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sécularisation

Notre époque se croit réaliste. Jamais époque n’a été plus idéaliste, jamais elle n’a moins eu le sens du charnel. Elle oublie que l’homme est un esprit dans un corps et que pour lui le corporel est la médiation obligatoire du spirituel. On veut qu’il rejoigne immédiatement la foi pure, l’esprit pur, l’amour pur, et par un étrange retour des choses, on finit par immerger tout le spirituel dans le politique. On affirme alors que la religion, et spécialement la liturgie, parce qu’elle parle d’un autre monde, et qu’elle le rend quasiment perceptible, est la plus dangereuse des aliénations : elle nous détourne de combattre pour celui-ci, elle est l’opium du peuple. Ce qu’on veut détruire, ce que l’on a déjà détruit, ce sont les formes sacrées. Il ne demeure qu’une foi nue, tellement transcendante et subtile qu’elle ne se distingue plus guère de l’athéisme, mais qui continue d’exiger tout autant plus d’être incarnée dans des formes concrètes : l’ordre sacral étant détruit, il ne reste que l’ordre politico-social.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 19-20

[ règne de l'imaginaire ] [ actions profanes ] [ désincarnation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désenchantement

A mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n'est plus la voix irritée d’un dieu, ni l’éclair de son projectile vengeur. La rivière n’abrite plus d’esprits, l’arbre n'est plus le principe de vie d’un homme, et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l’homme et l’homme ne s’adresse plus à eux en croyant qu’ils peuvent l’entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations symboliques. Les symboles de nos rêves tentent de compenser cette perte énorme. Ils nous révèlent notre nature originelle, ses instincts et sa manière particulière de penser. Malheureusement, ils expriment leur contenu dans le langage de la nature, qui est étrange et incompréhensible pour nous.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: L'homme et ses symboles

[ mystère ] [ nécessaire ]

 

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sociologie

J'ai voulu restituer la violence de ce monde-là, qui est une violence très particulière, qui est une violence très forte, qui elle-même est due à la misère et à l'exclusion, qui est la violence partout, la violence de tous contre tous, des hommes sur les femmes, des hétérosexuels sur les gays, des ouvriers sur les Rmistes, des Rmistes sur les étrangers qu'ils voient à la télévision (puisqu'ils en croisent eux-mêmes assez peu). C'est des choses qui sont toujours très difficiles à dire parce que quand on parle de ces mondes-là, quand on parle de ces milieux-là dont on parle en fait quasiment jamais, parce que quand on parle des classes populaires, on parle en général des ouvriers, et on oublie ces gens-là, on n'en parle pas. Et si on parle de ces gens-là et de cette violence qui peut exister dans ce monde-là, on est toujours taxé de racisme de classe, voilà, ou de prolophobie, comme on dit. Alors que ça me semble absolument essentiel de montrer ces réalités-là si on veut les changer.

Auteur: Édouard Louis

Info: interview Librairie Mollat, https://www.youtube.com/watch?v=RsJznxDpCLA

[ Gaule ] [ classes sociales ]

 

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homme-animal

Portée par de jeunes militants anticapitalistes et petit-bourgeois, l'idéologie antispéciste m'apparaissait délirante parce qu'en abolissant la pratique de l'élevage, elle prétendait mettre fin à une histoire liant l'homme à l'animal depuis dix mille ans, depuis la domestication de la chèvre dans la région du croissant fertile. Dépasser la révolution néolithique constituait un objectif pour le moins ambitieux, on pouvait laisser cela à ses promoteurs végétaliens, généralement des étudiants en sciences humaines ayant perdu tout lien à la terre et son travail.

Je me souviens qu'à l'école primaire, dans le cadre d'un cours de sciences naturelles, le maître avait tué puis disséqué une grenouille face à un parterre de garçons et de filles ricanant, plus ou moins intéressés ou dégoûtés : une telle leçon de choses serait-elle possible aujourd'hui, sans que les réseaux sociaux ne s'embrasent ?

Étrange monde dans lequel on s'apitoie sur le sort d'une oie gavée en détournant le regard des greniers à foin, recoins où se balancent les corps pendus et déjà assaillis de mouches des paysans endettés.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: Septembre éternel

[ ségrégation ] [ discrimination ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

injustice

Parfois, les circonstances jettent des hommes dans des situations si terribles, entraînent ces petites choses si près des brûlants projeteurs de l'Histoire que ces hommes, ou leur ombre réfléchie dans l'esprit de la foule, deviennent d'immenses symboles. Sacco et Vanzetti sont tous les immigrants qui, par leur sueur et leur sang, ont bâti l'industrie de cette nation, et n'ont eu en retour que le plus petit salaire imaginable, serfs sous le joug de l'ordre social imposé par des hommes au col de chemise amidonné. Ce sont tous les Ritals, les métèques, les ploucs d'Europe centrale, chair à usine que la faim pousse dans les moulins de l'industrie américaine après qu'ils sont passés par le douloureux tamis d'Ellis Island. Ils sont le rêve d'un meilleur ordre social, fait par ceux qui ne supportent pas la loi de la jungle. Ce petit tribunal est le lieu où se concentre l'agitation d'une époque faite de traditions, le centre des regards du monde entier. Sacco et Vanzetti projettent leurs ombres immenses sur les murs de la salle d'audience.

Auteur: Dos Passos John

Info: Devant la chaise électrique : Sacco et Vanzetti : histoire de l'américanisation de deux travailleurs étrangers

[ prolétariat ] [ historique ]

 

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irrationnel

Prenez ma propre expérience du nombre 62. Accessoirement j’en rends compte dans mon article. Je l’ai vu partout, adresses, billets de train, chambres d’hôtel – ce nombre me poursuivait à tel point que je me suis persuadé que c’était une prémonition de l’âge auquel j’allais mourir. La vraie question n’est pas celle de la justesse ou de la fausseté de la prémonition, mais bien de comprendre d’où vient la certitude obsessionnelle qu’elle est vraie. Pourquoi la raison renonce-t-elle à son empire, chez une personne superstitieuse, et laisse-t-elle ce délire s’enraciner au plus profond ? Pourquoi certains d’entre nous ont la conviction d’avoir un double, un Doppelgänger ? Qu’est-ce que l’imagination ? Où est la réalité ? Pourquoi avons-nous l’impression que ces choses sont étranges et inquiétantes ? Dans mon papier, j’émets l’hypothèse que ces questions sont les échos de répressions infantiles. J’établis aussi un lien avec l’animisme latent que j’ai analysé dans mon Totem. Il est rare que le sentiment d’étrangeté, une fois éveillé, se dissipe complètement. En général, il ne vous abandonne jamais ; la raison n’a pas prise sur lui.

Auteur: Keve Tom

Info: Dans "Trois explications du monde", pages 282-283, discours fictif de Freud

[ synchronicités ] [ intentionnalité magique ] [ questions ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

personnage

Elle avait grandi comme en dehors du monde. Le monde n'était pas à sa dimension, elle le savait, il était aussi trop étranger. Elle voyait autour d'elle, au collège, au lycée, des filles et des garçons qui ne connaissaient pas de difficulté à frétiller au milieu de leurs semblables dans le grand bassin d'eau froide des journées, à se frayer un chemin dans la foule; qui étaient à l'aise partout, trouvaient leur place dans l'existence, riaient, s'exaltaient, indifférents aux regards. Elle ne s'y attardait pas. Venant des autres, cette capacité tait manuelle. Pas chez elle. Elle n'osait s'avouer différente, c'eût été de l'orgueil. Elle se considérait plutôt en défaut, d'où son acceptation de ce qui lui arrivait, elle courbait la nuque sous les menus événements qui pénétraient l'aire longtemps protégée où elle s'ébattait. Ses parents la disaient naïve, presque une enfant. Il fallait la garder à l'abri.
De ses pensées, de ses rêves, ils ne s'inquiétaient pas. Couvait-elle des souhaits, brodait-elle des élans, illustrait-elle des goûts, des préférences ? Ce ne sont pas des questions qu'on pose aux filles.

Auteur: Morgan Cédric

Info: le Bonheur en douce

[ isolement ]

 

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dictature

Lorsqu'on observe des photographies de l'Extrême-Orient prises de nuit, on remarque une vaste zone curieusement dépourvue de toute lumière. Cet espace obscur, c'est la République populaire démocratique de Corée. [...] C'est au début des années quatre-vingt-dix qu'elle a disparu dans la nuit. Après la chute de l'Union soviétique, qui jusqu'alors fournissait ses alliés communistes en pétrole à bon marché, l'économie vieillotte et peu performante de la Corée du Nord s'est effondrée. Les centrales se sont mises à rouiller et à tomber en ruine. Les lumières se sont éteintes. Des Nord-Coréens affamés ont escaladé les poteaux électriques afin de chaparder du cuivre qu'ils échangeraient contre de la nourriture. Lorsque le soleil se couche, l'horizon devient gris et, bientôt, la nuit engloutit les petites maisons trapues. [...]
Lorsque des étrangers contemplent ce néant qu'est devenue la Corée du Nord de nos jours, ils songent à des villages reculés d'Afrique ou d'Asie du Sud-Est que l'électricité n'a pas encore atteints. Mais la Corée du Nord n'est pas un pays sous-industrialisé. C'est un pays qui s'est détaché du monde industrialisé.

Auteur: Demick Barbara

Info: Vies ordinaires en Corée du nord

[ terreur ] [ planète terre ] [ vue de l'espace ]

 

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sens-de-la-vie

Venir sur Terre, c'est voyager loin de chez soi, dans un pays étranger. Certaines choses semblent familières, mais la plupart sont étranges jusqu'à ce qu'on s'y habitue, en particulier les conditions impitoyables. Notre vraie maison est un lieu de paix absolue, d'acceptation totale et d'amour complet. En tant qu'âmes séparées de notre foyer, nous ne pouvons plus croire que ces belles caractéristiques sont présentes autour de nous. Sur Terre, nous devons apprendre à faire face à l'intolérance, à la colère et à la tristesse tout en recherchant la joie et l'amour. En chemin nous ne devons pas perdre notre intégrité et sacrifier la bonté à la survie, ou en adoptant des attitudes supérieures ou inférieures à notre entourage. Nous savons que vivre dans un monde imparfait nous aidera à apprécier le véritable sens de la perfection. Avant de partir pour une autre vie, nous demandons courage et humilité. Au fur et à mesure que nous grandissons en conscience, la qualité de notre existence s'améliore. C'est ainsi que nous sommes testés. La réussite de ce test est notre destin.

Auteur: Newton Michael

Info: Destiny of Souls : New Case Studies of Life Between Lives

[ dépassement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

se dénuder

Il éprouvait une gêne intolérable : tout le monde était habillé, alors que lui était dévêtu, et, chose étrange, une fois dévêtu, il se sentit en quelque sorte coupable envers eux, surtout il était prêt à reconnaître lui-même qu’effectivement, il était soudain devenu leur inférieur à tous et que maintenant ils étaient pleinement en droit de le mépriser. "Quand tout le monde est déshabillé, on n’a pas honte, mais lorsqu’on l’est seul et que tous vous regardent, quelle ignominie !" Cette pensée lui traversait encore et encore l’esprit. "C’est comme en rêve, en rêve j’ai quelquefois subi une pareille honte." Mais retirer ses chaussettes lui causait même de la souffrance : elles n’étaient pas propres, son linge de corps non plus, et maintenant tout le monde l’avait vu. Et surtout, il n’aimait pas lui-même ses pieds, il avait toute sa vie, sans savoir pourquoi, trouvé laids ses gros orteils, notamment l’ongle grossier, plat, incurvé du pied droit, et voici qu’à présent ils allaient tous le voir. De honte intolérable il devint encore plus grossier, cette fois délibérément. Il arracha lui-même sa chemise.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 202

[ flux de conscience ] [ à poil ] [ rabaissement ] [ embarras ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson