monde avez-vous transmis, vous : les gens de ta génération ?

- La biologie s’est jouée de nous. Elle pratique la "dépendance de chemin" à grande échelle : ce qui est arrivé est irréversible et ne va aucunement en arrière. D’où le risque de nombreux excès, cataclysmes, épidémies, extinctions, etc.
Ce qui fonctionne dans le vivant réel, 99% du temps, ce sont des "compromis" qui stabilisent le système "malgré" ses risques de grands emportements. Exemple de base : seuls les virus les "moins" virulents font des épidémies, les plus virulents ont le bon goût de tuer les malades trop tôt et sont au finish (modulo les déplacements des humains) moins contagieux.
L’idée d’un "monde qu’on transmet" à nos enfants ne donne donc pas plus de choix que ceux de notre libre arbitre quotidien, toutes les actions ont des portées peu évidentes et des intrications qui modifient sans cesse la portée que nous leur attribuerions si nous pensions en terme de conséquence unique.

Auteur: Timiota

Info: Bog de Paul Jorion, 18 NOVEMBRE 2018 À 21 H 09 MIN

[ complexité ] [ hystérésis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel