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écriture

Jusqu'à la fin du XIIe siècle, la littérature française est tout entière en vers et la prose littéraire n'existe pas. Les seuls textes en prose vernaculaire, dont le nombre n'est d'ailleurs pas considérable, ont un caractère utilitaire, qu'il soit juridique ou édifiant: ce sont des chartes, des traductions de l'Ecriture ou des sermons. Cette situation caractérise toutes les jeunes littératures: partout le vers apparaît avant la prose dans une autre langue. Ainsi la prose latine est apparue après la poésie, bien que les Romains aient connu la prose grecque - dont la naissance est elle-même postérieure de trois siècles à celle de la poésie grecque. De même, le Moyen Age connaît et pratique depuis toujours la prose latine, ce qui n'a pas empêché le retard habituel dans le développement de la prose française. Celle-ci revêt à ses débuts deux formes, celles du roman et celle de la chronique, rétablissant en partie, mais façon qui, du moins au début, reste toute formelle, la relation entre l'Histoire et les histoires qu'avait rompue la roman à la manière de Chrétien [de Troyes]. D'une façon générale, la revendication constante de la prose ne cessera d'être celle de la vérité.

Auteur: Zink Michel

Info: Introduction a la littérature française du moyen-age, pp. 83-84

[ évolution ] [ historique ]

 

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mythologie

Mais un "ethos" n'est pas un "genos", une éthique n'est pas une généalogie. La référence antique racialisée offre aux nazis l'opportunité de fabuler un discours des origines, la biographie d'un Urvolk ennobli par le prestige d'Auguste et de Périclès.
Car la référence proprement et purement germaniques est trop bute. Les archétypes de cette histoire souffrent d'un vice inamendable : le manque patent de prestige culturel dont la fruste germanité des origines est passablement dépourvue. Sur l'échelle de civilité de la culture humaniste occidentale, la rudesse germanique manque d'urbanité historique. Or le but répété d'Hitler était de retremper la fierté d'une nation humiliée par le Diktat de Versailles. Cette thérapie nationale ne passait pas seulement par le réarmement et par une politique architecturale mégalomaniaque, ou par les bruits de botte en Sarre, en Autriche ou en Moravie : la géographie de l'Europe devait certes sentir la dextre du Führer, mais son histoire pas moins. Le présent et l'espace ne suffisaient pas : le passé et le temps devaient aussi contribuer à rehausser une fierté mise à mal en 1918 et 1919. L'annexion du passé antique, de ses œuvres, de ses États, revêtait dès lors une importance idéologique cruciale.

Auteur: Chapoutot Johann

Info: Le nazisme et l'antiquité

[ pouvoir ] [ mensonge ]

 

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souper

Elle sourit, je regardai ma montre. Il était onze heures du soir. Sur la nappe comme dans un filet affluaient les poissons : le saumon, les truites en anneau, les harengs, les anchois en bouquet de six, liés par la queue. Mais on ne servit à boire que du lait et une bière non fermentée. D'un sac à éponges je sortis sournoisement l'aquavit norvégien. Aïno bat des mains, débouche la bouteille avec une épingle à cheveux et, de plaisir, éternue. Elle verse deux rase-bords, me tend l'un, prend l'autre; se mettant au garde à vous, elle claque les talons et la langue, me fait l'immédiat hommage de son verre vide, dont elle tourne vers moi le fond avec des mots de convention que je n'entends pas. Elle avait ôté ses bottes et revêtu d'une chemise intérieur avec des broderies paysannes; un collier d'ivoire végétal errait sur elle comme une deuxième dentition. Nous mangions sans parler, pareils à un couple anglais. Les joues d'Aïno étaient luisantes sans poudre ni rouge, ainsi que tous ces visages scandinaves où un sang agile étend son fard que renfoncent le grand air ou le moindre regard. Avec éloquence deux bouteilles parlèrent. Nos têtes bourdonnaient.

Auteur: Morand Paul

Info: Ouvert la nuit (1922, 253p., le livre de poche, p.227)

[ univers nordique ] [ épicurien ] [ repas copieux ] [ alcool ]

 

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socialisme

[Claude Henry de] Saint-Simon a voyagé en Amérique et en Espagne. La Révolution l’a converti, il a changé brusquement de nom, s’est rebaptisé Claude-Henri Bonhomme. Et "Citoyen" bien entendu pour effacer la particule, cette surenchère du passé dans l’individuation que représentait la particularisation. Purification, a-t-il dit, par un baptême républicain de la "tache de son péché originel" qui le détachait de l’indistinct, de l’ensemble indéterminé des hommes. Il a donc dépouillé le vieil homme pour revêtir le bonhomme…
La Révolution a failli, lui aussi, comme tant d’autres, le dévorer. Onze mois de prison sous la Terreur. Une nuit de son incarcération, l’ombre de Charlemagne lui est apparue. Autant dire le spectre de son nom refoulé puisque chez les Saint-Simon, on a toujours raconté qu’on descendait de Charlemagne.
"Mon fils, a dit le vieil Empereur, tes succès comme philosophe égaleront ceux que j’ai obtenus comme militaire et comme politique. "
Ainsi lui parla Charlemagne.
J’abrège ses inventions, ses trafics. Sous le Directoire, il imagine un jeu de cartes où le Génie, la Liberté et l’Egalité remplacent les Rois et les Valets. Inégalitarisme des cartes à jouer, s’indigne-t-il brusquement. Il faut que la justice sociale passe aussi dans le hasard des cartes.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 130-131

[ précurseur ] [ anecdotes ] [ histoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

tradition primordiale

À ce point de vue, on peut dire que celui qui possède véritablement le "don des langues", c’est celui qui parle à chacun son propre langage, en ce sens qu’il s’exprime toujours sous une forme appropriée aux façons de penser des hommes auxquels il s’adresse. C’est aussi ce à quoi il est fait allusion, d’une manière plus extérieure, lorsqu’il est dit que les Rose-Croix devaient adopter le costume et les habitudes des pays où ils se trouvaient ; et certains ajoutent même qu’ils devaient prendre un nouveau nom chaque fois qu’ils changeaient de pays, comme s’ils revêtaient alors une individualité nouvelle. Ainsi, le Rose-Croix, en vertu du degré spirituel qu’il avait atteint, n’était plus lié exclusivement à aucune forme définie, non plus qu’aux conditions spéciales d’aucun lieu déterminé, et c’est pourquoi il était un "Cosmopolite" au vrai sens de ce mot. Le même enseignement se rencontre dans l’ésotérisme islamique : Mohyid-din ibn Arabi dit que "le vrai sage ne se lie à aucune croyance", parce qu’il est au-delà de toutes les croyances particulières, ayant obtenu la connaissance de ce qui est leur principe commun ; mais c’est précisément pour cela qu’il peut, suivant les circonstances, parler le langage propre à chaque croyance.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 237

[ synthèse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

esthétique

L’ornementation, ou le jeu des formes, est un besoin inné de l’homme et toute la question est de savoir où et quand on peut ou doit l’appliquer ; quant au point de vue purement utilitaire, condamnant par principe tout revêtement ornemental des objets ou des mots, il est profane par sa tendance et erroné par ses conclusions ; il revient en fait à une méconnaissance, non seulement du spirituel ou du sacré, mais même simplement de l’humain. La décoration, loin d’être un amusement vain comme le voudrait le dit point de vue, relève du pôle "musical" - non "mathématique" - de la Substance universelle : elle dérive du "jeu divin" (lila), et son rôle est de communiquer un rayonnement qui semble faire vibrer la matière et la rendre transparente. L’ornementation est un trait caractéristique du style sacral, qu’il s’agisse d’objets ou de paroles ; non que ce style ne comporte pas également, et même essentiellement, des modes de simplicité, mais il manifeste certainement, dans une partie importante de ses expressions, le souci de rendre sensibles les vibrations musicales que la vérité communique par surcroît et d’une manière implicite ; toute liturgie est censée rendre compte et de la majesté et de l’infinitude interne des choses sacrées.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 137

[ embellissement ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

anecdote

Bonaparte gravit le Saint-Bernard, monté sur un mulet, revêtu de cette capote grise qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays, montrant dans les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entretenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles, interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant conter sa vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas mieux à faire. Ce conducteur, qui était tout jeune, lui exposa naïvement les particularités de son obscure existence, et surtout le chagrin qu'il éprouvait de ne pouvoir, faute d'un peu d'aisance, épouser l'une des filles de cette vallée. Le premier consul, tantôt l'écoutant, tantôt questionnant les passants dont la montagne était remplie, parvint à l'hospice où les bons religieux le reçurent avec empressement. A peine descendu de sa monture, il écrivit un billet qu'il confia à son guide, en lui recommandant de le remettre exactement à l'administrateur de l'armée, resté de l'autre côté du Saint-Bernard. Le soir, le jeune homme, retourné à Saint-Pierre, apprit avec surprise quel puissant voyageur il avait conduit le matin, et sut que le général Bonaparte lui faisait donner un champ, une maison, les moyens de se marier enfin, et de réaliser tous les rêves de sa modeste ambition.

Auteur: Thiers Adolphe

Info: Consulat et Empire

[ cadeau ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

archétypique

[…] dans la jeunesse, l’expression est souvent belle grâce à la beauté cosmique inhérente au jeune âge ; c’est alors la jeunesse comme telle, et non telle créature accidentellement jeune, qui manifeste la beauté. Les passions se revêtent volontiers de la beauté impersonnelle et innocente des puissances de la nature, mais elles sont limitatives et privatives puisque nous sommes des créatures intellectuelles et non des oiseaux ni des plantes ; notre personnalité ne saurait se limiter à la beauté du corps, ni à la jeunesse, elle n’est pas faite pour ce bas monde, bien qu’elle soit condamnée à le traverser. C’est pour cela que la beauté et la jeunesse finissent par déserter l’homme ; il ne lui reste alors, s’il s’est identifié avec sa chair, que la déchéance physique avec la laideur morale de l’avidité et avec le durcissement du cœur, puis la vanité des regrets et aussi le vide d’une vie perdue ; mais dans tout cela, la beauté comme telle n’est pas en cause, - celle que l’homme a possédée et qui était réelle, - pas plus que le Créateur dont elle reflétait la Béatitude. Il faut réagir contre les tentatives de moraliser la beauté et la laideur, quelle que puisse être l’opportunité de semblables confusions à tel ou tel point de vue intéressé.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, pages 236-237

[ vieillir ] [ jugement ] [ spiritualité ] [ esthétique ] [ naïveté source ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lithurgie administrative

Notons ce point capital : l'importance que revêt l'allure séduisante du rapport. C'est un thème récurrent dans les témoignages de cocheurs de cases, au sein des entreprises plus encore que dans les administrations. Si l'influence d'un manager se mesure au nombre de personnes qui travaillent pour lui, la manifestation concrète, immédiate, de son pouvoir et de son prestige, c'est la qualité visuelle de ses présentations et rapports. D'ailleurs, les réunions au cours desquelles ces emblèmes sont exposés aux regards sont un peu les rituels suprêmes du monde de l'entreprise. De même que la suite d'un seigneur féodal pouvait comporter des serviteurs dont le seul rôle — du moins, le seul rôle apparent — était de polir l'armure de ses chevaux ou d'épiler sa moustache avant les tournois ou les spectacles, les cadres d'aujourd'hui ont parfois des subordonnés dont la seule fonction est de préparer leurs présentations PowerPoint et de réaliser les cartes, croquis, montages photo ou illustrations qui les accompagnent. La plupart de ces rapports sont de simples accessoires dans une comédie digne du kabuki — personne ne les lit réellement du début à la fin. Mais cela n'empêche pas les cadres ambitieux de claquer joyeusement l'argent de la boîte, jusqu'à la moitié du salaire annuel d'un ouvrier, juste pour pouvoir dire : "Ah oui, bien sûr ! On a commandé un rapport là-dessus."

Auteur: Graeber David

Info: Bullshit Jobs. Chapitre 2 : Quels sont les différents types de jobs à la con ?

[ rites corporate ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

langues comparées

Que "veut dire" cette bizarrerie allemande qui consiste à placer le verbe à la fin de la phrase?

– Elle dit que le verbe est essentiel. Elle indique que l’action verbale, élément ultime de la chaîne des déterminations successives, porte l’ensemble de l’énoncé. Par contraste, la phrase latine est conçue à partir du sujet, sur lequel s’appuie le reste de l’énoncé. Il y a un rapport d’équivalence avec l’attribut, qui s’accorde en genre et en nombre: "La femme est grande" Entre les deux, l’"auxiliaire" joue un rôle subalterne de copule. En allemand, le verbe est beaucoup plus puissant. On dit "La femme est grand", ce qui suppose quelque chose comme un verbe "grand être" où ce qui en français est attribut revêt une fonction adverbiale. On retrouve cette différence fondamentale dans la notion même de "réalité": la "res" latine est une entité nettement circonscrite, distincte, à la limite immobile. La Wirklichkeit provient du verbe wirken, agir. Elle correspond à une réalité essentiellement dynamique. Certes, on peut aussi dire Realität en allemand, mais seulement pour constater un état de fait, le plus souvent assorti d’une nuance de regret: les rides qui se creusent sur mon front sont une Realität, pas une Wirklichkeit. On a affaire à deux univers mentaux, qui mettent l’accent l’un sur le mouvement, l’autre sur la localisation.

Auteur: Wismann Heinz

Info:

[ saxonne ] [ latine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel