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cinéma hollywoodien

Paradoxalement, l’ours d’Annaud [dans L'Ours] ou le dauphin de Besson [dans Le Grand bleu], qui ont l’air de plaider pour les grands espaces de la Nature indomptable, sont parfaitement en phase, par exemple, avec cette mode du cocooning (on reste chez soi, dans son "cocon", pour mieux développer son karma) qui fait fureur en ce moment aux Etats-Unis. C’est donc très américain, tout ça. Très écologique. Très "Verts". Très Greenpeace. Très "forêt primitive". L’enjeu est toujours le même : il s’agit de vous intimider assez profondément, vous et votre foutue manie critique d’Occidental doutant, dissolvant, trop cérébral donc négatif, pour vous ramener dans la communauté approuvante par des effusions floues, et vous réconcilier avec la germination universelle en éternel retour. Sentiment contre raison. Et musique ! Les prétentions de l’individu ne sont-elles pas intolérables au regard des exigences de ce qui le dépasse de tous côtés, protoplasme germinatif, espèce, immensité, océans et le bataclan ? 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 405

[ greenwashing ] [ critique ] [ sentiments mièvres ] [ new age ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

Oh ! oui, elle savait rentrer ses émotions, ses blessures, sa douleur, elle ne faisait même que ça. Elle était devenue une championne dans sa catégorie. A part cette nuit quand elle était venue trouver Johan... Johan qui n'était même pas là pour l'écouter, pour l'entendre. Des mots, des mots bruts sortis du coeur, le sang de son âme, versés en vain. Son père avait peut-être raison, après tout, on ne devrait jamais se livrer, en aucune circonstance, pour ne pas laisser les autres avoir barre sur vous ni leur offrir la possibilité de vous blesser. On se forgeait une armure de silence et de solitude, et on s'y retranchait, pour mieux s'y dessécher, lentement, tranquillement, de l'intérieur, jusqu'à ce qu'enfin il ne deumeure plus que cette cuirasse et rien dedans, un tronc sec dont la sève et les entrailles ont disparu, faute d'amour, et de tendresse, de complicité, pour les irriguer.

Auteur: Marcastel Jean-Luc

Info: Le dernier hiver

[ masque ] [ solitude ]

 

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temps

— Comment ? Il y a un intervalle de 14 heures réel-les écoulées et j'ai seulement l'impression que 4 heures se sont passées ? C'est extraordinaire. Ça me paraît tout à fait irréel que des jours qui sont relativement mornes — je trouve que 4 heures c'est déjà long et elles équivaudraient à 14 heures réelles ? Ah, non, ce n'est pas possible. Je t'assure que je me trouve là devant un problème intellectuel terrible. Moi, je ne peux pas imaginer ça. Mais, est-ce que tu te rends compte ce que c'est ? Penser, vivre pendant 4 heures alors que tu en as vécu 14 ? Ça fait : trois fois quatre égalent douze, ça fait plus de trois fois plus, c'est-à-dire mon temps abstrait est trois fois plus court que le temps réel qui est mesuré par les horloges, dans cet exemple-là, dans l'exemple de la journée d'hier. Dans l'ensemble, mon temps abstrait vaut la moitié de la durée réelle.

Auteur: Siffre Michel

Info: Hors du temps , p. 260

[ relatif ] [ spéléo ]

 

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zen

Il existe une espèce de dicton - le néant habite l'être, et je comprends ce que ça veut dire, sauf que formulé dans ces termes c'est trop abstrait, trop philosophique. Plutôt rébarbatif, en plus - alors que ça ne l'est pas le moins du monde. John dirait que ça sonne mieux en français mais ce n'est pas ça. Ça sonne mieux quand on est au bord d'un champs de coquelicots transis et qu'on laisse venir le néant, comme ça, rien de fracassant, juste un néant prosaïque. Ça sonne mieux quand on ne le formule pas avec des mots, quand on ne le commente même pas, qu'on se contente de regarder et d'écouter pendant qu'il nous emporte - pas du tout un truc négatif, pas une condition existentielle, mais un genre d'éclosion, un événement naturel. Une chose qui, lorsqu'elle finit par venir, n'a rien d'un coup d'éclat. La conscience qui s'épanche. Le rouge des coquelicots. La fraîcheur du matin.

Auteur: Burnside John

Info: Scintillation

[ vacuité ] [ méditation ]

 

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écriture

Pourquoi j'écris ? J'écris parce que j'écris. Il n'y a pas d'origine à ça. C'est sans origine et, semble-t-il, sans fin. J'écris depuis toujours. Depuis que je suis né. Écrire, c'est un état, avant que d'être un art. C'est pourquoi c'est aussi un malheur. Un malheur-bonheur, si l'on veut. Mais un malheur quand même. Comme d'être juif, par exemple, selon Heine: "Juif ne désigne pas une religion, mais un malheur" - Écrire, c'est pareil. Ce n'est pas un choix, ce n'est pas une décision, encore moins une carrière. C'est comme le style pour Barthes : " Il est une forme sans destination, il est le produit d'une poussée, non d'une intention... " Mais pourquoi un malheur ? Parce qu'écrire, pour qui écrit, est de l'ordre de l'inévitable. C'est davantage qu'une vision du monde qui nous serait consubstantielle. C'est une vision du monde sans vues sur le monde, sans convoitise. Qu'y a-t-il d'ailleurs à convoiter, puisqu'écrire rend le monde absent ? (...)

Auteur: Raczymow Henri

Info:

[ motivation ]

 

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capitalisme de surveillance

De l'intérêt de mettre l'intelligence artificielle au service de l'économie de l'attention: le grand jeu de notre époque. Un marché colossal. Pas une seconde ne s'écoule, sur nos écrans, sans que quelqu'un cherche à nous convaincre d'acheter son produit, de s'intéresser à lui, de nous joindre à sa cause, de voter pour lui, d'écouter ses problèmes, de liker ses photos, sa dernière vidéo, de faire connaissance... Il en résulte une pénurie globale d'attention disponible. Plus aucun cerveau n'a le temps de faire le tri entre l'essentiel et l'insignifiant ni d'arbitrer ce qui mérite son intérêt. Alors on fait appel à des algorithmes, pour trier les sollicitations à notre place, filtrer les contenus qui nous indiffèrent et promouvoir ceux qu'on désire - parfois sans le savoir. Avec le temps, ces guides apprennent à nous connaître et détectent des parts insoupconnées de nous, dont nous n'avions même pas conscience. C'est logique, ils ont été entrainés pour ça.


Auteur: Markov Bruno

Info: Le dernier étage du monde, 2023

[ captage de l'intérêt ] [ culture de l'epic fail ] [ public captif ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

guerre

"Personne n'aurait pu l'arrêter?"
"Je ne sais pas... Il y a des types de bêtise qu'on ne peut pas arrêter", dit-il. "Si quelques centaines de millions de personnes décident que leur honneur national les oblige à larguer des bombes au cobalt sur leur voisin, il n' y a pas grand-chose que vous ou moi puissions faire. Le seul espoir possible aurait été de les éduquer pour les sortir de leur bêtise."
"Mais comment faire ça, Peter? Ils avaient tous quitté l'école."
"Les journaux," dit-il. "On aurait pu faire quelque chose avec. On ne l' a pas fait. Aucune nation ne l' a fait, parce que nous étions tous trop bêtes. Nous aimions nos journaux avec des photos de filles sur la plage et des gros titres sur les cas d'attentat à la pudeur, et aucun gouvernement n'était assez sage pour nous empêcher ça. Mais on aurait pu faire quelque chose avec les journaux, si on avait été assez sages.

Auteur: Shute Nevil

Info: Sur la plage

[ consumérisme ]

 

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pensée-de-femme

Une fois, une femme (une aviatrice) a refusé de me rencontrer. Elle m'a expliqué pourquoi au téléphone : "Je ne peux pas. Je ne veux pas me souvenir. Trois ans passés à la guerre... Et durant trois ans, je n'ai plus été une femme. Mon organisme était comme en sommeil. Je n'avais plus de règles, plus de désir sexuel. J'étais une jolie femme, cependant... Quand mon futur mari m'a fait sa demande, c'était à Berlin. Devant le Reichstag. Il m'a dit : 'La guerre est finie. Nous sommes vivants. 'Épouse-moi.' J'aurais voulu pleurer. Crier. Le frapper ! Comment ça, l'épouser ? L'épouser - tout de suite ? Tu as bien regardé à quoi je ressemble ? Fais d'abord de moi une femme : offre-moi des fleurs, fais-moi la cour, dis-moi de belles paroles. J'en ai tellement envie ! [...]
Mais je ne peux pas raconter... Je n'ai pas la force de revenir en arrière... De devoir revivre encore une fois tout ça... "

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: La guerre n'a pas un visage de femme p. 13

 

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Ajouté à la BD par miguel

diction

Sacha ce chou et son chat Chachou : Sacha chantait chez ce cher Serge, Chachou, son chat si choyé, chassant sa chatte, fit choir à l'eau six cent six sachets de Sacha. Sacha, cessant son chant, chassa Chachou et mis ses six cent six sachets à sécher. Ainsi son chat, soucieux, se cacha chez sa chère Chanchan, soeur de Sacha. Sache et considère ceci Sacha chouchou. Chanchan ses chats sont sa joie. "C'est ça, c'est ça... " cracha Sacha fâché. Ceci susurré, ses six cent six sachets ne séchant pas, Sacha fit son choix : saisissant sa hache il les hacha. Du coup Chanchan chuchota. "Ca c'est bien Sacha..." Ce soir là, choisissant ses achats, Chanchan acheta six cent six sachets. Ainsi, sortant ces six cent six si récents sachets, Chanchan, cachant sa joie, dévisageait son cher Sacha. Celui-ci apercevant ces choses scanda : "Oh ça Chanchan c'est chou..." Oh ça Chanchan c'est chou... Oh ça Chanchan c'est chou... Et puis il l'embrassa.

Auteur: MG

Info: pour fiston, oct. 2002

[ articulation ] [ virelangue ]

 

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travail

Peu à peu, Hacine avait pris le rythme, en regardant faire son aîné. II avait remarqué que Jacques obéissait à des rituels, pour souffler, fractionner sa journée. La clope de 8 heures, une autre à 10 heures avec le café. À 11 heures, il montait le son de la radio, parce que c'était l'heure de son émission. Il tâchait de faire le plus gros du taf pendant la matinée, pour être peinard l'après-midi. Même chose, il donnait le maximum en début de semaine. Il existait comme ça toute sorte de ruses pour surmonter le désert, cette étendue uniforme de temps qui vous attendait au saut du lit, et pour de bon, jusqu'à la retraite. Hacine avait compris ça. Son temps ne lui appartenait pas. Mais il était toujours possible de duper l'horloge. En revanche, il ne pouvait rien contre cette évidence : d'autres volontés que la sienne dictaient leurs règles à son corps. Il était devenu un outil, une chose. Il bossait.

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Leurs enfants après eux, Page 311, Actes Sud, 2018.

[ assujettissement ] [ organisation ] [ routine ]

 

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