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scrutateur

Je suis un observateur assidu des gens, un voyeur de l’humanité, si vous préférez. Parfois, je me dis que je dois être un peu excessif, parce que je ne me contente pas d’observer, je me goberge des gens. Certains voyageurs sont totalement absorbés par leurs journaux, d’autres se replient illico sur eux-mêmes, ou s’endorment. Très peu observent. Et personne n’observe de façon aussi gourmande que moi. C’est comme s’il y avait un grand secret que je me devais de percer. Mes observations sont en général d’ordre fantasmatique. Pour ce qui est des femmes, je les déshabille et j’étudie leur potentiel sensuel. Quelle peut être la taille de leurs aréoles, par exemple, ou l’épaisseur de leur toison pubienne. Mon regard transperce les vêtements et j’en tire des conclusions. Quant aux hommes, il s’agit surtout de comparaisons. Leur assurance est-elle supérieure à la mienne, ont-ils plus de succès en amour, sont-ils plus impressionnants que moi ?

Auteur: Kenneth Bernard

Info: La femme qui pensait être belle

[ femmes-hommes ] [ spectateur ]

 

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mort originale

Crever de rire, que pouvait-on imaginer de mieux, finalement ? Quelle plus belle sortie pour ceux qui n’attendent plus rien ? Tellement moins solennelle que le suicide, tellement moins vulgaire aussi. Monsieur avait essayé, plusieurs fois, dans des cinémas où l’on projetait des films dits "comiques". Il était bon public, comique troupier, vaudeville, burlesque, tout lui plaisait, il était toujours le premier à s’esclaffer, il en pleurait presque, mais comme, par peur de la foule, il n’assistait qu’aux séances où les spectateurs étaient clairsemés, en début d’après-midi généralement, son enthousiasme retombait vite, le silence de la salle le glaçait peu à peu, un sentiment d’effroyable tristesse finissait par l’envahir, et il désertait bien avant la séance. Alors, il traînait pendant des heures dans les rues de Rowena, faisant de brèves escales dans les cafés, puis il rentrait se coucher, même s’il faisait encore jour. Bref, la grande vie. C’était tellement difficile de mourir de rire.

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: "L'ombre des forêts", éditions L'Atteinte, Metz, 2022, pages 169-170

[ frénésie ] [ échec ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

spiritualité

L'enfant ignore la faim et la douleur physique, et il joue avec les objets. De la même façon, l'heureux connaisseur de Brahman trouve ses délices en lui-même, mais sans le sens du "mien" ni du "je". C'est ainsi que le sage, silencieux, alerte et solitaire, qui est l'incarnation du non-désir, traite les objets désirables. Existant en tant qu'Atman impersonnel, il est toujours satisfait de demeurer en cet Atman. Dénué de toute possession, il est toujours réjoui ; bien que sans compagnons, il se sent puissant. Se nourrissant à peine, il est toujours satisfait ; sans égal, il regarde en spectateur ses semblables ; bien que cueillant le fruit, il n'en ressent rien. Vivant dans un corps, il est néanmoins désincarné ; bien que déterminé, il est néanmoins omniprésent ; et jamais ce connaisseur de Brahman, désincarné et immortel, n'est affecté par l'agréable ou le désagréable, pas plus que dans le bien ou le mal.

Auteur: Buttex Martine

Info: Les 108 upanishads, Atman Upanishad, II, 10-17, p. 337

[ unicité ] [ nirvana ]

 

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perdu

Il vient d’entrer dans une réalité parallèle, dans une réalité bardique, dans une mort magique et bredouillée, dans un bredouillis de réalité, de malveillance magique, dans une tumeur du présent, dans un piège de Solovieï, dans une phase terminale démesurément étirée, dans un fragment de sous-réel qui risque de durer au moins mille sept cent neuf années et des poussières, sinon le double, il est entré dans un théâtre innommable, dans un coma exalté, dans une fin sans fin, dans la poursuite trompeuse de son existence, dans une réalité factice, dans une mort improbable, dans une réalité marécageuse, dans les cendres de ses propres souvenirs, dans les cendres de son propre présent, dans une boucle délirante, dans des images sonores où il ne pourra être ni acteur ni spectateur, dans un cauchemar lumineux, dans un cauchemar ténébreux, dans des territoires interdits aux chiens, aux vivants et aux morts. Sa marche a commencé et maintenant, quoi qu’il arrive, elle n’aura pas de fin.

Auteur: Volodine Antoine

Info: Terminus Radieux

[ égaré ] [ désorienté ] [ déphasé ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

perspective métaphysique

La sérénité objective de la connaissance ainsi que son universalité présupposent une "intériorité préalable". (…) Mais cette intériorisation, qui se veut radicale, dépasse en fait la dualité entre l’intérieur et l’extérieur… Ainsi qu’une réflexion sur le Cogito cartésien peut nous en assurer, le passage à l’absolu ne peut s’accomplir qu’à partir de l’intériorité du sujet pensant. (…) L’extériorité présuppose l’intériorité, la conscience du monde présuppose la conscience de soi… Pour passer du relatif à l’Absolu, il faut d’abord passer de l’extériorité, c’est-à-dire à la subjectivité. Ceci explique que la "preuve fondamentale de l’existence" de l’Absolu soit axée chez Shankara sur "une espèce de Cogito". Il s’agit de "dépouiller progressivement la conscience de soi de tout ce qui n’est pas le pur Sujet, le Témoin, le Spectateur, qu’il faut soigneusement discriminer du "Spectacle"." (…) Aussi l’intériorisation poussée jusqu’à son extrême limite aboutit-elle à une "intériorité vidée de toute relation avec un "en-dehors", et même un "en dehors" qui serait situé "à l’intérieur" d’elle-même.

Auteur: Vallin Georges

Info: Voie de gnose et voie d’amour – Eléments de mystique comparée, p. 126-127.

[ désidentification ] [ désêtre ] [ indiscrimination ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

consumérisme

Les derniers refuges de la vie de l'esprit ou de l'aspiration des âmes n'ont pas échappé au règne du marketing quantitatif : la religion, la culture et le sport sont les dernières victimes de l'argent prédateur. La belle aventure du cinéma américain a sombré sous la loi de la distribution et l'emprise des téléviseurs. Il faut désormais créer des besoins au spectateur comme au lecteur, au sportif, au fidèle. Il faut du programmé. Tout doit se vendre, tout doit être rentabilisé : livres, disques, films de grande consommation pour les salles, vidéos à la maison ou dans les mobiles homes. Le succès mondial du Titanic n'est pas un hasard, mais le premier signe du pressentiment populaire d'un naufrage qui menace l'humanité. Il faut créer des frayeurs, des cauchemars pour faire apprécier les fausses voluptés d'un quotidien banal. Les hautes technologies pourront-elles éviter le pire ? Les technocrates en sont convaincus. Je ne le crois pas. La mort veille et protège son territoire : l'éternité.

Auteur: Dauzier Pierre

Info: Le Marketing de l'apocalypse

[ audimat ] [ décadence ]

 

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cinéma

Il y a plusieurs années, j'ai eu l'occasion de voir une courte séquence cinématographique qui présentait une petite fille. Vêtue d'une jolie robe, elle remontait en sautillant une rue étroite pavée de galets. Les passants souriaient tendrement en la regardant. L'image granuleuse en noir et blanc tendait à accentuer la gaieté de la scène, et la légèreté de la musique estivale conférait un sentiment de bien-être. L'attention du public était totalement concentrée sur l'enfant.
Et puis le film a été présenté de nouveau. Identique, mais avec une musique différente : une musique sinistre. Les spectateurs ont retenu leur souffle. Tous venaient de remarquer pour la première fois un homme au visage lugubre qui, à l'extrémité de la sombre allée, fumait une cigarette en observant la petite fille.
Le public avait beau connaître la fin, je peux vous dire qu'il y a eu dans la salle de profonds soupirs de soulagement quand la fillette a fini par rejoindre sa mère.
Même film, musique différente.

Auteur: Rachel Abbott

Info: Le piège du silence

[ éclairage sonore ] [ relativité ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

russie

A un certain moment, nous avons eu l’idée d'un grand show patriotique. En demandant à notre public de nous indiquer ses héros, les personnages sur lesquels se fonde l'orgueil de la mère Russie, nous nous attendions aux grands esprits : Tolstoi, Pouchkine, Andrei Roublev, ou que sais-je, un chanteur, un acteur comme cela arriverait chez vous. Mais que nous ont donné les spectateurs, la masse mforme du peuple habitué à courber Ie dos et baisser Ie regard ? Que des noms de dictateurs. Leurs héros, les fondateurs de la patrie, coïncidaient avec une liste d'autocrates sanguinaires : Ivan Ie Terrible, Pierre Ie Grand, Lénine, Staline. On a ete obligés de falsifier les résultats pour faire gagner Alexandre Nevski, un guerrier au moins, pas un exterminateur. Mais celui qui a recueilli Ie plus de voix fut Staline. Staline, vous vous rendez compte ? C'est là que j'ai compris que la Russie ne serait jamais devenue un pays comme les autres. Non pas qu'il y ait eu un vrai doute.

Auteur: Empoli Giuliano da

Info: Le mage du Kremlin

[ historique ] [ dictateurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

audiovisuel

Ce n'est pas la pub qui a créé la grande révolution dans le montage, c'est la télévision. En montage publicitaire on ne peut pas attendre que le personnage ferme la porte, donc on brusque le raccord ; il n'y a pas de temps morts. Mais la vraie influence a été celle de la télé : si aux actualités ils avaient un exposé court de deux minutes à faire sur De Gaulle en Afrique, ou l'interview d'un ministre, on coupait carrément dans le type qui parle pour en mettre le maximum. L'image saute mais tous les spectateurs acceptent ça très bien. Ça anticipe exactement le célèbre interrogatoire à la maison de correction du petit Doinel dans Les Quatre Cent Coups de Truffaut et l'interview de Melville dans A bout de souffle de Godard. C'est de la pure télé. Les gens de cinéma ont été très marqués par cette technique du récit. Le film publicitaire faisait ça bien avant, mais ça n'avait pas eu d'impact.


Auteur: Colpi Henri

Info: Propos recueillis dans "Cinématographe", n°79, juin 1982 - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansedonia, p.500

[ antécédence ] [ accélération ] [ références cinématographiques ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

niveaux de perception

La liberté n'est pas une illusion ; elle est parfaitement réelle dans le contexte d'une conscience séquentielle. Dans un contexte de conscience simultanée, la liberté n'a pas de sens, mais la coercition non plus ; c'est simplement un cadre différent, ni plus ni moins valable que l'autre. C'est comme cette fameuse illusion d'optique, le dessin d'une jeune femme élégante, visage détourné du spectateur, ou d'une vieille bique au nez verruqueux, menton rentré sur la poitrine. Il n'y a pas d'interprétation "correcte" ; les deux sont tout aussi valables l'une que l'autre. Mais on ne peut les voir en même temps.

De même, la connaissance de l'avenir est incompatible avec le libre arbitre. Ce qui me permet d'exercer ma liberté de choix me rend également impossible de connaître l'avenir. À l'inverse, maintenant que je connais l'avenir, je n'agirais jamais à son encontre, y compris en disant aux autres ce que je sais : ceux qui connaissent l'avenir n'en parlent pas. Ceux qui ont lu le Livre des âges ne l'admettent jamais. 

Auteur: Chiang Ted

Info: Stories of Your Life and Others, 2010, p.137, Knopf

[ indépendance indispensable ] [ indéterminisme obligatoire ] [ mystère nécessaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel