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individuation

Lorsque l’enfant réussit à se cuirasser contre la douleur et à faire preuve de rebond vital, de résilience, il va souvent suivre la pente du héros. Le héros dans tous les mythes a une origine princière, mais il est blessé, voire abandonné d’une façon ou d’une autre, et doit trouver un moyen de compenser son extrême fragilité en découvrant sa destinée qui est toujours en partie différente de celle de son groupe familial. Quitte à le retrouver bien des années plus tard lorsqu’il rentrera de ses épopées porteur du trésor, ou du remède, dont sa communauté a besoin. Le conte que mes analysants m’ont rappelé le plus souvent est bien sûr celui du "vilain petit canard" du poète danois Andersen. Une mère cane découvre parmi ses œufs un œuf d’allure bizarre. Puis c’est le caneton qui lui aussi paraît bizarre et, en tout cas, différent du reste de la couvée. Le pauvre oiseau grandit sans jamais se sentir à sa place, systématiquement les autres canards, les canards BCBG le snobent. Mais un jour, il aperçoit près d’un lac un groupe de magnifiques oiseaux blancs. Fasciné par la famille cygnes, il s’approche timidement, et pendant qu’il se penche sur la berge pour boire il rencontre dans l’eau son image. Lui aussi est devenu maintenant un bel oiseau lumineux.
En analyse on commence par rencontrer tous les aspects de soi-même par lesquels on s’est senti isolé, différent, incompris, inacceptable, récusé, humilié, vilain petit canard. Puis peu à peu en suivant le fil de l’âme et en découvrant un sens à sa vie, on résonne au diapason d’êtres de plus en plus nombreux, ornés des mêmes plumes scintillantes acquises dans la traversée de chaque épreuve. On ne naît pas cygne, on le devient…
Mais cet enfant héros, cet enfant cygne, s’il est souvent précoce, voire surdoué, dans certains domaines de la vie – arts, carrière, fortune, notoriété naissent souvent sous ses pas –, reste marqué par la fêlure des carences oubliées. Et c’est dans le domaine de l’engagement affectif qu’il est le plus fragile, soit qu’il tombe dans la passion amoureuse avec la force compulsive de l’addiction, soit qu’il se protège et se mure derrière une haie d’épines digne de la plus endormie des belles au bois dormant. Les sentiments oscillent entre la dépendance affective et l’anesthésie. Les scénarios de désillusion se répètent et ce n’est parfois que tard dans l’existence que notre héros/héroïne acceptera, à la faveur d’une rencontre, de se décongeler, de sortir son cœur du freezer pour que la vie maternelle le réchauffe doucement. [...]
Guérir de son passé, s’individuer, cela revient finalement à retrouver le grand souffle heureux de l’âme du monde. Celui qui habite le nouveau-né avant que les épreuves de la vie ne commencent. C’est trouver son propre souffle. Commencer, ou recommencer à aimer, quel que soit l’âge, quels que soient les hauts et bas de la vie. Redevenir enfant, renouer avec la confiance de l’enfant, mais chargé de toute la maturité conquise au travers de ces seuils initiatiques que sont les épreuves que chacun traversera à coup sûr. Ce n’est pas un hasard si toutes les voies de sagesse enseignent que l’éveillé est comme un petit enfant, simple et presque naïf, rien ne le distingue dans la rue des autres hommes, mais, comme dit joliment la tradition zen, partout où il va, autour de lui les cerisiers fleurissent.

Auteur: Colonna Marie-Laure

Info: Dans "Réenchanter l’Occident, vers un éveil de la conscience individuelle et collective"

[ symbolique ] [ révolution personnelle ] [ amor fati ] [ symptôme-sinthome ] [ psychanalyse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

punition

Toutes ces déportations aux travaux forcés qui s’accompagnaient autrefois de châtiments corporels, n’amendent personne et surtout n’effraient aucun criminel ; non seulement le nombre de crimes ne diminue pas mais, au contraire, il augmente de plus en plus. Vous devez en convenir. Il en résulte que la société n’est nullement protégée, car bien qu’on ampute mécaniquement le membre contaminé, qu’on l’exile au loin, hors de la vue, un autre criminel vient aussitôt prendre sa place, et peut-être même deux. S’il y a quelque chose qui protège la société, même de nos jours, et qui amende le criminel en faisant de lui un autre homme, ce n’est encore une fois que la loi du Crist qui se manifeste dans l’aveu de sa propre conscience. Ce n’est qu’après avoir compris sa faute en tant que fils de la société du Christ, c’est-à-dire de l’Église, qu’il comprendra aussi sa faute envers la société, c’est-à-dire envers l’Église. Ainsi, ce n’est que devant la seule Église que le criminel actuel est capable de reconnaître sa faute, et non pas devant l’État. [...] Qu’adviendrait-il du criminel, oh, Seigneur, si la société chrétienne, c’est-à-dire l’Église, le rejetait à la façon dont le rejette et le retranche la loi civile ? Qu’adviendrait-il si, aussitôt et chaque fois, l’Église de son côté le châtiait par l’excommunication à la suite du châtiment infligé par la loi de l’État ? Il ne saurait y avoir de plus grand désespoir, du moins pour le criminel russe, car les criminels russes ont encore la foi. D’ailleurs, qui sait, peut-être arriverait-il alors une chose terrible : la perte de la foi dans le cœur désespéré du criminel, et alors ? Mais l’Église, telle une mère tendre et aimante, renonce elle-même au châtiment effectif car, même sans son châtiment, le coupable n’est que trop durement puni par la justice de l’État, et il faut bien que quelqu’un ait pitié de lui. Elle y renonce surtout parce que la justice de l’Église est la seule qui renferme la vérité et qu’en conséquence, elle ne peut ni essentiellement, ni moralement se solidariser avec aucune autre justice, même à titre de compromis provisoire. Le criminel étranger se repent rarement, dit-on, car les doctrines les plus modernes elles-mêmes le confirment dans l’idée que son crime n’en est pas un, mais une simple révolte contre la force qui l’opprime injustement. La société le retranche d’elle-même par la force qui triomphe de lui d’une manière toute mécanique, et elle accompagne ce bannissement de haine (c’est ainsi du moins qu’ils le racontent d’eux-mêmes en Europe), de haine et d’une indifférence, d’un oubli absolus quant à son sort ultérieur, à lui, son frère. Ainsi tout se passe sans la moindre pitié de la part de l’Église, car dans beaucoup de cas il n’y a même déjà plus d’Église là-bas ; il ne reste que des ecclésiastiques et de magnifiques édifices religieux, tandis que les Églises elles-mêmes tendent depuis longtemps à passer de la condition inférieure d’Église à la condition supérieure d’État, pour s’y fondre complètement. Il semble, du moins, en être ainsi dans les pays protestants. A Rome, il y a déjà mille ans que l’État a été proclamé à la place de l’Église. C’est pourquoi le criminel lui-même n’a plus conscience d’être un membre de l’Église et que, une fois excommunié, il est la proie du désespoir. [...] si la justice de l’Église était réellement instaurée, et cela dans toute sa puissance, c’est-à-dire si la société se changeait en Église, non seulement la justice de l’Église influerait sur l’amendement du criminel bien plus efficacement qu’elle ne le fait actuellement, mais peut-être les crimes eux-mêmes diminueraient-ils en effet en nombre dans des proportions incroyables. Au surplus, l’Église elle-même comprendrait à n’en pas douter le futur criminel et le futur crime tout autrement qu’elle ne le fait aujourd’hui et elle saurait ramener l’excommunié, prévenir le crime projeté et régénérer le déchu.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 81 à 83

[ orthodoxie ] [ orient-occident ] [ exemplarité ] [ interruption de la logique circulaire du rééquilibrage ] [ intériorisation ] [ éternel-temporel ]

 
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parents-enfants

Il y a encore une autre raison pour laquelle les enfants orientés vers leurs pairs sont insatiables. Pour atteindre le tournant décisif, l'enfant doit non seulement être comblé, mais cette satisfaction doit être assimilée. Il faut que le cerveau de l'enfant enregistre d'une manière ou d'une autre que son désir de proximité et de connexion est satisfait. Cet enregistrement n'est pas cognitif ni même conscient, mais profondément émotionnel. C'est l'émotion qui fait bouger l'enfant et fait passer l'énergie d'un programme de développement à un autre, de l'attachement à l'individuation.

Le problème est que, pour que l'épanouissement s'installe, l'enfant doit être capable de se sentir profondément vulnérable - une expérience à laquelle la plupart des enfants peer-oriented ne seront pas exposés. Les enfants orientés vers leurs pairs ne peuvent pas se permettre de ressentir leur vulnérabilité. Il peut sembler étrange que les sentiments d'épanouissement exigent une ouverture aux sensations de vulnérabilité. L'épanouissement n'implique ni douleur ni souffrance, bien au contraire. Pourtant, il existe une logique émotionnelle sous-jacente au phénomène. Pour que l'enfant se sente plein, il doit d'abord se sentir vide ; pour se sentir aidé, il doit d'abord sentir qu'il a besoin d'aide ; pour se sentir complet, il doit s'être senti incomplet. Pour éprouver la joie des retrouvailles, il doit d'abord éprouver la douleur de la perte, pour être réconforté, il doit d'abord se sentir blessé.

La sensation de satiété peut être une expérience très agréable, mais la condition préalable est d'être capable de ressentir un sentiment de manque. Lorsqu'un enfant perd la capacité de ressentir ses vides d'attachement, il perd également la capacité de se sentir nourri et épanoui. L'une des premières choses que je vérifie dans mon évaluation des enfants est l'existence de sentiments de manque et de perte.  C'est révélateur de la santé émotionnelle d'un enfant, la capacité de sentir ce qui lui manque et de savoir à quoi correspond ce vide. Dès qu'ils sont capables de formuler, ils devraient pouvoir dire des choses comme "Papa me manque", "Ça m'a fait mal que grand-mère ne m'ait pas remarqué", "Tu n'avais pas l'air de t'intéresser à mon histoire", "Je ne crois pas qu'untel m'aime".

De nos jours, de nombreux enfants sont trop protégés, trop fermés sur le plan émotionnel, pour éprouver de telles émotions de vulnérabilité. Les enfants sont affectés par ce qui manque, qu'ils le ressentent ou non, mais ce n'est que lorsqu'ils peuvent sentir et savoir ce qui manque qu'ils peuvent être libérés de leur quête d'attachement. Les parents de tels enfants ne sont pas en mesure de les amener à ce genre de seuil décisif ou vers un lieu d'apaisement. Si un enfant se protège de la vulnérabilité parce que peer oriented, il devient également insatiable vis-à-vis de ses parents. Telle est la tragédie de l'orientation vers les pairs - elle rend notre amour et notre affection inutiles et insatisfaisants.

Pour les enfants insatiables, rien n'est jamais suffisant. Peu importe ce que l'on fait, combien on essaie d'arranger les choses, combien d'attention et d'approbation on donne, le point de rupture n'est jamais atteint. Pour les parents, cette situation est extrêmement décourageante et épuisante. Rien n'est plus satisfaisant pour un parent que le sentiment d'être la source d'épanouissement de son enfant. Des millions de parents sont privés d'une telle expérience parce que leurs enfants cherchent à être nourris ailleurs ou sont trop protégés de la vulnérabilité pour être capables de se rassasier.

L'insatiabilité maintient nos enfants dans leur première phase de développement, dans l'immaturité, incapables de transcender leurs instincts de base. Ils ne trouvent jamais le repos et restent toujours dépendants de quelqu'un ou de quelque chose d'extérieur à eux pour être satisfaits. Ni la discipline imposée par les parents ni l'amour qu'ils leur portent ne peuvent guérir cette condition. Le seul espoir est de ramener les enfants dans le giron d'affection auquel ils appartiennent, pour ensuite les adoucir afin que notre amour puisse réellement pénétrer et nourrir.

Auteur: Mate Gabor

Info: Hold On to Your Kids: Why Parents Need to Matter More Than Peers

[ réseaux sociaux ] [ déconnexion familiale ] [ risque zéro ] [ surprotection enfantine ]

 
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économie politique

Vous posez la question du libéralisme. Il y a un malentendu total à propos d’Adam Smith et de sa main invisible. Les grands économistes prix Nobel se sont réunis – si j’ai bon souvenir c’était en 2006 – ils se sont réunis à Kirkcaldy, qui est le lieu de naissance de M. Adam Smith, et ils s’étaient cotisés pour mettre un grand buste d’Adam Smith sur la place. M. Alan Greenspan qui à l’époque était encore à la tête de la Federal Reserve – la banque centrale américaine – a fait un splendide discours qu’on retient certainement parce que c’est un discours qui nous expliquait que toute crise d’ordre financier était impossible. On était en 2006. Ce monsieur n’était pas un imbécile – il n’est toujours pas un imbécile, il vit toujours [c’est toujours vrai : il a 97 ans] – mais c’est un Libertarien, comme on dit, radical. C’est quelqu’un qui est convaincu que la main invisible d’Adam Smith règle absolument tout. Quand il a été accusé – c’était dans les derniers jours du mois de septembre ou peut-être dans les premiers du mois d’octobre, juste après l’effondrement – quand il a été interpellé devant le sénat américain, il a fait une référence assez obscure au fait que les banquiers n’avaient pas suivi leur intérêt et qu’il n’aurait pas pu prévoir ça. C’était une référence à la main invisible d’Adam Smith qui dit la chose suivante : " Il ne faut pas demander au boucher, au brasseur, au boulanger de veiller tous à l’intérêt général. Ils veilleront à l’intérêt général bien plus sûrement en s’occupant – de manière assez égoïste – de leurs propres affaires ".

À quoi répondait Adam Smith quand il a dit ça ? C’était une réflexion encore – il était Écossais mais, bien entendu, il s’exprimait dans le cadre de la Grande-Bretagne à l’époque – c’était encore une contribution au grand débat qui durait depuis la révolution, la Révolution anglaise [1642-1651], la révolte contre le roi Charles Ier, dirigée par Olivier Cromwell. Que se passe-t-il ? Un général remplace la royauté, on se débarrasse ensuite [de son fils qui lui a succédé] et on ré-instaure la royauté [en 1660]. Alors, dans toute la période qui suit, grand débat en Grande-Bretagne : où faut-il mettre le seuil ? Où faut-il arrêter le pouvoir de l’État sur les citoyens pour respecter au mieux la liberté des citoyens individuels ? Donc, débat qui dure depuis pratiquement un siècle au moment où Adam Smith pose la question. Dans son livre majeur La richesse des nations publié en 1776, il répond toujours à cette question : que le roi ne s’occupe pas trop de la vie individuelle des citoyens ! Le système va fonctionner de manière spontanée, bien mieux que si on réglait une société uniquement par injonctions venant d’en-haut.

M. Adam Smith, il faut bien le dire, c’est quelqu’un qu’on appellerait " de gauche " aujourd’hui : il fait des remarques extrêmement déplaisantes sur les patrons et est très très positif sur les ouvriers. Quand la Révolution française éclate en France, il est l’un des rares en Grande-Bretagne à prendre parti officiellement pour la Révolution française. Il meurt très rapidement – si j’ai bon souvenir, il meurt en 1790 – mais c’est quelqu’un qui se situerait maintenant à l’extrême-gauche s’il fallait le situer. Quand les grands banquiers de Wall Street vont dévoiler un buste en son honneur à Kirkcaldy, dans sa ville natale, il y a là un énorme malentendu.

La question à laquelle il répondait, c’était celle de la Révolution anglaise. Ce n’était pas une réflexion sur le libéralisme ou même sur l’ultra-libéralisme qui conduit maintenant à dire que, à la limite, il faudrait que l’État ne s’occupe plus que d’une seule chose, c’est la propriété privée, et pour le reste, il faut laisser les initiatives aux individus. Vous savez que il y a en particulier des Libertariens qui sont, je dirais, la forme ultime de l’ultra-libéralisme, des gens comme M. Rothbard aux États-Unis qui prônait que même la défense nationale soit assurée simplement par l’initiative individuelle : " S’il y a des gens qui ont de l’argent et qui veulent qu’on protège le pays, eh bien pourquoi ne le mettraient-ils pas à disposition ? " C’est la position qu’on appelait au début du XIXe siècle " l’État veilleur de nuit " : l’État doit s’occuper uniquement de veiller, peut-être même pas à la sécurité nationale, mais à la défense de la propriété.

Auteur: Jorion Paul

Info: Conférence de l’hôtel de ville du 29 novembre 2018 à Saint-Étienne : " Se débarrasser du capitalisme est une question de survie " En réponse à une question de la salle, au sujet du penseur ultra-libéral Murray Rothbard

[ historique ] [ absurde ] [ relativité ] [ inversion ] [ renversement ]

 

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comptine

Sur la plage où les algues sont bercées par les vagues, un petit crabe solitaire se frayait un chemin dans les bulles d'écume. Il s'appelait Némo et il était amoureux de Citrouille, une petite arapède, un joli coquillage rond qui se colle aux rochers.

Tous les jours, il tapait doucement sur sa coque en lui disant :

— Je t'aime, viens avec moi.

Elle l'aimait, elle aussi, c'était sûr, mais quitter sa maison, son rocher, c'était impossible.

— Comment veux-tu que je renonce à ce rocher qui me protège. Si je le quitte, si je me décolle de lui, je suis nue, vulnérable. Les vagues m'emporteront et j'ai mille occasions de me faire dévorer par tous les prédateurs qui rodent tout autour.

Némo se demandait comment convaincre Citrouille pour qu'elle accepte de le suivre. Il regarda le fond de la mer tout autour. Du sable à perte de vue, deux anémones discutaient sans se soucier d'eux, un peu plus loin une grande nacre rêvait. Tout était calme.

— Écoute-moi bien, Citrouille, j'ai une idée, voilà ce que tu vas faire : tu te décroches du rocher, tu glisses sur ma carapace, tu t'accroches bien dessus... Et hop ! Nous partons en voyage de noces.

— Je suis d'accord, répondit Citrouille en lâchant son vieux rocher.

Mais juste au moment où elle allait s'accrocher sur Némo, une petite vague qui venait du large et s'en allait dormir sur la plage l'emporta. Némo vit passer sa bien-aimée qui virevoltait dans l'écume en faisant de grandes cabrioles...

Le fond de la mer qui paraissait si calme devint alors menaçant. Deux murènes dont la tête sortait de trous de rochers ouvraient leurs bouches avec des centaines de petites dents pointues comme des clous. Un banc de mulets affamés qui passait dans l'écume s'intéressait aussi à Citrouille, et même un rouget qui somnolait au fond s'était réveillé...

Citrouille était ballotée par les vagues, aspirée vers le large, repoussée sur le sable. Némo essayait de la suivre, mais il n'y arrivait pas.

Si elle retournait dans la mer, ils étaient tous là prêts à la dévorer, si elle s'échouait sur le rivage elle mourait très vite desséchée par le soleil. Là-haut, une vieille mouette en quête d'un bon repas tournait dans la brise de mer en faisant de grands ronds au-dessus de Citrouille.

C'est à ce moment qu'elle glissa sur une surface lisse, régulière, au milieu des algues du bord de mer. Un abri inespéré !

— Némo, je m'accroche à ce rocher, cria-t-elle de toutes ses forces, nous nous reverrons plus tard...

Ce rocher tout rond était un petit ballon qu'un enfant avait envoyé sur les vaguelettes. Citrouille s'accrocha du plus fort qu'elle put. Quand l'enfant prit son ballon, Citrouille était accrochée dessus. Il n'avait jamais vu de coquillage pareil et il demanda à sa maman :

— C'est quoi, ce caillou plat collé à mon ballon ?

— Mais c'est une petite arapède, nous allons la détacher délicatement et tu iras la poser dans l'eau contre un rocher. Tu vas voir, elle se collera dessus comme sur ton ballon.

C'est ce qu'il fit. Citrouille but une gorgée d'eau de mer pour se donner des forces et d'un seul coup elle se colla au rocher.

Pendant ce temps, Némo, désespéré, longeait le rivage, plongeait dans l'eau et demandait à tous ceux de la mer, méduses, bigorneaux, huîtres, rascasses, limandes, grondins :

— Avez-vous vu Citrouille ? Je l'ai perdue dans un remous du rivage.

— Mais c'est qui Citrouille ? dirent-ils en cœur... Tu te mets dans un drôle d'état, mon pauvre Némo.

— La petite arapède de ma vie. Aidez-moi à la retrouver, je vous en supplie.

Alors, le voyant si malheureux, ils se mirent à la queue leu leu et ils suivirent le rivage à la recherche de Citrouille. Après le banc de sable, ils la trouvèrent très vite, affolée, collée de toutes ses forces sur un rocher, le bord de sa coque effrité par tous les chocs et cabrioles.

Némo s'approcha d'elle, il fit glisser doucement ses pinces sur sa coque ébréchée et il lui dit :

— Ma pauvre Citrouille, reste accrochée au rocher, je m'installerai dans le trou à côté et nous serons heureux...

Maintenant, le soir, quand les vagues s'endorment, si vous passez près du rocher de Citrouille et Némo, vous verrez monter de petites bulles d'eau... C'est Citrouille qui dit des mots d'amour à Némo... Et lui, il lui joue un petit concerto en grattant la mousse et le rocher avec ses petites pinces.


Auteur: Lieutaud Pierre

Info: Citrouille et Némo

[ historiette ]

 

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foi chrétienne

Je suis bien contente de connaître le bon Dieu.

Je sais qu'il y a un être qui est infiniment au-dessus de tous les êtres, l'être suprême : c'est Dieu, je crois fermement son existence parce que c'est Dieu lui-même qui l'a révélée.

L'existence de Dieu me montre par la création du monde (sic). Je crois fermement qu'il y a un seul Dieu. Dieu est éternel, il a existé toujours ; avant qu'il a créé le ciel et la terre, il existait toujours seul, il n'a pas pu s'ennuyer parce qu'il était toujours heureux, il n'a jamais été créé, il n'a pas besoin de personne, mais il nous a créés par sa grande bonté pour nous partager son bonheur et sa gloire.

Dieu est un pur esprit, il n'a ni corps, ni figure, ni yeux, ni oreilles, ni bouche, ni bras, ni mains, nous ne pouvons pas le voir ni le toucher parce qu'il n'a point de corps. Je désire le voir et le toucher, mais je ne le peux pas parce qu'il n'a jamais de corps humain, mais j'espère que je verrai Dieu dans le ciel après ma mort. Je pense souvent en esprit que Dieu me suit partout. Dieu est partout, il nous voit pendant le jour comme pendant la nuit. Il nous est impossible de cacher à Dieu (sic). Dieu est tout-puissant, il fait tout ce qu'il veut, il a fait de rien le ciel et la terre. Les hommes ne peuvent pas créer. Dieu est infiniment bon, il nous a procuré tant de bienfaits, il nous donne chaque jour le pain et les aliments que nous mangeons, les vêtements qui nous couvrent, l'air que nous respirons et tout ce que nous avons, les fruits pour nous rafraîchir, les fleurs pour nous réjouir, les vaches, les bœufs, les porcs, les moutons pour nous nourrir.

Dieu nous protège et nous garde, il pense toujours à nous, il nous aime tendrement. J'aime tendrement aussi le bon Dieu. Dieu m'a donné une âme intelligente et immortelle faite à son image et qui doit un jour partager sa gloire dans le ciel. C'est mon âme qui peut penser à Dieu, c'est mon âme qui peut l'aimer, le remercier, le prier, Dieu a placé l'intelligence dans mon âme au-dessus de tous les animaux. La mer si grande, les fleurs si belles, les astres si brillants ne sont pas faits à l'image de Dieu, mon âme est donc plus précieuse et plus noble que tous les trésors de la terre et les beautés du firmament. Tout meurt dans la nature, les animaux, les plantes et les fleurs meurent, mon corps mourra, mais mon âme ne mourra jamais, mais elle vivra pour être toujours heureuse dans le ciel si je suis bien sage. Dieu infiniment bon m'a donné aussi de bons parents pour me soigner, de bonnes et dévouées maîtresses pour m'instruire; il m'a conduite à Larnay, où je suis si heureuse, il m'a donné encore des prêtres pour m'aider à me conduire dans le chemin du ciel, pour me confesser, me donner la sainte communion. Dieu est infiniment bon pour nous, il nous a envoyé son fils unique sur la terre pour nous sauver par sa naissance dans une pauvre étable, par sa vie de travail, par sa passion et sa mort sur la croix. Merci, mon Dieu, de vos bienfaits et de vos bontés pour moi, pauvre sourde-muette et aveugle, je veux être toujours reconnaissante envers Dieu et l'aimer de tout mon cœur par-dessus toutes choses. Dieu est infiniment miséricordieux, il aime à pardonner quand nous avons le regret de l'avoir offensé même véniellement ou gravement.

Dieu est infiniment juste, il récompense les bons et il punit les méchants. Dieu désire que nous allions tous au ciel à la condition que nous observions bien ses commandements. Dieu appelle les pécheurs à se convertir, mais beaucoup d'hommes méchants, orgueilleux, avares, gourmands, colères, impies, ne veulent pas se convertir, vont en enfer après leur mort par leur faute, ils sont très et toujours malheureux dans l'enfer parce qu'ils ne voient jamais Dieu, ils ne cessent jamais de souffrir dans l'enfer.

Mon plus grand bonheur est de connaître le bon Dieu, de l'aimer, de lui obéir et de le servir que d'avoir beaucoup d'or et de plaisirs. Mon Dieu, je veux bien profiter de vos bienfaits, de vos bontés et des souffrances et de la mort de Jésus-Christ, en passant mes années à vous aimer et à vous servir fidèlement toujours jusqu'à ma mort pour vous aimer encore pour toujours ensuite dans le ciel. Je le désire de tout mon cœur... Je suis très contente que le bon Dieu m'a fait sourde-muette et aveugle pour pouvoir vous connaître mieux. Je vous remercie de cette grâce que le monde ne connaît pas.

Auteur: Heurtin Marie

Info: 8 février 1904

[ handicap ] [ candeur ] [ innocence ] [ Éternel ]

 

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dernières paroles

Léonie chérie

J'ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle. Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. Nous partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie.

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespèrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes.

La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront. Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution.

Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger. C'est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.

Eugène ton mari qui t'aime tant.

Auteur: poilu anonyme

Info: Lettre à sa femme, Le 30 mai 1917

[ ww1 ] [ couple ]

 

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ascendant partagé

Comment des erreurs de " copier-coller " ont façonné les humains et le monde animal

 7.000 groupes de gènes nous relient à l'ancêtre commun de tous les vertébrés et les invertébrés. C'est grâce à de nombreuses erreurs au fil de l'Evolution que l'humain et les animaux sont devenus ce qu'ils sont.

(Photo : Les pieuvres ont acquis leur capacité à changer de couleur grâce à une erreur dans l'ADN - ici à l'aquarium du Croisic.)

C’est une petite créature marine qui se déplace au sol, tout au fond des fonds marins. Cet animal, tout simple, possède un système nerveux, des muscles, des organes reproductifs, un système digestif et excréteur simples. On sait qu’il a un avant et un arrière, un côté droit et un côté gauche. Rien de bien excitant, et pourtant. Cette petite créature, qui vivait il y a 600 millions d’années, est l’ancêtre commun de tous les vertébrés (les poissons, les reptiles, les oiseaux, les mammifères et donc l’Homme) et les invertébrés (les insectes, les mollusques, les vers et bien d’autres).

A quel point sommes-nous encore reliés à notre ancêtre commun ?

C’est la première fois, dans l’histoire de la vie, qu’un organisme vivant possédait ce type d’organisation basique (devant, derrière, deux côtés), qui allait mener au développement complexe de nombreux animaux, dont les humains.

(* photos : L'empreinte du plus ancien bilatérien retrouvé en Australie. Chaque barre représente 1 mm.)

Mais à quel point sommes-nous encore génétiquement reliés à cet ancêtre commun ? En analysant l’ADN de 20 animaux bilatériens (avec une gauche et une droite), une équipe du Centre for Genomic Regulation (CRG) de Barcelone (Espagne) a pu remonter la trace de plus de 7.000 groupes de gènes qui nous rattachent à cette petite créature du fond des mers.

"Quand on peut identifier le même gène dans de nombreuses espèces bilatériennes, on peut être à peu près sûrs que ce gène a été identifié chez leur dernier ancêtre commun. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés à des espèces les plus différentes possibles. Des vertébrés - comme les humains, les souris ou les requins - aux insectes, comme les abeilles, les cafards ou les éphémères, et même des espèces distantes comme les oursins ou les pieuvres", expliquent les chercheurs.

Seule la moitié des gènes est restée telle quelle depuis 600 millions d’années

Mais seule la moitié des gènes est restée telle quelle depuis 600 millions d’années. L’autre moitié a été légèrement modifiée au cours de l’Evolution, avec l’apparition de quelques erreurs de réplication de l’ADN, révèle leur étude dans Nature Ecology & Evolution.

Spontanément, une copie supplémentaire d'un gène est apparue dans le génome. Les animaux ont alors pu garder une copie du gène pour leurs fonctions fondamentales tout en utilisant la deuxième copie pour se créer de nouvelles spécificités. C’est ainsi que ces 3.500 groupes de gènes ont complètement changé d’utilité et ont été utilisés dans certaines parties du corps et du cerveau des animaux. Une façon de faire survenir des " innovations " dans le développement des espèces.

" Certains gènes ont entraîné la perception de stimuli légers sur la peau des pieuvres, ce qui a pu contribuer à leur capacité à changer de couleur, à se camoufler et à communiquer avec d’autres pieuvres ", explique le Pr Manuel Irimia, spécialisé en biologie évolutive au Centre for Genomic Regulation. Chez les insectes, certains gènes se sont spécialisés dans les muscles et dans la formation de l’épiderme, leur permettant de voler.

Chez l'humain aussi, les apports de ces erreurs de " copier-coller " ont été cruciales. " Certaines ont eu un impact sur le cerveau. C’est grâce à elles que les oligodendrocytes, des cellules cérébrales, créent la gaine de myéline qui entoure et protège nos neurones. Chez nous mais aussi chez tous les vertébrés ", ajoute le professeur. D’autres gènes, comme FGF17, maintiennent nos fonctions cognitives du cerveau même lorsque l’âge avance.

Nos gènes sont un peu comme un grand livre de recettes. En les changeant légèrement, on peut créer de nombreux tissus ou organes différents. Imaginez que par accident, on y retrouve deux recettes de paella identiques. On peut alors réaliser la recette originale de paella tandis que l’Evolution se chargera de modifier légèrement la deuxième pour créer la recette du risotto. Imaginez maintenant que tout le livre ait été entièrement copié. Les possibilités d’évoluer sont infinies. Ces petits changements, survenus il y a des millions d’années, se trouvent encore sur les animaux d’aujourd’hui ", sourit Federica Mantica, autrice de l’article et chercheuse au Center for Genomic Regulation de Barcelone.

Jeter un œil à cet immense arbre phylogénique, c’est regarder l’histoire de l’Homme, voire même l’histoire de la vie. " Ces copies supplémentaires se sont spécialisées dans un tissu en particulier plusieurs fois au cours de l’Evolution humaine. En fait, les humains ont été façonnés par ces événements ayant eu lieu il y a des millions d’années, lorsque nos ancêtres ressemblaient vaguement à des poissons, ce qui a créé tout le matériel génétique exploité jusqu’à aujourd’hui encore. "

Si notre ancêtre du fond des mers peut sembler extrêmement basique, c'est bien grâce à son matériel génétique que le règne animal a pu devenir aussi complexe qu'il est aujourd'hui.

Auteur: Internet

Info: https://www.sciencesetavenir.fr/ - Coralie Lemke, 15 avril 2024

[ aïeul général ] [ Pikaia gracilens ? ] [ adaptation ] [ épigenèse ]

 

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sexualité

La culotte peut-elle être chaude et la tête froide ?

Est-il possible qu'une femme soit physiquement excitée sans s'en apercevoir ? A la vue de films érotiques qui les font abondamment mouiller, la majorité des femmes prétendent que ces films les laissent "de glace". Mépris du corps ? Déni du désir ?

Si on demande aux femmes quels scénarios les excitent, elles ont tendance à minorer. Faudrait pas avoir l'air trop "salope". Officiellement, donc, les femmes - pour leur majorité - n'aiment pas l'idée de se retrouver au lit avec trois hommes, ni de se faire payer par un bel inconnu pour le rejoindre dans une chambre d'hôtel, ni les plans hardcore, ni la sodomie, etc.

Fatiguée d'entendre toujours le même discours, la chercheuse américaine Meredith Chivers invente un appareil à mesurer l'excitation et découvre que les femmes sont excitées... même lorsqu'elles affirment le contraire. Ces femmes mentent-elles ? "Non", répond Meredith Chivers, qui part du principe que ses cobayes sont de bonne foi lorsqu'elles passent le test. Dans ce cas, comment expliquer un tel aveuglement ? S'agit-il d'un refus inconscient de ses propres émois, conditionné par l'éducation ? Ou d'une plus grande "capacité" de faire la part des choses entre les manifestations physiologiques et l'excitation mentale ? Plusieurs hypothèses sont possibles.

EXCITÉE SANS LE SAVOIR

La première hypothèse repose sur l'idée d'une disparité fonctionnelle entre le pénis et le vagin. En d'autres termes : il est cliniquement possible que la femme soit excitée sans le savoir. Dans Le Secret des femmes*, Elisa Brune et Yves Ferroul l'expliquent ainsi : "Un clitoris peut être gorgé de sang et gonflé en érection sans que sa propriétaire en soit le moins du monde au courant. Situation impossible pour un pénis dont l'aspect crie son état sur tous les toits. Raison, sans doute, pour laquelle excitation mentale et excitation physiologique sont plus étroitement liées chez l'homme que chez la femme. Raison aussi pour laquelle la probabilité de masturbation spontanée est plus grande chez les garçons que chez les filles. Une érection visible, d'un côté, va induire un comportement de curiosité et de renforcement de l'excitation, alors qu'une érection invisible, de l'autre côté, va laisser le champ ouvert à une multitude de ressentis différents : excitation, ou gêne, ou malaise, ou incompréhension, ou saute d'humeur, ou inconscience pure et simple. Est-ce pour cela que 54 % des hommes disent penser au sexe au moins une fois par jour, contre seulement 19 % des femmes ?" "On peut donc être excitée, poursuivent-elles, sans le savoir, et ce même lorsqu'on baigne dans une ambiance sexuelle. Lorsqu'on soumet des hommes et des femmes à des stimuli pornographiques, les réponses physiologiques sont équivalentes en rapidité et en intensité (mesurée par l'augmentation du débit sanguin dans les organes génitaux qui lui-même induit la lubrification chez la femme). À cette différence près que les femmes déclarent souvent ne ressentir aucune excitation (là où les hommes sont parfaitement conscients de ce qui se passe)." Pour Elisa Brune et Yves Ferroul, il est physiologiquement possible pour une femme de rester sourde aux appels lancés depuis sa culotte. Mais cette surdité est-elle une bonne chose ? Culturellement, les femmes sont éduquées à nier leurs désirs. Si elles se bouchent les oreilles, refusant d'entendre ce que le corps leur dit, faut-il se contenter de dire "C'est comme ça ?". Ou faut-il inciter les filles à se fier plus à leurs sensations physiques qu'à la morale répressive ambiante?

DÉSOLANTE PSYCHOLOGIE ÉVOLUTIONNISTE

La question est difficile car il se peut fort que les sécrétions vaginales n'aient POUR DE VRAI rien à voir avec l'excitation mentale. "On a déjà constaté des vagins lubrifiés lors de viols, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il y avait consentement ou plaisir, raconte Elisa Brune. La paroi vaginale répond du tac au tac lorsqu'on a besoin d'elle, quel que soit le scénario." Le problème avec cette hypothèse-là, c'est qu'elle est récupérée par des adeptes de la psychologie évolutionniste et détournée à leur profit : ils affirment que la "vasocongestion réflexe" du vagin (le fait que les femmes se mettent à mouiller dès qu'elles sont confrontées à des corps nus ou des situations sexuelles) "pourrait être le résultat d'une adaptation évolutive rendant la femelle apte au coït plus rapidement, c'est à-dire indistinctement à la moindre alerte, ce qui la protègerait des blessures en cas de sollicitation brutale." Idée rancie, sous-tendue par une idéologie scientiste qui ramène systématiquement le désir à sa seule dimension biologique.

Il est toujours désolant de constater que les résultats de recherche qui devraient nous amener à poser de vraies questions sur ce que nous sommes (ou ce que nous voulons) sont mises au profit d'un discours -rabâché ad nauseam- réduisant la sexualité à n'être qu'un instinct primal, puis qu'un programme génétique, hérité du Pléistocène. C'est le même discours que celui qui consiste à dire : la pornographie est une drogue, puisqu'elle réduit notre self-contrôle ; les hommes sont naturellement des violeurs polygames attirés par le rapport taille-hanche de 0,7 ; les femmes sont naturellement des harpies frigides, possessives et monogames... Il est désolant de constater que ce discours, désespérant car rempli de mépris envers la complexité humaine, reste la réponse à tout lorsque nous sommes confrontés à des données étranges. Pourquoi les femmes s'excitent-elles sur les bonobos qui copulent et pas les hommes ?

OUVRIR DE NOUVELLES PISTES

Dans un article datant du 21 mars 2014, le chercheur Martin Baker (1) avance : "Lorsque Meredith a fait cette curieuse découverte, elle avait bien conscience que ça ne collait pas avec la doxa. La doxa veut que les mâles humains soient excités par le fait de multiplier leurs partenaires et que les femelles humaines, au contraire, ne soient excitées que par la tendresse et l'amour. Le problème que soulève la contradiction entre ce qui les excite physiquement et ce qu'elles prétendent devrait pourtant nous encourager à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur la sexualité."

Après quoi, Martin Baker propose son analyse : "Nos corps réagissent à certaines images et, ce faisant, nos corps nous encouragent à définir ce qu'est le sexe et la sexualité suivant des critères physiologiques... Nous sommes des créatures remplies de désir pour le sexe, mais également remplies d'attirance pour le désir lui-même. Quand nous grandissons, nous devenons conscient de la possibilité du sexe. Nous apprenons à identifier les réponses physiologiques de nos corps aux possibilités sexuelles. Nous apprenons également à nous définir en fonction de ces réponses : il y a des choses qui nous excitent et d'autres pas. Cela fonde notre identité (sexuelle, mais pas que). Nous apprenons à comprendre qui nous sommes en comparant ce qui nous excite avec ce qui excite les autres et à voir le monde comme un champ ouvert d'interdits ou de possibilités. Ainsi se construit notre univers fantasmatique, à la croisée du corps, du moi et des normes culturelles. Les trois sont nécessaires et il serait intéressant de réfléchir sur la sexualité entendue comme le résultat d'une interaction entre ces trois univers.

Auteur: Giard Agnès

Info: 25 janv. 2015

[ femmes-par-hommes ] [ sciences ] [ femmes-par-femme ]

 

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sciences

36'000 sexes, mais à deux, c'est mieux pour les biologistes de l'évolution, le sexe est un mystère - et le binôme mâle-femelle un paradoxe. Explications sur l'origine des genres.
"L'émergence des genres reste un problème déroutant en biologie, lance Lukas Schärer, spécialiste de l'évolution de la reproduction à l'Université de Bâle. Nous ne comprenons pas encore tout à fait le sexe."
Car la présence de deux sexes amène un désavantage immédiat: elle réduit de moitié la probabilité de rencontrer un partenaire de reproduction. "Avoir deux genres n'est pas seulement une mauvaise stratégie; c'est la pire", renchérit Laurence Hurst, biologiste à l'Université de Bath (G.B.) et l'un des spécialistes mondiaux de l'évolution de la reproduction. Avec un seul genre - ou une multitude -, nous pourrions nous reproduire avec tout le monde.
La reproduction sexuée présente des avantages évidents sur le plan de l'évolution (voir encadré plus bas). Mais qui dit sexe ne dit pas forcément mâle et femelle: il est tout à fait possible de fusionner deux cellules similaires. "Il faut distinguer deux étapes, précise Laurence Hurst. D'abord, on doit pouvoir expliquer l'émergence de deux types de gamètes (les cellules reproductrices, ndlr) qui - tout en restant morphologiquement identiques - ne peuvent fusionner que l'un avec l'autre. Un deuxième niveau concerne leur différenciation en gamètes mâles et femelles, qui sont non seulement distincts, mais également différents." "Des théories existent, ajoute Lukas Schärer, mais leur démonstration univoque par des expériences fait encore défaut."
La faute aux mitochondries
Dans les années 1990, Laurence Hurst a proposé une piste pour élucider la première étape: un seul genre favoriserait des mutations potentiellement nuisibles. "En fusionnant, les gamètes ne combinent pas seulement les informations génétiques contenues dans leur noyau, mais partagent aussi leurs mitochondries (responsable de fournir la cellule en énergie, ndlr), explique le biologiste anglais. Comme celles-ci évoluent indépendamment du noyau, il n'est pas certain que les mitochondries dominantes, qui par exemple se reproduisent plus rapidement que les autres, s'avèrent également bénéfiques à la cellule et à l'individu."
Une solution à ce problème serait procurée par l'émergence de deux types de gamètes (appelés "+" et "-"), dont un seul est capable de transmettre ses mitochondries. On réduit ainsi les probabilités d'avoir des mutations mitochondriales délétères à la cellule. Afin de propager les types de mitochondries bénéfiques à l'individu, il y aurait un avantage évolutionniste à ce que seuls les différents types de gamètes puissent fusionner entre eux.
"Notre thèse est appuyée par des observations faites sur des protozoaires ciliés, poursuit Hurst. Ceux qui se reproduisent par fusion et mélangent leurs mitochondries ont deux genres alors que d'autres, qui ne font qu'échanger leur noyau sans partager leurs mitochondries, possèdent non pas deux mais des centaines de genres distincts. On observe le même phénomène chez les champignons: ils n'échangent que leur noyau, et certains possèdent jusqu'à 36'000 sexes." Avoir exactement deux sexes servirait ainsi à filtrer les mitochondries.
A quoi ressemble l'acte de chair lorsqu'on a plusieurs genres? "Les deux partenaires doivent être d'un genre différent, répond Lukas Schärer. Au niveau des probabilités, un nombre élevé de sexes se rapproche de l'absence de genre de plusieurs façons, car on peut se reproduire avec à peu près tout le monde. L'existence de genres protège les individus de l'auto-fertilisation, qui est dangereuse car elle expose souvent des mutations délétères." De nombreux sexes, donc, pour éviter la consanguinité.
La naissance du mâle
Mais pourquoi les + et les - se sont-ils ensuite différenciés en "mâles" et "femelles"? Dans les années 1970, le biologiste Geoff Parker a proposé un mécanisme évolutionniste. Des mutations ont changé la taille des cellules reproductives. Graduellement, deux types d'individus ont été sélectionnés, qui produisent soit des spermatozoïdes petits, nombreux et de valeur limitée, soit des oeufs gros, rares et précieux. Les premiers peuvent être produits en très grand nombre, ce qui augmente la probabilité de rencontre. Grâce à leur grande taille, les seconds ont davantage de chances d'être fécondés et peuvent fournir une grande quantité de matière au zigote (obtenu par la fusion des gamètes), ce qui améliore ses chances de survie. "L'évolution de l'anisogamie (des gamètes de tailles différentes, ndlr) a eu lieu plusieurs fois au cours de l'évolution et ceci de manière indépendante", rappelle Brian Charlesworth, professeur de biologie évolutionnaire à l'Université d'Edimbourg. "L'anisogamie a probablement moins de chance d'évoluer dans des espèces plus petites, car l'avantage procuré par un grand oeuf joue un rôle plus faible", note Lukas Schärer.
Reste encore la différentiation au niveau de l'individu: pourquoi la plupart des animaux comprennent des mâles et des femelles - au lieu de favoriser l'hermaphrodisme? Ce dernier s'accompagne du risque d'autofertilisation et des problèmes dus à la consanguinité, mais atténue la difficulté de trouver un partenaire. Cet avantage pourrait être un facteur déterminant chez les plantes: incapables de se déplacer, elles sont en grande majorité hermaphrodites. Au contraire des animaux, qui eux ont les moyens de partir chercher l'âme soeur.
Les bienfaits du sexe
Le but de la chair, c'est de mélanger pour mieux s'adapter. En combinant les gènes des deux parents, la reproduction sexuée permet de sélectionner les bonnes mutations et de purger les mauvaises. "Des expériences avec des levures modifiées pour se reproduire asexuellement ont montré qu'elle s'adaptent moins rapidement aux changements de l'environnement, détaille Laurence Hurst de l'Université de Bath (G.B.). On a pu observer que certaines espèces capables d'utiliser les deux modes de reproduction favorisent la voie sexuée lorsqu'elles se voient soumises à des pressions de l'environnement." Une fois le danger passé, elles retournent au sexe en solitaire - également favorisé lorsque la rencontre d'un partenaire s'avère trop difficile.
Le kamasutra de la Nature
Entre des bactéries échangeant du matériel génétique et des champignons possédant des milliers de sexes, la Nature ne montre aucun tabou. Les hermaphrodites simultanés tels que la majorité des plantes et escargots possèdent les appareils génitaux mâles et femelles, alors que les hermaphrodites séquentiels (certains poissons et crustacés) changent de sexe au cours du temps. Les êtres hétérogames (amibes sociales, micro-crustacés, algues) peuvent alterner entre reproduction asexuée et sexuée. On a observé que les femelles d'un certain nombre d'animaux (dont le dragon du Komodo et le requin marteau) peuvent parfois se passer de mâle pour se reproduire par parthénogenèse lorsque rencontrer l'âme soeur s'avère trop difficile. Les polyploïdes, eux, ne possèdent pas des paires de chromosomes comme la plupart des animaux sexués, mais de multiples copies: une espèce de salamandre n'a que des femelles possédant leurs chromosomes en triple. Elles se reproduisent par "cleptogénèse", en volant des spermatozoïdes de variétés voisines.
80 millions d'années sans sexe: un scandale évolutionnaire
Même si les premiers êtres vivants unicellulaires comme les bactéries se sont toujours reproduits de manière asexuée, "la plupart des êtres multicellulaires asexués ont évolué à partir d'espèces sexuées, note Brian Charlesworth de l'Université d'Edimbourg. Ils n'ont pas eu le temps de se diversifier et sont normalement d'origine récente." La découverte que des invertébrés aquatiques asexués appelés bdelloidés ont survécu quelque 80 millions d'années fut qualifiée de "scandale évolutionnaire" par le biologiste John Maynard Smith. Autre particularité, ces invertébrés pratiquent une forme d'hibernation: face à une pression environnementale, ils peuvent sécher et entrer en animation suspendue. En 2008, une étude d'Harvard apporte un élément de réponse: lorsqu'ils se réveillent, les bdelloidés incorporent l'ADN étranger se trouvant à proximité. Même pour les êtres asexués, le mélange des gènes semble incontournable pour survivre.

Auteur: Saraga Daniel

Info: Largeur.com, 25 mai 2011

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