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cité imaginaire

Manneran n’est pas une ville faite de pierre, comme le sont nos cités du Nord ; le matériau de construction est plutôt une sorte de plâtre artificiel, peint de couleurs pastel, ce qui donne à chaque mur et à chaque façade l’aspect d’un chant joyeux. L’éclat du jour était étincelant et les rayons du soleil qui enflammaient les rues m’obligeaient à m’abriter les yeux de la main. J’étais stupéfait devant la complexité de ces rues. Les architectes de Manneran utilisaient à profusion les ornements ; partout, ce ne sont que balcons de fer forgé ouvragés, volutes et arabesques fantastiques, chapiteaux somptueux, draperies éclatantes aux fenêtres : au regard d’un homme du Nord, une sorte de monstrueux kaléidoscope qui, seulement à la longue, s’ordonne en un spectacle où rivalisent la grâce, l’élégance et les proportions.

Auteur: Silverberg Robert

Info: Dans "Le temps des changements", page 97

[ description ] [ féérique ] [ science-fiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dictateur adulé

(S'adressant au portrait de Staline)

Oui, je sais, je n’étais pas le seul à t’aimer. Est-ce que j’étais jaloux ? Ceux qui t’aimaient étaient si nombreux qu’on ne pouvait pas parler de jalousie ; comment, en effet, être jaloux du monde entier ? […]
C’est de toi que vient toute ma force. Avant que je ne fasse ta connaissance, je n’étais rien. Rien pour les autres, rien pour moi-même. Mon amour pour toi me donnait de la force ; près de toi je me sentais fort, intelligent et beau. Presque beau. Ça te fait sourire ?
Je connais bien ton sourire. Si normal en apparence, et pourtant si mystérieux. Le sourire d’une créature qui ne regarde personne, alors que tout le monde la regarde, et qui pourtant ne voit que moi, alors qu’elle ne regarde absolument pas.

Auteur: Mrozek Slawomir

Info: THEATRE. : Volume 1

[ délire idolâtre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écologie

Je suis de la génération surgelés-plastique. Quand j’étais petite, tout ce que je consommais était en portion individuelle rectangulaire entourée de trois couches de plastique. Je suis si vieille que j'ai même un vague souvenir du moment où le pot familial de Danette a été remplacé par des portions individuelles. Je fais partie de ces gamines et gamins qui ont mis plusieurs années à comprendre que le lait de la bouteille venait d’un animal ou que le coton poussait sur une plante. Du fond de ma chambre à la moquette synthétique violette, la nature me paraissait tellement loin de moi (le mystère indicible de ces enfants qui parlaient de leur "maison de campagne"), un environnement tellement lointain que j’étais incapable de concevoir le moindre lien entre mon quotidien et cette nature que je voyais à la télé.

Auteur: Lecoq Titiou

Info: http://www.slate.fr/story/167504/nature-protection-environnement-perception-enfants-ecologie

[ rupture ] [ industriel ] [ prise de conscience ] [ enfance ] [ déconnexion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

amaxophobie

Conduire sur les autoroutes m’a longtemps fait très peur. En fait, j’en étais totalement incapable : je voyageais par les nationales où j’étais curieusement plus à l’aise. J’en ai beaucoup parlé au psy parce que je ne comprenais pas pourquoi j’avais tellement peur, et aussi parce que c’était un vrai handicap pour le boulot et dans la vie en général. Et c’est un des rares sujets sur lesquels il a daigné me donner son avis… Il m’a dit qu’à bien y regarder, une voiture avait de nombreux points communs avec un cercueil… Que foncer à des vitesses pas naturelles sur une route où on ne sait rien des gens qui pilotent les autres cercueils donnait à réfléchir… Et que, dans ces conditions, il lui paraissait plutôt légitime d’avoir peur. Depuis, je n’ai plus peur. C’est rigolo, la psychanalyse…

Auteur: Larcenet Manu

Info: Le Combat ordinaire, Tome 1

[ autostrade ] [ peur au volant ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

apprentissage

Je dois ce que je suis devenu au père Gilbert. Je l’aime beaucoup, bienfaiteur. C’est un homme gai qui, lorsque j’étais petit, me considérait comme un petit animal familier. Il aimait tirer mes oreilles et, pendant ma longue éducation, il s’est beaucoup amusé de mes émerveillements. Il me présente à tous les blancs qui viennent à la mission comme son chef d’œuvre. Je suis son boy, un boy qui sait lire et écrire, servir la messe, dresser le couvert, balayer sa chambre, faire son lit… Je ne gagne pas d’argent. De temps en temps, le prêtre me fait cadeau d’une vieille chemise ou d’un vieux pantalon. Le père Gilbert m’a connu nu comme un ver, il m’a appris à lire et à écrire… Rien ne vaut cette richesse, bien que je sache maintenant ce que c’est que d’être mal habillé.

Auteur: Oyono Ferdinand

Info: Une vie de boy

[ encadrement ] [ témoignage ] [ reconnaissance ] [ enfance ]

 

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baise

Au lit j’avais quelque chose devant moi mais je pouvais rien faire avec. J’ahanais et ahanais comme une baleine. Vi était très patiente. Je continuais à me donner comme un beau diable mais j’avais trop bu.
"Désolé, baby", j’ai fait. Après ça j’ai roulé sur le côté. Et j’ai roupillé. Plus tard quelque chose m’a réveillé. C’était Vi. Elle m’avait ranimé la flamme et me chevauchait.
"Vas-y baby, vas-y !" je lui ai dit.
J’arquais le dos de temps en temps. Elle m’a regardé avec des petits yeux gourmands. J’étais en train de me faire violer par une enchanteresse café au fait ! Pendant une seconde ça m’a excité.
Ensuite je lui ai dit : "Merde, baby, descends. La journée a été longue et rude. Ça sera mieux la prochaine fois."
Elle est descendue. Mon truc a piqué du nez comme un ascenseur express.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le Postier", page 135

[ impuissance ] [ comique ] [ alcool ] [ débander ]

 

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santé

J’ai dormi par bribes mais enfin bien (sauf asthme qui me restait) et tout étonné de me réveiller sans apercevoir devant moi la désolation. J’en ai profité pour rester douze heures dans mon lit, mon pouls est tombé de 120 à 76 et j’ai pu hier aller dîner chez Durand avec Brancovan sans avoir de crise ni pendant le dîner, ni après, ni cette nuit, ce qui est une nouveauté depuis mes soirées quotidiennes. Bien plus, moi qui ces jours-ci faisais des ravages de poudre (ayant été repris de mon asthme), j’ai fumé à peine vers cinq heures du matin en me mettant au lit et plus une seule fois jusqu’à huit heures ce soir, c’est-à-dire infiniment moins que quand j’étais couché. J’ai refait douze heures de lit et je me suis levé pour dîner vers huit heures, mais mes ennuis sont un peu repris, hélas.

Auteur: Proust Marcel

Info: Lettre à Jeanne Proust (sa mère), 18 août 1902

[ fragile ] [ état maladif ]

 

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identification

" Dans quelle mesure le dilemme de Hamlet nous renvoie-t-il à la condition de l’homme moderne ?" a demandé ma prof de littérature. Devant moi, les autres élèves toussaient et soupiraient, ne s’arrêtant d’écrire que pour secouer leur main engourdie. Je savais ce qu’elle attendait : elle voulait qu’on lui parle d’aliénation – du sentiment de solitude et d’abandon. Elle voulait qu’assise à ma table sur mesures - parce que j’étais trop grosse pour les pupitres normaux - je m’apitoie sur Hamlet. Tout au long de l’année ses yeux m’avaient évitée, comme si je n’existais pas. J’étais le monstre invisible. Mais moi, je me fichais royalement de ce connard de Hamlet et de son dilemme à la con. Celui qui me faisait pitié, c’était le vieux roi, le fantôme, celui qui avait bu le poison et était mort alors que les autres continuaient à vivre comme si de rien n’était.

Auteur: Lamb Wally

Info: Le chant de Dolorès

 

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atteinte physique

Je me rapproche du miroir et observe ma dent cassée, celle du devant. Comment cela est-il arrivé ? Je fouille dans ma mémoire : des pages, poussiéreuses, se tournent dans mon esprit. Ah oui, je me souviens ! Je suis rentré droit dans un énorme pot de fleurs en béton. Énorme pour le petit garçon que j’étais. Un enfant plus âgé m’embêtait. J'étais prêt à m’enfuir, tout en l’écoutant me menacer. Je gardais mes distances. Puis, ce fut le black-out. Je me suis réveillé par terre, tout le monde riait de moi, plus cette douleur dans la bouche qui me lançait. Je me suis enfui en pleurant. Après, je me souviens avoir pleuré longuement sous le lit de Maman. Je passais ma langue sur ma dent fêlée, la sensation était insupportable, j'avais l'impression que l'on m'avait ouvert le visage à vif, pour en extraire mon âme. Une impression de dépouillement irréversible.

Auteur: Rezkallah Mohamed

Info: Le sous-sol

[ dentition ] [ blessure ]

 

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vieillesse

Sur le fait de plaquer ton job à 50 ans, je sais pas quoi dire. Il fallait que je plaque le mien. Mon corps entier morflait, pouvais même plus lever mes bras. Si quelqu’un me touchait, ce simple contact m’envoyait des vagues et décharges d’agonie. J’étais fini. Ils s’étaient acharnés sur mon corps et mon esprit pendant des décennies. Et j’avais pas un centime. Il fallait que je me noie dans l’alcool pour effacer de mon esprit ce qui se passait. J’en étais arrivé à la conclusion qu’une vie de clochard serait préférable. Je le pense vraiment. Il fallait vraiment que ça se termine. Mon dernier jour au boulot, un type a glissé une remarque sur mon passage : "Ce vieux a vraiment des couilles pour démissionner à son âge." Je me rendais même pas compte de mon âge. Les années s’étaient justes empilées jusqu’à former un tas de merde.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Sur l'écriture", lettre à A. D. Winans, 22 février 1985

[ travail ] [ destruction ] [ constat ] [ délabrement ]

 
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