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ordre discursif

Sa gerbe n'était point avare, ni haineuse - Victor Hugo. Voilà une métaphore. […] Il n'y a pas comparaison, mais identification. [...]

La métaphore suppose qu’une signification est la donnée qui domine, et qu’elle infléchit, commande l’usage du signifiant, si bien que toute espèce de connexion préétablie, je dirais lexicale, se trouve dénouée. [...] il est clair que l’usage de la langue n’est susceptible de signification qu’à partir du moment où on peut dire Sa gerbe n’était point avare, ni haineuse, c’est-à-dire où la signification arrache le signifiant à ses connexions lexicales.

C’est là l’ambiguïté du signifiant et du signifié. Sans la structure signifiante, c’est-à-dire sans l'articulation prédicative, sans la distance maintenue entre le sujet et ses attributs, on ne pourrait qualifier la gerbe d'avare et de haineuse. C'est parce qu'il y a une syntaxe, un ordre primordial de signifiant, que le sujet est maintenu séparé, comme différent de ses qualités.

[…] Cette phase du symbolisme qui s'exprime dans la métaphore suppose la similarité, laquelle est manifestée uniquement par la position. C'est par le fait que la gerbe est le sujet de avare et de haineuse, qu'elle peut être identifiée à Booz dans son manque d'avarice et sa générosité. C’est par la similarité de position que la gerbe est littéralement identique au sujet Booz. Sa dimension de similarité est assurément ce qu’il y a de plus saisissant dans l’usage significatif du langage, qui domine tellement l’appréhension du jeu du symbolisme que cela nous masque l’existence de l’autre dimension, la syntaxique. Pourtant, cette phrase perdrait toute espèce de sens si nous brouillions les mots dans leur ordre.

Voilà ce qu’on néglige quand on parle de symbolisme – la dimension liée à l’existence du signifiant, l’organisation du signifiant.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, pages 345 à 347

[ grammaire ] [ alignement ] [ équivalence ] [ agencement des mots ]

 

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allaiter

Bois, mon petit, à ma poitrine qui coule,
Je suis ta source – Bois ! – ta tiède fontaine,
Bois ce doux lait qui coule en ta gorge pleine
Avec un bruit de colombe qui roucoule.

Pose ta joue à la place la plus tendre
De ma chair. Mords-moi de ta petite bouche.
Du bout de mon sein mol je tente, je touche
Ta lèvre qui se trompe autour… Viens le prendre !

Bois, mon petit avide, emplis ta faiblesse
De moi qui me penche et qui te suis versée.
Capte ce lait chaud de m’avoir traversée
Au bourgeon de la mamelle… Ah ! tu me blesses !

Le savais-je la douceur d’être blessée,
Ouverte et saignant comme une orange vive
Qui fond en miel et n’est plus sous la gencive,
Plus rien qu’une joie à la gorge laissée ?

Adam ! Adam ! la douceur d’être mangée,
Qui la savait ? Qui savait le cher supplice
D’être la gorgée émouvante qui glisse
Et m’entraîne toute en mon petit changée ?

La douceur de mourir, la tendre aventure
De me perdre sans yeux ni route, en allée
Dans le noir de toi qui m’attendais, mêlée
Aux chemins naissants de ta force future !

Mourir… m’évader de cette solitude,
De ce moi qui tient ma richesse captive
Pour te rejoindre, ô soif qui cherche, l’eau vive,
Et calmer à ton besoin ma plénitude…

Bois. Jusqu’à tes os je ruisselle et j’écoute
Quand le lait heureux chemine en toi, cher être,
Un peu de moi dans tes veines disparaître,
Un peu de moi qui devient toi goutte à goutte.

J’écoute. J’entends dans ma gorge profonde
Que la clarté du lait qui sourd illumine,
Ne parle pas, Adam ! Adam ! je devine
Où passait la joie en s’en venant au monde.

Auteur: Noël Marie Rouget

Info: ÈVE

[ pensée-de-femme ] [ poème ]

 

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étatisme

Dès qu’il s’agissait, cependant, de suivre une politique égalitaire ramenant les plus intelligents au niveau des plus incapables, chaque fois que l’on voulait, en un mot, réaliser l’égalité par en bas, chacun comprenait qu’un tel régime conduirait toute civilisation à sa perte et que la libre concurrence entre individus d’aptitudes différentes était la condition même du progrès. Comment concilier ces deux opinions extrêmes ? On y parvint le plus simplement du monde le jour où l’on s’aperçut que les droits de l’individu ne devaient point dépasser les bornes mêmes de la vie de cet individu et que le socialisme était une doctrine d’Etat ne s’appliquant point aux particuliers. Pour tout vous dire d’un seul mot, on permit à chacun de se développer librement selon ses aptitudes, de devenir riche, puissant ou misérable, suivant ses capacités et son travail. On décida que, sous certaines réserves pratiques d’application, toutes les successions sans exception reviendraient à l’Etat. La première conséquence de cette mesure fut que l’Etat dut se charger, tout en même temps, d’élever, d’éduquer et d’instruire tous les enfants dès qu’ils seraient en âge d’entrer à l’école ou que leurs parents mourraient. Elevés sur un pied d’égalité, n’héritant d’aucune fortune acquise par d’autres, tous les habitants de la France n’eurent plus qu’à s’en prendre à eux-mêmes de leur propre destinée. Dès l’école primaire, les vieilles couronnes de papier et les livres de prix d’autrefois furent remplacés par des prix en espèces constituant un pécule pour chaque enfant, lui permettant même d’amasser une véritable petite fortune s’il poursuivait ses études supérieures. Du jour où fut adopté, malgré d’incroyables protestations, ce régime d’égalité de naissance, aucune revendication sociale ne fut plus possible, et le gouvernement eut le droit de réprimer tout désordre avec une sévérité qu’ignoraient même les régimes fascistes d’autrefois.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, pages 332-333

[ totalitarisme ]

 

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femmes-par-femme

Tout Châtillon défilait. Elle se disait : "Est-ce que tu aimerais être cette femme-là ? Non. Et celle-là ? Oui, mais je ne voudrais pas sa tête. Et celle-là ? Non, mais j’aimerais bien sa robe. Et les bottines de l’autre. Quant à celle-là, alors pas du tout, elle marche comme sur des œufs. L’autre non plus, on dirait un bâton." Elle imaginait très bien la vie de ces dames et de ces demoiselles. C’étaient des cuisines, des pot-au-feu, des légumes, des carnets de comptes, des boules à repriser les bas, les buscs, de l’émulsion Scott. Elle, elle était quand même partie avec Firmin à pied, en pleine nuit, après être descendue d’une fenêtre, par une échelle. Elle n’y pensait pas beaucoup mais c’était là. Elle n’avait pas beaucoup d’imagination mais, si elle multipliait seulement par dix la vie de sa mère à la ferme, elle avait la vie de cette femme-là. Si elle divisait par mille la vie des Charmasson, elle avait la vie de cette autre-là. Si elle donnait un peu de réussite à Firmin, qu’il soit seulement patron, elle avait la vie de cet autre. C’était facile. Il n’y avait pas de quoi tirer gloire.

Sauf pour une. On ne pouvait pas dire son âge. Elle était grande et souple, vêtue d’une amazone de bure et d’une palatine fourrée, coiffée d’un petit tyrolien vert à plume. Elle marchait d’un pas vif, mieux qu’un homme, mais son pas rassurait comme le pas d’un homme. Elle tenait l’ampleur de sa jupe dans son poing gauche, ondulait juste un peu des hanches. Ses yeux étaient si clairs qu’ils semblaient des trous. Celle-là, on avait beau multiplier, diviser, faire des comptes : on n’arrivait pas à sa vie. "Celle-là, j’aimerais bien l’être, se disait Thérèse. Oui, celle-là, je la voudrais toute."

Auteur: Giono Jean

Info: Les âmes fortes, Librairie Gallimard, 1949, pages 230-231

[ imagination ] [ comparaison ] [ singularité ] [ mystère ]

 

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moi

Le fait fondamental que nous apporte l’analyse [...] c’est que l’ego est une fonction imaginaire. [...]

Si l’ego est une fonction imaginaire, il ne se confond pas avec le sujet. Qu’est-ce que nous appelons un sujet ? Très précisément, ce qui, dans le développement de l’objectivation, est en dehors de l’objet.

On peut dire que l’idéal de la science est de réduire l’objet à ce qui peut se clore et se boucler dans un système d’interactions de forces. L’objet, en fin de compte, n’est jamais tel que pour la science. Et il n’y a jamais qu’un seul sujet – le savant qui regarde l’ensemble, et espère un jour tout réduire à un jeu déterminé de symboles enveloppant toutes les interactions entre objets. [...]

Pendant l’analyse, par exemple d’un comportement instinctuel, on peut négliger un certain temps la position subjective. Mais cette position ne peut absolument pas être négligée quand il s’agit du sujet parlant. Le sujet parlant, nous devons forcément l’admettre comme sujet. Et pourquoi ? Pour une simple raison, c’est qu’il est capable de mentir. C’est-à-dire qu’il est distinct de ce qu’il dit.

Eh bien, la dimension du sujet parlant, du sujet parlant en tant que trompeur, est ce que Freud nous découvre dans l’inconscient.

Dans la science, le sujet n’est finalement maintenu que sur le plan de la conscience, puisque le x du sujet dans la science est au fond le savant. [...] Freud au contraire nous montre qu’il y a dans le sujet humain quelque chose qui parle, qui parle au plein sens du mot, c’est-à-dire quelque chose qui ment, en connaissance de cause, et hors de l’apport de la conscience. [...]

Du même coup, cette dimension ne se confond plus avec l’ego.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, pages 301-302

[ discours de l'analyste ] [ discours scientifique ] [ différences ] [ sujet de l'inconscient ] [ subjectif-objectif ]

 
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généalogie

La propre source, c’est ce que chaque femme et chaque homme au monde reçoit en héritage par sa naissance, avec son nom propre, sans l’avoir en commun avec qui que ce soit d’autre. Qui que vous soyez, vous êtes né quelque part, de parents nés eux aussi quelque part. Ce quelque part n’est pas seulement un lieu géographique ni une histoire familiale : c’est une langue, une provenance spirituelle, une sagesse ascendante. Que vous le sachiez ou pas, qui que vous soyez votre origine est royale. La femme de ménage algérienne la plus démunie a sa propre source royale. L’ouvrier breton le plus harassé aussi. Le petit commerçant chinois endetté aussi. La prostituée albanaise aussi, comme l’Inuit alcoolisé, le Tibétain exilé, le Malais esclavagisé, le mendiant roumain, le Corse anachorète, le Juif haineux de soi…



Accéder à sa propre source n’est pas compliqué en soi. La méthode en est d’autant plus simple qu’elle n’a pas varié depuis des siècles. Commencez par méditer votre histoire familiale. Elle a été refoulée, occultée, envenimée ? Vos propres parents furent des monstres qui cherchèrent à vous détruire parce qu’eux-mêmes aussitôt nés furent écrabouillés ? Remontez plus haut, toujours plus haut, écoutez, parlez, questionnez, lisez surtout, partez à la recherche de  d’où vous venez, ce là qui est moins un lieu qu’un lien, un invisible ombilic tramé de mots, ce là où vos ancêtres vous attendent pour vous rajeunir.



Cela n’est pas compliqué, mais cela n’est pas facile. Ressusciter en pensée ne va pas de soi. Les obstacles se dressent avec autant de pugnacité que les portes dérobées s’ouvrent sans prévenir. Puis, une fois retrouvée votre propre source, rien ne peut vous empêcher de vous pâmer dans l’onde du fleuve jusque vers la mer que chérissent les hommes libres, de vous intéresser à toutes les autres cultures, d’apprendre tous les autres savoirs.

Auteur: Zagdanski Stéphane

Info: 17 janvier 2022 https://lundi.am/A-quoi-comparer-cela

[ interrogation ] [ rencontre ] [ singularités ]

 

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exclusivisme

L’"existence" kierkegaardienne s’annule elle-même par manque de raison suffisante : comment peut-on concevoir une morale "existentielle", c’est-à-dire "vécue et non pensée", donc sans "abstraction", au niveau de l’homme terrestre qui est par définition un être pensant ? Cette alternative entre l’"existence" et la "pensée- abstraction" est le malentendu fondamental de l’existentialisme ; et celui-ci n’est qu’une manifestation, et des plus aberrantes, de ce que nous pourrions appeler l’"alternativisme" occidental.

[…] Un exemple des plus typiques est précisément le reproche d’un Kierkegaard au "penseur abstrait" qui commet, paraît- il, la "contradiction de vouloir démontrer son existence par sa pensée" : "dans la mesure où il pense abstraitement, il fait abstraction du fait qu’il est", conclut le philosophe. Or premièrement, penser réellement, intelligemment - et non simplement juxtaposer des images ou des pétitions de principe -, c’est par définition "penser abstraitement", sans quoi la pensée se réduirait à l’imagination ; et deuxièmement, il n’y a pas d’opposition foncière entre les pôles "exister" et "penser", car notre existence est pour nous toujours un mode de conscience, et notre pensée est une manière d’exister ; seule l’erreur - non l’"abstraction" ! - est inadéquate par rapport au fait positif de l’existence, et seule l’existence minérale - non notre vie — se détache totalement de notre conscience, que celle-ci se coagule en pensée ou non. Il y a toutefois dans le reproche existentialiste une part de vérité en ce sens que la connaissance discursive est séparative en raison même de la polarisation sujet-objet, mais la conclusion à en tirer est, non que cette connaissance soit dépourvue de valeur sur son plan ou qu’elle soit limitée quant à son contenu, mais quelle n’englobe pas toute la connaissance possible, et que dans la connaissance purement intellective et directe la polarisation dont il s’agit est dépassée.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, pages 28-29

[ critique ] [ réfutation ] [ pensée binaire ]

 

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théorie psychanalytique

Je ne crois plus à mes neurotica. [...] Les déceptions continuelles dans les tentatives pour mener une analyse à son véritable terme, la fuite des personnes qui pendant un certain temps avaient été les mieux accrochées, l’absence des succès complets sur lesquels j’avais comptés, la possibilité de m’expliquer autrement, de la manière habituelle, les succès partiels : voilà le premier groupe. Ensuite, la surprise de voir que dans l’ensemble des cas il fallait incriminer le père comme pervers, sans exclure le mien, le constat de la fréquence inattendue de l’hystérie, où chaque fois cette même condition se trouve maintenue, alors qu’une telle extension de la perversion vis-à-vis des enfants est quand même peu vraisemblable. [...] Puis, troisièmement, le constat certain qu’il n’y a pas de signe de réalité dans l’inconscient, de sorte que l’on ne peut pas différencier la vérité et la fiction investie d’affect. (Dès lors, la solution qui restait, c’est que la fantaisie sexuelle s’empare régulièrement du thème des parents). Quatrièmement, la considération que dans la psychose la plus profonde le souvenir inconscient ne perce pas, de sorte que le secret des expériences vécues dans la jeunesse ne se trahit pas, même dans le délire le plus confus. [...]

Ainsi influencé, j’étais prêt à renoncer à deux choses, la solution complète d’une névrose et la connaissance certaine de son étiologie dans l’enfance. Maintenant, je ne sais absolument pas où j’en suis, car je n’ai pas réussi à comprendre théoriquement le refoulement et son jeu de forces. Il semble à nouveau envisageable que seules des expériences vécues ultérieures donnent le coup d’envoi à des fantaisies qui retournent puiser dans l’enfance, et de ce fait le facteur d’une disposition héréditaire reconquiert un domaine hors duquel je m’étais donné pour tâche de le refouler dans l’intérêt de l’élucidation de la névrose.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 21 septembre 1897, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ doute ] [ remise en question ] [ erreurs ]

 

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femme-par-homme

Le 8 mai j’avais quitté l’usine effiloché comme d’habitude

couvert de poussière dans les rues coudoyant des messieurs en pelisses

parmi de belles femmes fatigué et effiloché

et un humide dégoût emplissait ma bouche

cette belle dame m’avait perçu du haut de sa voiture

j’étais un gars pas mal – le crachat ça ne se voit pas

elle avait des cheveux ondulés et une voiture

ma présence là noyée de poussière éveillait en elle un suave frisson sous ses bas

et jusqu’à la porte de son appartement luxueux la voiture légère a roulé

où travailles-tu me demanda-t-elle pendant qu’elle enlevait son manteau

depuis quelques jours à l’usine de gaz

tu es un gars bien bâti et assez beau tu pourrais mieux gagner

depuis six mois et jusqu’à hier je ne mangeais qu’une fois tous les deux jours

notre discussion pouvait se prolonger à l’infini

mes paroles à moi sentaient le pain le gaz

elle gazouillait comme un piano ouvert des paroles de romances à la mode

et pourtant la manière virile dont ma chair s’arrondissait sur les os

faisait que nous nous entendions à merveille

l’heure est avancée, couchons-nous

le lit sentait moelleusement le chaud et le propre

la dame savait mieux faire l’amour que discourir

et moi j’aimais ses cheveux parce que j’avais besoin de les tirer.

Le matin elle me dit au revoir mon cher

(il était 5 heures et à 6 l’usine ouvrait)

nous nous reverrons ce soir à 8 nous dînerons ensemble

auprès de mes paroles sentant le pain le gaz

je conservais une bouche pleine de crachats

elle la vit elle s’en effraya

cette belle dame avec laquelle toute nuit je me suis promené dans l’amour et l’automobile – elle disparut

à sa place fumait une vieille ridée, ses lunettes sur son nez qui lisait assidûment les Saintes Écritures.

Auteur: Luca Ghérasim

Info: La Sainte communion. Publié dans "Meridian" N° 11,1927, puis traduit du roumain par Micaela Slăvescu et cité dans "La Réhabilitation du rêve", p. 510-511

[ rencontre ] [ différences sociales ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

démarche religieuse

Alors, ce que je veux simplement, en vous quittant, accentuer, c’est qu’il y a quand même quelque chose qui se véhicule depuis le fin fond des temps, et qui s’appelle l’initiation.

L’initiation c’est ce dont nous avons des débris au titre de l’occultisme.

Ça prouve simplement que c’est la seule chose qui, en fin de compte, nous intéresse encore dans l’initiation.

Je ne vois pas pourquoi je ne donnerais pas à l’initiation, que l’Antiquité connaissait, enfin, un certain statut.

Tout ce que nous pouvons entrevoir des fameux Mystères - et tout ce qui peut nous en rester encore dans des pays ethnologiquement situables, de quelque chose de l’ordre de l’initiation - c’est lié, c’est lié à ce que quelque part, quelqu’un comme Mauss n’est-ce pas, avait appelé technique du corps - je veux dire que, ce que nous avons et qui nous concerne dans ce discours, autant analytique que scientifique, voire universitaire, voire celui du Maître et tout ce que vous voudrez… c’est que, elle se présente elle-même, l’initiation, quand on regarde la chose de près, toujours comme ceci : une approche, une approche qui ne se fait pas sans toutes sortes de détours, de lenteurs, une approche de quelque chose où ce qui est ouvert, révélé, c’est quelque chose qui, strictement, concerne la jouissance.

Je veux dire qu’il n’est pas impensable que le corps, le corps en tant que nous le croyons vivant, soit quelque chose de beaucoup plus calé que ce que connaissent les anatomo-physiologistes.

Il y a peut-être une science de la jouissance, si on peut s’exprimer ainsi.

L’initiation en aucun cas ne peut se définir autrement.

Il n’y a qu’un malheur, c’est que de nos jours, il n’y a plus trace, absolument nulle part, d’initiation.

Auteur: Lacan Jacques

Info:

[ religion ] [ contention ] [ régulation ] [ prudence ] [ exploration plaisir ] [ voluptueuses découvertes ] [ physiologie mémétique ]

 

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