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habits multifonctions

Je m'inquiétais à l'idée que l'étroit petit lit ne convienne pas à son grand corps, mais là aussi Wen m'a surprise. Avant d'enlever sa robe tibétaine, elle en a sorti ses affaires comme un magicien sort des oiseaux de son chapeau. De deux poches intérieures elle a extrait des livres et de l'argent, et des poches de sa manche des petites bourses en peau de mouton. De sa botte droite, un couteau, de sa gauche, des papiers. Elle a plongé la main dans la ceinture de sa robe et en a retiré deux grandes sacoches de cuir. Puis elle a dénoué sa longue ceinture de soie, à laquelle étaient attachés d'autres petits sacs de cuir et des outils.
Je l'observais, stupéfaite, sa robe lui servait de bagage. Elle s'est révélée lui servir aussi de lit. Elle l'a étalée sur le lit comme un matelas, a placé la ceinture de soie sur les livres et les cartes pour se faire un oreiller, puis fourré toutes ses affaires dans les manches de sa robe à l'exception du couteau. Elle a posé ce dernier sur l'oreiller, à portée de main. Elle s'est ensuite allongée sur sa robe, a rentré les poignets des manches sous son oreiller et s'est couvert les jambes avec les deux grands sacs vides. Son corps et ses affaires étaient ainsi parfaitement protégés.

Auteur: Xinran Xue

Info: Funérailles célestes

[ vêtement couteau suisse ]

 
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rétrocausalité

Ce que nous appelons "réalité" est en fait l’objectivation de nos formations de pensées antérieures. J’ai lu le Livre des morts tibétain à la fin des années 1950 ou au début des années 1960 et j’ai senti que c’étaient en fait notre monde, notre condition qui y étaient décrits, et non un monde, une condition qui suivent la "vie". Les êtres du Bardo Thödol n’ont pas conscience de se trouver dans cet état précis : ils ignorent que les bons et les mauvais esprits (événements, êtres, choses) qu’ils y rencontrent sont leurs propres idéations (antérieures) projetées sur un pseudo-monde, et que contrairement aux apparences, ils peuvent créer, modifier et abolir la réalité future (et non pas présente, puisqu’il y a un décalage).

Avant de lire le Livre des morts tibétain je tendais vers un acosmisme radical (gnostique) ; c’est pourquoi j’ai (inconsciemment, c’est-à-dire par l’effet de ma volonté) correctement déconstruit le Livre des morts comme peu de gens l’ont fait. Très vite, des choses impossibles ont commencé à arriver ; je me suis retrouvé dans le genre d’univers métastatique en pâte à modeler que je décrivais dans mes livres.

C’est de la gnose ésotérique au degré le plus élevé. Nous ne vivons pas dans un univers réel. C’est un rêve. Mais qui ne réagit pas ouvertement à nos croyances (nos peurs et aspirations, notre vision du monde/idéologie). Sa réaction est retardée, randomisée. Pour s’en rendre maître, il faut absolument bénéficier des conditions sine qua non (sagesse, idéologie pragmatique, etc.), savoir formuler les bonnes hypothèses, en faire une évaluation juste.

Nous devons changer de "sillon" afin d’améliorer notre condition.

Auteur: Dick Philip K.

Info: L’Exégèse vol.2 (trad. Hélène Collon)

[ intentionnalité ] [ performatif ] [ responsabilité individuelle ] [ monde intermédiaire ]

 
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généalogie

La propre source, c’est ce que chaque femme et chaque homme au monde reçoit en héritage par sa naissance, avec son nom propre, sans l’avoir en commun avec qui que ce soit d’autre. Qui que vous soyez, vous êtes né quelque part, de parents nés eux aussi quelque part. Ce quelque part n’est pas seulement un lieu géographique ni une histoire familiale : c’est une langue, une provenance spirituelle, une sagesse ascendante. Que vous le sachiez ou pas, qui que vous soyez votre origine est royale. La femme de ménage algérienne la plus démunie a sa propre source royale. L’ouvrier breton le plus harassé aussi. Le petit commerçant chinois endetté aussi. La prostituée albanaise aussi, comme l’Inuit alcoolisé, le Tibétain exilé, le Malais esclavagisé, le mendiant roumain, le Corse anachorète, le Juif haineux de soi…



Accéder à sa propre source n’est pas compliqué en soi. La méthode en est d’autant plus simple qu’elle n’a pas varié depuis des siècles. Commencez par méditer votre histoire familiale. Elle a été refoulée, occultée, envenimée ? Vos propres parents furent des monstres qui cherchèrent à vous détruire parce qu’eux-mêmes aussitôt nés furent écrabouillés ? Remontez plus haut, toujours plus haut, écoutez, parlez, questionnez, lisez surtout, partez à la recherche de  d’où vous venez, ce là qui est moins un lieu qu’un lien, un invisible ombilic tramé de mots, ce là où vos ancêtres vous attendent pour vous rajeunir.



Cela n’est pas compliqué, mais cela n’est pas facile. Ressusciter en pensée ne va pas de soi. Les obstacles se dressent avec autant de pugnacité que les portes dérobées s’ouvrent sans prévenir. Puis, une fois retrouvée votre propre source, rien ne peut vous empêcher de vous pâmer dans l’onde du fleuve jusque vers la mer que chérissent les hommes libres, de vous intéresser à toutes les autres cultures, d’apprendre tous les autres savoirs.

Auteur: Zagdanski Stéphane

Info: 17 janvier 2022 https://lundi.am/A-quoi-comparer-cela

[ interrogation ] [ rencontre ] [ singularités ]

 

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gourou

Il (Sogyal Rinpoché ) manque d'autre part d'humilité et de respect pour ses étudiants, les manipule et ne se met pas du tout à leur place. Il en abuse même (présence, argent, dignité, sans même prendre en compte les rumeurs le concernant...). C'est le rejeton d'une riche famille dont on ne savait que faire après le remariage de sa mère, et qui en conséquence a été reconnu par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö, son oncle. Sur le plan de son savoir, il n'a pas vraiment suivi d'éducation monastique (collège catholique puis université de Delhi) et a appris ce qu'il sait aux côtés de Dudjom. Il est moins à l'aise (ne répond pas directement aux questions) et en sait beaucoup moins que les lamas venus cet été. Sa "folle sagesse" est un alibi mais un syllogisme : le génie côtoie la folie, mais ce n'est pas parce qu'on fait le fou que l'on est génial. Sa force : un livre vendu à deux millions d'exemplaires mais qu'apparemment il n'a pas écrit. Sa réussite : après plus de trente ans, moins de 500 retraitants dont une bonne partie de paumés.
6° Rigpa International est devenu une secte. Quand on examine les caractéristiques des sectes, la plupart d'entre elles s'appliquent à Rigpa. Ce sont des faits, pas de simples impressions. Quant au fruit de Rigpa, c'est trois fois rien : quelques monastères que l'on aiderait, Mylène et ses petites filles tibétaines, Dzogchen Beara et ses sept places... payantes.
7° Je peux continuer à fréquenter Rigpa, dans la mesure où cela peut donner accès à des maîtres authentiques, par exemple peut-être l'été prochain à Lerab Ling. Mais en restant sur mes gardes, notamment au niveau du fric : plus de bénévolat, plus de dons, plus de sponsoring, seulement du donnant-donnant : il y a des enseignements ou prestations qui m'intéressent, donc je viens et ne paie que pour ça, c'est tout.

Auteur: Dapsance Marion

Info: Les dévots du bouddhisme, p. 262

[ tromperie ] [ arnaque ] [ vacherie ]

 

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réappropriation culturelle

Quelques jours après notre première rencontre, il m'apporta un livre dans la version anglaise qu'il avait lui-même traduite du français. C'était L'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, de René Guénon.

La lecture de ce livre allait radicalement transformer mes façons de penser. Eclairant dans leur vraie perspective les rapports entre l'Orient traditionnel et l'Occident moderne, elle devait m'aider à trouver les réponses aux grandes questions que je me posais depuis l'université et, finalement, à me réintégrer intellectuellement et spirituellement à cet Orient et à ma propre tradition. En fait il s'agissait là de bien plus que des doctrines hindoues et j'y trouvai de quoi réfléchir aux plus grandes questions métaphysiques. René Guénon m'ouvrait des aperçus en comparaison desquels toute la culture académique que nous avions dû assimiler à l'université me paraissait singulièrement bornée. Il m'invitait à une ré ­flexion nouvelle sur les possibilités spirituelles de la condition humaine et le sens de la civilisation. [...]

Ce fut aussi pour moi l'occasion de saisir à quel point j'avais été imprégné par la pensée et les conceptions de l'Occident moderne en dépit du milieu oriental de mon éducation. La notion de supériorité occidentale s 'était en effet insinuée partout, le Tibet "arriéré" faisant sans doute encore exception du fait de son isolement géographique, et personne, à ma connaissance, n'avait encore osé la contester.

A vrai dire, je n'avais eu dans mes jeunes années que peu de contacts directs avec des Occidentaux et, à part les révérends Driver et Bescoe, tous mes maîtres avaient été des Orientaux. Mais, qu'ils en fussent conscients ou non, leur enseignement transmettait des valeurs plus occidentales qu'orientales et leur attitude témoignait généralement d'une admiration implicite pour la civilisation moderne.[...]

Parmi les notions fondamentales que j'en retins à ce stade initial figuraient d'abord la primauté de la métaphysique traditionnelle et universelle, "centre unique de toutes les doctrines de l'Orient". Guénon soulignait que l'Occident s'était rendu étranger à cette connaissance métaphysique pour développer une pensée philosophique ne se situant pas au même niveau d'universalité. Cette constatation d'une importance capitale était à la base de sa critique de la civilisation occidentale dont il dénonçait le manque de principe supérieur et l'incapacité de comprendre ceux auxquels l'Orient demeurait attaché.

Auteur: Radhu Abdul Wahid

Info: Dans "Caravane tibétaine"

[ contamination idéologique ] [ texte révélation ]

 

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pensée-de-femme

Elle [M-A Murail à l’âge de 12 ans] :

De toutes mes forces je refuse the murder of soul ! L'assassinat d’une âme à cause de deux ou trois bambins. Le matériel ne me tuera pas. Frotter les cuivres, faire l’argenterie, vu ? Dans une famille chacun doit porter sa part de médiocrité quotidienne ou bien il y a une sacrifiée. L'éternelle sacrifiée. Mais moi, je ne serai pas celle-là. Pas par égoïsme mais par refus de la facilité, je ne serai pas celle-là.

Moi [M-A Murail aujourd’hui] :

Tu refuses d'être une femme comme "celle-là", j'ai refusé d'être une mère comme "celle-là". Puis j'ai été une femme comme les autres, une mère comme toutes les mères. Est-ce que je le regrette ? C'est ça que tu veux savoir ?

Je me suis parfois étonnée de ce que maman se satisfit d'une vie artistique par procuration, mais j'ai été blessée de ce que mon père, malgré ses quatre enfants, considérait sa vie comme ratée parce qu'il était un poète incompris.

Qu'est-ce que j'en conclus ? Que pour moi le carton plein, la vie réussie, c'est Dickens et ses dix enfants ? Mais il s'agit là d'une figure masculine.

Si tu regardes du côté des femmes écrivains, que vois-tu ?

Jane Austen, pas d'enfant ; les sœurs Brontë, pas d'enfant ; Madame d'Aulnoy, une "Chatte blanche" et un "Oiseau bleu" ; Béatrix Potter, des lapins ; Marguerite Yourcenar, pas d'enfant ; Colette, une fille à 40 ans ; Alexandra David-Néel, un fils adoptif tibétain ; Simone de Beauvoir, une fille adoptée à l'âge adulte ; Anaïs Nin, pas d'enfant ; Virginia Woolf, pas d'enfant ; Hannah Arendt, pas d'enfant ; Selma Lagerlöf, pas d'enfant ; Karen Blixen, pas d'enfant … OK, la comtesse de Ségur, huit enfants, mais elle publia après les avoir élevés.

Aurais-je écrit mieux si j'avais été une femme libre, sans enfant à surveiller au jardin, sans caddie à remplir à Carrefour ? J'aurais sans doute écrit davantage. Et sûrement autre chose.

J'écrivais dans le brouhaha de la vie, mon cahier sur les genoux, des gamins prenant leur goûter ou faisant leurs devoirs à côté de moi, avec Goldorak en fond sonore.

Je n'ai eu la chambre à soi qu'à 42 ans, et contrairement à la recommandation de Virginia, elle ne fermait pas à clé. Quand j'écrivais, j'avais un ange dans mon dos.

Auteur: Murail Marie-Aude

Info: En nous beaucoup d'hommes respirent

[ écriture ] [ femmes-par-femme ] [ littérature ] [ maternité ]

 
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origine légendaire

Lorsque le niveau de l’eau se mit à s’élever, tous les poissons remontèrent à la surface, gonflés, déjà morts ou en train d’agoniser en se convulsant. Le peuple des rives du lac regarda son garde-manger disparaître en l’espace de quelques jours – l’inondation ne semblait pas vouloir s’arrêter. L’un des anciens de la tribu remarqua que l’eau avait pris un goût salé. Bientôt, elle vint lécher les fragiles fondations des huttes en bois : il n’y avait rien d’autre à faire que de fuir devant ce déferlement, en emportant tout ce qu’on pouvait. Des réfugiés apeurés des tribus de l’Est rapportèrent avoir entendu un épouvantable grondement. Ceux qui s’attardèrent furent noyés. En quelques semaines, le niveau de l’eau s’éleva de 120 mètres. Ceux qui firent partie de cette diaspora désespérée fuirent vers l’ouest, le long de la vallée du Danube, ou le sud-est, au pied du Caucase. D’autres traversèrent les terres sauvages, loin à l’est, pour finalement trouver refuge autour d’un lac qui se trouvait alors entre les monts Tian et le plateau tibétain. Une poignée de tribus, plus chanceuses ou plus audacieuses, franchirent les monts du Taurus pour arriver dans les plaines connues aujourd’hui sous le nom de Mésopotamie. Dans tous les lieux où les survivants finirent par s’installer, l’effroyable inondation devint un événement capital qui servit à mettre en garde et à terroriser les générations suivantes, un événement si profondément traumatique qu’on se le raconta pendant plusieurs millénaires, transmettant son souvenir à l’oral avant de l’immortaliser dans l’argile. Aujourd’hui encore, les guslars, ces rhapsodes des Balkans, continuent de le chanter. Ce fut, d’après Ryan et Pitman, le vrai Déluge, l’événement historique qui a inspiré l’épisode biblique. Le Déluge résulta de l’inondation d’un immense lac d’eau douce qui devint, en quelques semaines, la mer Noire. Elle est noire parce que, quelques mètres sous sa surface, la vie disparaît – à cause du manque d’oxygène – et que son fond est recouvert d’une vase sombre et fétide où seules les bactéries peuvent se développer. Les poissons ne prospèrent que dans la couche supérieure des eaux, au-dessus de profondeurs où ils étoufferaient en quelques secondes. La transformation de ce lac en une mer, la plus mystérieuse de toutes, a eu lieu lorsque les Dardanelles furent percées il y a plus de 7 000 ans. La Méditerranée se déversa à travers un canyon en direction des terres en contrebas lorsqu’une barrière de terre céda. C’était la conséquence de la montée du niveau de l’eau à la fin de la dernière ère glaciaire. Une catastrophe comparable à la rupture d’une digue géante, un déferlement équivalant à 400 chutes du Niagara.

Auteur: Fortey Richard

Info: Books.fr, https://www.books.fr/une-autre-histoire-du-deluge-2/

[ traumatisme ] [ catastrophe naturelle ] [ géographie ] [ genèse ]

 

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transmigrations

Les expériences les plus déconcertantes étaient celles dans lesquelles la conscience du patient semblait s'étendre au-delà des limites habituelles de l'ego et explorer ce que c'était que d'être d'autres êtres vivants et même d'autres objets. Par exemple, Stanislav Grof avait une patiente qui fut soudainement convaincue d'avoir pris l'identité d'un reptile préhistorique féminin. Non seulement elle donna une description richement détaillée de ce qu'elle ressentait en étant encapsulée dans une telle forme, mais elle indiqua que la partie de l'anatomie du mâle de l'espèce qu'elle trouvait la plus excitante sexuellement était une tache d'écailles colorées sur le côté de sa tête. Bien que la femme n'ait pas eu de connaissances préalables sur ce sujet, une conversation que Grof eut avec un zoologiste confirma par la suite que chez certaines espèces de reptiles, les zones colorées sur la tête jouent effectivement un rôle important en tant que déclencheurs de l'excitation sexuelle. Certains patients pouvaient également accéder à la conscience de leurs proches et de leurs ancêtres. Une femme fit l'expérience de ce qu'était sa mère à l'âge de trois ans et décrivit avec précision un événement effrayant qui avait frappé sa mère à l'époque. La femme donna également une description précise de la maison dans laquelle sa mère avait vécu ainsi que du tablier blanc qu'elle portait - tous détails que sa mère confirma plus tard en admettant qu'elle n'en avait jamais parlé auparavant. D'autres patients ont donné des descriptions tout aussi précises d'événements survenus à des ancêtres qui avaient vécu des décennies, voire des siècles auparavant. D'autres expériences ont conduit à l'accès à de souvenirs raciaux et collectifs. Des individus d'origine slave ont vécu ce que c'était que de participer aux conquêtes des hordes mongoles de Gengis Khan, de danser en transe avec les bushmen du Kalahari, de subir les rites d'initiation des aborigènes australiens et de mourir comme victimes sacrificielles des Aztèques. Et encore, les descriptions contenaient fréquemment des faits historiques obscurs et un degré de connaissance qui était souvent en contradiction totale avec l'éducation du patient, sa race et son exposition antérieure au sujet. Par exemple, un patient sans instruction a donné un compte rendu richement détaillé des techniques d'embaumement et de momification utilisées en Égypte, y compris la forme et la signification de diverses amulettes et boîtes sépulcrales, une liste des matériaux utilisés pour fixer le tissu de la momie, la taille et la forme des bandages de la momie, et d'autres facettes ésotériques des services funéraires égyptiens. D'autres individus se sont connectés aux cultures de l'Extrême-Orient et ont non seulement donné des descriptions impressionnantes de ce que c'était qu'avoir une psyché japonaise, chinoise ou tibétaine, mais ont également relaté divers enseignements taoïstes ou bouddhistes.

Auteur: Talbot Michael Coleman

Info: L'univers holographique

[ états modifiés de conscience ] [ télépathie ]

 

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fable zen

Dans la fourmillière d'un vaste monastère, il y avait un vieux moine discret, humble, un sans-grade, un obscur parmi les obscurs, un rien farfelu. Ses confrères le tenait pour un ignare, doublé d'un illuminé dans le sens commun, et non boudhiste, de simple d'esprit. Il faut dire que malgré toutes les années passées à l'ombre des murs du monastère, il ne brillait pas par son érudition. Le vétéran boudait en effet la lecture des textes sacrés et, à la belle saison, passait le plus clair de son temps au bord d'un étang constellé de lotus, bercé par le murmure du vent, la psalmodie des insectes et le chant des oiseaux. Il y méditait distraitement assis sur un rocher, sous le monumental parasol d'un vieil arbre.

Par un bel après-midi d'été inondé de soleil, un groupe de jeunes moines partit faire le tour de l'étang. C'est alors qu'ils purent observer avec stupéfaction, la manière fort découssue que l'ancien avait de méditer. Il ne se passait pas cinq minutes sans qu'il se penche pour troubler le miroir liquide avec une brindille. Il allait même parfois jusqu'à se lever pour faire quelques pas une branche à la main, avec laquelle il tirait une feuille d'arbre hors de l'eau. Son curieux manège fit rire ses cadets qui entreprirent de lui donner une leçon sur la méditation.

- Ne serait-il pas préférable de vous recueillir les yeux fermés afin de ne pas être distrait par le spectacle du monde ?

- Comment espérer atteindre une haute réalisation spirituelle si vous bougez sans cesse ? Vous ne pouvez pas stabiliser votre esprit ni laisser le prana circuler harmonieusement dans les canaux subtils.

- C'est vrai, prenez exemple sur le Boudha qui a obtenu l'Éveil suprême en demeurant immobile sous l'arbre de l'illumination.

Le vieux moine s'inclina pour les remercier de leurs conseils et, tout en leur montrant un insecte qu'il venait de repêcher avec une brindille, il leur dit, un sourire désarmant aux lèvres :

- Vous avez sans doute raison, mes jeunes frères. Mais comment pourrai-je méditer sereinement s'il y a autour de moi des êtres vivants en train de se noyer ?

La bande des cadets resta interloquée. Il y eut un long silence puis l'un d'eux, rompu aux joutes métaphysiques et voulant à tout prix sauver la face, répliqua :

- Vous devriez vous retirer dans une grotte pour vous consacrer à votre propre salut. Ne vous souciez pas trop du destin des autres. Laissez faire l'ordre naturel du monde. Chacun récolte le résultat de ses actes antérieurs. Telle est la loi du karma.

Et, sur ces paroles sentencieuses, les donneurs de leçons se drapèrent dans leurs toges monastiques et s'éloignèrent. Ils gagnèrent une passerelle qui enjambait l'étang. C'est alors qu'au beau milieu de la traversée, l'un d'eux glissa sur une planche moussue et tomba à l'eau. Le malheureux, qui n'était autre que le discoureur karmique, pataugeait parmi les nénuphars, visiblement en train de se noyer. L'étang était profond à cet endroit. Ce fut l'affolement général, aucun moine ne savait nager.

Le vieil original, son infatigable sourire aux lèvres, se leva d'un bond, prit une branche et, comme elle n'était pas assez longue, il se mit à marcher sur l'eau. Sous le regard médusé des jeunes moines, il crocheta le candidat à la noyade et le tira jusq'à la berge sans même mouiller les pans de sa robe rapiécée.

L'histoire miraculeuse fit le tour du monastère. On tenait désormais le vieux pour un saint, un bodhisattiva caché, un Boudha vivant. Il en prit ombrage car il ne supportait pas d'être un objet de dévotion. Il gagna une autre province où il se cacha dans la fourmillière d'un vaste monastère.

Auteur: Anonyme Tibet

Info: Au bord d'un étang - Conte tibétain. In Contes des sages du Tibet de Pascal Fauliot

[ discrète existence ]

 
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croyances

Le Spectacle a besoin de recréer un milieu obscurantiste qui lui soit entièrement favorable après la débandade des religions, quelque chose comme une "structure" transcendante, un tissu spirituel de remplacement sans lequel il courrait le grand danger de se retrouver anéanti.
Il faut bien dire que, pour ma part, je vis dans une sorte d’extase éveillée depuis que naguère j’ai écrit Le XIXe siècle à travers les âges, et que maintenant je vois mon livre se continuer, s’illustrer tout seul, dans toutes ses dimensions, sans arrêt, et toujours plus brillamment, se confirmer sans cesse, au-delà de mes espérances, se grossir chaque jour de nouveaux chapitres sans que j’aie besoin de me fatiguer… Le crétinisme occulto-orientaliste new age sauce ère du Verseau venu de Californie n’est que la dernière en date des innombrables variantes de l’éternel spiritisme, le dernier marché juteux de l’abrutissement spiritualoïde, avec caissons insonorisés pour séminaires de relaxation d’où ressortent transfigurés des employés du "tertiaire" qui se répandent en cohortes par toute la terre et vont annoncer l’avènement du Millénium de l’Amour et de la Lumière.
On peut voir aussi des businessmen publier leurs réflexions croustillantes sur les "pouvoirs psychiques de l’homme" ; une grande compagnie pétrolière loue les services d’un célèbre tordeur de petites cuillères dans l’espoir de découvrir de nouveaux gisements ; la mégalomanie entrepreneuriale cherche des appuis dans le paranormal, les phénomènes extrasensoriels, la numérologie (attention au numéro de la rue où se trouve votre boîte : vous risqueriez, s’il est mal choisi, d’avoir de sérieux problèmes de trésorerie) ; des managers s’initient aux arts martiaux, au soufisme, au parachute ascensionnel, aux rites des Chevaliers de la Table Ronde, à la spéléologie mystique, au chamanisme télépathique, à la psychokinèse, aux tarots cosmiques, aux néo-cultes dionysiaques, aux croisières subliminales, à la musicothérapie (guérisons à coups de cymbales tibétaines) ; on embauche à partir du groupe sanguin, du thème astral ou de l’étude morphopsychologique.
Ce qu’il y a d’intéressant aujourd’hui, c’est que le Business se trouve lui aussi entièrement envahi par la grande escroquerie occultiste. Le nouveau couple du siècle c’est l’Entrepreneur et le Charlatan. Le requin de haute finance et le faisan numérologue.
Philippulus le Prophète et Rastapopoulos l’Arnaqueur.
Comme je comprends que les Occidentaux s’insurgent, du haut de leur "laïcité" en lambeaux, contre les obscurantismes des autres ! Comme je comprends que nous nous scandalisions à la pensée des tchadors et des ayatollahs ! Comme il est logique que nous nous alarmions de la montée de l’intégrisme islamique ou de la renaissance de l’irrationalisme en Europe centrale et en URSS, alors qu’ici, en France, une biographie d’Edgar Pœ, par exemple, peut paraître, sans faire rire personne, équipée d’une "carte du ciel" ("signe du Capricorne, ascendant Scorpion, triple influence de Saturne, Uranus et Neptune") ! Dans le cafouillage contemporain, il est d’ores et déjà redevenu presque impossible de distinguer les croyants proprement dits (intégristes, fondamentalistes et autres) de la prétendue "société laïque". De même que les terres anciennement cultivées puis abandonnées ne retournent jamais à la friche originelle mais se couvrent de ronces et deviennent "folles", de même cet univers débarrassé de ses vieilles religions réinvente à toute allure des "spiritualités" de seconde main, des dévotions ubuesques de secours qu’il semble tout à fait interdit de trouver seulement dérisoires. Le télévangélisme n’est déjà plus une part limitée de la réalité, comme on voudrait le croire en se moquant, par exemple, des télévangélistes américains ; il a vocation de se révéler, à court terme, le tout du monde. "Croyez, nous ferons le reste !" Le néo-obscurantisme qui s’étale aujourd’hui grâce aux médias est une merveilleuse technique de gouvernement. Il n’y a, en réalité, aucun "retour de la religion", comme le prétendent les maîtres du Show ou leurs esclaves, aucune "réapparition du sacré", aucune "respiritualisation", aucun "renouveau charismatique".
Ce qui s’organise, c’est la mise en scène de résidus religieux, sous leurs formes les plus délirantes si possible, par le Spectacle lui-même et au profit du Spectacle, dans le but d’entretenir ou de réactiver le noyau dur d’irrationnel, la fiction mystique vraiment consistante, sans quoi aucune communauté, aucun collectivisme, aucune solidarité ne pourraient tenir le coup très longtemps.
Le Spectacle a besoin de l’occulte et l’occulte du Spectacle. La Cordicocratie y gagne le supplément de transcendance qui lui est indispensable pour affirmer que la perfection se trouve en elle. D’où la multiplication des bouffonneries télévisées : exhibitions de "messes noires" sur les plateaux, rites vaudou pitoyables, satanismes de banlieue, débats sur les extraterrestres, interviews de "maîtres spirituels" grotesques et loqueteux…

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "L'empire du bien"

[ mythe moderne ] [ dévitalisation ] [ retour du refoulé ]

 

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