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tactique des jésuites

Je dois donc apprendre à ceux qui l’ignorent que votre principal intérêt dans cette dispute étant de relever la grâce suffisante de votre Molina, vous ne le pouvez faire sans ruiner la grâce efficace, qui y est tout opposée. Mais comme vous la voyez aujourd’hui autorisée à Rome, et parmi tous les savants de l’Eglise, ne la pouvant combattre en elle-même, vous vous êtes avisés de l’attaquer sans qu’on s’en aperçoive, sous le nom de la doctrine de Jansénius. Ainsi il a fallu que vous ayez recherché de faire condamner Jansénius sans l’expliquer, et pour y réussir, vous ayez fait entendre que sa doctrine n’est point celle de la grâce efficace, afin qu’on croie pouvoir condamner l’un sans l’autre. […] La doctrine de Jansénius, direz-vous, a été condamnée par les souscriptions universelles de toute l’Eglise. Or cette doctrine est manifestement celle de la grâce efficace ; et vous prouverez cela bien facilement. Donc la doctrine de la grâce efficace est condamnée par l’aveu même de ses défenseurs. Voilà pourquoi vous proposez de signer cette condamnation d’une doctrine sans l’expliquer.

Auteur: Pascal Blaise

Info: Les " Provinciales ", Dix-septième lettre, éditions Gallimard, 1987, pages 288-289

[ attaque du jansénisme ] [ défense ] [ jésuites vs. jansénistes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

planète océan

Pendant un certain temps, l'opinion prévalut (répandue avec zèle par la presse quotidienne) que "l'océan pensant" de Solaris était un cerveau gigantesque, prodigieusement développé, et en avance de plusieurs millions d'années sur notre propre civilisation, une sorte de "yogi cosmique", un sage, une figuration de l'omniscience, qui depuis longtemps avait compris la vanité de toute activité et qui, pour cette raison, se retranchait désormais dans un silence inébranlable. L'opinion était inexacte, car l'océan vivant agissait ; il ne bâtissait pas des villes ou des ponts, il ne construisait pas des machines volantes ; il n'essayait pas d'abolir les distances et ne se souciait pas de la conquête de l'espace (critère décisif, selon certains, de la supériorité incontestable de l'homme). L'océan se livrait à des transformations innombrables, à une "autométamorphose ontologique" - les termes savants ne manquent pas dans le relevé des activités solaristes ! D'autre part, tout scientifique s'attachant à l'étude des multiples solariana éprouve l'impression irrésistible qu'il perçoit les fragments d'une construction intelligente, géniale peut-être, mêlés sans ordre à des productions absurdes, apparemment engendrées par le délire. Ainsi naquit, à l'opposé de la conception "océan-yogi", l'idée de "l'océan-débile".

Auteur: Lem Stanislaw

Info: Solaris

[ science-fiction ] [ gaia extraterrestre ] [ incompréhension ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

conformisme

La communauté en soi, dit Demian, est belle. Mais ce n'est pas la communauté véritable. Elle naîtra du rapprochement de certains individus et elle transformera le monde pour quelque temps. Ce qu'on appelle communauté n'est que formation grégaire. Les hommes se réfugient les uns auprès des autres parce qu'ils ont peur les uns des autres. Chacun pour soi ! les patrons pour eux, les ouvriers pour eux, les savants pour eux ! Et pourquoi ont-ils peur ? L'on a peur uniquement quand on n'est pas en accord avec soi-même. Ils ont peur parce qu'ils ne sont jamais parvenus à la connaissance d'eux-mêmes. Ils se rassemblent parce qu'ils ont peur de l'inconnu qui est en eux. Ils sentent que leurs principes sont surannés, qu'ils vivent d'après de vieilles Tables de la Loi et que ni leurs religions ni leurs morales ne répondent aux nécessités présentes. Depuis plus d'un siècle, l'Europe ne fait qu'étudier et construire des usines. On sait exactement combien il faut de grammes de poudre pour tuer un homme mais on ne sait plus comment on prie; on ne sait même plus comment se divertir pendant une heure seulement.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Demian

[ refuge ]

 

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être humain

Nous devons libérer l'homme du cosmos créé par le génie des physiciens et des astronomes, de ce cosmos dans lequel il a été enfermé depuis la Renaissance. Malgré sa beauté et sa grandeur, le monde de la matière inerte est trop étroit pour lui. De même que notre milieu économique et social, il n'est pas fait à notre mesure. Nous ne pouvons pas adhérer au dogme de sa réalité exclusive. Nous savons que nous n'y sommes pas entièrement confinés, que nous nous étendons dans d'autres dimensions que celles du continuum physique... L'esprit de l'homme s'étend, au-delà de l'espace et du temps, dans un autre monde. Et de ce monde, qui est lui-même, il peut, s'il en a la volonté, parcourir les cycles infinis. Le cycle de la Beauté, que contemplent les savants, les artistes et les poètes. Le cycle de l'Amour, inspirateur du sacrifice, de l'héroïsme, du renoncement. Le cycle de la Grâce, suprême récompense de ceux qui ont cherché avec passion le principe de toutes choses... Il faut nous lever et nous mettre en marche. Nous libérer de la technologie aveugle. Réaliser, dans leur complexité et leur richesse, toutes nos virtualités.

Auteur: Carrel Alexis

Info:

[ ouverture ] [ transcender ] [ anti-rationalisme ]

 

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colonialisme

Bref, toute l'histoire de l'ethnologie ou de l'anthropologie suit ce même chemin, des colonies à l'antiracisme, celui, justement, qui va de Tintin au Congo à l'amitié du héros avec Tchang et Zorrino.

Si Hergé a droit au titre d'expert en sciences humaines, il le doit au parcours de tous les savants de ces disciplines qui, à la même époque, travaillaient sur ces mêmes sujets. Ce trajet fut le sien : mêmes sources troubles, même chemin somptueux, mêmes résultats sublimes. Le procès intenté à Tintin au Congo devrait alors se généraliser à Frazer, Durkheim, Lévy-Bruhl, Marcel Mauss... tous nos maîtres en humanité.

Je rêve parfois d'un retournement : qu'un groupe d'Amérindiens, d'Aborigènes australiens ou de bergers des Pyrénées viennent, en ces hauts lieux, étudier les mœurs et la sexualité des professeurs à Oxford, Harvard ou au Collège de France. Un tel retournement, une telle symétrie, Hergé les suggère à la dernière case de Tintin au Tibet, où le yéti, abominable homme des neiges, comme on sait, mais doué d'une bonté hospitalière transcendante, contemple, de sa solitude glacée, dos courbé pour que nul ne voie ses larmes, la caravane abominable dans les neiges, quitter ce haut pays, après lui avoir volé son nouvel ami. Quelle barbarie que la nôtre !

Auteur: Serres Michel

Info: Hergé mon ami, p. 138

[ vingtième siècle ] [ formacja ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

ambition

Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité D'abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L'ampleur n'en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d'ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d'autres termes, c'est une grandeur, ce n'est pas une valeur. Ensuite parce que c'est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu'elle ne nous paraît jamais suffisante. J'ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d'une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s'épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d'égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l'étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d'admiration dont ils avaient eux-mêmes été l'objet. Je les voyais, en somme, d'autant plus malheureux qu'ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d'extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l'otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d'énergie sans laquelle ne naît point d'oeuvre, ni même d'envie d'en faire.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Mémoires/Plon 1997, p.637-638

[ dérisoire ]

 

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limitations sémantiques

L’erreur des modernes sur eux-mêmes est assez facile à comprendre une fois que l’on a rétabli la symétrie et que l’on prend en compte à la fois le travail de purification et le travail de traduction. Ils ont confondu les produits et les procédés. Ils ont cru que la production de rationalisation bureaucratique supposait des bureaucrates rationnels ; que la production de science universelle dépendait de savants universalistes ; que la production de techniques efficaces entraînait l’efficacité des ingénieurs ; que la production d’abstraction était elle-même abstraite, que celle de formalisme était elle-même formelle. Autant dire qu’une raffinerie produit du pétrole de façon raffinée, ou qu’une laiterie produit du beurre de façon laitière ! Les mots science, technique, organisation, économie, abstraction, formalisme, universalité désignent bien des effets réels que nous devons en effet respecter et dont nous devons rendre compte. Mais ils ne désignent en aucun cas les causes de ces mêmes effets. Ce sont de bons substantifs mais de mauvais adjectifs et d’exécrables adverbes. La science ne se produit pas de façon plus scientifique que la technique de manière technique, que l’organisation de manière organisée ou l’économie de manière économique. Les scientifiques de paillasse, descendants de Boyle, le savent bien, mais dès qu’ils se mettent à réfléchir à ce qu’ils font, ils prononcent les mots que les sociologues et les épistémologues, descendants de Hobbes, placent dans leur bouche.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes : Essai d'anthropologie symétrique, p. 156

[ triade ] [ vocabulaire cul-de-sac ] [ terminologie prison ] [ fond-forme ] [ termes prison ] [ langage trompeur ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

vérités générales

Je vois l'homme d'autant plus inquiet qu'il a perdu le goût des fables, du fabuleux, des Légendes, inquiet à hurler, qu'il adule, vénère le précis, le prosaïque, le chronomètre, le pondérable. Ça va pas avec sa nature. Il devient fou, il reste aussi con. [...] On l'éberlue de mécanique autant que les moines de mômeries nos pères les crasseux, il fonce le moderne, il charge, du moment qu'on lui cause atomes, réfractions cosmiques ou "quanta", il croit que c'est arrivé dur comme fer. Il est en or pour tous panneaux. Il donne dans le prestige des savants comme autrefois aux astrologues, il s'est pas encore rendu compte que d'additionner des pommes ou de mettre en colonnes des atomes, c'est exactement semblable, c'est pas plus sorcier, c'est pas plus transcendant l'un que l'autre, ça demande pas plus d'intelligence. Tout ça c'est de la vaste escroquerie pour bluffer le bonhomme, l'appauvrir, le dégoûter de son âme, de sa petite chanson, qu'il aye honte, lui couper son plaisir de rêve, l'ensorceler de manigances, dans le genre Mesmer, le tripoter, le conditionner trépied de machine, qu'il renonce à son cœur, à ses goûts, muet d'usine, moment de fabrication, la seule bête au monde qu'ose plus du tout sauter de joie, à son caprice, d'une patte sur l'autre, d'une espièglerie qui lui passe, d'un petit rythme de son espèce, d'une fredaine des ondes.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Dans "Bagatelles pour un massacre"

[ savoirs uniformisants ] [ esbroufe ] [ sujets supposés savoirs ]

 

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philosophie

Montaigne a eu de la chance : celle de naître "d’une race fameuse en prud’homie* et d’un très bon père", d’avoir été élevé "en toute douceur et liberté, sans rigueur et contrainte", d’avoir eu des précepteurs aussi intelligents et savants que débonnaires, enfin de n’avoir pas, au cours de sa vie, été trop maltraité par le sort : "Je dois beaucoup à la fortune de quoi jusqu’à cette heure [il a cinquante-cinq ans] elle n’a rien fait contre moi outrageux, au moins au-delà de ma portée" (III, IX, 83). Montaigne se doit à des rencontres heureuses, une chance complétant l’autre. Et comme, "par long usage,… fortune [passe] en nature" (III, X, 101), que le fortuit perd sa contingence dès lors que nous sommes ce que nous devenons, les hasards, sous le commandement du principal d’entre eux, celui de la naissance, ne composent pourtant qu’une seule et même nature. C’est cette nature changeante, mais qui change sans devenir autre, comme un fruit s’enrichit au dedans, qui va s’exprimer en une certaine manière d’envisager le monde et la vie, une sagesse.

(On peut admettre cette prud'homie à la condition qu'elle soit aimable, joyeuse... festive aussi... et on verra se développer une religion du laïc tout fondée précisémment sur la prud'homie, c'est à dire sur une conscience joyeuse, juge du bien et du mal, qui n'a pas besoin d'autre chose.)**

Auteur: Conche Marcel

Info: In "La sagesse comme art d'être heureux". *probité, sagesse dans la conduite. ** Pierre Magnard, https://www.youtube.com/watch?v=h5-CHNOfb7w 17 min 32 sec

[ renaissance ] [ Gaule ] [ bon sens ]

 

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paradigmes dominants

La question pour nous, ici, est tout autre. Elle est de savoir si l’état d’esprit que nous avons essayé de décrire, prédisposait ou non les hommes du XVIe siècle à s’émanciper de la tutelle des religions – à rompre avec celles des religions révélées et organisées à quoi ils appartenaient de par leur naissance, leur milieu ou leur choix.

D’instinct, nous sommes portés à croire que oui. Nous, hommes du XXe siècle, quotidiennement dotés par les savants d’une telle collection de miracles authentifiés par les faits, contrôlés par l’expérience, que pâlissent en regard les miracles, hypothétiques ou chimériques, annoncés ou prédits par les occultistes : nous les jugeons, à tout le moins, candides. Nous n’avons plus besoin qu’on nous dise, du dehors, que notre science ne sait pas tout, ne dit pas tout, et qu’elle peut être, à tout instant, envahie et transformée par une masse de connaissances et d’idées nouvelles. Le merveilleux est dans le commerce, oui – mais par un déplacement assez singulier, ce n’est plus le mage, l’alchimiste, l’astrologue qui en détiennent le monopole : loin de là, c’est le savant patenté, qualifié, officiel qui le détient, et le livre au public. Bien plus fantasmagorique que les fantasmagories d’autrefois, la fantasmagorie d’aujourd’hui sort des laboratoires, honorée, décorée, couronnée, tenue pour vraie de la plus authentique des vérités. Hors de là, plus rien que des naïfs, ou des charlatans, sans crédit auprès de gens sérieux.

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 415-416

[ évolution ] [ religieux-scientifique ]

 

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