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indéterminisme

Certains artistes n'aiment pas photographier ou peindre un individu qui a eu de la chirurgie plastique - ils trouvent que c'est difficile à traiter parce que ça n'a jamais l'air... juste. Cette remarque me remet en mémoire l'observation d'une astrologue qui affirmait qu'on ne peut établir le profil astrologique de quelqu'un dont l'instant de la naissance a été modifié par une césarienne.

Qu'est-ce qui est naturel, qu'est-ce qui est artificiel ?

Balayant ces fariboles humaines j'aurai tendance à penser qu'il y a "ce qui est". Disons : une entité en interaction avec les autres entités et l'environnement général. Cette interaction étant, par effet miroir, le principe même de l'existence de qui rapporterait l'observation, quelle que soit la profondeur et l'étendue de l'univers qu'il refléterait, le contraste et la finesse du calibrage de ses examens. Comme on mesurerait les dimensions de sa prison jusqu'à l'absurde. Que reste-t'il alors ? L'esprit ? Comme un point infini qui ne s'arrête jamais.

Nous sommes un principe d'action... en action. Sitôt qu'on stoppe le temps, comme par exemple lors de la mesure du lieu et de la vitesse d'un électron en physique quantique, on perd les repères. Le temps arrêté n'a aucun sens. Je suis un point infime de l'univers, planté au milieu de ses 800 octaves. (Sa taille telle que nous somme capable de la mesurer ce jour, considérant que la plus petite est l'électron et la plus grande l'étendue maximale du cosmos).

Alors : constat de l'observateur humain. Si je vais vers le minuscule visuel, tout s'accélère, alors que vers l'immense je m'englue dans un ralentissement majestueux et d'apparence quasi figée (Pensons ici aux extraordinaires images d'Eta Carinae en train d'exploser depuis 160 ans.)

Comme dans la musique. N'est qu'en musique plus on monte en vitesse de vibrations plus ça devient lumineux, ça s'élève. Au contraire du grave, sombre, lent et profond, qui possède quelque chose du tellurique de la "roche mère". Il y a là une inversion qui fait immanquablement penser à celle des couleurs lumières et des couleurs matières... devant nos sens ébahis. Nous sommes de complexes robots, limités. La mesure de la réalité, sous forme de temps et d'espace, n'est que la durée de nos vies, éventuellement de l'espèce et du monde couplée à la portée de nos yeux et celle de notre imagination.

Auteur: Mg

Info: 5 novembre 2012

[ limitation ] [ quête ] [ corps-esprit ] [ symbole ] [ contingences ] [ synthèse additive soustractive ] [ humano solipsisme ] [ arrêt sur image ]

 
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mémorisation

Comment le cerveau sélectionne les souvenirs qu'il veut garder

C'est loin de n'être que du travail nocturne

La nuit, pendant que nous nous reposons, notre cerveau s'active. Il trie les souvenirs de la journée, en stocke certains dans la mémoire à long terme, en supprime d'autres jugés inutiles. Il révise, assimile, nettoie ses toxines et sa mémoire de travail. Dormir permet aussi de reposer notre hippocampe, cette région responsable du fonctionnement de la mémoire et des apprentissages.

En bref: le cerveau travaille dur. Seulement, des chercheurs se sont récemment demandé comment ce dernier faisait pour sélectionner et organiser nos souvenirs. Dans une récente étude publiée par la revue Science, ils ont mis en évidence la façon dont notre cerveau ne les assimile pas seulement la nuit mais le fait aussi au cours de la journée. Lors de phases jugées au ralenti, il commence alors un " pré-tri " de nos souvenirs.

Par l'émission d'ondulations cérébrales, nos neurones se rassemblent et créent des ondulations dites aiguës qui viennent indiquer au cerveau les souvenirs jugés importants, ou non. Ce sont ces informations qui seront ensuite triées dans la soirée. Ces ondulations aiguës nous obligent à condenser notre collection de souvenirs pour mieux les trier par la suite.

Des pauses fondamentales

Ainsi, une fois que nous dormons, le cerveau va plus facilement découper les expériences de la journée pour venir les combiner avec d'autres, pour enfin en supprimer certaines, ou en garder d'autres, créant ainsi nos souvenirs. " De nombreuses parties de nos expériences de la veille sont découpées et liées à d'autres expériences dans l'hippocampe ", explique l'auteur principal de l'étude, György Buzsáki, professeur de neurosciences à la faculté de médecine de l'université de New York. 

Pour que le cerveau puisse correctement faire son tri en journée, il faut pouvoir lui offrir des moments de pause. Une session de jogging ou un café permettent par exemple de mieux se souvenir des connaissances ou compétences que l'on vient d'emmagasiner. Lors de ces moments, notre cerveau effectue un travail de collecte et de stockage, ce qui permet de comprendre le mécanisme par lequel tout cela s’assemble.

Au micro d'Europe 1, la neuropsychologue Sophie Chokron conseille également une courte sieste, après le déjeuner par exemple, pour reposer notre cerveau. Selon elle, lors de ces phases de suspens, " notre cerveau consolide tout ce que nous avons appris, associe des idées et renforce nos souvenirs ". Mais attention à ne pas dépasser trente minutes de sieste, détaille-t-elle: ensuite, " le cerveau est trop inactif, et donc, il y a un risque de déclin cognitif ".



 

Auteur: Internet

Info: Discover magazine - Mona Delahais - 22 mai 2024

[ mécanisée ] [ science ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fugue

Au cours d'une vie, seuls quelques instants sont décisifs. La plupart d'entre nous les oublient aussitôt, jusqu'à ce qu'ils ressurgissent sans crier gare bien des années plus tard et, avec le recul, prennent tout leur sens : celui où l'on a décidé ou non d'aborder cette fille, de ralentir dans ce virage sans visibilité, de s'arrêter pour acheter ce préservatif. Je peux dire que j'ai eu de la chance. Confronté à l'un d'eux, je l'ai reconnu pour ce qu'il était. J'ai su immédiatement que mon destin se jouait à ce moment précis, lors de cette nuit d'hiver, alors que je patientais dans l'ombre en haut de Faithful Place. J'avais dix-neuf ans. J'étais assez mûr pour vouloir prendre le monde à-bras-le-corps, assez jeune pour agir comme un imbécile. Cette nuit-là, dès que mes deux frères ont commencé à ronfler, je me suis glissé hors de notre chambre, mon sac à dos sur les épaules et mes Doc à la main. Une latte craqua. Dans la chambre des filles, l'une de mes soeurs murmura dans son sommeil. Mais les dieux étaient avec moi. Rien n'aurait pu m'arrêter. Mes parents ne se retournèrent même pas sur leur canapé-lit lorsque je traversai le salon, les touchant presque. Le feu se mourait avec un petit bruit sec, projetait dans le noir une faible lueur rouge. J'avais fourré dans mon sac tout ce que je possédais : jeans, T-shirts, un transistor d'occasion, cent livres sterling et mon extrait de naissance. À l'époque, il n'en fallait pas davantage pour gagner l'Angleterre. Rosie avait les billets du ferry. Je l'ai attendue au bout de la rue, dans l'obscurité, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L'air était froid comme du verre, chargé d'un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guinness. Je portais trois paires de chaussettes dans mes Doc. Les mains enfoncées dans les poches de ma parka de l'armée allemande, j'ai écouté une dernière fois la rumeur de mon quartier. Une femme qui rit et s'exclame : "Mais qu'est-ce que tu fais ?" Une fenêtre que l'on claque. Le grattement des rats le long des murs de brique, une toux d'homme, le chuintement d'un vélo ; le cri solitaire et furieux de Johnny Malone le Barjo qui, au sous-sol du numéro 14, n'arrive pas a dormir. Des couples quelque part, des gémissements étouffés, des halètements. Pensant au cou de Rosie, à son parfum, je souris aux étoiles. Les cloches des églises de Dublin sonnèrent minuit : Christ Church, St. Patrick, St. Michan ; notes sonores et claires dégringolant du ciel, comme pour célébrer notre Nouvel-An secret.

Auteur: French Tana

Info: Les Lieux infidèles

[ littérature ] [ fuite ]

 

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sorcières

Marguerite fut alors saisie par l'idée qu'au fond, elle avait tort de presser son balai avec tant d'ardeur, qu'elle se privait ainsi de la possibilité de voir les choses comme il convenait, de jouir pleinement de son voyage aérien. Quelque chose lui suggérait que, là où elle allait, on l'attendrait de toute façon, et qu'elle n'avait donc aucune raison de se maintenir à cette hauteur et à cette vitesse, où elle s'ennuyait.
Elle abaissa la brosse de son balai, dont le manche se releva par-derrière, et, ralentissant considérablement son allure, elle descendit vers la terre. Cette glissade - comme sur un wagonnet de montagnes russes - lui procura le plus intense plaisir. Le sol, jusqu'alors obscur et confus, montait vers elle, et elle découvrait les beautés secrètes de la terre au clair de lune. La terre s'approcha encore, et Marguerite reçut par bouffées la senteur des forêts verdissantes. Plus bas, elle survola les traînées de brouillard qui s'étalaient sur un pré humide de rosée, puis elle passa au-dessus d'un étang. A ses pieds, les grenouilles chantaient en chœur. Elle perçut au loin, avec une bizarre émotion, le grondement d'un train. Bientôt, elle put le voir. Il s'étirait lentement, semblable à une chenille, et projetait en l'air des étincelles. Marguerite le dépassa, survola encore un plan d'eau miroitant où flottait une seconde lune, descendit plus bas encore et continua de voler, effleurant des pieds la cime des pins gigantesques.
A ce moment, un affreux bruissement d'air déchiré, qui se rapprochait rapidement, se fit entendre derrière Marguerite. Peu à peu, à ce sifflement d'obus, se joignît - déjà perceptible à des kilomètres de distance - un rire de femme. Marguerite tourna la tête et vit un objet sombre, de forme compliquée, qui la rattrapait. A mesure qu'il gagnait du terrain, l'objet se dessinait avec plus de netteté, et bientôt Marguerite put voir que c'était quelque chose qui volait, chevauchant une monture. Enfin, l'objet ralentit sa course en arrivant à la hauteur de Marguerite, et celle-ci reconnut Natacha.
Elle était nue, complètement échevelée, et elle avait pour monture un gros pourceau qui serrait entre ses sabots de devant un porte-documents, tandis que ses pattes de derrière battaient l'air avec acharnement. De temps à autre, un pince-nez qui avait glissé de son groin et qui volait à côté de lui au bout de son cordon, jetait des reflets de lune, tandis qu'un chapeau tressautait sur sa tête et glissait parfois sur ses yeux. En l'examinant plus soigneusement, Marguerite reconnut dans ce pourceau Nikolaï Ivanovitch, et son rire sonore retentit au-dessus de la forêt, se mêlant au rire de Natacha.

Auteur: Boulgakov Mikhaïl

Info: Dans "Le Maître et Marguerite", trad. Claude Ligny, Editions Laffont, Paris, 1968, pages 341-342

[ sabbat ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

question

Un homme s'est assis dans une station de métro de Washington DC et a commencé à jouer du violon par une froide matinée de janvier ; il a joué six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Pendant ce temps, comme c'était l'heure de pointe, on estime que 1 100 personnes ont traversé la gare, la plupart se rendant au travail. 

Trois minutes se sont écoulées lorsqu'un homme d'âge moyen a remarqué le musicien, a ralenti et s'est arrêté quelques secondes, mais a ensuite continué sa route pour ne pas être en retard.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar, une dame a jeté l'argent sans même s'arrêter et a continué son chemin.

Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'est arrêté au mur pour l'écouter, mais en regardant l'horloge, il a repris sa marche. Il était clairement en retard pour le travail.

Celui qui a fait le plus attention était un garçon de 3 ans. Maman le tenait par la main, pressée, mais le garçon s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement, maman l'a sorti avec plus de force et le garçon a continué à marcher, en tournant plusieurs fois la tête pour regarder le violoniste. Cette action a été répétée par plusieurs autres enfants. Tous les parents, sans exception, ont forcé les enfants à continuer.

Pendant les 45 minutes où le musicien a joué, seules 6 personnes se sont arrêtées un moment. Une vingtaine d'entre eux lui ont donné de l'argent mais ont continué à leur rythme normal. Il a pris environ 32 dollars. Quand il a arrêté de jouer et que le silence s'est installé, personne n'a remarqué. Personne n'a applaudi, et il n'y a eu aucun remerciement.

Personne ne savait que ce violoniste était Joshua Bell, l'un des musiciens les plus talentueux. Il a joué certains des morceaux les plus élaborés jamais écrits sur un violon de 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant de jouer à cette occasion, Joshua Bell a fait salle pleine dans un théâtre de Boston, où chaque siège coûte en moyenne 100 dollars.

C'est une histoire vraie, Joshua Bell a joué incognito dans une station de métro lors d'un événement organisé par le Washington Post qui faisait partie d'une expérience sociale sur la perception, les goûts et les priorités.

Lînterrogation était la suivante : dans un lieu ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

L'une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être la suivante : "Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter pour écouter l'un des meilleurs musiciens du monde jouer de la belle musique, combien d'autres choses manquons-nous ?"

Auteur: Anonyme

Info: sur info.fr, février 2022

[ beauté ] [ célébrité hommes-femmes ] [ femmes-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

polyglottes

Comment le cerveau des bilingues bascule d'une langue à une autre. Une nouvelle étude scientifique met en évidence la facilité déconcertante avec laquelle ce processus s'opère.

Le bilinguisme, soit l'utilisation régulière, au quotidien, de deux langues, n'est pas un phénomène marginal dans le monde. Même si les estimations varient, plusieurs sources démontrent que près de la moitié de la population mondiale serait bilingue. Cette compétence, qui offre selon certains scientifiques un avantage cognitif, a été étudiée dernièrement par Sarah Frances Phillips, linguiste et étudiante diplômée à l'université de New York, et sa conseillère Liina Pylkkänen. Elles se sont plus spécifiquement intéressées au cerveau des personnes bilingues pour comprendre les mécanismes qui s'opéraient lorsqu'elles passaient d'une langue à une autre. 

L'étude met en évidence à quel point le changement de langue, aussi appelé "commutation de code", est normal et naturel pour le cerveau des multilingues. L'organe ne fait face à aucune difficulté et utilise les mêmes schémas neurologiques que le cerveau des personnes monolingues.

Sarah Frances Phillips, qui a elle-même grandi dans une famille bilingue, détaille son travail. Elle explique que le bilinguisme n'est bien compris "ni d'un point de vue linguistique, ni d'un point de vue neurobiologique". Un champ libre s'ouvrait donc à elle. Pour mener son étude, elle a recueilli les données d'une vingtaine de participants bilingues anglais-coréen. Tous étaient capables de lire, écrire, parler et écouter les deux langues.

Plus de 700 essais ont été réalisés afin d'observer les changements qui s'opèrent dans le cerveau. La technique appelée magnétoencéphalographie (MEG) a été utilisée pour suivre l'activité cérébrale. "Nous avons présenté aux participants un sujet et un verbe intransitif", explique la linguiste. Des mots comme "glaçons" et "fondre" ont par exemple été proposés, puis "glaçons" et "sauter". 

Dans le premier cas, les cerveaux des monolingues et des bilingues entraient en forte activité (dans le lobe temporal antérieur gauche). Mais lorsque les mots n'avaient pas de lien, ce pic n'était pas observé. "Nous avons trouvé cela à la fois dans le changement de langue [entre l'anglais et le coréen] et dans l'orthographe [avec des caractères romains et coréens]. Nous manipulons donc le langage, mais aussi la représentation de ces mots", commente Sarah Frances Phillips. 

Le fait que le lobe temporal antérieur gauche soit capable de combiner ces concepts de manière significative sans ralentir, sans être affecté par l'origine des concepts ou la façon dont ils nous sont présentés, nous dit que notre cerveau est capable de faire ce genre de processus naturellement, détaille la linguiste.

"En bref le changement de code est très naturel pour les personnes bilingues", conclut-elle. Seule ombre au tableau pour les bilingues: lorsqu'ils doivent se contenter d'utiliser une seule langue, leur cerveau doit fournir davantage d'effort pour supprimer l'autre langue de sa base de données.

Auteur: Internet

Info: Scientific American, 3 décembre 2021 à 6h30, via Slate.fr

[ diglossie ] [ transposition ] [ traduction ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

extrême expérience

J'aurais voulu lire le cahier dans son intégralité. Le tenir entre mes mains et tourner chacune de ses pages, apprécier chacun de ses mots, relier entre elles toutes les phrases afin d'avoir une vision d'ensemble, seule susceptible de livrer la logique et le secret de ce qu'elle avait écrit et donc vécu. Quel document ! me disais-je. Je ne doutais pas de sa valeur littéraire. Je voulais y croire. C’était le journal, non de la vie, mais de la vie face à la mort. C'était le journal de la vie se regardant mourir. De la vie se donnant la mort. C'était, écrit noir sur blanc, le face à face le plus ultime qui soit. C'était fou. Ce texte était unique. Il témoignait d'une expérience vécue à nulle autre comparable. D'une expérience individuelle des limites. Du passage intime de la vie à trépas, mais infiniment au ralenti. À la vitesse d'une image par seconde. D’un seul battement de cœur par heure. La vitesse de l'escargot ! Aucun écrivain ne s'était approché si près de l'abîme. Ni Sade ni Rimbaud ni Lautréamont ni même Arthaud. Les derniers jours d’un condamné à mort de Hugo ne parlaient pas de ça. Il n'y avait que Hervé Guibert, peut-être, oui. Dans son livre Cytomégalovirus. Et son film La pudeur ou l’Impudeur, qui ne cachait rien de la maladie, dévoilait tout du malade, jusqu'à l'effroi nu. Mais la mort était venue à Guibert de l'extérieur. Elle lui avait été transmise. Ce n'était pas lui qui, en conscience, s'était inoculé le virus du sida. Il ne s'était pas suicidé. Il n'avait pas volontairement, mis fin à son existence. Au contraire. Ce qu'il avait fait, c'était raconter son combat contre la maladie et sa défaite. Lui était une victime alors que cette femme était son propre bourreau et, en ce sens, ce journal m'apparaissait d'autant plus vertigineux. Il était un absolu. Il était le noir au-delà du noir. L'inconcevable même. Une sainte et sa haine. Je ne sais pas comment dire.

Je ne savais qu'une chose : cette femme me faisait peur. Elle me faisait peur. La férocité de son suicide me terrifiait. Et d'en avoir raconté l'atrocité me sidérait. Cela dépassait mon entendement. Pour moi, quelque chose ne collait pas. Deux choses ne collaient pas.

1. Qui se suicide en mettant un temps fou ?

2. Et qui, se suicidant en y mettant un temps fou, en témoigne par écrit, se regardant méticuleusement mourir à petit feu, comme une hallucination morbide ou une volupté innommable ?

Pourtant, quelque chose m'attirait chez cette femme. Je me sentais proche de sa monstruosité. Inexplicablement proche. A la façon de deux aimants aux pôles inversés : il se repoussent et s'attirent à la fois. Ce sentiment m'effarait, au point que c'est de moi que j'avais peut-être peur. 

Auteur: Bouillier Grégoire

Info: Le coeur ne cède pas, pp. 28 29

[ dernières paroles ]

 

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économie

Les USA ont petit à petit imprégnés nos sociétés de leur esprit corporate, c'est à dire la tendance qu'ont les membres d'un corps professionnel, étatique ou administratif à privilégier leurs intérêts matériels au détriment de ceux du public qu'ils servent (consommateurs, administrés, justiciables, usagers, élèves, clients, patients, etc.). Avec le Dieu argent comme motif.
Nous avons donc toutes ces structures qui s'auto protègent sur ce modèle et qui commandent nos nations. Bien plus que les peuples puisque les lois les plus importantes pour l'économie aveugle sont pilotées, via lobbying, afin de correspondre aux intérêts des multinationales concernées. Et ces multinationales sont condamnées à s'agrandir, à fusionner, car l'imbécile humain est totalement incapable d'imaginer une société qui ne serait pas "en croissance" - ce qui donne déjà une idée de sa dinguerie intrinsèque. Sous cet angle l'homme n'est qu'un singe savant, juste bon à se référer à des phrases ou à des recettes anciennes qu'il ne fait que remettre en perspective, se donnant l'impression de créer. Alors qu'il resuce.
Ce "fond de sauce" sociétal s'exerce en Suisse, poussé par la droite enthousiaste et consolidé par un socialisme politique serré et normatif, qui a pu se développer ici grâce au génie structurant helvète et à son niveau financier.
La Suisse est quelque part à la pointe de ce délire mondial. Elle est en train d'en faire l'expérimentation "in vivo" malgré sa démocratie directe. Probablement parce que la nature ayant horreur du vide, (ou si vous préférez "l'humain étant trop con"), tout ceci se déroule à flux tendu. C'est à dire que cela participe d'une fuite en avant irraisonnée, sous pression de la compétition entre les pays du monde pour plus de rendement, de confort et d'"avoir".
Personne n'est prêt à ralentir. Pire : le système corporate amène naturellement les individus les plus formatés pour reproduire ses tares comme l'a si bien décrit Albert Jacquard.
Nous le voyons bien, même ici, de cette disparation lente des sociétés villageoises, directement démocratiques et empathiques, avec des problèmes locaux, dont plus faciles à traiter, nous sommes sur le chemin de l'inconnu. Un chemin mystérieux qui laisse néanmoins apparaitre la triade suivante.
- nous décrochons lentement du réel terrien puisque le monde vit de plus en plus à crédit sous la pression démentielle de la finance
- dépendants de grands systèmes nous nous éloignons sans vouloir l'admettre de la capacité tribale de survivre de manière locale.
- notre trésor, la planète terre, envahie par les insectes humains, s'appauvrit, perdant petit à petit les ressources sur lesquelles nous vivons.
Oui les arbres continuent de pousser, oui il faut demeurer optimiste, mais le différentiel entre les besoins et le ressources se creuse de manière inexorable.
La Suisse ne s'en rend pas compte. Sous ses apparences d'Eden où tout va bien, ce qui est encore relativement exact de nos jours, elle risque fort de se retrouver en plus mauvaise posture que les autres pays.
Elle tombera de plus haut.

Auteur: Mg

Info: 1 janvier 2014

[ helvète ] [ pessimisme ]

 

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ralentissement

Le jour où la Grande Impératrice interdit le transport privé sur roues, beaucoup dirent qu’elle était folle. […] Elle avait raison, bien sûr. Les fiacres et les diligences et les calèches disparurent. Seuls ceux pour qui il était indispensable de se déplacer à plus de vingt kilomètres pouvaient monter dans un transport public sur roues. Les autres marchaient, ou chevauchaient un âne, ou, s’ils étaient riches, circulaient en chaise à porteurs. La vie se fit plus lente. Les gens devinrent moins pressés, car se presser était inutile. Les grands centres commerciaux, bancaires et industriels disparurent, ceux où tout le monde s’entassait et se poussait et s’irritait et s’insultait, et des petites boutiques et des services ouvrirent dans chaque quartier, où chaque commerçant, chaque banquier, chaque entrepreneur connaissait ses clients et la famille de ses clients. Les grands hôpitaux disparurent, ceux qui servaient à une ville entière et parfois à plusieurs villes, car un blessé ou une parturiente ne pouvait plus couvrir rapidement de grandes distances, et des petits centres médicaux ouvrirent où les gens se rendaient lentement et où chaque médecin savait qui étaient ses patients et avait le temps de causer avec eux du temps, de la crue de la rivière, des progrès des bambins, et même des maladies. Les grandes écoles disparurent, celles où les élèves étaient un numéro sur un formulaire, et chaque maître sut pourquoi ses élèves étaient comme ils étaient, et les enfants se levaient sans précipitation et marchaient en se tenant la main le long de quelques pâtés de maisons sans que personne ait besoin de les accompagner et ils arrivaient à l’heure en classe. Les gens cessèrent de prendre des tranquillisants, les maris de crier sur leurs femmes et les femmes sur leurs maris, et plus personne ne frappait les bambins. Et les rancœurs s’apaisèrent, et, au lieu de prendre une arme pour s’approprier l’argent d’autrui, les gens employèrent leur temps à d’autres choses qui n’étaient pas la haine et se mirent à travailler outre mesure puisqu’il y avait à réformer, maintenant que les véhicules véloces n’existaient plus et que les distances s’étaient allongées. Même les villes changèrent. Les villes monstrueuses dans lesquelles un homme se sentait seul ou inutile se démembrèrent et chaque quartier se sépara de l’autre et il y eut des petits centres, quasiment une ville en soi pour chacun d’entre eux, autosuffisants, avec ses écoles et ses hôpitaux et ses musées et ses marchés et pas plus de deux ou trois policiers blasés et somnolents assis au soleil, buvant une limonade avec un vieux voisin retiré des affaires. Les petites villes ne poussèrent pas et ne ressentirent pas le besoin de s’étendre et de s’agrandir, mais, le long du long chemin qui les séparait les unes des autres se fondèrent de nouvelles communes, petites également, tranquilles également, pleines de jardins et de potagers et de maisons basses et de gens qui se connaissaient et de maîtres et de médecins et de conteurs de contes et de policiers débonnaires.

Auteur: Gorodischer Angelica

Info: Kalpa impérial

[ décentralisation ] [ conte ] [ rêve ] [ utopie ] [ décroissance ]

 

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contre-mesure

Les phages contre-attaquent
Certains phages ont développé des armes qui inhibent le système de défense des bactéries. Grâce à cette réplique , ils parviennent à infecter les bactéries et à se multiplier.
Un nouvel épisode de la course à l'armement que se livrent les bactéries et les virus qui les infectent - les phages - vient d'être révélé dans Nature Microbiology. En effet, une équipe internationale, dont font partie Sylvain Moineau et ses collaborateurs du Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique, a révélé l'existence de phages capables de rendre inopérant le système de défense CRISPR-Cas utilisé contre eux par les bactéries.
Aujourd'hui connu comme un puissant outil d'édition du génome, CRISPR-Cas est d'abord un mécanisme de défense déployé par les bactéries pour se protéger des phages. C'est d'ailleurs l'équipe de Sylvain Moineau et les mêmes collaborateurs qui ont décrit, dans la revue Science, en 2007, l'existence de ce système de défense chez les bactéries. Cette contremesure, qui existe chez environ 40% des espèces bactériennes, repose sur des séquences d'ADN que les bactéries accumulent à partir du matériel génétique de leurs assaillants. En 2010, dans un article publié dans la revue Nature, l'équipe du professeur Moineau démontrait que, lors de rencontres subséquentes avec ces virus, les bactéries utilisent les composantes du système CRISPR-Cas, dont la protéine Cas9, pour scinder l'ADN de leurs envahisseurs à des endroits précis de leur génome.
Les phages n'avaient cependant pas dit leur dernier mot. Depuis cinq ans, quelques études ont mis en lumière l'existence d'anti-CRISPR chez certains types de phages. L'équipe du professeur Moineau vient d'ajouter un élément au dossier en démontrant l'existence d'un nouvel anti-CRISPR chez un autre type de phage qui attaque S. pyogenes, une bactérie pathogène utilisée comme modèle pour l'édition du génome. Les chercheurs ont isolé un phage qui échappe 40 000 fois plus souvent que les autres au système de défense CRISPR-Cas9 de S. pyogenes. "Nous avons séquencé le génome d'un de ces phages, nous avons analysé et cloné plusieurs de ses gènes et nous avons découvert un gène codant pour une protéine dite "anti-CRISPR" qui inhibe efficacement le système de défense de la bactérie", explique Sylvain Moineau. Les chercheurs ont aussi démontré que cette protéine anti-CRISPR inhibe complètement le système de défense de S. thermophilus. "Il s'agit de la bactérie, utilisée pour la fabrication de yogourt et de certains fromages, qui avait permis la découverte du système CRISPR en 2007", rappelle-t-il.
Le mode d'action de cet anti-CRISPR n'a pas encore été élucidé, mais déjà les chercheurs entrevoient les répercussions concrètes de leurs travaux. "Puisque le système de défense CRISPR-Cas peut être contourné par certains phages, il faudra trouver de nouvelles façons de protéger les cultures bactériennes utilisées par l'industrie alimentaire contre les attaques des phages, constate le professeur Moineau. Il n'y a pas de fin à la lutte que se livrent ces microorganismes. C'est ce qui rend notre domaine de recherche si fascinant." Par ailleurs, la découverte de cet anti-CRISPR ouvre la porte à un meilleur contrôle de l'activité de la protéine Cas9. "On pourrait notamment utiliser l'anti-CRISPR comme interrupteur pour ralentir ou pour bloquer les coupures provoquées par Cas9 lors d'expériences d'édition des génomes", suggère le chercheur.
L'article paru dans Nature Microbiology est signé par Alexander Hynes, Geneviève Rousseau, Marie-Laurence Lemay et Sylvain Moineau, de l'Université Laval, et par leurs collaborateurs Philippe Horvath, Christophe Fremaux et Dennis Romero, de la compagnie DuPont.

Auteur: Internet

Info: http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=16615 sept 2017

[ complexité ] [ biologie ]

 

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