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rancoeurs
ll y a assez de traîtrise, de haine, de violence,
d'absurdité dans l’être humain moyen
Pour approvisionner à tout moment n’importe quelle armée
Et les plus doués pour le meurtre sont ceux qui prêchent contre
Et les plus doués pour la haine sont ceux qui prêchent l’amour
Et les plus doués pour la guerre – finalement – sont ceux qui prêchent la paix.
Méfiez-vous
De l’homme moyen
De la femme moyenne
Méfiez-vous de leur amour.
Leur amour est moyen, recherche la médiocrité
Mais il y a du génie dans leur haine
Il y a assez de génie dans leur haine pour vous tuer, pour tuer n’importe qui.
Ne voulant pas de la solitude
Ne comprenant pas la solitude
Ils essaient de détruire
Tout
Ce qui diffère d’eux.
Etant incapables
De créer de l’art
Ils ne comprennent pas l’art.
Ils ne voient dans leur échec
En tant que créateurs
Qu’un échec du monde.
Etant incapables d’aimer pleinement
Ils croient votre amour
Incomplet
Du coup, ils vous détestent.
Et leur haine est parfaite
Comme un diamant qui brille
Comme un couteau
Comme une montagne
Comme un tigre
Comme la ciguë
Leur plus grand art.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Le Génie de la foule 1966
[
incompréhension
]
[
aigreurs
]
[
rapports humains
]
sens
Il était silencieux, puis l’implora : "Écoute, Sally.
Donne-moi un autre médoc.
Il y a des rats bouillonnant dans mon ventre qui rampent et
mordent." Elle essuya son front détrempé
Avec un morceau de tissu, puis s’assit sur le lit
En tenant sa vieille main mouchetée ; la secoua, la pressant
Contre sa joue.
De tout ceci, Seigneur –
Un vieil homme cancéreux, une épouse
Jalouse répétant toute la nuit
La litanie de ses erreurs passées,
Et une jeune adultère torride
Entre ses deux hommes – de tous ces éléments
Ordinaires de la vie commune, ces deux ou trois personnes
Qui non sans raison s’interrogent,
Une découverte peut-elle sourdre, ou un faucon s’envoler ?
Car tu n’es pas humain, tu ne tiens pas compte des personnes,
Ni sujet au dégoût ni adepte du péché,
Et tous tes chemins sont beaux.
Même tes choses qui dépérissent, la vase des mers et la charogne
Resplendissent dans l’obscurité ; même cette époque dépravée
Qui fait le mal dans ses rêves,
Ivre de tromperies et de cruautés,
Phosphorescente de guerres,
S’embrase comme une torche.
Elle a son propre honneur abandonné, et ses piliers de musique
Offerts aux pures étoiles.
Auteur:
Jeffers Robinson
Années: 1887 - 1962
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, poète
Continent – Pays: Amérique - Etats-Unis
Info:
Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 27-28
[
mystère
]
[
beauté
]
[
horreur surpassée
]
[
lila
]
femmes-hommes
Tu vois, je pense que mon corps ne m’appartient pas. En fait, il est la propriété de l’espèce. Les mâles qui veulent s’en servir n’ont qu’à prouver leur virilité, pas besoin de plus. Je crois que je n’en ai jamais refusé l’accès à un mec s’il me l’a demandé avec assez de fermeté. Peu importe le physique, peu importe le mental et encore moins l’intelligence. Il suffit d’être un mâle et de me le prouver.
– Tu veux dire que tu ne cherches pas de relations un peu plus solides que le coup d’un soir ? Jamais ?
– J’ai pas dit ça. Quand je me suis donnée à un mec, je reste avec lui tant qu’il me démontre que c’est lui le mâle dominant. Si celui qui me baise sait me prouver qu’il est le maître, je ne chercherai jamais ailleurs.
– Et si tu croises un autre mec encore plus viril ? Tu laisses l’autre et tu te tires avec lui ?" Elle a un petit éclat de rire, vite noyé sous un regard adhérent et très sérieux.
- Oui… sans réfléchir. Sans la moindre hésitation. Face à un vrai mâle, je n’ai plus de libre arbitre. C’est la loi de l’espèce, Darling ! Je vois pas pourquoi je chercherais à lutter.
– Et qu’est-ce que tu fais de l’amour ? je demande.
– Mais c’est ça l’amour.
Auteur:
Gilberti Ghislain
Années: 1977 -
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dynamique du Chaos
[
domination
]
paradigmes dominants
La question pour nous, ici, est tout autre. Elle est de savoir si l’état d’esprit que nous avons essayé de décrire, prédisposait ou non les hommes du XVIe siècle à s’émanciper de la tutelle des religions – à rompre avec celles des religions révélées et organisées à quoi ils appartenaient de par leur naissance, leur milieu ou leur choix.
D’instinct, nous sommes portés à croire que oui. Nous, hommes du XXe siècle, quotidiennement dotés par les savants d’une telle collection de miracles authentifiés par les faits, contrôlés par l’expérience, que pâlissent en regard les miracles, hypothétiques ou chimériques, annoncés ou prédits par les occultistes : nous les jugeons, à tout le moins, candides. Nous n’avons plus besoin qu’on nous dise, du dehors, que notre science ne sait pas tout, ne dit pas tout, et qu’elle peut être, à tout instant, envahie et transformée par une masse de connaissances et d’idées nouvelles. Le merveilleux est dans le commerce, oui – mais par un déplacement assez singulier, ce n’est plus le mage, l’alchimiste, l’astrologue qui en détiennent le monopole : loin de là, c’est le savant patenté, qualifié, officiel qui le détient, et le livre au public. Bien plus fantasmagorique que les fantasmagories d’autrefois, la fantasmagorie d’aujourd’hui sort des laboratoires, honorée, décorée, couronnée, tenue pour vraie de la plus authentique des vérités. Hors de là, plus rien que des naïfs, ou des charlatans, sans crédit auprès de gens sérieux.
Auteur:
Febvre Lucien
Années: 1878 - 1956
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: historien
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 415-416
[
évolution
]
[
religieux-scientifique
]
baise
Là, elle veut du crack ; moi, je veux me faire sucer. Y a rien d’autre qui compte. Je n’ai jamais vu cette femme avant aujourd’hui, mais elle s’accroupit devant moi et je sors ma queue et je la lui fourre dans la bouche et son fils de deux ans est debout derrière elle et il lui tire les cheveux en répétant "Maman" sans arrêt, et son appartement est dégueulasse, et je n’arrive pas à bander, mais pas à cause du môme ni de la crasse, et quand je retire ma bite de sa bouche, je lui colle la pipe de crack entre ses lèvres, elle me regarde et sourit en saisissant la pipe à pleines mains, et ses mains sont la plus belle chose qu’il y ait dans cette pièce, ses ongles sont sales, mais longs et élégants en dépit de tout – ses ongles doivent être naturellement forts pour tenir cette longueur – alors je repousse sa tête en arrière et place ses mains sur ma bite et elle la caresse et je me mets à bander et son fils lui tire les cheveux, mais elle n’a pas l’air de s’en rendre compte, alors je ferme les yeux pour ne pas voir tous les trucs cassés et ses ongles longs irréguliers accrochent ma peau de temps en temps, et je grimace de douleur, mais j’aime ça, du coup je bande encore plus et puis je jouis dans sa main.
Auteur:
Fondation Larry
Années: 195? - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, animateur social, médiateur de quartier
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Effets indésirables", trad. de Romain Guillou, éditions Tusitala, 2016, pages 45-46
[
junky
]
[
déclencheur d'érection
]
[
fétichisme
]
[
branlette
]
rencontre
Une discothèque. La nuit. Nina danse avec Éli Hooker, un jeune homme.
NINA. – Tu es si léger.
ÉLI. – J'aime danser. J'aime aussi prendre un bon livre de temps en temps.
(Entre Zigui. Il va s'asseoir à l'écart, commence à manger des cacahouètes tout en les observant.)
ÉLI. – Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
NINA. – Rien de particulier. Je lis moi aussi. Et je sculpte.
ÉLI. – Tu auscultes ? Et qu'est-ce que tu auscultes ?
NINA. – Je sculpte. Je fais de la poterie.
ÉLI. – Ah.
NINA. – Je prends mon temps, je ne cours pas. Pourquoi me précipiter comme tout le monde ? À quoi bon cette fuite en avant, à quoi bon ? À quoi bon, je te le demande ?
ÉLI. – Tu as raison.
NINA. – Et toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
ÉLI. – Je lis un peu, j'écris un peu.
NINA. – Des poèmes ?
ÉLI. – Pour moi, la nuit.
NINA. – Et le matin ?
ÉLI. – Je suis médecin.
NINA. – Tu dis "médecin" avec un tel dédain. Tu n'es vraiment pas comme les autres, toi.
ÉLI. – Parce que c'est quoi un médecin ? Un mythe, rien de plus.
NINA. – Tu es vraiment différent.
Auteur:
Hanokh Levin
Années: 1943 - 1999
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: dramaturge
Continent – Pays: Proche & moyen Orient – Israël
Info:
Théâtre choisi, tome 4 : Comédies grinçantes. Sur les valises, p 133
[
dialogue
]
[
étonnement
]
prière
Ce n’est pas une lâche que mon âme
Elle ne tremble pas en ce monde tourmenté d’orages :
Je voix briller les gloires du Ciel
Et la Foi brille à leur égal, me cuirassant contre la Crainte.
O Dieu de dedans ma poitrine,
Toute-puissante, toujours-présente Déité!
Vie qui en moi trouves repos
Comme je tire, impérissable Vie, force de Toi.
Vaines les mille croyances
Qui émeuvent les coeurs, indiciblement vaines,
Sans plus de vertu qu’herbes mortes
Ou que l’écume oiseuse de l’océan sans bornes
Pour semer le doute en une âme
Si fermement rivée à ton Infinité,
Si sûrement ancrée
A l’immuable roc de l’Immortalité.
De cet amour qui tout embrasse
Ton Esprit anime l’éternité des ans;
Des hauteurs où il règne et plane,
Il mue, soutient, défait, créant et vivifiant.
Quand bien même Terre et lune auraient disparu,
Quand bien même soleils et mondes cesseraient d’être,
Et ne restât-il que toi seul,
Toute existence existerait en toi.
Il n’y a point place pour la Mort
Ni d’atome qu’elle ait pouvoir d’anéantir,
Puisque tu es l’Etre et le Souffle
Et que ce que tu es – est à jamais indestructible.
Auteur:
Brontë Emily
Années: 1818 - 1848
Epoque – Courant religieux: préindustriel
Sexe: F
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Poèmes, trad. Pierre Leyris, Ce n’est pas une lâche que mon âme, No Coward Soul is mine
[
Éternel
]
[
foi chrétienne
]
[
poème
]
père-fils
Depuis toujours tu m’as fait le reproche (à moi seul aussi bien que devant d’autres ; tu n’étais pas sensible à ce que ce second cas avait d’humiliant, les affaires de tes enfants étaient toujours publiques) que grâce à ton travail je vivais sans manquer de rien, dans la tranquillité, la chaleur, l’abondance. Je songe là à des remarques qui dans mon cerveau ont littéralement creusé des sillons, comme : "Dès 7 ans je devais parcourir les villages avec la cariole", "Nous dormions tous dans une seule chambre", "Nous étions heureux quand nous avions des pommes de terre", "Pendant des années, faute de bons vêtements d’hiver, j’ai eu des plaies ouvertes aux jambes", "Petit garçon, j’ai déjà dû aller à Pisek au magasin", "De la maison on ne m’envoyait rien du tout ; même pendant mon service militaire, c’était encore moi qui envoyais de l’argent", "Mais malgré ça, malgré ça – mon père a toujours été mon père. Qui sait ça aujourd’hui ! Qu’en savent les enfants ! Personne n’a souffert !", "Est-ce qu’un enfant comprend ça, aujourd’hui ?" De tels récits, dans d’autres circonstances, auraient pu être un excellent moyen d’éducation, ils auraient pu encourager à surmonter les mêmes calamités et privations qu’avait subies le père, ils en auraient donné la force. Mais ce n’est pas cela du tout que tu voulais, car enfin, la situation résultant de la peine que tu t’étais donnée était devenue tout autre, les occasions de se distinguer comme tu l’avais fait n’existaient plus.
Auteur:
Kafka Franz
Années: 1883 - 1924
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Tchékoslovaquie
Info:
Lettre au père, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, éditions Gallimard, 2023, pages 37-38
[
surmoïque
]
[
dénigrement
]
[
comparaison
]
séparation
Père ! dis-je. Chacun suit son destin, mon petit ; les hommes n’y peuvent rien changer. Tes oncles ont étudié. Moi –mais je te l’ai déjà dit : je te l’ai dit, si tu te souviens quand tu es parti pour Conakry…moi, je n’ai pas eu la chance et moins encore la tienne…mais maintenant que cette chance est devant toi, je veux que tu la saisisses ; tu as su saisir la précédente, saisis celle-ci aussi, saisis-la bien ! Il reste dans notre pays tant de choses à faire…Oui, je veux que tu ailles en France ; je le veux aujourd’hui autant que toi-même : on aura besoin ici sous peu d’hommes comme toi…Puisses-tu ne pas nous quitter pour trop longtemps ! Nous demeurâmes un long bout de temps sous la véranda, sans mot dire et à regarder la nuit ; et puis soudain mon père dit d’une voix cassée : promets-moi qu’un jour tu reviendras ? Je reviendrai ! dis-je. Ces pays lointains…dit-il lentement. Il laissa sa phrase inachevée ; il continuait de regarder la nuit. Je le voyais, à la lueur de la lampe-tempête, regarder comme un point dans la nuit, et il fronçait les sourcils comme s’il était mécontent ou inquiet de ce qu’il y découvrait. Que regardes-tu ? dis-je. Garde-toi de jamais tromper personne, dit-il ; sois droit dans ta pensée et dans tes actes ; et Dieu demeurera avec toi. Puis il eut comme un geste de découragement et il cessa de regarder la nuit.
Auteur:
Laye Camara
Années: 1928 - 1980
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain d'expression française
Continent – Pays: Afrique - Guinée
Info:
L'enfant noir
[
voyages
]
[
afrique
]
[
douleur
]
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espoir
]
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dernières paroles
]
procès de Jésus
Pilate dit qu’il avait étudié l’affaire de Yeshoua Ha-Nozri*, et qu’en conclusion, il ratifiait la sentence de mort.
De la sorte, la peine de mort – et l’exécution devait avoir lieu aujourd’hui – se trouvait prononcée contre trois brigands : Dismas, Hestas et Bar-Rabbas, et en outre, contre ce Yeshoua Ha-Nozri. Les deux premiers, qui avaient imaginé d’inciter le peuple à la rébellion contre César et avaient été pris les armes à la main par le pouvoir romain, appartenaient au procurateur, en conséquence de quoi il ne serait pas question d’eux ici. Les deux autres, par contre, Bar-Rabbas et Ha-Nozri – avaient été arrêtés par le pouvoir local et jugés par le Sanhédrin. Selon la Loi et selon la coutume, l’un de ces deux criminels devait être remis en liberté, en l’honneur de la grande fête de Pâque qui commençait aujourd’hui. Aussi le procurateur désirait-il savoir lequel de ces deux malfaiteurs le Sanhédrin avait l’intention de relâcher : Bar-Rabbas, ou Ha-Nozri ?
[…] Or, c’est un fait : les crimes de Bar-Rabbas et de Ha-Nozri ne sont absolument pas comparables, quant à leur gravité. Si ce dernier – un homme manifestement fou – est coupable d’avoir prononcé des discours ineptes qui ont troublé le peuple à Jérusalem et en quelques autres lieux, les charges qui pèsent sur le premier sont autrement plus lourdes. Non seulement il s’est permis de lancer des appels directs à la sédition, mais qui plus est, il a tué un garde qui tentait de l’arrêter. Bar-Rabbas est incomparablement plus dangereux que Ha-Nozri.
Auteur:
Boulgakov Mikhaïl
Années: 1891 - 1940
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, médecin
Continent – Pays: Europe - Russie
Info:
Dans "Le Maître et Marguerite", trad. Claude Ligny, Editions Laffont, Paris, 1968, pages 77-76 * Jésus
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exposé des faits
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[
délibération
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