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écrivain-sur-écrivain

Un franc-tireur comme Bernanos doit à ses côtés conformistes d’être devenu célèbre. Le public de droite s’est reconnu dans son nationalisme et son catholicisme même si celui-ci n’était pas exactement le sien, il allait à la messe et tout est là. Puis la gauche, longtemps réticente, a découvert la valeur du juge de Franco et de Pétain. Et tous ont admiré l’artiste : le fauve pittoresque dont les rugissements chatouillent les oreilles en même temps qu’ils les déchirent. S’il n’avait pas été catholique, chauvin, antifranquiste et littérateur, Bernanos ne serait probablement qu’un écrivain comme les autres. Et quand il s’est avisé d’attaquer trop tôt la société industrielle, son style a perdu soudain de sa force. Une censure inconsciente efface les mots qui ne sont pas écrits d’avance.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 199

[ jugement des contemporains ] [ multiples facettes ] [ sélection discriminante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-femme

Il était prêt à être condamné. Le mariage lui apparaissait comme une condamnation. Il voulait se condamner lui-même au mariage, devenir une sorte de bagnard condamné aux mines, ne vivant plus au soleil, mais menant une terrible activité souterraine. Il était tout prêt à accepter cela. Et le mariage était le sceau de sa condamnation. Il désirait être relégué ainsi dans le sous-sol, comme une âme damnée, vivant à jamais dans sa damnation. Mais il ne voulait avoir de relation avec aucune autre âme. Il ne pouvait pas. Le mariage ne consistait pas à s’unir à Gudrun, mais à accepter le monde établi ; il accepterait l’ordre établi, en lequel il n’avait aucune confiance, puis pour toute sa vie, il se terrerait. Voilà ce qu’il consentait à faire.

Auteur: Lawrence David Herbert

Info: Femmes amoureuses, traduit de l’anglais par Maurice Rancès et Georges Limbour, éditions Gallimard, 1949, page 509

[ couple ] [ union ] [ sacrement ] [ conception ] [ transcendant ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

expectative

Le service funéraire se termina et le prêtre déclara que les proches pouvaient faire leurs adieux à la défunte. Tout le monde s‘avança aussitôt, et une queue se forma.

Anna Alexandrovna détestait les queues. Elle disait qu’elle avait passé la moitié de sa vie à faire la queue, pour acheter du pain, du lait, des pommes de terre, du savon, des billets, pour recevoir des lettres, et elle avait même mis au point une façon de se protéger : elle se récitait des vers. Elle disait en riant qu’avec ces files d’attente incontournables, le système soviétique lui avait permis d’entraîner sa mémoire. Elle n’avait sans doute jamais pensé que lors de son dernier jour sur cette terre, on ferait une telle queue pour la voir.

Auteur: Oulitskaïa Ludmila

Info: Le chapiteau vert, p 414

[ passe-temps ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

joie

Dès qu’elle voyait la mer, Anna devenait comme folle.

Elle lâchait sac à dos et serviette n’importe où, prenait son élan et se mettait à courir. Elle courait jusqu’à ce que l’eau devienne trop haute, que ses poumons explosent dans sa poitrine, et là, elle plongeait. Elle frottait son ventre contre le dos ondulé du fond sableux, ressortait une dizaine de mètres plus loin, où l’on n’avait plus pied, même du bout des orteils. Elle adorait frôler ce dos, rêche et doux à la fois. Le toucher de la main, y enfoncer les doigts. Sous l’eau, là où les bruits du monde deviennent placenta, où le sel brûle la cornée et que tu n’entends plus que le bruit de ton coeur, qui ne t’appartient plus.

Auteur: Avallone Silvia

Info: D'acier

[ amniotique ] [ baignade ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déchéance physique

L’heure était passée où le cric lui donnait des couleurs. Il ne pouvait plus se taper sur le torse, et crâner, en disant que le sacré chien l’engraissait ; car sa vilaine graisse jaune des premières années avait fondu, et il tournait au sécot, il se plombait, avec des tons verts de macchabée pourrissant dans une mare. L’appétit, lui aussi, était rasé. Peu à peu, il n’avait plus eu de goût pour le pain, il en était même arrivé à cracher sur le fricot. On aurait pu lui servir la ratatouille la mieux accommodée, son estomac se barrait, ses dents molles refusaient de mâcher. Pour se soutenir, il lui fallait sa chopine d’eau-de-vie par jour ; c’était sa ration, son manger et son boire, la seule nourriture qu’il digérât.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 7 : L'Assommoir

[ alcoolisme ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

L’intelligence de doña Emilia n’avait rien de masculin. Un esprit viril n’est point, chez une femme, la marque d’une essence supérieure, mais en fait un être imparfaitement différencié, d’un intérêt stérile et médiocre. L’intelligence toute féminine de doña Emilia lui facilita la conquête de Sulaco, en éclaira le chemin pour sa générosité et sa douceur. Elle savait causer de façon charmante, mais n’était pas bavarde. La sagesse du cœur, qui ne s’occupe ni d’édifier, ni de détruire des théories, non plus que de combattre pour des préjugés, sait éviter les paroles oiseuses. Ses pensées ont la valeur d’actes de probité, de tolérance et de compassion. La véritable tendresse d’une femme, comme la virilité d’un homme, se manifeste par une sorte de conquête continuelle. Les dames de Sulaco adoraient madame Gould.

Auteur: Conrad Joseph Teodor Korzeniowski

Info: Nostromo

[ femme-par-homme ] [ différences ]

 

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psychanalyse freudienne

La psychologie de Freud est une psychologie de la misère. Il définit le plaisir comme la satisfaction résultant de la suppression d’une tension douloureuse. Le phénomène de l’abondance, comme l’amour ou la tendresse, ne joue en réalité aucun rôle dans ce système. Non seulement il a omis de tels phénomènes, mais il a également eu une compréhension limitée du phénomène auquel il accordait tant d’attention : le sexe. Selon l’ensemble de sa définition du plaisir, Freud ne voyait dans le sexe que l’élément de compulsion physiologique et dans la satisfaction sexuelle la délivrance d’une tension douloureuse. La pulsion sexuelle est un phénomène de l’abondance, et le plaisir sexuel en tant que joie spontanée – dont l’essence n’est pas la délivrance négative d’une tension douloureuse – n’avait aucune place dans sa psychologie.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", page 277

[ critique ] [ limites ]

 

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fragilité

Elle se sentait toujours vulnérable, il y avait toujours un défaut secret dans son armure. Elle ne savait pas elle-même en quoi il consistait. C’était le manque d’un moi robuste. Elle n’avait pas d’assurance naturelle. Il y avait en elle un terrible vide, une absence, un défaut d’existence.

Et elle voulait quelqu’un pour combler ce déficit, pour le combler à jamais. Elle avait faim de Rupert Birkin. Quand il était là, elle se sentait complète, elle était entière. Le reste du temps, elle était établie sur le sable, construite sur un gouffre et en dépit de toute sa vanité et de son assurance, la première servante venue, de tempérament positif et robuste, pouvait par la plus légère allusion moqueuse ou méprisante la précipiter dans l’abîme sans fond de son insuffisance.

Auteur: Lawrence David Herbert

Info: Femmes amoureuses, traduit de l’anglais par Maurice Rancès et Georges Limbour, éditions Gallimard, 1949, page 23

[ faiblesse ] [ portrait ] [ dissimulation ] [ homme-femme ]

 

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antisémitisme

Moi, je courais – cela, je ne l’oublierai jamais, car c’était la preuve de l’incroyable manque d’instinct des nationaux-socialistes – main dans la main avec Madame Heidegger, qui avait l’air, alors, de ces jeunes filles des mouvements de jeunesse, et qui en faisait d’ailleurs probablement partie. Comme elle n’avait absolument aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler un Juif (et je ne pouvais pas vraiment cacher que je l’étais), elle commença, pendant que nous dévalions ainsi la pente, à parler du national-socialisme, en me demandant si je ne voulais pas, moi aussi, adhérer à ce mouvement. "Regardez-moi donc ! lui dis-je, et vous verrez que je suis de ceux que vous voulez exclure." Je dis seulement "exclure" car, naturellement, il ne pouvait pas être question de dire "avilir", encore moins "liquider".

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Et si je suis désespéré... pages 19-20

[ théorie générale-cas particulier ]

 

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plaisir

Une froide et lucide indifférence régnait dans son âme. A son premier péché violent, il avait senti une onde de vitalité s’écouler hors de lui et il avait craint de voir son corps ou son âme mutilés par cet excès. Au lieu de cela, l’onde de vie l’avait porté sur son sein au-delà de lui-même et rapporté avec le reflux ; et aucune partie du corps ou de l’âme n’avait été mutilée, mais une paix ténébreuse s’était établie entre eux… Il savait que, menacé de damnation éternelle pour le premier de ces péchés, il multipliait par chaque péché nouveau sa culpabilité et sa punition. Ses jours, ses travaux, ses pensées ne pouvaient le racheter… A quoi servait de prier, quand il savait que son âme avait un désir luxurieux de sa propre destruction ?

Auteur: Joyce James

Info: Portrait de l'artiste en jeune homme

[ auto-destruction ]

 

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Ajouté à la BD par miguel