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pensée-de-femme

Tant d'événements se sont déroulés en si peu d'heures. Ma vie se métamorphose plus vite que moi. De vieilles pelures s'entassent à mes pieds, leur peau morte me laisse indifférente, mais je n'ose regarder de quoi je suis faite maintenant. Donnez-moi un châle pour m'envelopper. Des tas de questions idiotes me viennent à l'esprit. Ainsi qu'à l'automne où j'ai eu mes règles, je me demande si je peux faire du vélo encore, me rouler en culotte dans la boue, parler aux poules et entourer le tronc des arbres quand j'ai trop de peine ? Dois-je renoncer à quelque chose, et si oui, qu'est-ce ? Autre chose de nouveau remplace-t-il cette perte ? Si j'ai faim des mondes que je découvre, seront-ils ordinaires, simplement magnifiés par le travail dans la chambre photographique de Jane-Esther ? Mon regard s'est-il profondément modifié, et puis-je avoir confiance en cette modification ?

Auteur: Cassim Shaïne

Info: Une saison avec Jane Esther

[ puberté ] [ menstruation ] [ métamorphose ]

 

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guerre

Le vin... Il n'y a que le vin, la boue et les cadavres, les uns vivants, les autres morts. Et l'ennui, un ennui auparavant inconnu, l'ennui jusque dans les mains, jusque dans les pieds, un ennui qui fourmille, tout cela pour rien... rien... rien. Clavel en est sûr, maintenant : Pour rien. C'est cela l'horrible et cela seulement. Et la plupart ont perdu la force même de s'ennuyer. L'ennui devient le signe de ceux qui ne sont pas morts à tout. À connaître leur ennui, combien sont-ils? Dix, cent, mille peut-être et ceux-là sont prêts à se joindre des deux côtés des lignes. Et moi-même, quel est mon souci? se demande Clavel... Je n'ai plus en moi que la sensation du temps qui coule, le désir qu'il coule plus vite, et un dégoût toujours croissant, non pas de la mort, mais de cette mort-là.

Auteur: Werth Léon

Info: Clavel soldat

[ tranchées ]

 

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détrempées

Les vêtements mouillés des deux femmes imprégnaient la pièce d'une odeur triste et mélancolique, où se mêlaient les feuilles tombées, les ornières boueuses et la brume enveloppante. L'humidité qui persistait autour de leur corps semblait, par une attraction irrésistible, appeler à travers la petite fenêtre la grande masse mouvante de la pluie.

Les charbons rougeoyants dans l'âtre perdaient de leur chaleur et la lueur rose que reflétait la bibliothèque encombrée s'atténua. Le démon bleu de la flamme qui dansait comme un papillon endiablé au sommet des charbons faiblit et mourut. Un grand visage aveugle et fluide s'écrasait contre la vitre - l'informe visage gris de la pluie. On eût dit qu'un bras fantomatique, ondoyant et obscur, glacé comme celui d'un cadavre, tâtonnait pour s'agripper à ces deux silhouettes ruisselantes, comme si, transpercées par l'eau, elles n'appartenaient pas à la chaude intimité humaine mais aux champs noyés du dehors.

Auteur: Powys John Cowper

Info: Givre et sang

[ suintantes ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

vivre

Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clefs, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... je veux faire entrer l'air dans mes poumons, ... je veux respirer.

Auteur: Mourlevat Jean-Claude

Info: Terrienne

[ jouir ]

 

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brouhaha

Quand j'ouvre le journal, je constate que tout s'effondre, l'industrie, les valeurs, l'oxygène, le nombre de mots que nous utilisons, l'orthographe, la confiance, surtout celle des hommes, le moral des ménages ….

Quand je mets la radio, tout le monde hurle en même temps. Ils hurlent tous la même chose, ils veulent tous avoir raison.

Quand j'allume la télé c'est encore plus terrifiant. Des torrents de boue envahissent les villes, midi et soir, et les terroristes sont partout.

Quand je vais chez Isabelle, le mercredi et le dimanche, je découvre une planète dont personne ne parle. Elle n'est pas médiatique, pas scandaleuse, elle ne fait pas peur. Elle est discrète et profonde. La plupart des gens veulent avoir peur. Autour de la petite ferme d'Isabelle, ils ne verraient que silence et ennui. Au bout d'une heure, ils seraient en manque de catastrophes et s'enfuiraient chez eux, retrouver un monde en flammes.

Auteur: Frégni René

Info: Je me souviens de tous vos rêves, p 71

[ dépendance ] [ addiction ] [ loupe médiatique ] [ ville ] [ campagne ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

recyclage

Dès l’âge de dix ans, ils s’activent autour des bûchers. L’odeur imprègne leur peau, qui devient grise à force de vivre parmi les cendres. Ils manipulent tous les cadavres, jeunes, vieux, malades, amputés, en morceaux, décapités, ou si parfaits qu’on a du mal à croire qu’ils sont morts. Avec le temps, ils ne les voient plus. Enveloppés de leur suaire blanc, les défunts sont tous pareils, tous voués à la désintégration. Une fois les corps brûlés, les enfants sont chargés de retrouver ce que le feu n’a pas détruit. Ils marchent parmi les cendres à la recherche de bijoux, de pièces ou d’ustensiles, et pataugent dans la boue du Gange pour récupérer ce qui pourrait être vendu. Ils ramassent les morceaux de bois qui n’ont pas été brûlés pour les ramener à la maison, où ils seront utilisés pour cuisiner. Tout dans cette industrie est récupérable. Grande leçon, pour notre époque !

Auteur: Nirsimloo Ananda Devi

Info: Le rire des déesses

[ récupération ] [ fossoyeurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

végétal

Le lotus (padma) est au regard du Tantra le vivant symbole de cet état d’esprit : n’est-il pas cette fleur resplendissante, ce chef-d’œuvre d’équilibre floral qui s’élève vers le ciel tandis que ses racines tirent leur nourriture de la boue ? L’expression vivante, en somme, de la "magie" tantrique et alchimique consistant à relier les extrêmes (ciel/terre) et à marier les opposés (boue/or) après les avoir purifiés. Si la fleur de lotus fait figure du joyau issu de la fange, la feuille n’est pas en reste et éclaire un autre aspect de la "folle sagesse" tantrique : "Le péché n’adhère pas plus à celui qui connaît la nature intrinsèque que l’eau à la feuille de lotus", dit le Guyasamâjatantra. Privilégiant quant à elle l’image de la rose, l’alchimie occidentale lui confère sensiblement la même portée symbolique tout en suggérant qu’il faille, pour en respirer le parfum, en avoir d’abord, comme le Christ, enduré les épines.

Auteur: Bonardel Françoise

Info: Bouddhisme tantrique et alchimie

[ spiritualité ] [ transmutation ] [ inversion ]

 

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touristes

Au début de l'été, les premiers Allemands faisaient leur apparition dans les prés. Leurs têtes aux cheveux gris voguaient sur l'océan des herbes. Les montures métalliques de leurs lunettes clignotaient gaiement au soleil. Un tel disait qu'on reconnait les Allemands aux chaussures - blanches et propres. Nous autres, nous ne prenons pas soin des souliers, nous leur manquons de respect. Nos chaussures, ce sont des godasses de cuir sombre. Ou alors des caoutchoucs au-dessus desquels Stasek Bachleda secoue les cendres de sa cigarette. Sans parler de nos pompes de similicuir, ces criardes imitations noires et blanches de "Mode", "Sport", "Rues d'Europe". Nos chaussures éternellement crottées de boue rouge, déformées, maltraitées par le gel ou la chaleur.
Les Allemands (...) prenaient en photo des espaces vides, ce qui étonnait beaucoup les gens. Pourquoi ne photographiaient-ils pas le nouvel arrêt de bus, le toit neuf de l'église, plutôt que ces lieux désertiques envahis par l'herbe ?

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Maison de jour, maison de nuit

[ Europe ]

 

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nature

Pour décrire notre enfance dans les basses terres de Caroline du Sud, il me faudrait vous emmener dans les marais, un jour de printemps, arracher le grand héron bleu à ses occupations silencieuses, disperser les poules d'eau en pataugeant dans la boue jusqu'aux genoux, vous ouvrir une huître de mon canif et vous la faire gober directement à la coquille en disant "Tenez. Ce goût-là, c'est toute la saveur de mon enfance." Je dirais: "Inspirez fort", et vous avaleriez cet air dont la saveur serait inscrite dans votre mémoire pour le reste de vos jours, arôme exquis et sensuel, impudent et fécond des marais, parfum de Sud caniculaire, du lait frais, du sperme et du vin répandus, avec, toujours, un relent d'eau de mer. Mon âme se repaît comme l'agneau de la beauté des terres baignées d'eau de mer.
J'ai le patriotisme d'une géographie singulière sur la planète; je parle de mon pays religieusement; je suis fier de ses paysages.

Auteur: Conroy Pat

Info: Le Prince des Marées

[ usa ] [ littérature ]

 

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cours d'eau

L'Okavango. C'est un fleuve africain, un fleuve bien plus long et plus puissant que le Tage ou le Rhône et sa largeur, aux rapides de Popa Falls, dépasse le kilomètre. Il prend sa source en Angola, longe la Namibie avant de pénétrer dans le Botswana. C'est là qu'il rencontre le désert du Kalahari. Il s'enroule alors en méandres, il crée une riche forêt tropicale, façonne un immense delta marécageux et salé que peuplent des milliers de flamants roses. Pendant la saison sèche, on compte des myriades d'îles, formées autour des termitières géants, des buissons touffus. Les dépliants touristiques parlent de marais luxuriant, d'un miracle de l'eau, d'un paradis terrestre. Tous les fleuves coulent vers la mer et la mer n'est jamais remplie, dit l'Ecclésiaste. Ce n'est pas vrai : le Kalahari est immense, et toute l'eau de l'Okavango s'évapore peu à peu, disparaît dans la boue et les sables.
L'Okavango n'atteint jamais la mer. Son destin de fleuve ne s'accomplit pas.

Auteur: Le Tellier Hervé

Info: Electrico W, p 227

[ étonnant ]

 

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