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chemin de fer

La draisine s'ébranle, les phares s'allument, arrachant aux ténèbres des signaux, des pare-neige, des traverses empilées en croix, des sapins nus et solitaires. Des aiguillages s'enfuient. La draisine vibre aux jointures des rails, prend de la vitesse, fonce dans l'obscurité avec un grondement sonore. Les rares voyageurs se taisent, regardant par les fenêtres, embuant les vitres de leur souffle. Ils filent à présent au milieu d'un hurlement sinistre et de grands cahots. La forêt court sous leurs yeux, pareille à un mur compact et noir. Quelquefois un projecteur éclaire des entrepôts tout en longueur ou des percées dans la forêt. Alors ressortent sur les vitres des gouttes obliques, sinueuses.

Parce qu'il va bientôt revoir sa mère, qu'il fait chaud dans la draisine, que cela sent légèrement l'essence et les valises, que la pluie s'arrête - des lambeaux étoilés et violets commencent à se montrer dans le ciel -, Vassili est parfaitement heureux. Il s'est étalé tout à son aise sur son siège, les jambes largement écartées. Il aime le vieux Stépane, il aime le chauffeur, les passagers, la vitesse avec laquelle ils filent, et l'air pur du pays natal qui s'engouffre par une fente...

La draisine file toujours, envoie parfois un coup d'avertisseur nasillard. A l'avant, pointe la lueur d'incendie allumée par l'éclairage du combinat du bois. Stépane remue, tend le cou, regarde en avant, par-dessus l'épaule du chauffeur. Lui aussi, il a les idées roses. Ils vont bientôt arriver, la maison des Pankov en sera toute révolutionnée, les voisins vont défiler, après on causera, on distribuera les cadeaux...

Auteur: Kazakov Iouri

Info: La belle vie

[ nocturne ] [ bien-être ] [ voyage de retour ] [ train ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

liberté

La complexité fixe des limites étroites à la raison elle-même, dans la mesure où elle exige que la taille de complexité des conclusions recherchées ne dépasse pas celle des axiomes postulés. Par là, la possibilité de trouver des axiomes évidents, sur lesquels fonder des conclusions complexes, s’amenuise et disparaît en fait. En outre, puisqu'ils n'arrivent pas à traduire en un langage symbolique, donnant prise au nombre et à la mesure, les idées et les concepts qu'ils utilisent sans une perte d'information presque totale, les philosophes ne peuvent jamais évaluer la taille de complexité et des axiomes qu'ils posent et des conclusions auxquelles ils parviennent. Ils tâtonnent dans les ténèbres, puisqu'ils ne sont pas en mesure de déterminer si la déduction qu'ils développent est valide ou non. (...)

Dans ce livre, nous avons montré où se situaient les limites de la raison. Mais est-il possible de montrer que, en dépit de ces limites, la raison reste assez puissante pour garantir aux hommes une autonomie qui lui permette de se déterminer lui-même, sans qu'intervienne la peur, suscitée par l'usage de la force sous toutes ses forme ou incitée par diverses pressions morales ? Peut-être pas, mais une chose est claire. Seul cet usage de la raison, promue au premier rang par la philosophie pendant vingt-cinq siècles en Occident, a jusqu'ici permis et permet encore de prendre conscience du caractère injustifié et injustifiable d'un certain nombre de propositions mises en avant par la religion, par la science et par les grands moyens de communication, qui en sont les relais, pour modifier le comportement de l'être humain.

Auteur: Brisson Luc

Info: Puissance et limites de la raison: Le problème des valeurs

[ mathématiques ] [ indépendance ]

 

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occasion manquée

Je ne songeais pas à Rose ;

Rose au bois vint avec moi ;

Nous parlions de quelque chose,

Mais je ne sais plus de quoi.

 

J'étais froid comme les marbres ;

Je marchais à pas distraits ;

Je parlais des fleurs, des arbres ;

Son œil semblait dire : " Après ?"

 

La rosée offrait ses perles,

Les taillis ses parasols ;

J'allais ; j'écoutais les merles,

Et Rose les rossignols.

 

Moi, seize ans, et l'air morose ;

Elle vingt ; ses yeux brillaient.

Les rossignols chantaient Rose

Et les merles me sifflaient.

 

Rose, droite sur ses hanches,

Leva son beau bras tremblant

Pour prendre une mûre aux branches ;

Je ne vis pas son bras blanc.

 

Une eau courait, fraîche et creuse

Sur les mousses de velours ;

Et la nature amoureuse

Dormait dans les grands bois sourds.

 

Rose défit sa chaussure,

Et mit, d'un air ingénu,

Son petit pied dans l'eau pure ;

Je ne vis pas son pied nu.

 

Je ne savais que lui dire ;

Je la suivais dans le bois,

La voyant parfois sourire

Et soupirer quelquefois.

 

Je ne vis qu'elle était belle

Qu'en sortant des grands bois sourds.

"Soit ; n'y pensons plus !" dit-elle.

Depuis, j'y pense toujours.

 

Paris, juin 1831

Auteur: Hugo Victor

Info: Les Contemplations, Texte intégral : Paris, Ed. Michel Levy, 1856. Vieille chanson du jeune temps

[ poème ] [ adolescence ] [ femmes-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cycle

Dans le cours de l'histoire, le moment de la conservation d'un peuple, d'un État, des sphères subordonnées de sa vie, est un moment essentiel. C'est ce qui est assuré par l'activité des individus qui participent à l'oeuvre commune et concrétisent ses différents aspects. Mais il existe un autre moment : c'est le moment où l'ordre existant est détruit parce qu'il a épuisé et complètement réalisé ses potentialités, parce que l'histoire et l'Esprit du Monde sont allés plus loin. Nous ne parlerons pas ici de la position de l'individu à l'intérieur de la communauté, de son comportement moral et de ses devoirs. Ce qui nous intéresse, c'est seulement l'Esprit avançant et s'élevant à un concept supérieur de lui-même. Mais ce progrès est intimement lié à la destruction et la dissolution de la forme précédente du réel, laquelle a complètement réalisé son concept. Ce processus se produit selon l'évolution interne de l'Idée, mais, d'autre part, il est lui-même produit par les individus qui l'accomplissent activement et qui assurent sa réalisation.
C'est le moment justement où se produisent les grands conflits entre les devoirs, les lois et les droits existants et reconnus, et les possibilités qui s'opposent à ce système, le lèsent, en détruisent le fondement et la réalité, et qui présentent aussi un contenu pouvant paraître également bon, profitable, essentiel et nécessaire. Ces possibilités deviennent dès lors historiques ; elles contiennent un universel d'une autre espèce que celui qui est à la base de l'existence du peuple ou de l'État. Cet universel est un moment de l'Idée créatrice, un moment de l'élan de la vérité vers elle-même.

Auteur: Hegel Georg Wilhelm

Info: La Raison dans l'histoire

[ bascule ] [ société ] [ décadence ]

 

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déclaration d'amour

Hier soir, pas un cri d'oiseau, pas une brise : la solitude, et nous ! Les feuillages immobiles ne tremblaient même pas dans ces admirables couleurs du couchant qui sont tout à la fois ombre et lumière. Toi, rieuse et humble, te donnant tout entière en âme, en pensée, et te dérobant à la plus timide des caresses ! Chères coquetteries du coeur ! Elles vibrent toujours dans mon oreille, ces délicieuses paroles qui n'étaient ni des promesses, ni des aveux, mais qui laissaient à l'amour ses belles espérances, sans craintes et sans tourments ! Quel chaste souvenir dans la vie ! Quel épanouissement de toutes les fleurs qui naissent au fond de l'âme, et qu'un rien peut flétrir, mais qu'alors tout animait et fécondait ! Ce sera toujours ainsi, n'est-ce pas, ma bien-aimée ? En me rappelant, ce matin, les vives et fraîches douceurs dont ce moment a été la source, je me sens dans l'âme un bonheur qui me fait concevoir le véritable amour comme un océan de sensations éternelles et toujours neuves où l'on se plonge avec de croissants délices. Chaque jour, chaque parole, chaque caresse, chaque regard doit y ajouter le tribut de sa joie écoulée. Oui, les coeurs assez grands pour ne rien oublier, doivent vivre, à chaque battement, de toutes leurs félicités passées, comme de toutes celles que promet l'avenir. Voilà ce que je rêvais autrefois, et ce n'est plus un rêve aujourd'hui ! J'ai rencontré sur cette terre un bel ange, toi, qui m'en a fait connaître toutes les joies ! Ange du ciel, je te salue par un baiser.

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Louis Lambert 1832

 

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insaisissable

Athlète de l'esprit, il renvoie chaque question qu'on lui pose. Il la décortique, la déconstruit, en redéfinit les termes et finit par répondre à côté. Une pointe d'ironie, pas plus: on n'est pas là pour rigoler. La conclusion d'un raisonnement est couronnée par un café, une cigarette ou une gorgée de bière. De cet étrange échange, on retiendra quatre mises au point.
1. Il s'étonne qu'on s'étonne. Il refuse de considérer l'expérience de vie menée à Tarnac comme "différente" puisque cela reviendrait à reconnaître comme "normale" une société où règnent les rapports salariaux, l'institution du mariage, la consommation à tout-va, l'absence d'entraide au quotidien... Il assure que de nombreuses autres zones rurales sont le théâtre d'expériences comparables.
2. Il récuse l'image post-hippie ou néo-baba cool qu'une "certaine élite parisienne" (entendre: les grands médias) a, selon lui, plaquée sur les jeunes gens du Goutailloux. Ni nostalgie d'une utopie soixante-huitarde, ni retour à la terre romantique dans leur démarche.
3. Il juge l'idée de communauté fausse et réductrice. Ses amis et lui ont certes un "horizon du monde" en commun mais ne se sentent pas appartenir à une entité très définie qui, craignent-ils, fonctionnerait comme un surmoi. Des discussions, des textes, des manifestations doivent permettre de ne pas perdre de vue cet "horizon du monde".
4. L'enjeu du moment - et c'était déjà le cas en prison - est de ne pas se radicaliser. Selon lui, les politiques antiterroristes menées par les Etats occidentaux essaient d'acculer les tenants d'opinions dissidentes à la paranoïa, au durcissement et à la clandestinité. Céder, martèle-t-il, serait une bêtise. Et il écrase sa cigarette.

Auteur: Deslandes Mathieu

Info: sur Julien Coupat

[ contre-pouvoir ] [ subversion ] [ révolution ]

 

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injustice terrestre

Mais vous qui êtes doués de cet heureux naturel qui vous fait voir le bonheur comme la récompense nécessaire de la vertu, et le malheur comme la suite infaillible des actions vicieuses, avez-vous réfléchi aux conséquences de cette opinion, ou plutôt de cette illusion, après des événements qui ont produit des revers si accablants ou des prospérités si inespérées ? Ils étaient donc bien coupables, ceux qui ont été si malheureux ! Ils étaient donc bien vertueux, ceux qui ont éprouvé de si heureux destins ! Voulez-vous accuser toutes les infortunes ou prenez-vous à tâche de justifier toutes les prospérités ? Je ne sais même si, au sortir d’une époque où l’on a vu les derniers malheurs être le partage des plus grandes vertus, et des fortunes si prospères qui ont été le prix des plus grands forfaits ; je ne sais si cette doctrine, qui place la récompense de la vertu dans la vertu même, et la peine suffisante du crime dans les remords, ne ressemble pas un peu trop à une dérision. On dirait qu’on accorde généreusement aux malheureux les honneurs de la vertu pour se dispenser de les plaindre, tandis qu’on se résigne courageusement aux remords qui suivent le crime, en s’en réservant le profit. On garde pour soi la morale d’Épicure ; on impose aux autres le stoïcisme de Zénon. Quand on est heureux on est vertueux : c’est peut-être ce qu’on se dit à soi-même : mais quand on est vertueux, on est assez heureux : c’est ce qu’on applique volontiers aux autres, et l’on y gagne d’être aussi tranquille sur le bonheur de son prochain que sur sa propre vertu.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info:

[ mérite illusoire ] [ préceptes philosophiques confortables ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

champ de contrôle

De l’injonction, on passe à la disjonction par le code, de l’ultimatum on passe à la sollicitation, de la passivité requise on passe à des modèles construits d’emblée sur la "réponse active" du sujet, sur son implication, sa participation "ludique", etc., vers un modèle environnemental total fait de réponses spontanées incessantes, de joyeux feed-back et de contacts irradiés. [...] C’est la grande fête de la Participation : elle est faite de myriades de stimuli, de tests miniaturisés, de questions/réponses divisibles à l’infini, tous magnétisés par quelques grands modèles dans le champ lumineux du code.

Voici venir la grande Culture de la communication tactile, sous le signe de l’espace techno-lumino-cinétique et du théâtre total spatiodynamique !

C’est tout un imaginaire du contact, du mimétisme sensoriel, du mysticisme tactile, c’est toute l’écologie au fond qui vient se greffer sur cet univers de simulation opérationnelle, multistimulation et multiréponse. On va naturaliser ce test incessant d’adaptation réussie en l’assimilant au mimétisme animal : "L’adaptation des animaux aux couleurs et aux formes de leur milieu est un phénomène valable pour les hommes" (Nicolas Schöffler), et même aux Indiens, avec "leur sens inné de l’écologie" ! Tropismes, mimétismes, empathie : tout l’évangile écologique des systèmes ouverts, avec feed-back négatif ou positif, va s’engouffrer dans cette brèche, avec une idéologie de la régulation par l’information qui n’est que l’avatar, selon une rationalité plus flexible, du réflexe de Pavlov. Ainsi est-on passé de l’électrochoc à l’expression corporelle comme conditionnement de la santé mentale. Partout les dispositifs de force et de forçage laissent place aux dispositifs d’ambiance, avec opérationnalisation des notions de besoin, de perception, de désir, etc.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 116-117

[ intégration ] [ consentement idéologique ] [ surmoi maternel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

gouvernement

Le luxe est un besoin des grands états et des grandes civilisations. Cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie. Mais qu'est-ce qu'un luxe qu'on ne voit pas ? Problème. Une magnificence dans l'ombre, une profusion dans l'obscurité, un faste qui ne se montre pas, une splendeur qui ne fait mal aux yeux à personne. Cela est-il possible ? Il faut y songer pourtant. Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d'enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire. Il se dit qu'il souffre, et que voilà des gens qui jouissent. Il se demande pourquoi tout cela n'est pas à lui. Il examine toutes ces choses non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie. Ne croyez pas qu'il conclura de là : Eh bien ! Cela va me donner des semaines de salaire, et de bonnes journées. Non, il veut, lui aussi, non le travail, non le salaire, mais du loisir, du plaisir, des voitures, des chevaux, des laquais, des duchesses. Ce n'est pas du pain qu'il veut, c'est du luxe. Il étend la main en frémissant vers toutes ces réalités resplendissantes qui ne seraient plus que des ombres s'il y touchait. Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n'y a plus rien.

Auteur: Hugo Victor

Info: Choses vues, Histoire, Robert Laffont, Bouquins 1987 <p.718-719>

 

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nord-sud

Le monde exploité est en passe de prendre sa revanche sur ses seigneurs. Les multitudes innombrables de mains des races de couleur – au moins aussi capables, mais beaucoup moins exigeantes – anéantiront l’organisation économique des Blancs jusque dans ses fondements vitaux. Le luxe aujourd’hui habituel dont bénéficie, par rapport au coolie, le travailleur blanc sera sa perte. Le labeur même du travailleur blanc en arrive à être indésirable. Les énormes masses humaines concentrées dans les zones charbonnières, septentrionales, les grands complexes industriels, les capitaux qui y sont investis, des villes et des régions entières, tout cela voit surgir la probabilité d’une défaite dans cette compétition. Le centre de gravité de la production s’en éloigne constamment, d’autant plus que le respect même des races de couleur pour les Blancs s’est évanoui dans la Première Guerre mondiale.
(...)
C’est tout cela qui constitue la base réelle et irrémédiable du chômage régnant dans les pays des Blancs. Il ne s’agit nullement d’une simple crise, mais bien des prodromes d’un cataclysme.
(...)
Pour ces peuples "de couleur" (qui comprennent dans le présent contexte les Russes), la technique faustienne n’apparaît en rien comme une nécessité intérieure. C’est seulement l’homme faustien qui pense, ressent et vit sous cette forme. Pour lui, c’est une nécessité spirituelle, non basée sur ses conséquences économiques, mais sur les triomphes qu’elle apporte : Navigare necesse est, vivere non est necesse. Pour les "gens de couleur", au contraire, la technique n’est rien plus qu’une arme dans leur lutte contre la civilisation faustienne, au même titre qu’une branche d’arbre qu’on jette au rebut, dès qu’elle a rempli son office.

Auteur: Spengler Oswald

Info: L'Homme et la Technique, pp. 176-178

[ faustianisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel