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règles

Le mythe de l'âge d'or : La race simple de l'âge d'or, dépourvue de toute science, vivait sans autre guide que l'instinct de Nature. Car quel besoin avait-on de la grammaire quand il n'y avait qu'une langue et qu'on ne demandait rien d'autre à la parole que de se faire comprendre ? Quelle aurait été l'utilité de la dialectique quand il n'y avait pas de lutte entre opinions rivales ? Quelle aurait été la place de la rhétorique quand nul ne cherchait chicane à autrui ? À quoi bon la jurisprudence en l'absence de mauvaises moeurs, d'où sont nées, sans nul doute, les bonnes lois ? Puis on était trop religieux pour scruter avec une curiosité impie les arcanes de la Nature, la dimension des astres, leurs mouvements, leurs influences, et les ressorts cachés du monde ; on estimait sacrilège qu'un mortel cherche à savoir au-dessus de sa condition. Quant à s'enquérir de ce qui est au-delà du ciel, cette démence ne venait même pas à l'esprit. Cependant, à mesure que disparaissait la pureté de l'âge d'or, les arts, comme je l'ai dit, furent d'abord inventés par de mauvais génies, mais en petit nombre et eurent peu d'adeptes. Ensuite, la superstition des Chaldéens et l'oisive frivolité des Grecs en ajoutèrent une multitude qui devinrent des tortures pour l'esprit, à telle enseigne que la grammaire à elle seule suffit bien à faire le supplice de toute une vie.

Auteur: Érasme

Info: Éloge de la Folie, <p.39>

[ normes ] [ prison ]

 

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témoignage

Déposition du révérend James Galbraith, pasteur de l'église d'Ecosse, Camusterrach, 13 août 1869.
Je crains que les faits abjects récemment commis dans cette paroisse ne représentent qu'un frémissement à la surface de l'état naturel de sauvagerie des habitants de ce lieu, sauvagerie que l'Eglise est dernièrement parvenue à éradiquer. L'histoire de ces contrées est, dit-on, entachée de crimes noirs et sanglants, et ces populations font preuve d'une certaine férocité et d'une certaine veulerie. De tels traits de caractère ne sauraient être éliminés en l'espace de quelques générations, et bien que les enseignements du Consistoire exercent une influence civilisatrice, il est inévitable que les vieux instincts se réveillent de temps à autre.
Pour autant, l'on ne peut manquer d'être choqué en prenant connaissance d'actes tels que ceux commis à Culduie. De tous les habitants de cette paroisse, cependant, l'on est moins surpris d'apprendre que Roderick Macrae en est l'auteur. Même si cet individu a assisté à mes offices depuis l'enfance, j'ai toujours eu l'impression que mes sermons tombaient dans ses oreilles comme des graines sur un sol pierreux. Je suis contraint d'admettre que ses crimes constituent, dans une certaine mesure, un échec de ma part, mais il arrive que l'on doive sacrifier un agneau pour le bien général du troupeau. Il y a toujours eu du vice chez ce garçon, facilement discernable, sur lequel j'ai le regret de dire que je n'ai jamais eu de prise.

Auteur: Graeme Macrae Burnet

Info: L'Accusé du Ross-Shire

[ dix-neuvième siècle ] [ religieux ] [ sociologue ]

 

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anthropocentrisme

Dans mes conférences et mes conversations, j'ai toujours subordonné mon pragmatisme à ce que j'ai appelé l'anthropomorphisme, au sein duquel trois propositions sont proéminentes (je les énonce volontairement de façon vague pour aller vite).
1. Les facultés de l'homme, comme celles de n'importe quel animal, sont assez bien adaptées aux besoins de sa vie ; et d'une manière générale il est suffisamment immergé et submergé dans les conceptions du pragmatique (je ne dis pas du pratique) qu'aucune conception, directe ou indirecte, ne peut être conçue d'une perspective extérieure, et ces mots mêmes que j'écris, avec toutes les autres affirmations et négations sur les "limites de la connaissance humaine" n'ont pas beaucoup de sens, sauf dans la mesure où ils se prétendent incompétents les uns par rapport aux autres. Mais par la même, leur seul sens, le "déni" des limites est la règle d'or.
2. "L'homme n'a atteint aucune connaissance qui ne soit ni mécanique ni anthropologique." (Studies in Logic, 1882, p. 181). Ses idéaux les moins imparfaits doivent donc prendre forme humaine ; et sa compréhension la moins fausse de ce qui se cache derrière l'Univers est le théisme - ou plutôt une religion théiste.
3. Les instincts humains doivent être implicitement reconnus dans leur propre sphère. "Toute connaissance humaine, jusqu'aux plus hautes sphères de la science, n'est que le développement de son instinct animal inné" (Ibid.). Mais il est possible que la raison se trompe plus souvent qu'elle ne le devrait.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Letters to F. C. S. Schiller, 23.05.1905

[ limitation ] [ point de vue humain ] [ langage quête ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

énergie psychique

Car la vie continue, malgré la perte de jeunesse ; on peut même la vivre avec une plus grande intensité si l’on n’en entrave pas la marche en jetant un regard en arrière sur ce qui disparaît. Ce regard en arrière serait dans l’ordre s’il ne s’arrêtait pas aux dehors que l’on ne peut rappeler et si l’on se rendait bien compte de l’origine de la fascination exercée par ce qui fut. L’éclat doré des vieux souvenirs d’enfance repose moins sur de simples faits que sur un mélange d’images magiques, soupçonnées plutôt que vraiment conscientes. […] Le "mystère" que l’on perçoit représente le trésor d’images primitives que chacun apporte au monde comme cadeau de l’humanité, somme des formes innées qui sont propres aux instincts. […] Elles constituent l’inconscient collectif. La libido en régression vient-elle animer cette couche, alors apparaît une possibilité de renouvellement de la vie en même temps que de destruction. Une régression conséquente marque un rétablissement de la liaison avec le monde des instincts naturels qui, au point de vue formel également, […] représente la matière originelle. Si la conscience peut la saisir, alors il y aura animation nouvelle et nouvelle ordonnance. Par contre, si la conscience s’avère incapable d’assimiler les contenus de l’inconscient qui font irruption, alors apparaît une situation menaçante car les nouveaux contenus conservent leur forme archaïque et chaotique première et font éclater l’unité conscientielle. Le trouble mental qui en résulte s’appelle […] schizophrénie, autrement dit aliénation par scission.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Métamorphoses de l'âme et ses symboles", page 665

[ idéalisation rétrospective ] [ croissance des pensées ] [ intégration ] [ individuation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

attitude religieuse

Si donc quelqu’un, obéissant au besoin intime de son cœur, ou se sentant en accord avec les sagesses les plus anciennes de l’humanité, ou encore s’appuyant sur le fait psychologique qu’il existe des perceptions "télépathiques", voulait conclure que la psyché participe dans son tréfonds à une entité sans temps ni espace et qu’elle appartient ainsi à ce que nous appelons maladroitement et symboliquement "éternité", le raisonnement critique ne pourrait lui opposer d’autre argument que le non liquet de la science. Il aurait en outre l’avantage non méprisable de se trouver en harmonie avec un "penchant" de l’âme humaine, qui existe depuis des temps immémoriaux et est universellement répandu. Qui n’aboutit pas à cette conclusion, par scepticisme ou par rébellion contre la tradition, par manque de courage, par manque d’ampleur de son expérience psychologique, ou par une ignorance irréfléchie, aura très peu de chance de devenir un pionnier de l’esprit ; il aura par contre l’indubitable certitude de se trouver en contradiction avec les vérités de son sang. Que celles-ci soient des vérités absolues ou non, on ne pourra jamais le démontrer. Il suffit qu’elles existent comme "penchant" ; nous savons assez ce que c’est que de s’engager à la légère dans un conflit avec ces "vérités" ; c’est comme si l’on voulait se mettre consciemment au-dessus des instincts, c’est le déracinement, la désorientation, l’absurdité de la vie, quel que soit le nom donné à tous ces symptômes d’infériorité. […] S’écarter des vérités du sang conduit à l’agitation névrotique que nous connaissons aujourd’hui plus que suffisamment. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "L'énergétique psychique", trad. Yves Le Lay, Librairie de l'Université, Genève, 1956, pages 230-231

[ valorisation ] [ guide spirituel ] [ argumentation rationnelle ] [ bénéfices ] [ croyance personnelle ] [ inclination mystique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

dernière paroles

Mon cher frère,
Merci de ta bonne lettre et du billet de 50 francs qu'elle contenait.
Puisque cela va bien, ce qui est le principal, pourquoi insisterais-je sur des choses de moindre importance, ma foi, avant qu'il y ait chance de causer affaires à têtes plus reposées, il y a probablement loin.
Les autres peintres, quoi qu'ils en pensent, instinctivement se tiennent à distance des discussions sur le commerce actuel. Eh bien ! vraiment, nous ne pouvons faire parler que nos tableaux.
Mais pourtant mon cher frère, il y a ceci que toujours je t'ai dit et je te le redis encore une fois avec toute la gravité que puisse donner les efforts de pensée assidûment fixée pour chercher à faire aussi bien qu'on peut - je te le redis encore que je considérerai toujours que tu es autre chose qu'un simple marchand de Corot, que par mon intermédiaire tu as ta part à la production même de certaines toiles, qui même dans la débâcle gardent leur calme.
Car là nous en sommes et c'est là tout au moins le principal que je puisse avoir à te dire dans un moment de crise relative.
Dans un moment où les choses sont fort tendues entre marchands de tableaux - d'artistes morts - et d'artistes vivants.
Eh bien ! mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison s'y est effondrée à moitié - bon - mais tu n'es pas dans les marchands d'hommes pour autant que je sache, et puisse prendre parti, je le trouve, agissant réellement avec humanité. Mais que veux-tu?.

Auteur: Van Gogh Vincent

Info: Dernière lettre, non datée qu'il portait sur lui le 29 juillet 1890

[ suicide ]

 

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création littéraire

En 1946, il retourne en Irlande, et c'est au cours de ce séjour que survint en lui ce chamboulement qui modifia radicalement son approche de l'écriture et sa conception du récit.
- cette prise de conscience fut-elle progressive ou fulgurante ?
Il parle de crise, d'instants de brusque révélation.
- jusque-là, j'avais cru que je pouvais faire confiance à la connaissance. Que je devais m'équiper sur le plan intellectuel. Ce jour-là, tout s'est effondré.
Ses propres paroles me viennent sur les lèvres :
- j'ai écrit Molloy et la suite le jour où j'ai compris ma bêtise. Alors je me suis mis à écrire les choses que je sens.
Il sourit en hochant la tête.
C'était une nuit. Comme si souvent, il errait en solitaire, et il se retrouva à l'extrémité d'une jetée battue par la tempête. Ce fut alors que tout parut se mettre en place : des années de doutes, de recherches, d'interrogations, d'échecs (et quelques jours plus tard, il aurait quarante ans), prirent soudain un sens, et la vision de ce qu'il lui faudrait accomplir s'imposa comme une évidence.
- j'entrevis le monde que je devais créer pour pouvoir respirer.
Il entreprit Molloy alors qu'il se trouvait encore auprès de sa mère. Il le poursuivit à Paris, puis à Menton, où un ami irlandais lui avait prêté sa maison. Mais achevé la première partie, il ne savait comment continuer.
Il ne connaissait plus la détresse des années passées, mais tout demeurait difficile. C'est ainsi que sur la première page du manuscrit de Molloy, figurent ces mots :
"En désespoir de cause".

Auteur: Juliet Charles

Info: Rencontres avec Samuel Beckett, éditions P.O.L, p. 38 à 40

[ instinct ]

 

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manque de l'objet

En mettant l’accent sur la notion de frustration, nous ne dérogeons pas beaucoup à la notion mise par Freud au centre de la conflictualité analytique, qui est celle de désir. [...]

La notion de frustration, quand elle est mise au premier plan de la théorie analytique, se rapporte au premier âge de la vie. Elle est liée à l’investigation des traumas, fixations, impressions, provenant d’expériences préœdipiennes. Cela n’implique pas qu’elle soit extérieure à l’Œdipe – elle en donne en quelque sorte le terrain préparatoire, la base et le fondement. [...]

Quel est le mode de relation à l’objet qui est en jeu dans la frustration ? Il introduit manifestement la question du réel. Voici en effet qu’avec la notion de frustration s’introduit dans le conditionnement, le développement du sujet, tout un cortège de notions que l’on traduit dans un langage de métaphores quantitatives – on parle de satisfaction, de gratification, d’une certaine somme de bienfaits adaptés, adéquats, à chacune des étapes du développement du jeune sujet, et dont la plus ou moins complète saturation, ou au contraire carence, est ainsi considérée comme un élément essentiel. [...]

La frustration est donc considérée comme un ensemble d’impressions réelles, vécues par le sujet à une période du développement où sa relation à l’objet réel est centrée d’habitude sur l’imago dite primordiale du sein maternel, par rapport à quoi vont se former chez lui ce que j’ai appelé tout à l’heure ses premiers versants et s’inscrire ses premières fixations, celles qui ont permis de décrire les types des différents stades instinctuels. [...] Bref, nous avons ici l’anatomie imaginaire du développement du sujet.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 82 à 84

[ mythe psychanalytique ] [ inassouvissement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

papa

Mon fils, quel magnifique mystère que mon fils, si attentif à mes moindres faits et gestes, si prompt à s'enflammer pour ma moindre action un peu spectaculaire mais, à l'instar de ses soeurs, tellement plus secret, caché, abritant, je crois, une spatialité intérieure plus ample, plus sérieuse, plus libre, déjà conscient par instinct de son avenir de combattant destiné - je n'ose écrire franchement, condamné - à séduire, exister. Faire sa place. Ses soeurs, petites boules d'amour chatoyantes, déjà tellement dans leur espace propre de petites dames, confiantes dans l'amour du monde, dans la transmission de la vie, prêtes à se livrer pour leur descendance... appliquées... inquiètes dans leurs certitudes, préparant depuis la nuit des temps le nid à venir... l'oeil aux aguets dans l'attente du prince charmeur car, quand à leur naïveté je suis d'un optimisme convaincu, elles devineront beaucoup et se tromperont rarement.
Elles défensives, lui au contraire, balançant franchement ses petits bras contre la réalité tangible, mettant en place ses capacités de mesure. Comme l'a si bien écrit Gibran, nous ne sommes que les arcs qui projettent les enfants, avec pour simple mission d'envoyer ces flèches d'un relâchement assuré et attentif de la main. Une main inquiète, tu le sais, qui a l'expérience de ces cibles mouvantes aux carreaux indécis, traits fragilisés par une impulsion trop ceci ou trop cela dans un parcours ou entrent en compte de redoutables charmes.
Mon fils, mes filles, quelques-unes parmi je ne sais combien de centaines d'autres millions de graines jetées aux vents. Brises, tourbillons, ouragans, souffles que l'on espère magnanimes mais dispensateurs de sursauts, rafales, tornades, cyclones pédagogiques habilement distribués par le destin. Avec une préférence pour le Zéphyr.

Auteur: Mg

Info: 2002

[ pensée-d'homme ]

 

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psycho-sociologie

Par l’intermédiaire de la lutte contre le père et la mère, en tant que cibles personnelles d’amour et d’agression, la jeune génération entrait dans la vie sociale avec des impulsions, des idées, des besoins qui, dans une large mesure, lui appartenaient en propre. Par conséquent, la formation du surmoi, la modification répressive des instincts, la renonciation et la sublimation étaient des expériences très personnelles. Justement à cause de ça, leur adaptation laissait des cicatrices douloureuses, et la vie sous le principe de rendement conservait encore une sphère de non-conformisme privé.



Maintenant, sous le règne des monopoles culturels, économiques et politiques, la formation du surmoi adulte semble sauter l’étape de l’individualisation : l’unité génétique devient directement une unité sociale. L’organisation répressive des instincts semble être collective et le moi semble être prématurément socialisé par tout un système d’agents et d’agences extra-familiaux. Dès le niveau pré-scolaire, les "bandes", la radio et la télévision fixent le modèle du conformisme et de la rébellion ; les incartades commises par rapport à ce modèle sont punies non pas tant à l’intérieur de la famille qu’à l’extérieur et contre elle. Les experts des mass-media transmettent les valeurs exigées : ils offrent une parfaite éducation de l’efficacité, de la ténacité, de la personnalité, de la rêverie et du sentimentalisme. Contre une telle éducation, la famille n’est plus capable de lutter. Dans la lutte entre les générations, les rôles semblent être inversés : le fils a une connaissance meilleure ; il représente le principe de réalité la plus moderne, contre les formes paternelles désuètes. Le père, premier objet d’agression dans la situation œdipienne, apparaît maintenant comme un but d’agression plutôt inadéquat. Son autorité comme dispensateur de la richesse, de l’habileté et de l’expérience se trouve considérablement réduite. 

Auteur: Marcuse Herbert

Info: Dans "Eros et civilisation", trad. de l'anglais par Jean-Guy Nény et Boris Fraenkel, éditions de Minuit, Paris, 1963, pages 91-92

[ évolution ] [ économie psychologique ] [ identifications ]

 

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Ajouté à la BD par miguel