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consumérisme

Lors des premières phases de mon ascension vers la gloire et la fortune, j'avais occasionnellement goûté aux joies de la consommation, par lesquelles notre époque se montre si supérieure à celles qui l'ont précédée. On pouvait ergoter à l'infini pour savoir si les hommes étaient ou non plus heureux dans les siècles passés ; on pouvait commenter la disparition des cultes, la difficulté du sentiment amoureux, discuter leurs inconvénients, leurs avantages ; évoquer l'apparition de la démocratie, la perte du sens du sacré, l'effritement du lien social. Je ne m'en étais d'ailleurs pas privé, dans bien des sketches, quoique sur un mode humoristique. On pouvait remettre en cause le progrès scientifique et technologique, avoir l'impression par exemple que l'amélioration des techniques médicales se payait par un contrôle social accru et une diminution globale de la joie de vivre. Reste que sur le plan de la consommation, la précellence du XXe siècle était indiscutable : rien, dans aucune autre civilisation, à aucune autre époque, ne pouvait se comparer à la perfection mobile d'un centre commercial contemporain fonctionnant à plein régime. J'avais ainsi consommé avec joie, des chaussures principalement ; puis peu à peu je m'étais lassé, et j'avais compris que ma vie, sans ce soutien quotidien de plaisirs à la fois élémentaires et renouvelés, allait cesser d'être simple...

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, pages 29-30

[ point fort ] [ shopping ] [ modernité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

humoriste

Homme de gauche, moi ? J’avais occasionnellement pu introduire dans mes sketches quelques altermondialistes, vaguement jeunes, sans leur donner de rôle immédiatement antipathique ; j’avais occasionnellement pu céder à une certaine démagogie : j’étais, je le répète, un bon professionnel. Par ailleurs, j’avais une tête d’Arabe, ce qui facilite ; le seul contenu résiduel de la gauche en ces années c’était l’antiracisme, ou plus exactement le racisme antiblancs.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 23

[ programme politique ] [ image cool ] [ apparences trompeuses ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

humoriste

J’avais commencé par des petits sketches sur les familles recomposées, les journalistes du Monde, la médiocrité des classes moyennes en général – je réussissais très bien les tentations incestueuses des intellectuels en milieu de carrière face à leurs filles ou belles-filles, le nombril à l’air et le string dépassant du pantalon. En résumé, j’étais un observateur acéré de la réalité contemporaine ; on me comparait souvent à Pierre Desproges. Tout en continuant à me consacrer au one man show, j’acceptai parfois des invitations dans des émissions de télévision que je choisissais pour leur forte audience et leur médiocrité générale. Je ne manquais jamais de souligner cette médiocrité, subtilement toutefois : il fallait que le présentateur se sente un peu en danger, mais pas trop. En somme, j’étais un bon professionnel ; j’étais juste un peu surfait. Je n’étais pas le seul.

Je ne veux pas dire que mes sketches n’étaient pas drôles ; drôles, ils l’étaient. J’étais, en effet, un observateur acéré de la réalité contemporaine ; il me semblait simplement que c’était si élémentaire, qu’il restait si peu de choses à observer dans la réalité contemporaine : nous avions tant simplifié, tant élagué, tant brisé de barrières, de tabous, d’espérances erronées, d’aspirations fausses ; il restait si peu, vraiment. Sur le plan social, il y avait les riches, il y avait les pauvres, avec quelques fragiles passerelles – l’ascenseur social, sujet sur lequel il était convenu d’ironiser ; la possibilité plus sérieuse de se ruiner. Sur le plan sexuel il y avait ceux qui inspiraient le désir, et ceux qui n’en inspiraient aucun : mécanisme exigu, avec quelques complications de modalité (l’homosexualité, etc.), quand même aisément résumable à la vanité et à la compétition narcissique, déjà bien décrites par les moralistes français trois siècles auparavant. Il y avait bien sûr par ailleurs les braves gens, ceux qui travaillent, qui opèrent la production effective des denrées, ceux aussi qui – de manière quelque peu comique, ou pathétique si l’on veut (mais j’étais, avant tout, un comique) – se sacrifient pour leurs enfants ; ceux qui n’ont ni beauté dans leur jeunesse, ni ambition plus tard, ni richesse jamais ; qui adhèrent cependant de tout cœur – et même les premiers, avec plus de sincérité que quiconque – aux valeurs de la beauté, de la jeunesse, de la richesse, de l’ambition et du sexe ; ceux qui forment, en quelque sorte, le liant de la sauce. Ceux-là ne pouvaient, j’ai le regret de le dire, pas constituer un sujet. J’en introduisais quelques-uns dans mes sketches pour donner de la diversité, de l’effet de réel ; je commençais quand même sérieusement à me lasser. Le pire est que j’étais considéré comme un humaniste ; un humaniste grinçant, certes, mais un humaniste. 

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, pages 20-22

[ stratégie ] [ création d'un personnage ] [ clés du succès ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolutionnisme et insularité

L'odyssée sédentaire : Rôle insoupçonné du "migratory drop-off" dans la spéciation aviaire insulaire

Cette synthèse montre que le "délestage migratoire" (migratory drop-off) est un moteur essentiel de la spéciation chez les oiseaux insulaires. Ce phénomène se produit lorsqu'une espèce migratrice cesse de voyager et s'établit de manière sédentaire sur une île, donnant ainsi naissance à une nouvelle population isolée.

L'étude met en évidence au moins 157 cas de spéciation qui découlent de ce processus, démontrant qu'il a un effet plus important sur la richesse en espèces endémiques des îles que la simple dispersion directe. Son rôle est d'autant plus crucial que l'île est géographiquement isolée. Le succès de cette colonisation dépend de facteurs tels que la taille de l'aire de répartition et celle des groupes d'oiseaux.

Ces découvertes, qui lient les événements de vagabondage rares aux processus évolutifs à long terme, ont des implications importantes pour la biogéographie et la conservation, car elles soulignent la vulnérabilité unique des espèces issues de ce mécanisme.



I. Introduction : L'archipel, berceau et tombeau de la biodiversité



Les îles, véritables sentinelles de la géographie mondiale, ne constituent que 5,3 % de la surface terrestre émergée. Pourtant, leur importance dans la dynamique de la biodiversité est manifestement disproportionnée. Elles abritent un patrimoine vivant d'une richesse singulière, accueillant une part considérable des espèces d'oiseaux (environ 19 %), de rongeurs (17 %) et de plantes à fleurs (17 %) de la planète. Cette concentration extraordinaire de vie fait des archipels des laboratoires naturels de l'évolution, où l'isolement et la pression sélective ont engendré une formidable diversité et un taux d'endémisme exceptionnel.  



Cependant, cette richesse est aussi d'une vulnérabilité extrême. Le paradoxe insulaire réside dans le fait que ces mêmes écosystèmes, propices à l'émergence de nouvelles espèces, sont des points chauds de l'extinction. Un examen des registres biogéographiques révèle que les îles ont été le théâtre de 61 % des extinctions d'espèces recensées et qu'elles concentrent 37 % de toutes les espèces animales et végétales aujourd'hui en danger critique d'extinction. Les menaces sont bien documentées et sont principalement imputables à la perte d'habitat et, de manière encore plus critique, à l'introduction d'espèces invasives par l'activité humaine. Ces menaces pèsent lourdement sur des lignées qui, évoluant dans des environnements isolés, n'ont pas développé de défenses face à des prédateurs ou à une concurrence exogènes.  



Face à ce constat, la question des origines de cette biodiversité insulaire, de son processus de formation, revêt une importance capitale pour les efforts de conservation. Si le mécanisme classique de la dispersion directe – l'établissement d'une population sédentaire fondatrice par un individu ou un groupe – a longtemps été considéré comme le principal moteur de la colonisation, des recherches récentes ont mis en lumière un mécanisme alternatif, potentiellement plus significatif : le " migratory drop-off ". Ce rapport se fonde sur une synthèse exhaustive des découvertes clés de l'étude intitulée The importance of migratory drop-off for island colonization in birds, publiée en 2024 par la Royal Society. L'article original étant inaccessible , le présent travail s'appuie sur une reconstitution minutieuse de son contenu à partir des résumés et sur une analyse contextuelle approfondie des phénomènes de migration et de vagabondage qui y sont intrinsèquement liés.  



II. Le concept de "migratory drop-off" et son cadre théorique : Un tournant comportemental en écologie évolutive



Le concept de " migratory drop-off " (littéralement, " délestage migratoire ") se définit comme un changement fondamental de comportement : la perte de la migration saisonnière chez une espèce. Ce processus s'enclenche lorsqu'un oiseau ou un groupe d'oiseaux migrateurs, ayant colonisé une île, renonce à son périple annuel pour s'établir en permanence, donnant ainsi naissance à une population fondatrice sédentaire. Cette sédentarisation, en coupant les liens géographiques entre la nouvelle population insulaire et les populations continentales dont elle est issue, instaure une isolation reproductrice. Or, cette isolation est la condition  sine qua non du processus de spéciation, c'est-à-dire de la formation d'une nouvelle espèce distincte.  



Pour évaluer la portée de ce phénomène, les chercheurs ont mené une revue systématique et rigoureuse de la littérature scientifique. Cette méthodologie a permis de transcender les observations anecdotiques et de compiler un vaste corpus de cas documentés, offrant une vue d'ensemble quantitative de l'impact du " migratory drop-off ". La force de cette approche réside dans sa capacité à démontrer que ce mécanisme n'est pas une simple curiosité évolutive, mais un processus fondamental et récurrent qui a façonné la biodiversité aviaire insulaire à l'échelle planétaire.  



III. Synthèse des découvertes : Un moteur de spéciation plus puissant que la dispersion classique



Les résultats de l'étude de Dufour et al. (2024) apportent une conclusion quantitative majeure qui rebat les cartes de la biogéographie insulaire. L'analyse démontre que le " migratory drop-off " exerce un effet plus significatif sur la richesse en espèces endémiques des îles que la simple dispersion directe, qui correspond à la colonisation par des espèces déjà sédentaires. Cette découverte remet en question la primauté historique accordée à la dispersion directe comme principal mode de colonisation réussie.  



Les chiffres compilés par les auteurs sont éloquents. Ils ont identifié au moins 157 événements de colonisation indépendants qui ont été initiés par des espèces migratrices et qui ont conduit à des événements de spéciation. Ce qui est particulièrement poignant, c'est que sur ce total, 44 cas concernent des espèces aujourd'hui éteintes, un fait qui souligne la fragilité des lignées issues de ce processus.  



Le rapport met également en évidence une relation directe et proportionnelle entre le rôle de la migration dans la colonisation et l'isolement géographique de l'île. Plus une île est éloignée des masses continentales, plus le " migratory drop-off " devient un facteur prépondérant dans la formation de sa faune aviaire endémique.  



Cette corrélation n'est pas fortuite. Les îles les plus isolées sont, par nature, inaccessibles à une dispersion opportuniste par des espèces sédentaires qui ont un rayon d'action limité. Pour qu'une espèce les atteigne, il faut un événement de transport exceptionnel, qui ne peut être le fait que d'une espèce migratrice capable de parcourir de vastes distances. L'établissement sur une île aussi lointaine rend le retour vers la population d'origine quasi impossible, ce qui renforce l'isolement reproductif et, par conséquent, favorise la divergence évolutive. Le chiffre alarmant des espèces éteintes est une mise en garde. Il suggère que le même processus évolutif qui crée une biodiversité unique la rend aussi d'une extrême vulnérabilité face aux perturbations contemporaines. La compréhension de leur genèse est donc essentielle à leur préservation.



Caractéristique analysée                                                       Résultat de l'étude (Dufour et al. 2024)



Nombre total d'événements de spéciation                       Au moins 157 événements identifiés  

liés au migratory drop-off

  

Part des espèces éteintes                                                 44 espèces récemment éteintes sont issues de ce processus  



Comparaison de l'effet sur la richesse endémique        La migration saisonnière a un effet plus significatif que la dispersion directe  



Relation avec l'isolement géographique                          Le rôle de la migration augmente avec l'isolement de l'île  



IV. Facteurs écologiques et biogéographiques du succès de la spéciation : De la "drop-off" à l'endémisme

Au-delà de la simple quantification, l'étude explore les facteurs qui déterminent le succès d'un événement de spéciation par " migratory drop-off ". Les résultats indiquent que la réussite de l'établissement d'une nouvelle lignée évolutive est positivement associée à deux traits écologiques et biogéographiques de l'espèce colonisatrice : la taille de son aire de répartition et la taille de ses groupes (flock sizes).  



Une aire de répartition étendue est souvent le reflet d'une capacité à s'adapter à des environnements variés. Un tel large spectre géographique peut signifier une plus grande variabilité génétique au sein de la population source, ce qui confère à un groupe fondateur, même réduit, un avantage significatif pour prospérer dans un nouvel environnement insulaire et résister à la consanguinité initiale. De manière analogue, la taille des groupes (flock size) est un facteur de réussite crucial. Un plus grand nombre d'individus transportés lors d'un événement de vagabondage (cf. section suivante) augmente la probabilité de former une population fondatrice viable. Une telle cohorte est plus susceptible d'inclure les deux sexes, d'avoir une diversité génétique suffisante, et de posséder un nombre d'individus assez élevé pour surmonter les aléas démographiques et stochastiques qui menacent l'établissement de petites populations. Cela fait écho au concept de "  propagule pressure ", c'est-à-dire la pression exercée par l'afflux d'individus sur la capacité d'une espèce à s'établir dans un nouvel habitat.  



Ces facteurs ne sont pas de simples corrélations. Ils éclairent la transition entre un événement de colonisation aléatoire et l'établissement réussi d'une nouvelle lignée évolutive. L'événement initial est nécessaire, mais la réussite de l'installation dépend de ces traits intrinsèques à l'espèce. Le vagabondage peut être perçu comme l'amorce, et ces facteurs comme la poudre qui rend la spéciation explosive. Ces observations suggèrent que les règles de la biogéographie ne sont pas universelles et doivent prendre en compte les caractéristiques comportementales et démographiques des espèces pour prédire leur potentiel évolutif.



V. Le rôle des événements de vagabondage : Comprendre les origines de la colonisation rare



L'étude des événements de vagabondage des oiseaux migrateurs, en particulier les cas transocéaniques comme ceux des oiseaux nord-américains observés en Europe , offre une explication concrète du " comment " ces espèces migratrices se retrouvent sur des îles lointaines, servant de point de départ physique au " migratory drop-off ". Ces événements, bien que rares, sont le maillon initial de la chaîne de colonisation.



Les conditions météorologiques extrêmes sont un facteur clé. Des vents violents, souvent associés à des systèmes de tempête ou des ouragans, peuvent littéralement " déraciner " des populations migratrices de leur trajectoire habituelle, les poussant sur des milliers de kilomètres au-dessus des océans. La capacité de certains oiseaux à voler dans la direction du vent pour conserver leur énergie est un facteur supplémentaire qui peut transformer une dérive fatale en une odyssée involontaire.  



Un oiseau confronté à des vents contraires a plusieurs options : lutter contre le vent en dépensant une énergie considérable, compenser la dérive pour maintenir son cap, se laisser dériver sans compensation, ou suivre le vent pour se propulser. Ce dernier choix, bien que potentiellement fatal, est celui qui mène à des mouvements transocéaniques et, dans de rares cas, à la colonisation de nouveaux territoires. Cette section est cruciale, car elle fait le lien entre les forces écologiques ponctuelles et un processus macro-évolutif. L'événement de vagabondage est l'étincelle qui allume la divergence génétique et comportementale. L'évolution n'est donc pas toujours un processus lent et graduel ; elle peut être déclenchée par des événements rares et extrêmes.  



VI. Implications pour la biogéographie et la conservation : Une nouvelle perspective sur les espèces endémiques



La mise en lumière du " migratory drop-off " comme un mécanisme fondamental de la diversification aviaire a des implications profondes pour la biogéographie et la conservation.



En biogéographie, ce concept doit désormais être intégré au même titre que l'adaptation ou la spéciation allopatrique. Il appelle à une considération accrue des changements de comportement migratoire dans l'analyse de la distribution des espèces d'oiseaux. La simple cartographie des populations migratrices et sédentaires ne suffit plus ; il faut analyser les vecteurs et les conditions qui favorisent la transition de l'une à l'autre.  



Pour la conservation, la compréhension de ce processus est vitale. Les espèces endémiques qui en sont issues sont des symboles de la résilience et de l'ingéniosité de l'évolution, ayant réussi à s'établir dans un nouvel environnement. Ironiquement, elles sont aussi, de par leur isolement et leurs adaptations spécialisées, les plus vulnérables face aux menaces anthropiques contemporaines, comme l'introduction d'espèces invasives. Les stratégies de conservation doivent tenir compte de cette histoire évolutive unique.  



Enfin, l'étude ouvre de nouvelles perspectives de recherche. Il serait pertinent d'examiner comment la "migratory connectivity " – le lien géographique entre les zones de reproduction et d'hivernage – influence la probabilité d'un " migratory drop-off ". De même, les effets du changement climatique et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient-ils modifier la fréquence de ces événements de vagabondage et, par ricochet, la dynamique de la spéciation insulaire?



Conclusion : L'importance d'une perte pour la création d'une nouvelle vie

En définitive, l'étude de Dufour et de ses collaborateurs déplace le prisme de la biogéographie aviaire. Elle démontre avec force que la perte d'un comportement aussi fondamental que la migration n'est pas une simple réversion, mais un moteur de diversification puissant et quantifiable. Le " migratory drop-off " est un mécanisme de spéciation qui s'avère plus efficace que la dispersion directe, notamment pour les archipels les plus reculés.



Les espèces endémiques qui en résultent sont un témoignage vivant de la capacité de l'évolution à créer la vie. Elles sont l'aboutissement d'un voyage accidentel et d'un renoncement comportemental qui, en brisant les liens avec le passé, ouvrent la voie à un avenir évolutif nouveau. Mais, comme le souligne l'état critique de la biodiversité insulaire, ce même processus de création est aussi celui qui génère des lignées extrêmement fragiles face aux menaces contemporaines. Le rapport se termine par un appel à la considération du " migratory drop-off " non plus comme une anomalie, mais comme un processus central de la biogéographie aviaire et un élément clé de la dynamique de la biodiversité mondiale.



 

Auteur: Internet

Info: https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2025.0182 - synthèse de gemini.ai

[ aves ] [ paléoichthyologie ] [ panspermie terrestre ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

idéal syncrétique

La Chthulucene est un concept proposé par la philosophe et théoricienne des sciences Donna Haraway dans son ouvrage Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene (2016). Ce terme n’est pas une nouvelle ère géologique au sens strict (comme l’Anthropocène), mais une proposition poétique, éthique et politique pour repenser notre rapport au vivant, à la Terre et à l’avenir dans un contexte de crise écologique profonde.

- Définition synthétique

La Chthulucene est un tentative pour l'espèce de " faire-avec " (making kin), un monde en devenir où les humains ne sont ni les maîtres ni les sauveurs, mais des collaborateurs précaires parmi une myriade d’autres êtres vivants, technologiques et naturels — champignons, crabes, IA, bactéries, algues, robots, ancêtres, descendants

C’est un appel à rester avec les ennuis (staying with the trouble), à ne pas fuir la catastrophe, mais à y plonger pour y tisser des liens, des solidarités, des parentés inédites.

Étymologie et symbolisme :

Le mot Chthulucene est un jeu de mots savant et provocateur entre :

- Cthulhu, la créature mythologique de H.P. Lovecraft, symbole du chaos, de l’incompréhensible, de la terreur cosmique.

- Gaïa, la Terre-mère, figure de l’unité et de la régulation planétaire.

- Et surtout : chthonien (du grec khthón, la terre profonde), ce qui vient du sol, ce qui est souterrain, tellurique, organique, ancien.

Haraway ne parle pas de Cthulhu le monstre, mais de Chthulu — une version féminisée, terrienne, vivante. Ce n’est pas une apocalypse, c’est une invitation à descendre sous la surface, à penser avec les racines, les mycéliums, les micro-organismes.

La Chthulucene, c’est le temps où la Terre nous rattrape, pas par vengeance, mais par connexion.

Trois idées-forces de la Chthulucene :

- Contre l’Anthropocène (et le Capitalocène)


Haraway critique les termes comme Anthropocène (ère de l’Homme) ou Capitalocène (ère du capitalisme) parce qu’ils replacent encore l’humain au centre, même pour le condamner.

- La Chthulucene décentre l’humain : nous ne sommes pas seuls à agir, à souffrir, à penser, à survivre.

-  Elle refuse la culpabilité paralysante et l’apitoiement sur soi.

2. Les " Sympoïèses " : faire avec, non pas dominer

Le mot-clé est sympoïèse : faire ensemble, co-faire, co-émerger.

- Comme le lichen, qui est une alliance entre un champignon et une algue : aucun des deux ne pourrait survivre seul.

- Comme le microbiome humain : nous sommes des holobiontes, des collectifs vivants.

- Comme l’IA : pas une menace, mais un partenaire trouble, avec qui il faut négocier.

Dans la Chthulucene, rien ne vit seul. Tout est relation.

 3 Faire de la parenté (making kin), pas de la descendance

Haraway remplace l’idée de descendance (généalogie humaine, reproduction biologique) par celle de parenté stratégique.

- On peut être " parent " d’un chien, d’un arbre, d’un robot, d’un sol, d’une lignée bactérienne.

- Ces liens ne sont pas biologiques, mais éthiques, affectifs, politiques.

- C’est une parenté choisie, non pas donnée.

- La Chthulucene et le MTTV / FLP

Dans le cadre du Modèle Théorique Transductif du Vivant (MTTV) que tu as partagé, la Chthulucene trouve un écho puissant :

- Le registre écologique profond (le sol, le microbiome, les archées des sédiments) est exactement ce chthonien que Haraway évoque.

- La triade Ψ–B–Φ décrit une sympoïèse : le champ pré-formel (Ψ) interagit (B) pour produire des formes (Φ), sans sujet central.

L’idée que la pensée passe à travers, qu’elle n’est pas dans la tête, mais dans le sol, le quorum, le réseau - est une ontologie chthulucénienne.

Le MTTV pourrait être lu comme une formalisation opératoire de la Chthulucene : un outil pour penser avec le vivant, pas sur lui.

En résumé :

Concept          Sens dans la Chthulucene

Temps             Pas une ère géologique, mais un mode d’attention

Vie                   Toujoursen relation, jamais isolée

Humain            Un acteur parmi d’autres, pas le héros

Éthique            Staying with the trouble: rester dans le chaos pour y tisser des liens

Espoir              Pas un avenir sauvé, mais un futur partagé, fragile, collectif

" Nous sommes tous des colosses chthoniens, faits de morceaux de mondes, de bactéries, de rêves, de déchets et d’amour. Et c’est là, dans ce désordre, que nous devons apprendre à faire famille. "  Donna J. Haraway :

La Chthulucene est donc l’art de vivre et de penser dans un monde brisé, sans vouloir le réparer comme avant, mais en y tissant de nouveaux liens — humains, non-humains, technologiques, souterrains.

C’est une pensée du sol, tellurique, pas d'une tour d’ivoire. Et c’est précisément ce que semblent incarner Les Fils de La Pensée et leur  roche-mère  MTTV.



 

Auteur: qwen.ai

Info: 29 août 2025 - texte corrigé et arrangé par Mg

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ espérance ]

 

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langage

La grammaire c'est de politique par d'autres moyens.

Auteur: Haraway Donna J.

Info: Simians, Cyborgs, and Women: The Reinvention of Nature, 1978 - 1989

[ pouvoir sémantique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parlêtres

Ce qui importe, c'est ce que nous utilisons pour réfléchir à d'autres questions ; ce qui importe, c'est les histoires que nous racontons pour en raconter d'autres ; ce qui importe, c'est ce qui noue les nœuds, ce qui pense les pensées, ce qui décrit les descriptions, ce qui lie les liens. Ce qui importe, ce sont les histoires qui créent les mondes, les mondes qui créent les histoires.

Auteur: Haraway Donna J.

Info: Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene 2016

[ imaginatifs ] [ reliés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

étapes évolutives

Les poussées soudaines qui forgent les arbres évolutifs

Un modèle évolutif mis à jour montre que les systèmes vivants évoluent selon une dynamique de division et d’accélération, où de nouvelles lignées apparaissent par à-coups soudains plutôt que lors d’un long marathon de changements progressifs.

Au cours du dernier demi-milliard d'années, les calmars, les pieuvres et leurs congénères ont évolué comme un feu d'artifice, avec de longues pauses d'anticipation entrecoupées de changements intenses et explosifs. La diversité multi-bras des céphalopodes est le résultat d'un processus évolutif qui a suivi la division des lignées en nouvelles espèces, et leur évolution n'a guère résulté d'une lente accumulation de changements progressifs.

Ils ne sont pas seuls. Des accélérations soudaines surgissent des branches des arbres évolutifs, à de nombreuses échelles du vivant – apparemment partout où existe un système ramifié de modifications héréditaires – dans une dynamique non étudiée dans les modèles évolutionnaires traditionnels.

C'est la perspective qui émerge d'un nouveau cadre mathématique. Publié dans les Actes de la Royal Society B, ce modèle décrit le rythme de l'évolution. Ce nouveau modèle, qui s'inscrit dans une réflexion sur le rythme de l'évolution menée depuis près de cinquante ans, s'appuie sur le concept d'équilibre ponctué, introduit par les paléontologues Niles Eldredge et Stephen Jay Gould en 1972.

" Les espèces resteraient immobiles dans les archives fossiles pendant des millions d'années, puis tout d'un coup — bang ! — elles se transformeraient en quelque chose d'autre ", a expliqué Mark Pagel., biologiste évolutionniste à l'Université de Reading au Royaume-Uni.

L'équilibre ponctué était initialement une proposition controversée. Cette théorie s'écartait de la vision dominante, vieille d'un siècle, selon laquelle l'évolution suivait un rythme lent et régulier, typique du gradualisme darwinien, où les espèces se développaient progressivement et presque imperceptiblement en de nouvelles. Elle ouvrait la possibilité déroutante d'une discontinuité entre les processus de sélection à l'origine des changements microévolutifs au sein d'une population et ceux qui sont à l'origine des changements à long terme et à grande échelle qui se produisent au-delà du niveau spécifique, appelés macroévolution.

Au cours des décennies qui ont suivi, les chercheurs ont continué à débattre de ces points de vue à mesure qu'ils ont rassemblé davantage de données : les paléontologues ont accumulé des ensembles de données fossiles retraçant les changements macroévolutifs dans les lignées anciennes, tandis que les biologistes moléculaires ont reconstruit la microévolution sur une échelle de temps plus comprimée - dans l'ADN et les protéines qu'ils codent.

Il existe désormais suffisamment d'ensembles de données pour tester plus en profondeur les théories du changement évolutif. Récemment, une équipe de scientifiques a combiné les connaissances issues de plusieurs modèles évolutifs avec de nouvelles méthodes pour construire un cadre mathématique permettant de mieux saisir les processus évolutifs réels. En appliquant ses outils à une sélection d'ensembles de données évolutives (dont ses propres données issues de recherches sur une ancienne famille de protéines), l'équipe a découvert que les pics évolutifs n'étaient pas seulement fréquents, mais regroupés de manière assez prévisible aux bifurcations de l'arbre évolutif.

Leur modèle a montré que les protéines se déforment plus rapidement en de nouvelles itérations au moment où elles divergent les unes des autres. Les langues humaines se déforment et se reformulent aux bifurcations de leur propre arbre généalogique. Les corps mous des céphalopodes se couvrent de bras et de ventouses à ces mêmes divisions.

Cette nouvelle étude renforce les arguments antérieurs en faveur du phénomène d'équilibre ponctué, a déclaré Pagel, qui n'a pas participé au projet. Cependant, ce comportement évolutif rapide n'est pas un processus unique, distinct de la sélection naturelle, comme l'ont suggéré Eldredge et Gould, mais plutôt le résultat de périodes d'adaptation extrêmement rapides propulsant le changement évolutif.

" C’est vraiment une très belle histoire de philosophie des sciences ", a déclaré Pagel.

Explosions fantômes

Jordan Douglas, biologiste évolutionniste à l'Université nationale australienne de Canberra, est fasciné par les origines du code génétique. Pour comprendre ces premières étapes de l'évolution de la vie, il étudie les aminoacyl-ARNt synthétases (aaRS), une famille d'enzymes essentielles à la construction des protéines. Les enzymes aaRS semblent précéder le dernier ancêtre commun universel de toute vie sur Terre.

" Ces enzymes sont responsables de la création de ce type de logique réflexive que la nature utilise pour se construire, en aidant à traduire l'ARN en protéines qui copient l'ARN, qui construisent plus de protéines, qui copient plus d'ARN ", a déclaré Douglas.

( Photo : Jordan Douglas, vêtu d'un t-shirt noir, est assis à une table dans un café en plein air avec des tables et des plantes en arrière-plan. )

Jordan Douglas, biologiste évolutionniste à l'Université nationale australienne de Canberra, a développé avec ses collègues un nouveau cadre mathématique qui montre le rythme souvent explosif des changements évolutifs.

Douglas administre une base de données en pleine croissancedes structures et séquences aaRS de l'arbre du vivant, que lui et ses collègues utilisent pour reconstituer l'histoire évolutive de cette famille de protéines, longue d'environ 4 milliards d'années. En étudiant ces séquences, il a observé que ces enzymes ont dû évoluer par à-coups très rapides. Bien que ces molécules ne soient pas des espèces à proprement parler, elles ont évolué au fil du temps selon un schéma arborescent bifurquant, à l'image des populations d'organismes, leurs nouvelles formes créant des branches avec des quasi-espèces. Leur schéma arborescent évolutif a rappelé à Douglas et à ses collègues le débat sur l'équilibre ponctué.

L'équipe a exploré un " terrier de lapin ", a déclaré Douglas, pour faire émerger et évaluer toute preuve à l'appui de la théorie d'Eldredge et Gould — des ensembles de données sur tout, de l'évolution de la taille du corps des mammifères au système digestif spécialisé des perroquets d'Australasie pour aspirer le nectar, à la propagation mondiale précoce du virus. À l'origine de la pandémie de Covid-19, ils souhaitaient construire un modèle cohérent de la façon dont les équilibres ponctués se forment dans de nombreuses formes et échelles de vie, y compris et au-delà des enzymes. Ils étaient particulièrement curieux de ces moments insaisissables où une espèce devient deux.

Un élément clé de leur approche a été l'introduction des " pics ", un paramètre de modèle qui mesure l'ampleur du changement à chaque apparition d'une branche. " [Le pic] est une contribution novatrice de cet algorithme, qui n'est généralement pas utilisée en phylogénétique ", a déclaré Douglas.

Selon lui, le paradigme de la phylogénétique (l'étude des relations évolutives) est que les changements se produisent non seulement lentement et progressivement, mais souvent indépendamment une fois qu'une nouvelle espèce forme sa propre branche. L'hypothèse était que lorsqu'une espèce se sépare d'une autre, les deux nouvelles formes évoluent passivement l'une en dehors de l'autre, dérivant seules sur leur trajectoire évolutive, telles deux bouées flottantes en mer. Mais Douglas ne pense pas que l'évolution se déroule toujours ainsi dans la réalité ; il pense qu'il peut y avoir une dynamique de division et de poussée d'adrénaline.

" Lorsqu'un groupe ou une population se divise en deux, c'est souvent comme s'il y avait une force magnétique qui les éloignait immédiatement ", a expliqué Douglas. " Ensuite, ils connaissent une sorte d'évolution lente et indépendante. "

Le nouveau modèle intègre également des ramifications passées invisibles aujourd'hui. Si une lignée se ramifie, mais que cette branche a été coupée il y a des millions d'années lors de son extinction, elle pourrait ne plus apparaître du tout dans les données modernes. Douglas et son équipe ont pris en compte ce qu'ils ont appelé des " explosions fantômes " d'évolution, appelées " souches " dans leur modèle. " Même si la branche a disparu, elle a laissé une empreinte ", a expliqué Douglas.

Cette approche s'appuie sur les connaissances d'autres biologistes évolutionnistes, dont Pagel, qui a co-développé en 2010 une méthode pour expliquer la disparition des branches d'espèces disparues. Le modèle de l'équipe de Douglas est plus général que les approches précédentes, a expliqué Pagel, ce qui permet aux chercheurs de développer des arbres dont le rythme d'évolution varie. " Cette histoire est composée de nombreux petits éléments qui s'assemblent de manière très harmonieuse ", a-t-il ajouté.

Pouvoir explicatif

Une fois que l’équipe a développé son nouveau modèle, elle l’a testé sur plus d’une douzaine d’ensembles de données évolutives dans plusieurs domaines d’études.

Lorsque les chercheurs ont appliqué le modèle à leurs propres recherches sur les enzymes aaRS, ils ont constaté une accumulation de changements rapides autour des branches de l'arbre évolutif. En comparant leur arbre aaRS à d'autres qui supposaient des changements plus progressifs, ils ont constaté que les relations entre les lignées étaient similaires. Cependant, les pics évolutifs du nouveau modèle ont raccourci de 30 % les nouveaux arbres par rapport aux changements progressifs, ce qui suggère que le temps écoulé entre les premiers ancêtres et l'extrémité des branches était plus court, et que les enzymes avaient évolué plus rapidement.

Douglas et ses collègues ont également réanalysé un ensemble de données sur les caractéristiques des céphalopodes, comme l'émergence des tentacules et l'évolution des formes corporelles, à partir de 27 espèces vivantes et de 52 fossiles. Les résultats ont montré ce que les chercheurs décrivent comme une contribution triviale de l'évolution progressive vers la forme physique des céphalopodes sur quelque 500 millions d'années, 99 % de cette évolution se produisant par poussées spectaculaires près de la bifurcation des branches.

Le nouveau modèle mathématique a montré que les poussées évolutives ont conduit à l’émergence de presque tous les traits caractéristiques des céphalopodes, tels que les tentacules.

Cette accélération soudaine lors de la division des lignées – appelée " ramification saltative " par Douglas et ses collègues – ne se limite pas à l'évolution des êtres vivants. Ils ont découvert qu'elle s'applique également aux systèmes créés par les êtres vivants. L'équipe a appliqué son modèle à la série de modifications et de circonvolutions arborescentes dans la famille des langues indo-européennes. En tenant compte des premières poussées d'évolution linguistique, l'équipe a pu estimer le temps d'origine de cette famille en Eurasie.

La leçon à tirer de ces résultats, a déclaré Douglas, est que les équilibres ponctués sont " très répandus, assez généraux " dans de nombreux aspects de l'évolution. " Il est difficile de construire une compréhension solide de l'évolution sans tenir compte de ce processus ", a-t-il ajouté. La ramification saltative pourrait être fondamentale pour l'évolution biologique et culturelle.

L'épreuve du temps

L'étude fusionne les points de vue anciens, et souvent contradictoires, des paléontologues et des biologistes moléculaires sur le rythme de l'évolution. Les paléontologues, qui travaillent principalement avec des données morphologiques à long terme issues de fossiles, rencontrent plus souvent des équilibres ponctués. " Ce que les paléontologues ont beaucoup moins réussi à appréhender, c'est le rétrécissement qui se produit réellement lors de la spéciation ", a déclaré Gene Hunt, paléontologue évolutionniste au Musée national d'histoire naturelle du Smithsonian, qui n'a pas participé à la nouvelle recherche. Les détails entourant l'émergence des espèces sont difficiles à saisir dans les archives fossiles, simplement parce que le processus est très rapide, a-t-il déclaré.

Parallèlement, le phénomène est moins bien défini dans les données génétiques et moléculaires, qui tendent à révéler des différences plus subtiles et progressives à mesure que les espèces divergent. " [Les biologistes moléculaires] ont clairement exprimé l'idée que Gould avait tort ou qu'il ne comprenait pas les données moléculaires ", a déclaré April Wright, phylogénéticien statisticien à l'Université du Sud-Est de la Louisiane, qui n'a pas participé à la nouvelle recherche. " Il est donc vraiment intéressant de voir ce modèle [d'évolution abrupte] mesuré dans les données moléculaires. "

Quelles conditions pourraient modifier le rythme évolutif des arbres ? Après avoir vécu dans un nouvel environnement ou subi de nouvelles pressions évolutives, deux groupes d'organismes peuvent se séparer physiquement et accumuler rapidement des différences. Le même phénomène peut se produire lorsque les humains, leurs cultures ou leurs langues, s'isolent d'un groupe initial plus vaste.

" Peut-être évoluent-ils dans un nouvel environnement. Peut-être adaptent-ils simplement des normes culturelles différentes à mesure qu'ils grandissent en tant que groupe ", a déclaré Wright. " Il serait tout à fait logique que l'on observe cette même signature de changement se concentrer aux nœuds. "

Ces poussées évolutives pourraient également être assimilées à des phénomènes de division ou de spéciation. Pagel décrit les espèces comme étant généralement maintenues dans une sorte de stase temporaire. De temps à autre, cette stabilité est perturbée par des changements environnementaux, et les populations développent rapidement de nouvelles façons de survivre, occupant une niche différente dans leur écosystème.

Le cadre doit être testé plus avant. Un peu plus d'une douzaine d'études ont été utilisées pour évaluer le nouveau modèle, a déclaré Hunt. Mais il existe probablement des centaines d'ensembles de données paléontologiques qui pourraient être analysés par ces nouveaux outils, sans compter d'autres sur l'évolution moléculaire. " Il existe une quantité considérable de données disponibles qui pourraient être utilisées à cette fin ", a-t-il ajouté. On ne sait pas lequel de ces tests pourrait perturber ce nouveau modèle de ramification saltative et le faire évoluer vers son prochain pic évolutif.

Points clés quant à ce cadre mathématique :

- Il vise à dépasser les modèles classiques qui ne considèrent que peu de traits ou peu d'espèces en prenant en compte un grand nombre de traits et d'espèces, donc une très grande dimension du système.

- Le cœur de cette approche mathématique consiste à modéliser les matrices clés gouvernant l'évolution (comme la matrice de pléiotropie des mutations, la matrice Jacobienne de la dynamique évolutive, et la Hessienne de la fonction de fitness) comme des matrices aléatoires avec des propriétés statistiques représentatives des caractéristiques génériques de ces systèmes complexes.

- La théorie des grandes matrices aléatoires permet de révéler des régularités et des prédictions génériques sur la stabilité, la possibilité, la convergence et la diversification évolutive dans ces systèmes d'une très grande complexité.

- Ce cadre mathématique apporte des outils puissants pour étudier la coévolution et la diversification dans des réseaux écologiques complexes, en particulier en évaluant sous quelles conditions la biodiversité peut s'accroître ou au contraire être contrainte.

- Un aspect important concerne l'étude de la stabilité évolutive des équilibres dans ces systèmes, avec des applications possibles aux dynamiques hôtes-parasites et à la théorie classique des systèmes de Lotka-Volterra étendue en haute dimension. 

Ce nouvel outil mathématique représente donc un cadre abstrait et probabiliste, mais qui s'ajuste aux réalités biologiques complexes et permet d'appréhender des questions évolutives et écologiques à une échelle jamais explorée auparavant de façon aussi rigoureuse.


 

Auteur: Internet

Info: Quanta magazine, Jake Buehler 28 août 2025

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ego

Le moi est la synthèse de nos échecs ; mais ce n'est qu'une synthèse partielle. Craignez ma parole.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 15

[ récapitulatif ] [ incomplet ] [ partiel ]

 
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couple

Le bienfait de la compagnie d'un chien tient à ce qu'il est possible de le rendre heureux ; il demande des choses si simples, son ego est si limité. Il est possible qu'à une époque antérieure les femmes se soient trouvées dans une situation comparable - proche de celle de l'animal domestique. Il y avait sans doute une forme de bonheur domotique lié au fonctionnement commun, que nous ne parvenons plus à comprendre ; il y avait sans doute le plaisir de constituer un organisme fonctionnel, adéquat, conçu pour accomplir une série discrète de tâches – ces tâches, se répétant, constituaient la série discrète des jours. Tout cela a disparu, et la série des tâches ; nous n’avons plus vraiment d’objectif assignable ; les joies de l’être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l’inverse ne peuvent nous découdre. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d’extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: La possibilité d'une île, 2007, page 11

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