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Dostoïevski

Petit, grêle, tout de nerfs, usé et voûté par soixante mauvaises années; flétri pourtant plutôt que vieilli, l'air d'un malade sans âge, avec sa longue barbe et ses cheveux encore blonds, et malgré tout respirant cette "vivacité de chat" dont il parlait un jour. Le visage était celui d'un paysan russe, d'un vrai moujik de Moscou : le nez écrasé, de petits yeux clignotant sous l'arcade brillant d'un feu tantôt sombre, tantôt doux; le front large bossué de plis et de protubérances, les tempes renfoncées comme au marteau; et tous ces traits tirés, convulsés, affaissés sur une bouche douloureuse. Jamais je n'ai vu sur un visage humain pareille expression de souffrance amassée.

Auteur: Eugène Marie Melchior de Vogüé

Info: Vogüé, qui l'a bien connu, a tracé de lui ce portrait

[ personnage ]

 

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volonté de puissance

Je vis assis, tel qu’un ange aux mains d’un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,
L’hypogastre et le col cambrés, une Gambier
Aux dents, sous l’air gonflé d’impalpables voilures.

Tels que les excréments chauds d’un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures :
Puis par instants mon cœur triste est comme un aubier
Qu’ensanglante l’or jeune et sombre des coulures.

Puis, quand j’ai ravalé mes rêves avec soin,
Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes,
Et me recueille, pour lâcher l’âcre besoin :

Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,
Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin,
Avec l’assentiment des grands héliotropes.

Auteur: Rimbaud Arthur

Info: "Oraison du soir"

[ mélancolie ] [ envoyer chier ] [ chic ] [ vulgaire ] [ picole ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence

Quand je mourrais, je me souviendrais de la vie comme d'une méduse d'une taille monstrueuse que l'on effleure avec dégoût, parce qu'il faut bien, et moi aussi je me sentais comme ça, fuyant, visqueux, comme les autres, pas épargné par le désastre universel, oh non, mais flasque, si flasque, avec ma peau flasque, mes paroles flasques, mes histoires vaseuses, la flaccidité de mes pensées, et le dégoût de moi-même, au fond, tout au fond, ces flatulences qui jamais ne parvenaient à l'air libre et m'asphyxiaient lentement. Je me sentais gluant et sombre, comme si le monde dans lequel on m'avait plongé de force, à ma naissance, avait fini par devenir ma propre substance, à force.

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: Jérôme : L'enfance de Jérôme Bauche

[ enfer ] [ étouffant ] [ pessimisme ]

 

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crépuscule

Les montagnes, les belles montagnes qui lui avaient tant plu alors qu’il s’en approchait, s’obscurcissaient à présent toujours davantage, et faisaient tomber de sombres taches menaçantes sur la surface de lac que pailletait encore l’or pâle du couchant, parmi les noirs reflets des monts ; tout prenait autour de lui, en s’enveloppant dans les ombres de la nuit, des formes de plus en plus étranges. Le noir et l’or du lac se touchaient et se confondaient comme s’il y passait un léger courant d’air. Le regard de Victor, seulement habitué aux belles et heureuses impressions du jour, ne pouvait pas se détourner de ce spectacle, où les choses imperceptiblement changeaient de couleur en se laissant envelopper par la tranquillité de la nuit. 

Auteur: Stifter Adalbert

Info: L’Homme sans postérité, 1844, cité par Éric Grolier dans Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

[ fondu-enchainé ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

focalisation

La conscience est une part beaucoup plus ténue de notre vie mentale que ce que nous imaginons, parce que nous ne pouvons pas être conscients de ce dont nous ne sommes pas conscients. C'est très simple à dire mais si difficile à comprendre ! C'est comme si l'on demandait à une lampe de poche, dans une pièce sombre, de chercher quelque chose qui n'est pas éclairé. La lampe de poche, puisqu'il y a de la lumière quelle que soit la direction vers laquelle elle se tourne, devrait en conclure qu'il y a de la lumière partout. C'est ainsi que la conscience peut sembler imprégner toute la structure mentale, alors qu'en réalité ce n'est pas le cas.

Auteur: Jaynes Julian

Info: L'origine de la conscience dans l'effondrement de l'esprit bicaméral

[ exclusion ] [ concentration ] [ éviction ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

matin

Les coqs ensommeillés venaient à peine, à peine de lancer leur premier appel, il faisait encore sombre dans l'isba [...] quand Iachka se réveilla. [...] Le village était recouvert par le brouillard, comme d'un grand édredon en duvet. Les maisons les plus proches étaient encore visibles ; plus loin, on les devinait à peine, de simples taches noires, mais plus loin encore, près de la rivière, on ne voyait plus rien et il semblait qu'il n'y avait jamais eu ni moulin à vent sur la butte, ni tour de guet pour l'incendie, ni école, ni forêt à l'horizon... Tout avait disparu, était maintenant caché et l'isba de Iachka semblait le centre de ce petit monde replié sur lui-même.

Auteur: Kazakov Iouri

Info: La Petite Gare, et autres récits, Une matinée tranquille

[ campagne ]

 

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pessimisme

Passant éphémère, tiré du néant sans borne qui règne en deçà et au-delà de soi, comme d'un sommeil de plomb auquel on retournera pour toujours, l'on est vite persuadé que, si le monde existe bel et bien, c'est sur un fond insondable d'inexistence, comme un rêve bon ou mauvais surnage et puise sa force suggestive de cette perte de conscience généralisée. Né sous un mauvais signe assurément, celui de l'absence de sens et de la fin absolue de tout, il y a, paraît-il, de la force et de la noblesse, bien vaines à coup sûr, à rester sur le pont coûte que coûte quand tout sombre irrémédiablement autour de soi et que l'on sait qu'il n'y aura pas de main secourable.

Auteur: Voignier Hubert

Info: Le débat solitaire, Cheyne, p. 67

[ vivre ] [ mourir ] [ onirisme ]

 

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crépuscule

Rien n'est plus rare, mais rien, n'est plus enchanteur qu'une belle nuit d'été à Saint-Pétersbourg, soit que la longueur de l'hiver et la rareté de ces nuits leur donnent, en les rendant plus désirables, un charme particulier, soit que réellement, comme je le crois, elles soient plus douces et plus calmes que dans les plus beaux climats.
Le soleil qui, dans les zones tempérées, se précipite à l'occident, et ne laisse après lui qu'un crépuscule fugitif, rase ici lentement une terre dont il semble se détacher à regret. Son disque environné de vapeurs rougeâtres roule comme un char enflammé sur les sombres forêts qui couronnent l'horizon, et ses rayons, réfléchis par le vitrage des palais, donnent au spectateur l'idée d'un vaste incendie.

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Dans "Les soirées de Saint Petersbourg", Premier entretien, 1836, page 2

[ description ] [ jour polaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

comparaison

En général, les Parisiens doutaient que nous ferions exactement ce que nous avions promis. Ils pensaient que quelque chose de louche allait arriver, mais ils arrivaient au studio plus ou moins comme convenu - motivés par le cachet. Les Londoniens étaient assez différents des Français. Il leur semblait tout à fait logique d'être photographiés en tenues de travail. Ils arrivaient au studio, toujours à l'heure et se présentaient devant l'appareil photo avec un sérieux et une fierté tout à fait remarquables. Des trois, les Américains étaient les plus imprévisibles. En dépit de nos recommandations, quelques-uns arrivèrent aux séances changés de pied en cap, rasés de frais et parfois même dans leurs costumes sombres du dimanche, convaincus de faire leur premier pas vers Hollywood.

Auteur: Penn Irving

Info: World in a Small Room, concernant sa série parue dans Vogue, une galerie des forces non armées : soixante hommes dans leurs vêtements de travail.

[ europe ] [ états-unis ] [ séance ]

 

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deuil

[...] dans un des rêves les plus nets que j'aie jamais faits, j'ai vu ma soeur Mary. Elle allait d'une pièce à l'autre, dans une petite maison basse et sombre. Je me souviens qu'elle baissait la tête d'un air soucieux et qu'elle portait une robe grise à collerette blanche comme on en portait vers 1850. En la voyant ainsi habillée, je me suis demandé si c'était elle que je voyais ou quelqu'un de notre famille à qui ma soeur ressemblait. Je ne pouvais pas lui parler et elle ne semblait pas me voir. Ce rêve n'a pas duré longtemps, mais il a fait sur moi une impression de si grande tristesse qu'il a jeté une ombre sur toute la journée qui a suivi*.

Auteur: Green Julien

Info: Journal 9 août 1932,*Mary était décédée à 20 ans

[ songe ]

 

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