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songes réprimés

Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières, ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit, cette poésie de l’âme qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes, qu’elle n’admet la poésie des yeux, cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses. Pour peu que cet effroyable mouvement de la pensée moderne continue, nous n’aurons plus, dans quelques années, un pauvre bout de lande où l’imagination puisse poser son pied ; pour rêver, comme le héron sur une de ses pattes. Alors, sous ce règne de l’épais génie des aises physiques qu’on prend pour de la Civilisation et du Progrès, il n’y aura ni ruines, ni mendiants, ni terres vagues, ni superstitions comme celles qui vont faire le sujet de cette histoire, si la sagesse de notre temps veut bien nous permettre de la raconter. 

Auteur: Barbey d'Aurevilly Jules

Info: L’Ensorcelée, 1852, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977

[ rationalisme limitant ] [ imaginaire bridé ]

 
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croyances

Il faut bien que des effets découlent du développement personnel, sinon le délaisserait. Mais si cela produit des effets, cest qu'il existe un besoin. Autrement dit, qu'une partie de la population éprouve la nécessité de se sentir mieux. Est-ce un besoin réel ou factice ? S'agit-il d'un véritable malaise ou d'une illusion ? Dans un cas comme dans l'autre, il n'y a pas de quoi pavoiser.

Il faut donc aller voir de plus près, S'attarder autour de ces vénérables totems que sont le désir, le pouvoir et la foi. Car c'est bien de cela qu'il retourne en définitive, au-delà ou en deçà de tous les bons sentiments qui s'affichent. Peut-être à leur insu même. Peut-être. Le monde ancien peut disparaître, mais pas le besoin de croire ni de rêver des hommes. Non plus que l'envie de les dominer.






Auteur: Jobard Thierry

Info: Contre le développement personnel. Page 11, Rue de l'échiquier.

[ rapports humains ] [ moteurs ] [ triade ]

 

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introspection

Oh ! Quelle sphère de visions invisibles et de silences entendus, cet insubstantielle contrée de l'esprit ! Quelles essences ineffables, ces souvenirs intouchables et ces rêveries inavouables ! Et l'intimité de tout cela ! Un théâtre secret de monologues sans paroles et de conseils préventifs, manoir invisible de tous les états d'âme, de toutes les rêveries et de tous les mystères, lieu de villégiature infini de déceptions et de découvertes. Un royaume entier où chacun de nous règne en solitaire, interrogeant ce qu'il veut, commandant ce qu'il peut. Retraite cachée où nous pouvons étudier le livre troublé de ce que nous avons fait et de ce que nous pouvons encore faire. Un introcosme qui est plus moi-même que tout ce que je pourrai trouver dans un miroir. Cette conscience qui est le moi des moi, qui est tout, et pourtant n'est rien du tout - qu'est-ce alors ?

Auteur: Jaynes Julian

Info: The Origin of Consciousness in the Breakdown of the Bicameral Mind

[ soliloque ] [ entendement ] [ question ] [ dualité conscient - inconscient ]

 

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ennui

La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient, dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait rencontré dans un roman.
Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait.

Auteur: Flaubert Gustave

Info:

[ casse-pied ] [ couple ]

 

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éloge

J'ai quitté, ces jours derniers, Racine pour La Fontaine et rappris une dizaine de fables par cœur. La perfection de La Fontaine est plus subtile mais non moins exigeante que celle de Racine; elle étend sur moins d'espace une apparence plus négligée; mais il n'est que d'y prêter attention suffisante: la touche est si discrète qu'elle pourrait passer inaperçue. Rien n'est plus loin de l'insistance romantique. Il passe outre aussitôt; et si vous n'avez pas compris, tant pis. On ne saurait rêver d'art plus discret, d'apparence moins volontaire. C'est au point que l'on doute si l'on n'y ajoute point parfois, si La Fontaine est bien conscient lui-même, dans quelques mots, de toute l'émotion qui s'y glisse; on sent aussi qu'il entre de la malice et qu'il faut se prêter au jeu, sous peine de ne pas bien l'entendre; car il ne prend rien au sérieux. 


Auteur: Gide André

Info: Journal 1939 - 1942

[ écrivain-par-écrivain ]

 

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langage

Nous attribuons généralement à nos idées sur l'inconnu la couleur de nos conceptions sur le contenu: si nous appelons la mort un sommeil, c'est qu'elle ressemble, du dehors, à un sommeil; si nous appelons la mort une vie nouvelle, c'est qu'elle paraît être une chose différente de la vie. C'est grâce à ces petits malentendus avec le réel que nous construisons nos croyances, nos espoirs - et nous vivons de croûtes de pain baptisées gâteaux, comme font les enfants pauvres qui jouent à être heureux.

Mais il en va ainsi de la vie entière; tout au moins de ce système de vie particulier qu'on appelle, en général, civilisation. La civilisation consiste à donner à quelque chose un nom qui ne lui convient pas, et à rêver ensuite sur le résultat. Et le nom, qui est faux, et le rêve, qui est vrai, créent réellement une réalité nouvelle.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ signifiant créateur ] [ imaginaire ] [ égarement ]

 
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cénacle

En ce temps-là l'esprit de la littérature soufflait sur les bocks du cabaret de la Mère Clarisse, appelé familièrement ainsi par ses habitués. Un cabaret dit alsacien, où la bière de Strasbourg venait de Strasbourg même ! Petit coin de la rue Jacob, un peu sombre, tranquille, n'accrochant pas le regard par des tons violents, seulement orné de bons tableaux du peintre Feyen-Perrin, barques de pêche et vues du large sans trop de houle pour les promenades berceuses de la rêverie. Se réunissant là, autour de cinq ou six tables, des hommes faits pour s'entendre à mi-voix : Van Muyden, graveur de talent, qui esquissait les têtes de ses amis sur un album, malheureusement perdu, Charles Cros, Beauclair, Montaigu, le peintre Alfred Poussin, Paul Morisse, Albert Samain, Georges Lorin, Marsolleau, Paul Arène, Metcalff, Willam Vogt, Edouard Dubus, Louis Denise, Ratez, Raoul Dumon, Bonheur, l'ami et conseiller d'Albert Samain, Alfred Vallette...

Auteur: Rachilde Marguerite Eymery dite

Info: Portraits d'Hommes

[ Paris ]

 

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opinions politiques

Dostoïevski était parmi les sceptiques. Lecteur assidu des auteurs socialistes, il ne s’en montrait pas moins critique à leur égard. Tout en reconnaissant la noblesse de leurs aspirations, il les considérait comme des chimères d’hommes honnêtes. Il insistait surtout sur le peu d’importance qu’avaient ces théories pour nous autres Russes. Ce n’était pas sur les doctrines socialistes occidentales, disait-il, que pourrait se fonder l’évolution de notre société ; les sources devaient en être recherchées dans la vie et les traditions historiques séculaires de notre peuple. Le mir, l’artel, la caution solidaire formaient à ses yeux une base autrement sûre du progrès social à venir que les rêveries de Saint-Simon et de ses adeptes. La vie dans une commune d’Icarie ou dans un phalanstère lui apparaissait comme plus pénible et plus avilissante que n’importe quel bagne. Il va de soi que nos fanatiques du socialisme ne partageaient pas sa manière de voir.

Auteur: Milioukov Alexandre

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 59

[ déracinement ] [ critique ]

 

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finance

Impôt, la psychologie de la fraction : Ce qui devrait importer à l'individu, semble-t-il, c'est son revenu net, disponible. Mais ce n'est pas ainsi que se forme le jugement ; il s'assied sur ce qui est pris et non sur ce qui reste. Il est plus pénible de "rendre" 1 000 francs que de ne pas les gagner. A la première génération, disons vers 1900, Pierre gagne 10 et rend 1 ; il lui reste 9 : plus tard, vers 1935, son fils Paul gagne 14 et rend 2 ; comme il lui reste 12, il pourrait être plus satisfait que son père, mais il peste contre ce prélèvement. En 1971, Louis, fils de Paul, gagne 25 et rend 9 ; loin de se flatter des 16 dont il dispose et dont n'aurait pas osé rêver son grand-père, il peste contre les 9. Encore une génération et ce sera l'émeute permanente.

Auteur: Sauvy Alfred

Info: Mythologie de notre temps, Petite Bibliothèque Payot, 191 1971 <p.113>

[ finalité ]

 

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inconstance

Je ne peux lire, parce que mon sens critique suraigu n'aperçoit que des défauts, imperfections, améliorations possibles. Je ne peux rêver, parce que j'éprouve mon rêve de façon si vive que je le compare au réel, et sens aussitôt que le rêve, lui, n'est pas réel, si bien qu'il perd aussitôt toute valeur. Je ne peux me distraire dans une contemplation innocente des choses et des hommes, parce que l'envie de l'approfondir est irrésistible: comme mon intérêt ne peut exister sans elle, ou bien il en meurt, ou bien il se tarit.

Je ne puis me distraire par des spéculations métaphysiques, parce que je ne sais que trop bien, et par ma propre expérience, que tous les systèmes sont défendables et intellectuellement possibles: et pour jouir de cet art tout intellectuel de construire des systèmes, il me faudrait pouvoir oublier que le but de toute spéculation métaphysique est la recherche de la vérité.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ insatisfaction ] [ ouverture limitante ]

 

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