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machiavélisme

Par exemple il est utile que l'on sache que nous ne massacrons pas les prisonniers, parce que nous cultivons ainsi dans nos ennemis l'idée qu'ils peuvent se rendre pour sauver leur vie. Mais il serait utile de faire croire que l'ennemi massacre les prisonniers, car nos compagnies encerclées vendraient alors chèrement leur vie, ce que nous devons souhaiter. Et puisque vous tuez pour la patrie, je ne vois pas par quel scrupule vous rougiriez de mentir pour la patrie." Celui qui n'a pas conduit ses pensées jusque-là, je le soupçonne d'appeler pensée ce qui lui plaît. La guerre met l'homme tout nu ; il revient péniblement aux pensées d'Ésope. Socrate fut condamné très exactement parce qu'il refusait de soumettre aussi ses pensées au pouvoir. Nous n'avons peut-être pas avancé du tout depuis Socrate. Ne pas craindre, rester sobre, ne rien croire, trois ressources contre le tyran. Quelques centaines d'hommes ainsi disposés feraient un esprit public, et suffisant. Les maux humains comme guerre, abus de pouvoir, absurde concentration de richesse, ne sont possibles que par l'incroyable aveuglement de ceux qui passent pour instruits. Il s'agit de former son jugement par un massacre de pensées. Il n'y a pas d'autre sagesse.

Auteur: Alain

Info: Souvenirs de guerre, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, nrf Gallimard 1960<p.456>

 

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homme-animal

L'école qu'il fallait construire se trouvait dans un village de Karens, au nom cool de Keng Hom (Ragoût parfumé). Gens chiens cochons volailles vivaient ensemble en bonne intelligence. Les cochons n'étaient pas parqués mais libres de se nourrir à leur guise. En revanche, les carrés de légumes étaient entourés de solides clôtures tressées serré. Les experts en développement à la page avaient dit à ces Karens que les gens développés, vous savez, ils parquent leurs cochons: les clôtures autour des plants potagers, ça ne se fait pas. Les Karens leur avaient répondu qu'agir de la sorte était absurde: les cochons, ils avaient des jambes pour se déplacer, alors autant les laisser aller où ils voulaient, non? Quant aux légumes, c'est bien connu, ils ne peuvent pas marcher, de sorte que les protéger d'une clôture, c'était le bon sens même. En outre, les légumes, quand ils sont dans un enclos, ils ne protestent pas, mais les cochons - comme les Karens crédules qui avaient suivi les conseils des experts en développement n'avaient pas tardé à s'en apercevoir -, si on les parque, ils n'arrêtent pas de grogner, ils ne sont pas heureux, et ils s'échappent souvent. Telle était la sagesse du terroir.

Auteur: Saneh Sangsuk

Info: L'Ombre blanche : Portrait de l'artiste en jeune vaurien, p. 329

[ bon sens ] [ littérature ]

 

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sagesse

Le défaut de l'homme inculte est qu'il croit trop. Un esprit cultivé allège ; comme si beaucoup d'idées y vivaient ensemble par une politique provisoire, sans s'accorder toutes ; et c'est le propre d'un esprit juste, dans tous les sens de ce mot, que le oui et le non y vivent en paix, comme on voit en Montaigne ; aussi les lourds et précipités jugeurs ne le peuvent suivre. Il est pourtant clair qu'il y a une manière d'être assuré en ses opinions qui n'est pas bonne, comme les fous et les maniaques le font voir. Il est vrai qu'aussi le sage ne doute point de tout, et Montaigne non plus. Ces débats ne se terminent point en deux ou trois arguments. J'ai observé chez des hommes de sens une masse difficile à déplacer, reposant sur elle-même et bien assise, nullement prête à s'écrouler par ici ou par là. Je dirais d'eux non pas qu'ils doutent de beaucoup de choses, mais plutôt qu'ils sont assurés de beaucoup de choses. Et voilà un équilibre que ni les métiers ni les sciences ne peuvent donner, parce que le fait et l'argument y ont une force brutale ; la guerre habite en ces dogmatiques.

Auteur: Alain

Info: Mars ou la guerre jugée, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, nrf Gallimard 1960, p.658

[ principes ] [ certitude ]

 

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morale

Dans la vieille Mésopotamie, pour autant que nous en comprenions les demi-mots, la seule ambition de l'homme, compte tenu de son état et de l'idée qu'en donnaient de lui ses représentations religieuses, ce n'était pas de changer sa vie, mais de la réussir. Il est frappant combien la notion de réussite est au fond de tous les efforts que nous constatons et devinons chez ces gens, lorsqu'ils pensent à leur conduite.

Tout un genre littéraire particulier, et hautement significatif, dont les plus anciens témoignages figurent déjà parmi la plus vénérable collection littéraire connue, celle trouvée à Fâra-Abû-Salâbi'h et datable de vers 2600, le font toucher du doigt, à travers les nombreux fragments qui nous en sont restés, d'abord et surtout en sumérien, plus tard en akkadien : les "Conseils d'un père à son fils", à qui il voulait "apprendre la vie" en lui transmettant sa propre expérience et sagesse.

Ne te porte pas garant pour quelqu'un : il aurait prise sur toi !
Ne rôde pas où les gens se querellent : on te prendrait pour témoin !
Ne commets pas de meurtre : ce serait te suicider à la hache !
Ne couche pas avec ta servante : elle t'appellerait canaille.
...

Auteur: Bottéro Jean

Info: La plus vieille religion en Mésopotamie p. 223

[ origine ] [ succès ] [ éthique ] [ historique ]

 

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création artistique

Dans la mesure où un écrivain est un propagandiste, tout ce qu’on peut exiger de lui est qu’il croie sincèrement aux idées qu’il exprime et que celles-ci ne soient pas d’une imbécillité flagrante. Aujourd’hui, par exemple, on peut imaginer un bon livre écrit par un catholique, un communiste, un fasciste, un pacifiste ou un anarchiste, peut-être même par un libéral à l’ancienne mode ou un conservateur ordinaire ; on ne peut imaginer qu’il soit écrit par un spirite ou un membre du Klu-Klux-Klan. Les opinions soutenues par un écrivain doivent être compatibles avec la santé mentale, au sens médical du terme, et avec la capacité de mener une réflexion suivie ; on attend en outre de lui qu’il fasse preuve de ce qu’on appelle talent, et qui n’est sans doute rien d’autre que la conviction. Swift manquait certes de la sagesse la plus commune, mais il possédait en revanche une puissance visionnaire d’une redoutable intensité, qui lui faisait déceler une vérité cachée, pour ensuite l’outrer et la déformer. La pérennité des Voyages de Gulliver démontre que, si une conviction suffisante l’anime, une vision du monde qui n’échappe que de justesse au diagnostic de pathologie mentale peut donner naissance à une grande œuvre d’art.

Auteur: Orwell George

Info: Politique contre littérature : à propos des Voyages de Gulliver, EAL-4, p. 270-271

[ imagination ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sagesse

Conviez un sage à un bon repas, il le troublera par son morne silence ou ses questions déplacées. Invitez-le au bal, vous croirez voir un chameau danser. Entraînez-le au spectacle, son seul visage empêchera le peuple de s'amuser et le sage Caton sera forcé de quitter le théâtre, faute d'avoir pu se dérider le sourcil. S'il survient dans une conversation, c'est l'arrivée du loup de la fable. S'agit-il d'un achat, d'un contrat, bref d'un de ces actes nécessaires au cours ordinaire de la vie ? Votre sage a plutôt l'air d'une bûche que d'un homme. Ainsi ne peut-il être utile ni à lui-même, ni à sa patrie, ni aux siens dans la moindre circonstance, car il ignore tout des réalités les plus élémentaires et il est à mille lieues de l'opinion commune et des usages courants. Il est donc fatal qu'il soit détesté pour être aussi différent des autres par sa manière de vivre et de penser. En effet, tout ce qui se fait chez les mortels est plein de folie, fait par des fous, devant des fous. S'il en est un qui veuille s'opposer à tous les autres, je lui conseillerai de faire comme Timon, de partir dans un désert pour y jouir seul de sa connaissance.

Auteur: Érasme

Info: Éloge de la Folie/Robert Laffont/Bouquins 1992 p.31

[ rabat-joie ] [ pisse-froid ]

 

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sport

L'avènement de Roger Federer fut, pour un tennis fan helvète comme moi, le rêve à l'état pur.
D'autant que notre "mister perfect", de par la fluidité et l'équilibre de son jeu, démontra, par contraste avec le féroce Nadal - immense champion lui aussi - que l'aspect esthétique pourrait bien être plus important que le résultat à tout prix. Les foules sont cruelles, mais elles ont aussi du goût. Le sport est un spectacle n'est-ce pas ?
Alors que l'espagnol dépassait sans cesse ses limites mentales et physiques, payant cette abnégation par des arrêts obligés dus aux limites de son organisme tourmenté, Federer conservait l'apparence d'un équilibre imperturbable et surtout, gardait l'affection du public qui voyait en lui, que ce soit conscient ou pas, l'incarnation d'un idéal zen.
La prime à l'harmonie dans un cosmos asphyxié par le résultat et le rendement..
La forme sur le fond dans la compétition aveugle de la vie.
On se réjouit que Rafa revienne, mais on a peur que son apogée atteinte, il n'atteigne plus jamais au niveau qui fut le sien. Désormais il risque, comme Roger l'a avoué après ses problèmes de dos, "d'avoir peur de son corps".
Trouvera-t-il son équilibre, une sagesse qui lui permettra de durer. Est-ce trop tard ?
Vivra verra...

Auteur: Mg

Info: 4 juillet 2009

[ suisse ]

 

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conte

Un roi puissant et sage gouvernait son royaume. Tous le craignaient pour sa puissance et l'aimaient pour sa sagesse. Or, il y avait au cœur de cette ville un puits dont l'eau fraîche et cristalline alimentait toute la cité.
Une nuit, alors que tout le monde dormait, une sorcière pénétra dans la ville et empoisonna le puits. Elle y versa sept gouttes d'un liquide étrange en disant : "Tous ceux qui boiront de cette eau deviendront fous."
Le lendemain, tous les habitants de la ville, excepté le roi et son chambellan, burent de l'eau du puits... et comme la sorcière l'avait prédit, ils perdirent la raison. La ville devint le théâtre des agissements les plus étranges, et le roi ne parvenait pas à calmer la population. D'autant que désormais toute la ville murmurait : "Notre roi n'agit pas comme nous. Il est devenu fou. Nous refusons d'être gouverné par un dément. Il nous faut le détrôner."
Aussi, ce soir-là, le roi fit remplir un gobelet doré de l'eau du puits. Il en but une grande gorgée, puis le passa à son chambellan qui fit de même.
Et le peuple de la ville se réjouit et organisa de grandes fêtes : le roi et son chambellan avaient, disait-on, recouvré la raison.

Auteur: Gibran Khalil

Info:

[ normalité grégaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spéculations intellectuelles

La victoire de Hegel sur Kant signifia pour la raison et pour le développement spirituel ultérieur, et d’abord, pour celui de l’homme allemand, une très lourde menace, d’autant plus dangereuse que Hegel était un psychologue camouflé et projetait de grandes vérités hors du domaine du sujet dans un cosmos qu’il s’était créé lui-même. […]

Hegel représente une solution du problème posé par la critique de la connaissance, solution qui donnait aux concepts une chance de démontrer leur autonomie ignorée. Ils procurèrent à l’intellect cette hybris qui conduisit au surhomme de Nietzsche et, par là, à la catastrophe qui a nom Allemagne. […]

Une philosophie comme celle de Hegel est une autorévélation d’arrière-plans psychiques et, philosophiquement, une usurpation. Elle signifie, au point de vue psychologique, ni plus ni moins qu’une irruption de l’inconscient. Cette conception est corroborée par le caractère étrange et recherché du langage hégélien. Il évoque déjà le "langage de puissance" des schizophrènes, qui se sert du pouvoir de paroles magiques pour plier le transcendant à une forme subjective ou pour procurer à ce qui est banal le charme de la nouveauté, ou encore pour donner à l’insignifiant l’apparence d’une sagesse subtile. Une langue aussi bizarre est un symptôme de faiblesse, d’impuissance et de manque de substance. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Les racines de la conscience", trad. Yves Le Lay, éd. Buchet-Chastel, Paris, 1971, pages 480-481

[ critique ] [ herméneutique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

La langue est un instrument à penser. Les esprits que nous appelons paresseux, somnolents, inertes, sont vraisemblablement surtout incultes, et en se sens qu'ils n'ont qu'un petit nombre de mots et d'expressions ; et c'est un trait de vulgarité bien frappant que l'emploi d'un mot à tout faire. Cette pauvreté est encore bien riche, comme les bavardages et les querelles le font voir : toutefois la précipitation du débit et le retour des mêmes mots montrent bien que le mécanisme n'est nullement dominé. L'expression "ne pas savoir ce qu'on dit" prend alors tout son sens. On observera ce bavardage dans tous les genres d'ivresse et de délire. Et je ne crois même point qu'il arrive à un homme de déraisonner par d'autres causes ; l'emportement dans le discours fait de la folie avec des lieux communs. Aussi est-il vrai que le premier éclair de pensée, en tout homme et en tout enfant, est de trouver un sens à ce qu'il dit. Si étrange que cela soit, nous sommes dominés par la nécessité de parler sans savoir ce que nous allons dire ; et cet état sibyllin est originaire en chacun ; l'enfant parle naturellement avant de penser, et il est compris des autres bien avant qu'il se comprenne lui-même. Penser c'est donc parler à soi.

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges, Les Passions et la Sagesse/la Pléiade/Gallimard 1960 <p.319>

 

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