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travail

Peu à peu, Hacine avait pris le rythme, en regardant faire son aîné. II avait remarqué que Jacques obéissait à des rituels, pour souffler, fractionner sa journée. La clope de 8 heures, une autre à 10 heures avec le café. À 11 heures, il montait le son de la radio, parce que c'était l'heure de son émission. Il tâchait de faire le plus gros du taf pendant la matinée, pour être peinard l'après-midi. Même chose, il donnait le maximum en début de semaine. Il existait comme ça toute sorte de ruses pour surmonter le désert, cette étendue uniforme de temps qui vous attendait au saut du lit, et pour de bon, jusqu'à la retraite. Hacine avait compris ça. Son temps ne lui appartenait pas. Mais il était toujours possible de duper l'horloge. En revanche, il ne pouvait rien contre cette évidence : d'autres volontés que la sienne dictaient leurs règles à son corps. Il était devenu un outil, une chose. Il bossait.

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Leurs enfants après eux, Page 311, Actes Sud, 2018.

[ assujettissement ] [ organisation ] [ routine ]

 

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eau

L'eau. Si on se glisse en elle sans la déranger, elle approuve, elle aime, elle s'enroule au corps, l'emporte et sourit avec lui.
Pour peu qu'on la frappe, qu'on la force, elle réplique immédiatement avec une énergie incroyable.
Au jeu de la violence, c'est elle qui l'emporte.
L'eau surenchérit.
Elle ne cède qu'à l'effusion onctueuse.

Et d'ailleurs, son nom le disait déjà, mais c'était de façon si discrète qu'on n'entendait pas.

Je dis bien, je répète: Eau. A-t-on jamais vu, lu, manipulé un mot semblable? un mot juste fait de son eau. Un mot d'eau imprenable, impossible à mordre, à cogner contre les dents, inodore et sans saveur, glissant entre les doigts.
J'écris _eau_. E. A. U.
Oh, ça alors...

Nulle consonne où agripper le mot, pas plus que la chose. (...)

Eau sans prise aucune.
Eau qui ne connaît que la déprise. De soi en elle, au travers d'elle.
Eau qui ne commence ni ne finit, me révélant mon indéfinité accordée à la sienne.

Auteur: Leclerc Annie

Info: Eloge de la nage

[ aqua simplex ]

 

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optimisme

Etre plein d'espoir dans les mauvais moments n'est pas que romantisme insensé mais repose sur des faits. L'histoire humaine est non seulement une histoire de cruauté, mais aussi de compassion, de sacrifices, de courage et de bonté.

Ce que nous choisissons de mettre en avant de cette histoire complexe déterminera nos vies. Si nous ne voyons que le pire, cela détruit notre capacité à faire quelque chose. Si nous nous souvenons des périodes ou des endroits - il y en a tant - où les gens se sont comportés magnifiquement, voilà qui nous donne l'énergie d'agir, au moins la possibilité d'envoyer cette toupie qu'est le monde vers une autre direction.

Et si nous agissons, même de façon modeste, nous n'avons pas à attendre un futur utopique. L'avenir est une succession infinie de présents, et vivre maintenant comme nous pensons que les êtres humains devraient vivre, au mépris de tout ce qui est néfaste autour de nous, est en soi une merveilleuse victoire.

Auteur: Zinn Howard

Info:

[ détermination ] [ positivisme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

désillusion

Avant Valérie, en fait, je n’avais rencontré aucune fille qui arrive à la cheville des prostituées thaïes ; ou alors peut-être quand j’étais très jeune, avec des filles de seize ou dix-sept ans, j’avais pu ressentir quelque chose. Mais dans les milieux culturels que je fréquentais, c’était carrément la catastrophe. Ces filles ne s’intéressaient pas du tout au sexe, mais uniquement à la séduction – et encore il s’agissait d’une séduction élitiste, trash, décalée, pas du tout érotique en fait. Au lit, elles étaient tout bonnement incapables de quoi que ce soit. Ou alors il aurait fallu des fantasmes, tout un tas de scénarios fastidieux et kitsch dont la seule évocation suffisait à me dégoûter. Elles aimaient parler de sexe, c’est certain, c’était même leur seul sujet de conversation ; mais il n’y avait en elles aucune véritable innocence sensuelle. Les hommes, d’ailleurs, ne valaient guère mieux : c’est une tendance française, de toute façon, de parler de sexe à chaque occasion sans jamais rien faire ; mais ça commençait à me peser sérieusement.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ femmes-par-homme ] [ libido ] [ théorie-pratique ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

mariage

- C'est ta façon d'essayer de trouver le bon, répondit Stella. Je fais la même chose. La seule différence, c'est que je ne couche pas avec eux. J'ai trop peur. A la place, je tombe amoureuse. Pas d'un amour très profond. Je suis si désespérément romantique que la seule idée de l'amour me suffit presque, bien que je sache, au fond de mon coeur, que
l'essentiel n'est que chimères et que je serai déçue. Je le suis presque toujours. Mais cette fois, avec Philip, je crois que c'est différent.
- Moi, dit Prue, je ne marche pas dans tous ces romans fleur bleue. Surtout pas quand il y a une guerre - pas de temps à perdre. Se déshabiller aussi vite que possible, voilà ma devise, avant que ces pauvres diables ne soient tués. Un peu de plaisir rapide, puis au suivant. A la fin de la guerre, quand nous serons tous un peu plus vieux et plus sages - il sera temps de chercher un mari.

Auteur: Huth Angela

Info: Les Filles de Hallows Farm

[ femmes-entre-elles ] [ choisir ] [ profiter ]

 

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seconde guerre mondiale

Et ce qui se produit aujourd’hui [en 1933] en Allemagne, c’est la même chose. Et les gens à l’étranger croient que l’Allemagne pense à la guerre. Peut-être avez-vous vu cette caricature anglaise dans Punch, un homme avec une lance à la main et des cornes sur la tête, une sorte de Teuton avec une torche et des yeux enflammés, et il fonce, il a déjà brisé l’une de ses chaînes. Mais il y a méprise ; c’est une immense fête de l’amour qui se joue dans les esprits, pas celle de la guerre. Et bien sûr quand les gens sont dans une telle ambiance, ils deviennent fous aussi, mais psychologiquement c’est d’importance secondaire. Pour les pays autour, la différence est évidemment colossale, mais si les voisins de l’Allemagne ne deviennent pas fous, cela ne conduira pas forcément à la guerre. Car tout ça a un caractère hochzitlich [nuptial], ce sont les réjouissances des noces de toute une nation. D’où ce déploiement extravagant de sentimentalisme et ces torrents émotionnels.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Analyse des visions", conférence du 10 mai 1933

[ minimisation ] [ collectif ] [ signes avant-coureurs ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

créativité

Je préfère toujours que mes toiles soient dans un cadre et sous verre. C’est une idée d’aujourd’hui qui veut qu’on n’encadre plus les tableaux, mais j’ai l’impression que par rapport à ce que c’est que la peinture, c’est une idée fausse. Le cadre, c’est quelque chose d’artificiel, et il est là précisément pour renforcer l’aspect artificiel de la peinture. Plus l’artifice des tableaux qu’on réalise est apparent, mieux cela vaut, et même, plus la toile a des chances de marcher, de montrer quelque chose. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est une évidence en art : on atteint son but par l’emploi du maximum d’artifice, et l’on parvient d’autant plus à faire quelque chose d’authentique que l’artificiel est patent. Prenez par exemple les poètes grecs ou classiques, leur langue était très artificielle, très construite. Tous, ils travaillaient à l’intérieur d’un cadre très contraignant, cela représentait une soumission considérable, et c’est pourtant ainsi qu’ils ont donné leurs plus grands chefs-d’œuvre, ceux qui nous donnent à nous lecteurs cette impression de liberté et de création maximales

Auteur: Bacon Francis II

Info: Entretiens, p 140-1

[ dépassement ] [ sujétion ] [ oulipo ] [ fond-forme ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

enfance

Et, pourtant, au cours de leur long voyage du passé vers le présent, les objets environnants ont perdu une qualité essentielle, tellement indéfinissable qu'on ne peut même pas l'expliquer. Avant, la journée commençait ainsi : les adultes partaient au travail, la porte se refermait derrière eux et tout l'énorme espace qui m'entourait, la multitude infinie d'objets et de positions devenaient miens. Plus aucun interdit ne fonctionnait. Les objets semblaient se détendre et cessaient de cacher quelque chose. [...] Lorsque les adultes étaient là, le lit, je le jure, rétrécissait, se faisait étroit et inconfortable. mais dès qu'ils partaient au travail, soit il devenait plus large, soit l'on pouvait mieux s'y installer. Et chaque planche - à l'époque, on ne les peignait pas encore - se couvrait des arabesques dessinées par la croissance des arbres hachés par la scie sous des angles incroyables. Disparaissaient-elles en présence des adultes ou bien n'y prêtait-on pas attention sur fond de conversations pesantes à propos des équipes de travail, des normes à remplir et de la mort qui rôdait ?

Auteur: Pelevine Viktor

Info: Ontologie de l'Enfance

[ nostalgie ] [ dépoétisation ] [ utilitarisme ]

 
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couple

Comédie. Nous avons tous peur et en même temps grand besoin de l'"être-deux" pour affronter la vie. L'amour est la reconnaissance du Toi. Un besoin du Toi. D'une manière ou d'une autre, je perds toujours mon guide à mi-chemin sur la montagne. Je ne crois pas que je cherche un homme, mais un dieu. Je commence à éprouver un vide, qui correspond certainement à l'absence d'un dieu. J'ai déifié l'homme. L'un après l'autre, j'ai cherché un guide, un père, un chef, un soutien. J'ai un mari, un protecteur, des amants, un père, des camarades, mais il me manque encore quelque chose. Ça doit être Dieu. Mais je déteste un Dieu abstrait. Je veux un Dieu de chair, un Dieu incarné et fort, avec deux bras et un sexe. Et sans défauts. Ce qui prouve que j'ai mélangé mes amours humaines et divines, alors qu'elles ne veulent pas se mélanger; aussi, plus vite séparerai-je Dieu de l'homme, mieux se porteront les hommes que j'aime. J'ai aimé le génie, qui est ce qui se rapproche le plus de la divinité.

Auteur: Nin Anaïs

Info: Journal de l'amour

[ hommes-par-femme ] [ quête d'absolu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

changement de paradigme

La formulation du dilemme est maintenant modifiée : ou bien il est impossible de faire l’anthropologie du monde moderne — et l’on a bien raison d’ignorer ceux qui prétendent offrir une patrie aux réseaux sociotechniques ; ou bien il est possible de la faire mais c’est la définition même du monde moderne qu’il faudrait altérer. Nous passons d’un problème limité — pourquoi les réseaux demeurent-ils insaisissables ? — à un problème plus large et plus classique : qu’est-ce qu’un moderne ? En creusant l’incompréhension de nos aînés à l’égard de ces réseaux dont nous prétendons qu’ils tissent notre monde, nous apercevons ses racines anthropologiques. Nous y sommes aidés, heureusement, par des événements considérables qui enterrent la vieille taupe critique dans ses propres galeries. Si le monde moderne devient à son tour capable d’être anthropologisé, c’est qu’il lui est arrivé quelque chose. Depuis le salon de Mme de Guermantes, nous savons qu’il faut un cataclysme comme celui de la Grande Guerre pour que la culture intellectuelle modifie légèrement ses habitudes et reçoive enfin chez elle ces parvenus chez qui l’on n’allait pas.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 10

[ anthropie négative ]

 

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Ajouté à la BD par miguel