Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 245
Temps de recherche: 0.0539s

femmes-hommes

Georges était venu ; et, comme si la barre d’appui lui eût paru trop courte, il prit Nana par la taille, il appuya la tête à son épaule. Le temps avait brusquement changé, un ciel pur se creusait, tandis qu’une lune ronde éclairait la campagne d’une nappe d’or. C’était une paix souveraine, un élargissement du vallon s’ouvrant sur l’immensité de la plaine, où les arbres faisaient des îlots d’ombre, dans le lac immobile des clartés. Et Nana s’attendrissait, se sentait redevenir petite. Pour sûr, elle avait rêvé des nuits pareilles, à une époque de sa vie qu’elle ne se rappelait plus. Tout ce qui lui arrivait depuis sa descente de wagon, cette campagne si grande, ces herbes qui sentaient fort, cette maison, ces légumes, tout ça la bouleversait, au point qu’elle croyait avoir quitté Paris depuis vingt ans. Son existence d’hier était loin. Elle éprouvait des choses qu’elle ne savait pas. Georges, cependant, lui mettait sur le cou de petits baisers câlins, ce qui augmentait son trouble. D’une main hésitante, elle le repoussait comme un enfant dont la tendresse fatigue, et elle répétait qu’il fallait partir. Lui, ne disait pas non ; tout à l’heure, il partirait tout à l’heure.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 9 : Nana

[ femme-par-homme ] [ envoûtée ] [ dépaysée ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

recyclage

Nous nous sommes rendus dans la zone. Les statistiques sont bien connues : il y a huit cents "sépulcres" autour de Tchernobyl. Il s'attendait à des fortifications d'une complexité inouïe alors que ce ne sont que de simples fosses. C'est là que l'on a enterré la "forêt rousse" abattue sur cent cinquante hectares autour du réacteur (dans les deux jours qui ont suivi la catastrophe, les sapins et les pins sont devenu rouges, puis roux). Là gisent des milliers de tonnes de métal et d'acier, des tuyaux, des vêtements de travail, des constructions en béton. Il m'a montré une vue aérienne publiée par un magazine anglais... Des milliers de voitures, de tracteurs, d'hélicoptères... Des véhicules de pompiers, des ambulances... C'était le plus important sépulcre, près du réacteur. Il voulait le photographier dix ans après la catastrophe. On lui avait promis une bonne rémunération pour cette photo. Mais nous avons tourné en rond, d'un responsable à l'autre, et tous refusaient de nous aider : tantôt il n'y avait pas de carte, tantôt il manquait une autorisation. Et puis, j'ai fini par comprendre que le sépulcre n'existait plus que dans les rapports. En réalité, tout a été pillé, vendu dans les marchés, utilisé comme pièces détachées par des kolkhozes et des particuliers.

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse

[ rien ne se perd ] [ récupération ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écriture

Quand vous commencez à écrire une histoire, vous êtes comme un voyageur qui a vu de très loin un château. Dans l'espoir de l'atteindre, vous suivez un petit chemin qui descend au flanc d'une colline vers une vallée couverte de forêt. Le chemin se rétrécit et devient un sentier qui s'efface par endroits, et vous ne savez plus très bien où vous êtes rendus; vous avez l'impression de tourner en rond.
De temps en temps, vous traversez une clairière inondée de soleil, ou vous franchissez une rivière à la nage. Au sortir de la forêt, vous escaladez une petite montagne. Parvenu au sommet, vous apercevez le château, mais c'est sur la colline suivante qu'il se trouve, et il est moins beau que vous ne l'aviez cru: il fait penser à manoir ou à une grande villa.
Sans perdre courage, vous descendez encore une fois dans une vallée, vous traversez une forêt obscure en suivant un sentier presque invisible, puis vous grimpez au sommet de la colline et, à bout de force, vous arrivez enfin devant le château.
En réalité ce n'est pas un château, ni un manoir, ni même une villa: c'est plutôt une vieille maison délabrée et, curieusement, elle ressemble beaucoup à celle où vous avez passé votre enfance.

Auteur: Poulin Jacques

Info: Le vieux chagrin

[ miroir ] [ littérature ]

 

Commentaires: 0

obscurité

Quelques fines lueurs de clair de lune s'infiltraient dans les bois. Les comptonies voyageuses décrivaient un arc au-dessus de l'ancien sentier d'élagage, recouvrant les tiges de mûriers sauvages comme les lames d'une scie dans leur fourreau. Effluves de vinaigriers. Les branches de bouleaux et de peupliers luisaient légèrement. Une étroite trouée dans la canopée leur permettait d'avancer mieux que n'importe quel éclairage terrestre. Edgar se protégeait le visage des mains tandis que les ronces déchiraient ses vêtements. De temps à autre, il s'arrêtait pour appeler les chiens en frappant dans ses mains. Ils déboulaient, frottaient leurs museaux et leurs babines contre sa paume et disparaissaient à nouveau, sûrs d'eux dans la nuit. Il les suivait du regard, ombres parmi les ombres avant de se remettre en route. Il était environné de lucioles. Les voix qui les appelaient s'étaient perdues dans l'écorce de troncs d'arbres qui se balançaient dans la brise nocturne comme des coques de navire. Sans savoir pourquoi, il était certain qu'ils n'avaient pas tourné en rond. Le sens du vent, probablement, ou les rayons de lune qui se projetaient à l'ouest. Lorsqu'un bosquet de bouleaux surgit devant lui, là où il s'attendait à une brèche, il comprit qu'il était arrivé au bout du chemin ou qu'il s'en était éloigné.

Auteur: Wroblewski David

Info: L'Histoire d'Edgar Sawtelle

[ forêt ]

 

Commentaires: 0

interdictions

La Ville de Paris, qui n’a que de bonnes idées, s’apprête à proposer aux douze mille cafés, hôtels et restaurants de la capitale d’adopter le label "Établissement sans tabac". Proposer, c’est adopter. Soixante et un pour cent des personnes qui ne fréquentent jamais ni bars ni restaurants viennent de déclarer qu’elles s’y rendraient si elles ne risquaient pas d’y apercevoir un rond de fumée à l’horizon. C’est tout à fait comme si, du temps où les maisons closes existaient encore, on avait exigé que les prostituées en soient bannies afin que l’on puisse s’y rendre en famille, le dimanche, avec la grand-mère et les enfants en bas âge. [...] Purger l’homme de l’humain, toujours instable et dangereux, remplacer le concret incontrôlable par de l’abstrait programmé n’est plus un rêve mais un travail de chaque instant ; et d’autant plus drôle qu’il y a des sanctions à la clé : en même temps que le label "Établissement sans tabac", la Ville de Paris va en effet proposer des "stickers" comportant un numéro de téléphone que l’on pourra appeler si par hasard, dans ces établissements sans tabac, on a repéré un mégot écrasé, ou même peut-être entendu chuchoter le mot "cigarette". Ainsi, à la joie de respirer sans entraves, s’ajoutera le plaisir de dénoncer sans frein.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1746

[ totalitarisme du bien ] [ maternification ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

- Que paye-t-on une femme dans votre pays ? me demanda le guide, lorsque j'eus fini de le questionner sur ce sujet.
- On n'achète pas sa femme, dis-je, on demande à une jeune fille qu'on aime si elle veut bien devenir votre femme. Si elle y consent et si ses parents ne s'y opposent pas, on l'épouse.
- Quand la jeune fille ne vous aime pas, qu'elle vous frappe la tête avec son fouet ou qu'elle s'enfuit lorsque vous galopez à côté d'elle, que faites-vous ?
- Eh bien, nous ne l'épousons pas.
- Mais si vous désirez ardemment vous marier avec elle et que vous l'aimiez plus que votre meilleur cheval, vos moutons et vos chameaux réunis ?
- Nous ne pouvons l'épouser sans son consentement.
- Vos jeunes filles ont-elles le visage comme la lune en son plein ?
- Quelques-unes.
Mon guide me parut, tout à coup, plongé dans une méditation profonde, disposition d'esprit tout à fait exceptionnelle chez les Arabes des steppes. Il ôta son bonnet de peau de mouton, gratta sa tête rasée, puis me dit :
- Voulez-vous m'emmener avec vous dans votre pays ? C'est bien tentant d'avoir pour rien une femme avec un visage rond comme la lune ! une femme qu'on ne paye pas même le prix d'un mouton !

Auteur: Burnaby Frederick G.

Info: Khiva au galop vers les cités interdites

[ choc des cultures ] [ humour ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

yémen

Il n'est pas dans tout l’orient de grande cité qui puisse donner une idée de Sanaa. Ni le Caire, au bord du désert que surveille le sphinx. Ni Damas, reine de Syrie, molle et subtile, noyée dans son verger géant. Ni Jérusalem, bloc compact de voûtes, d'arceaux, de ruelles, d'exaltation, de haine et d'amour. 

Sanaa, au milieu de la coupe prodigieuse de pierre et de lave que ferment les djébels yéménites, se dresse isolée du monde et près du ciel. Flanquée de donjons ronds et pesants, cernée par d'épaisses enceintes crénelées, elle est vaste, solide, bâtie en force et tranquillité. Elle semble issue du sol même, toute posée dans sa forme, sa fierté et sa sobre noblesse. Ainsi que le haut plateau qui la soutient, Sanaa porte le sceau de la fable et de la vie en même temps. 

Elle est féodale sans vestige de mort, elle est orientale avec ordre, ampleur el fermeté. Elle bruit, elle respire alors qu'elle pourrait être vide et servir de témoin au passé, comme les villes fascinantes qu'on exhume des sables. On ne voit pas un Occidental dans ses larges rues et pourtant elle est organisée, elle est propre, elle est civilisée dans son dessin profond. Pareille à l'arène héroïque qui l'a conçue, Sanaa s'élève comme un mythe animé.

Auteur: Kessel Joseph

Info: Fortune carrée

[ cités arabes ] [ comparées ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

souk

Pour arriver chez moi, il fallait monter des rues et des rues mauresques, tortueuses, coupées de couloirs sombres sous la forêt des porte-à-faux moisis.
Devant les boutiques inégales, on côtoyait des tas de légumes aux couleurs tendres, des mannes d’oranges éclatantes, de pâles citrons et de tomates sanglantes. On passait dans la senteur des guirlandes légères de fleurs d’oranger ou de jasmin d’Arabie lavé de rose avec, au bout, des petits bouquets de fleurs rouges.
Il y avait des cafés maures avec des pots de romarin et des poissons rouges flottant dans des bocaux ronds sous des lanternes en papier, des gargoulettes où trempaient des bottes de lentisque.
À côté, c’étaient des gargotes saures avec des salades humides et des olives luisantes, des étalages de confiseurs arabes avec des sucres d’orge et des pâtisseries poivrées, des fumeries de kif où on jouait du flageolet.
On frôlait des Mauresques en pantalons lâches et en foulards gorge-de-pigeon ou vert Nil, des Espagnoles avec des roses de papier piquées dans leurs crinières noires.
On pouvait acheter de tout, on entendait tous les langages, tous les cris de la vie méditerranéenne, bruyante, toute en dehors, mêlée aux réticences et aux chuchotements de la vie maure.
Enfin, au fond d’une impasse, par une porte branlante, on entrait dans un patio frais, plein d’une ombre séculaire.

Auteur: Eberhardt Isabelle

Info: Pages d'Islam, Le mage

[ marché ] [ foire ]

 

Commentaires: 0

géopolitique

La cause profonde de la Deuxième Guerre mondiale fut, comme chacun sait, la rivalité entre les groupes capitalistes juif et chrétien pour la domination de l’Europe.

Quant à la cause occasionnelle, on en discute encore.

D’après certains auteurs, cette guerre fut directement provoquée par le pacte d’agression antipolonais qui fut signé à Moscou le 23 août 1939 entre les oligarques de l’Allemagne nazie et ceux de l’Empire russe.

Ce fut là, en effet, le prétexte invoqué par l’Angleterre d’abord, ensuite par la France, lorsque, le 3 septembre de la même année, elles déclarèrent la guerre à l’Allemagne. A les entendre, elles volaient au secours de la Pologne...

Cette thèse est parfaitement indéfendable si l’on considère le sort de la Pologne à la fin de cette même guerre : la résistance polonaise écrasée par les Allemands avec la complicité passive, mais efficace, de l’armée russe ; Varsovie entièrement détruite, sans qu’aucun des alliés fasse un geste pour la sauver ; ensuite l’occupation russe, le génocide de classes entières de la population comme "réactionnaires", le massacre systématique de tous les patriotes polonais, même communistes ; enfin, le rattachement du pays tout entier à l’empire colonial stalinien, avec un statut analogue à celui du Maroc sous le protectorat français. A qui fera-t-on croire qu’une guerre dont l’objectif premier aurait été de défendre la Pologne pouvait se terminer ainsi ?

Auteur: Gripari Pierre

Info: Dans "La vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie-Gripotard", éditions de la Table Ronde, 1968, pages 187-188

[ instrumentalisation ] [ prétexte ] [ ww2 ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

flemme

La paresse est une valeur humaine qui est en train de disparaître. C'est fou ce qu'à notre époque les gens peuvent être actifs. Que quelques amis se réunissent le dimanche pour un bon déjeuner, à peine la dernière bouche avalée, il se trouve toujours quelqu'un pour demander: "Alors, qu'est-ce qu'on fait?" Une espèce d'angoisse bouleverse ses traits, tant est grand son désir de faire quelque chose. Et il insiste: "Qu'est-ce qu'on fait? - Mais rien!", ai-je toujours envie de répondre. Pour l'amour de Dieu, ne faisons rien. Restons un bon après-midi sans rien faire du tout. Çà ne suffit donc pas d'être avec de bons amis, de jouer à sentir cet invisible courant qui, dans le silence, règle les cœurs à la même cadence, de regarder le jour décroître sur les toits, sur la rivière, ou plus simplement sur le coin du trottoir?

J'exagère sans doute. C'est que j'aime tant la paresse, mais la vraie paresse, consciente, intégrale, que je voudrais bien lui trouver toutes les bonnes vertus. Bien sûr elle est comme toutes les bonnes choses, comme le vin, comme l'amour; il faut la pratiquer avec modération. Mais croyez-moi, la terre ne tournerait pas moins rond si ses habitants avaient le courage de se forcer chaque semaine à rester quelques heures bien tranquilles, sans occupation apparente, à guetter les signaux invisibles et puissants que vous adresse le monde vaste et généreux.

Auteur: Renoir Jean

Info:

[ éloge ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel