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vocabulaire

Le but de tout signe est d'exprimer le "fait", et en se joignant à d'autres signes, d'approcher au mieux la détermination d'une interprétation qui serait la vérité parfaite, la vérité absolue, et comme telle (au moins, nous pouvons utiliser ce langage) serait l'Univers même. Aristote tâtonne vers une conception de la perfection, ou entéléchie, qu'il ne parvient jamais à rendre claire. Nous pouvons adopter le mot pour signifier le fait même, c'est-à-dire le signe idéal qui devrait être tout à fait parfait, et donc identique, - dans l'identité qu'un signe peut avoir, - avec la matière même désignée unie avec la forme même qu'elle signifie. L'entéléchie de l'Univers de l'être, donc, l'Univers en tant que fait, sera cet Univers dans son aspect en tant que signe, la "Vérité" de l'être. La " Vérité ", le fait qui n'est pas abstrait mais complet, est l'interprète ultime de chaque signe.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: New Elements (Kaina stoiceia). MS [R] 517. (1904 [c.])

[ unicité ] [ présent ] [ réalité ] [ secondéité source ] [ miroir ]

 

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élément distinct

Le mot individualité appliqué à une eccéité (qualité d'une chose d'être ici et maintenant telle qu'elle est) implique une conception unilatérale de la question, comme si unité et ségrégation étaient ici la caractéristique. Mais ce n'est pas le cas. L'unité ségrégative appartient à la conscience immédiate, à la qualité ; et où qu'elle apparaisse, voilà son origine réelle. La véritable caractéristique de cette unité est la dualité ; et ce n'est que lorsqu'un membre de la paire est considéré exclusivement qu'il apparaît comme une individualité. Mais ce qui est communément présent à notre esprit lorsque nous parlons d'individualité est une manière positive de repousser la généralité. Nos pensées sont tellement imprégnées cette dernière, que nous regardons tout de son point de vue. Au lieu de penser à cette individualité telle qu'elle est en elle-même et pour elle-même, nous la considérons dans sa relation avec la généralité.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Abstracts of 8 Lectures, 1897-8, Manuscript Id: MS [R] 942. From the Robin Catalogue

[ notion séparée ] [ dichotomie ] [ focalisation ] [ ego ]

 
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triade scientifique

...Quant à l'esthétique, bien que la première année de mes études de philosophie ait été consacrée exclusivement à cette branche, je l'ai depuis lors si complètement négligée que je ne me sens pas en droit d'avoir d'opinions assurées à son sujet. Je tends à penser qu'il existe une telle science normative, mais n'en suis pas même sûr.

Mais supposons que la science normative se divise en esthétique, en éthique et en logique, car il me semble clair qu'il faut la percevoir divisée ainsi. La  science normative recouvrant en général l'étude des lois de la conformité des choses quant à leurs finalités. Alors l'esthétique est la science qui considère les choses quant aux propriétés qu'elles ont d'incarner des qualités de sentiment. L'éthique celle de l'analyse des éléments dont les finalités sont dans l'action. Enfin la logique s'occupes des composants dont les finalités sont de représenter quelque chose.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Harvard Lectures on Pragmatism: Lecture V, 1904 | CP 5.129

[ sémiotique ] [ déontologie ] [ ratio ] [ qualia ]

 

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impersonnalité

...dans mon article de Janvier 1901, j'ai énuméré ainsi trois critères logiquement valables de l'objectivité ; premièrement, ce que l'on peut détruire à volonté, avec peu d'effort, comme un rêve éveillé ou un château de cartes, ne peut avoir d'existence très indépendante ; deuxièmement, que les questions auxquelles chacun adhère, lorsqu'elles sont présentées avec équité, ne peuvent être de la pure folie ; et troisièmement, s'il existe une notion sur laquelle on peut fonder des prédictions en succession infinie, toutes susceptibles d'être vérifiées ou réfutées, cette série de prédictions ne peut se poursuivre avec succès sans jamais échouer dans ce prolongement sans fin à moins que la notion soit suffisamment objective pour justifier ce succès. Ces trois critères proclament avec insistance la conformité approximative de la nature avec la loi ; et la conformité approximative est amplement suffisante pour prouver l'objectivité de certaines habitudes inhérentes à l'univers physique.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Consequences of Pragmaticism. MS [R] 289, 1905

[ universalité ] [ neutralité ]

 

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réalité

"Réel"  (real) est un mot inventé au treizième siècle et qui signifie avoir des Propriétés, c'est-à-dire des caractères qui suffisent à identifier leur sujet, et qui les possède, qu'ils lui soient ou non attribués par un seul homme ou un groupe d'hommes. Ainsi, la substance d'un rêve n'est pas Réelle, puisqu'en tant que telle elle est simplement ce qu'un rêveur a projeté ; mais le fait du rêve est Réel, s'il a été rêvé ; car si tel est le cas, sa date, le nom du rêveur, etc. constituent un ensemble de circonstances suffisantes pour le distinguer de tous les autres événements ; et ceux-ci lui sont propres, c'est-à-dire que le rêve devient vrai s'ils lui sont attribués, que A, B, ou C soient factuellement constatés (actually ascertains) ou pas. Le "réel" (the "Actual") est ce qui se rencontre dans le passé, le présent ou le futur.  

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: 1908. A Neglected Argument for the Reality of God (O) | EP 2:434-435; CP 6.453

[ définie ] [ logique ] [ songe ]

 
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adaptativité

La loi de l'habitude présente un contraste frappant avec toutes les lois physiques dans le caractère de ses préceptes. Une loi physique est absolue. Ce qu'elle requière, c'est une relation exacte. Ainsi, une force physique introduit dans un mouvement une composante de mouvement qui doit être combinée avec le reste par le parallélogramme des forces ; mais cette composante de mouvement doit prendre place exactement comme l'exige la loi de la force. D'un autre côté la loi du mental n'exige aucune conformité exacte. Au contraire, une conformité exacte serait en conflit direct avec la loi, puisqu'elle cristalliserait instantanément la pensée et empêcherait toute formation d'une autre habitude. La loi de l'esprit ne fait qu'augmenter la probabilité qu'un sentiment quelconque se manifeste. Elle ressemble donc aux forces "non conservatrices" de la physique, telles que la viscosité et autres, qui sont le fait d'uniformités statistiques dans les rencontres fortuites de billions de molécules.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: The Architecture of Theories (1891) First published in The Monist Vol. I, No. 2 (January 1891), p. 161

[ adaptabilité ] [ modularité ] [ versatilité ] [ monades souples ]

 

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réflexivité

Nous ne savons rien sur la perception n'est que par le témoignage du jugement perceptif, si ce n'est que nous en ressentons l'impact, la réaction de sa rencontre avec nous, et nous en voyons le contenu arrangé en un objet, dans sa totalité, à l'exception, bien sûr, de ce que les psychologues sont capables d'en déduire. Mais au moment où nous fixons nos esprits dessus et pensons la moindre chose au sujet de la perception, c'est le jugement perceptif qui nous dit ce que nous "percevons" ainsi. Pour cette raison et pour d'autres, je propose de considérer la perception comme étant immédiatement interprétée dans le jugement perceptuel, sous le nom de "percipuum". Le percipuum, alors, est ce qui s'impose à notre acceptation, sans pourquoi ni comment, de sorte que si quelqu'un nous demande pourquoi nous le considérons ainsi, nous ne pouvons que dire "Je n'y peux rien. C'est comme ça que je vois les choses."

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Telepathy. MS [R] 881. 1903

[ instinct ] [ vitesse de l'esprit ]

 

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savoirs

Le mot "science" a trois acceptions principales, à savoir :

Premièrement, les hommes éduqués dans les collèges jésuites et similaires utilisent souvent le terme dans le sens du grec ἐπιστήμη (épistémé), le latin scientia ; c'est-à-dire pour désigner une connaissance certaine.

Deuxièmement, depuis le début du XIXe siècle, lorsque Coleridge l'a défini ainsi dans le mémoire d'ouverture de l'Encyclopaedia Metropolitana, les non-scientifiques comprennent  généralement le terme "science" comme signifiant une connaissance systématisée.

Troisièmement, dans la bouche même des savants et autres scientifiques, la "science" désigne l'ensemble concret de leurs activités propres, dans la recherche d'une vérité qui leur semble hautement digne d'y dévouer toute une vie, et dans la poursuite de cette vérité par les méthodes les plus appropriées, y compris toute aide, générale ou spéciale, qu'ils peuvent obtenir de l'information et de la réflexion des autres.

Le présent auteur appellera la science, dans cette troisième acception, science heurétique (heuretic*). 

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: The Basis of Pragmaticism | EP 2:372, 1906. Trad MG. *en rapport avec une découverte ou une invention (anglais)

[ définition ] [ triade ] [ étymologie ] [ quête ]

 

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sémiotique

...en logique il est nécessaire de prêter une particulière attention aux mots qui désignent des signes. De tels termes sont genres, espèces, etc. Rien n'est genre, mais comme il y a des termes comme homme et arbre qui désignent une chose en la laissant plus ou moins indéterminée on peut donc parler de tout ce qui peut être désigné par une dénomination aussi générale que genre ou de classe. Ces vocables sont appelés "termes de seconde intention". La première intention est l'acte mental par lequel un objet est conçu. La seconde intention est l'acte mental par lequel la première conception devient réceptacle conçu qui fait référence à sa relation à son objet. Un terme de seconde intention ne se réfère pas tant au signe lui-même qu'il signifie quoi que ce soit de désigné par un signe d'une certaine description. Une terme de seconde intention ne signifie pas autant le signe lui-même qu'il signifie quoi qui puisse être dénoté par un signe d'une certaine description.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Chap. XI. On Logical Breadth and Depth. MS [R] 384; MS [W] 233. 1873

[ emblème ] [ ontologie linguistique ]

 

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quête

... Le seul but de la science, en tant que telle, est d'apprendre la leçon que l'univers peut lui enseigner. Dans l'induction, elle se soumet simplement à la force des faits. Pour constater immédiatement - j'inverse partiellement l'ordre historique, afin d'énoncer le processus dans son ordre logique - que c'est insuffisant, que ce n'est pas assez. Il faut alors, en désespoir de cause, faire appel à une profonde empathie avec la nature, à une sorte d'instinct pour avancer, tout comme nous voyons Galilée à l'aube de la science moderne lorsqu'il invoque "il lume naturale". Mais dès qu'elle touche au but, la base solide des faits montre des failles. On découvre qu'à partir de là que sa position n'est que provisoire. Elle doit alors trouver des confirmations ou alors modifier sa base. Si des confirmations sont trouvées, elles ne sont que partielles. Elle ne repose toujours pas la roche mère des faits. Elle se balade dans une tourbière, et ne peut que dire que ce terrain semble, pour l'instant, stable.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Cambridge Lectures on Reasoning and the Logic of Things: The First Rule of Logic. MS [R] 442. 1898

[ inspiration ] [ tâtonnement ]

 

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