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abrutissement
Les apologistes du travail : Dans la glorification du 'travail', dans les infatigables discours sur la 'bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir - que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême.
Auteur:
Nietzsche Friedrich
Années: 1844 - 1900
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: linguiste, philologue, philosophe, poète, pianiste et compositeur
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Aurore, 1881
[
pouvoir
]
animal domestique
Moi qui adore la plupart des bêtes, j'ai toujours professé une ardente répulsion pour le chien, que je considère comme l'animal le plus abject de la création.
Le chien est le type de l'animal larbin, sans fierté, sans dignité, sans personnalité.
... Une dame pleurarde et sentimenteuse interrompit ma diatribe:
- Oh! Le bon regard humide des bons toutous! Larmoya la personne. Comme ça vous console de la méchanceté des hommes!
Il n'en fallut pas plus pour me mettre hors de moi.
Les bons toutous! Ah! Ils sont chouettes, les bons toutous!
Le chien est aimant et fidèle, dit-on, mais quel mérite à s'attacher au premier venu uniquement parce qu'il s'intitule votre maître, beau ou laid, drôle ou rasant, bon ou mauvais?
On a vu des chiens, dit-on encore, se faire tuer en défendant leur maître contre un bandit.
Parfaitement, mais le même chien aurait pu être aussi bien tué en attaquant l'honnête homme pour le compte du bandit, si ce bandit avait été son maître et si l'honnête homme avait détenu l'indispensable revolver.
Auteur:
Allais Alphonse
Années: 1853 - 1905
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le bec en l'air 1897
[
valet
]
Bible
Le Sermon sur la montagne ne peut pas plus être séparé du crucifiement que le jour ne peut être séparé de la nuit. Le jour où Notre-Seigneur enseigna les Béatitudes, Il signa Son propre arrêt de mort. [...]
Dans les Béatitudes, Notre-Seigneur prend ces huit mots clés du monde : sécurité, vengeance, plaisir, popularité, insouciance, sexualité, puissance, confort, et Il les retourne. [...]
Jésus dédaigne la banalité des clichés qui servent de thèmes aux films et aux romans. Il propose de brûler ce qu’ils adorent, de dominer l’aberration des instincts sexuels au lieu de les laisser réduire l’homme en esclavage, de modérer les profits économiques au lieu de faire consister le bonheur dans l’abondance des biens extérieurs à l’âme. Toutes les fausses béatitudes qui font dépendre le bonheur de l’exaltation de soi, de la licence, de la jouissance des plaisirs, de l’application de la formule bien connue : "Buvons et mangeons et amusons-nous, car demain nous mourrons", cela le Christ le méprise, parce que c’est source de désordre dans les esprits, de misère, de déceptions et d’angoisses.
Auteur:
Sheen Fulton
Années: 1895 - 1979
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: archevêque catholique
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "La vie du Christ", trad. Abbé Giraud P.S.S., éditions Dominique Martin Morin, 2012, pages 139-140
[
signification
]
[
résumé
]
[
discours
]
zen
En ce temps-là, Maitreya, le Sage révéré, se dirigea vers le mont Kailasha, demeure du dieu Shiva. Arrivé là, il demande au dieu : "Seigneur, je t'en prie, initie-moi au secret de la Vérité suprême (parama tattva)." Mahadeva, le Seigneur majestueux, lui dit : "Le corps est réputé être un temple ; l'Atman individuel (jivatman) est Shiva, et lui seul. On doit se débarrasser des fleurs fanées données en offrande par notre nescience* (ajnana) et adorer la Divinité avec cette pensée : 'Soham, je suis Lui'. La connaissance consiste à ne voir aucune différence entre toute chose et soi-même ; la méditation consiste à abstraire son mental des objets des sens ; les ablutions consistent à laver le mental de ses impuretés, et la purification consiste à tenir sous le jour les organes sensoriels. On doit boire ce nectar qu'est Brahman, mendier de la nourriture juste pour sous sustenter son corps et, se vouant exclusivement à l'Unique, vivre dans la solitude de l'unicité, libre de toute dualité.
C'est ce que doit observer le sage, qui parviendra ainsi à la libération.
Auteur:
Buttex Martine
Années: 1952 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Les 108 upanishads, Maitreya-Upanishad, II, 1-4, p. 846, *état de celui qui ne sait pas, qui n’a pas de savoir
[
contemplation
]
enseignement
L'innocente jeunesse se rend à l'Université pleine d'une confiance naïve, et considère avec respect les prétendus possesseurs de tout savoir, et surtout le scrutateur présomptif de notre existence, l'homme dont elle entend proclamer avec enthousiasme la gloire par mille bouches et aux leçons duquel elle voit assister des hommes d’État chargés d'années. Elle se rend donc là, prête à apprendre, à croire et à adorer. Si maintenant on lui présente, sous le nom de philosophie, un amas d'idées à rebours, une doctrine de l'identité de l'être et du non-être, un assemblage de mots qui empêche tout cerveau sain de penser, un galimatias qui rappelle un asile d'aliénés, le tout chamarré par surcroît de traits d'une épaisse ignorance et d'une colossale inintelligence, alors l'innocente jeunesse dépourvue de jugement sera pleine de respect aussi pour un pareil fatras, s'imaginera que la philosophie consiste en un abracadabra de ce genre, et elle s'en ira avec un cerveau paralysé où les mots désormais passeront pour des idées ; elle se trouvera donc à jamais dans l'impossibilité d'émettre des idées véritables, et son esprit sera châtré.
Auteur:
Schopenhauer Arthur
Années: 1788 - 1860
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Contre la philosophie universitaire
[
critique
]
[
conventionnelle
]
[
usure
]
[
anti-académisme
]
[
formatage éducationnel
]
pensée-de-femme
Ah ! Chéri, comme je t'aime... Pourrais-tu en douter ? Tu m'as semé le vice dans le sang et je veux maintenant des étreintes farouches, à nulles autres pareilles. Je t'aime, je t'aime, je t'aime comme une bête en rut. Je veux te sentir pénétrer en mon être, décharger dans ma chair. Je veux jouir comme une brute sous tes caresses ou sous tes coups. Que m'importe ! Ce que je veux, c'est t'aimer, t'aimer, te donner du plaisir avec mon corps en fièvre qui réclame ta possession. Mon amant adoré mon petit dieu, que n'es-tu là pour calmer ce désir furieux qui monte, qui monte, qui m'emporte follement vers toi ! Vite samedi, je veux souffrir, je veux t'aimer. Je veux dévorer de baisers ta queue et ton cul que j'adore. Ma langue infatigable ira de l'un à l'autre. Je te sucerai, je te branlerai, je t'aimerai... Ah ! Charles, je deviens folle de désir, je n'en puis plus. J'ai mal dans tout mon être tendu vers toi éperdument. À ce soir mon aimé. Je t'adore. Je t'aime. Je te veux.
Auteur:
Anonyme
Années: ????? - 20??
Epoque – Courant religieux: Toutes
Sexe: H/F
Profession et précisions: ?
Continent – Pays: Tous
Info:
Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930
[
passion
]
[
sexe
]
[
stupre
]
christianisme
LA MERE AGNES
Vous êtes ma nièce, ma chère fille, et je voudrais vous donner plus qu’à pas une autre, une parole de soulagement. Mais il n’appartient pas à une créature de donner du soulagement dans une affliction ; c’est un office que Dieu a retenu pour soi seul. Et quel besoin de soulagement ? Vous souffrez et vous avez l’amour de Dieu. Vous avez tout.
LA SŒUR ANGELIQUE
Je n’ai pas tout.
LA MERE AGNES
Pourquoi vous tourmenter ? Dans notre religion, tout est tellement simple. Vous êtes heureuse ? Vous en rendez grâces. Vous êtes malheureuse ? Vous en rendez grâces. Vous n’avez qu’à vous laisser emmener, attendre les moments de Dieu, adorer tout ce qu’il vous envoie. Il y a soixante et onze ans que les tribulations m’entourent de leur fracas, sans que j’en aie éprouvé autre chose qu’un approfondissement du mystère divin, que je n’aurais pas éprouvé sans elles. Et je vais à la mort comme on va à la messe. Tout le temps n’est rien, ni ce qui s’y passe. Il n’y a de réel que l’éternité.
Auteur:
Montherlant Henry de
Années: 1896 - 1972
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Port-Royal, Editions Gallimard, 1954, pages 71-72
[
surnaturel
]
[
souffrance
]
[
contentement
]
christianisme
DIEU sentit lui-même qu'il n'était pas capable de gagner le cœur des hommes libres et des esprits polis, alors il usa de ruse. Pour séduire les âmes, il imagina une fable qui, sans être aussi ingénieuse que les mythes dont nous avons orné l'esprit de nos disciples antiques, pouvait toucher les intelligences débiles qui, partout, se trouvent en foule épaisse.
Il proclama que les hommes, ayant tous commis un crime envers lui, un crime héréditaire, en porteraient la peine dans leur vie présente et dans leur vie future (car les mortels s'imaginent follement que leur existence se prolonge dans les enfers).
Et l'astucieux Yahwveh fit connaitre qu'il avait envoyé son propre fils sur la terre pour racheter de son sang la dette des hommes.
Il n'est pas croyable que la peine rachète la faute, il est moins croyable encore que l'innocent puisse payer pour le coupable. Les souffrances d'un innocent ne compensent rien et ne font ajouter un mal à un mal. ..Cependant,.. il se trouva de malheureux êtres pour adorer Iahveh et son fils expiateur, et pour annoncer leurs mystères comme une bonne nouvelle.
Auteur:
France Anatole
Années: 1844 - 1924
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
La révolte des Anges
[
réfutation
]
science des sentiments
Cette fascination projetée, si l'on peut dire, par les Don Juan sur les Elvire, - pour rappeler le symbole immortel qu'en a donné Molière - a été bien souvent signalée et aussi souvent déplorée. Elle demeure un problème encore insoluble. Quelques-uns veulent y voir un pendant féminin de cette folie masculine qu'un misanthrope humoriste a nommée le rédemptorisme, le désir de racheter les courtisanes par l'amour. D'autres y diagnostiquent une simple vanité. En se faisant adorer par un libertin, une honnête femme n'a-t-elle pas l'orgueil de l'emporter sur d'innombrables rivales et de celles que sa vertu lui rend le plus haïssables ? Peut-être tiendrions-nous le mot de cette énigme, en admettant qu'il existe comme une loi de saturation. Nous n'avons qu'une capacité limitée de recevoir des impressions d'un certain ordre. Cette capacité une fois comblée, c'est en nous une impuissance d'admettre des impressions identiques et un irrésistible besoin d'impressions contraires. Un petit fait corrobore cette hypothèse : cet attrait du libertin ne commence, chez les honnêtes femmes, que vers la trentième année et lorsque la vie vertueuse leur a donné tout ce qu'elle comporte de joies un peu sévères.
Auteur:
Bourget Paul Charles Joseph
Info:
in "Un coeur de femme", éd. Alphonse Lemerre, p. 33
[
séduction
]
[
femmes-par-homme
]
[
référence littéraire
]
déclaration d'amour
En te voyant toute mignonne,
Blanche dans ta robe d'azur,
Je pensais à quelque madone
Drapée en un pan de ciel pur ;
Je songeais à ces belles saintes
Que l'on voyait, du temps jadis,
Sourire sur les vitres peintes,
Montrant du doigt le paradis ;
Et j'aurais voulu, loin du monde
Qui passait frivole entre nous,
Dans quelque retraite profonde,
T'adorer seul à deux genoux...
Soudain, un caprice bizarre
Change la scène et le décor,
Et mon esprit au loin s'égare
Sur de grands prés d'azur et d'or,
Où, près de ruisseaux minuscules,
Gazouillants comme des oiseaux,
Se poursuivent les libellules,
Ces fleurs vivantes des roseaux.
- Enfant, n'es-tu pas l'une d'elles
Qui me suit pour me consoler ?
Vainement tu caches tes ailes :
Tu marches, mais tu sais voler.
Petite fée au bleu corsage,
Que je connus dès mon berceau,
En revoyant ton doux visage,
Je pense aux joncs de mon ruisseau !
Veux-tu qu'en amoureux fidèles
Nous retournions dans ces prés verts ?
Libellule, reprends tes ailes,
Moi, je brûlerai tous mes vers ;
Et nous irons, sous la lumière
D'un ciel plus frais et plus léger,
Chacun dans sa forme première,
Moi courir, et toi voltiger.
Auteur:
Fabié François
Années: 1846 - 1928
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète régionaliste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Recueil : Fleurs de genêts, ma libellule
[
poème
]