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illumination

L'extase signifie être "hors de soi", comme le dit l'étymologie du mot grec : action de sortir de sa position (stasis). Être "hors de soi" ne signifie pas qu'on est hors du moment présent à la manière d'un rêveur qui s'évade vers le passé ou vers l'avenir. Exactement le contraire : l'extase est identification absolue à l'instant présent, oubli total du passé et de l'avenir. Si on efface l'avenir ainsi que le passé, la seconde présente se trouve dans l'espace vide, en dehors de la vie et de sa chronologie, en dehors du temps et indépendante de lui (c'est pourquoi on peut la comparer à l'éternité qui, elle aussi, est la négation du temps).

Auteur: Kundera Milan

Info: Les Testaments trahis

[ instant ] [ nirvana ]

 

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vieillesse

Elle avait bu sa tasse de café, elle parlait et il s’efforçait de déterminer exactement l’ampleur de cette métamorphose, à cause de laquelle elle allait une deuxième fois lui échapper : le visage était ridé (ce que plusieurs couches de poudre s’efforçaient en vain de réfuter) ; le cou était fané (ce qu’elle s’efforçait en vain de cacher sous un col montant) ; les joues étaient pendantes ; les cheveux (mais ça, c’était presque beau !) grisonnaient. Cependant, ce qui l’attirait le plus, c’étaient les mains (que ni la poudre ni le fard ne peuvent, hélas, embellir) : le réseau bleu des veines qui s’y dessinait en relief en faisait presque des mains d’hommes.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 186

[ femme-par-homme ] [ détails ] [ attraction-répulsion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

credo

[...] il faut que celui qui pense ne s'efforce pas de persuader les autres de sa vérité ; il se trouverait ainsi sur le chemin d'un système ; sur le lamentable chemin de la "conviction" ; des hommes politiques aiment se qualifier ainsi ; mais qu'est-ce qu'une conviction ? c'est une pensée qui s'est arrêtée, qui s'est figée, et l'" homme à conviction " est un homme borné ; la pensée expérimentale ne désire pas persuader mais inspirer ; inspirer une autre pensée, mettre en branle le penser ; c'est pourquoi un romancier doit systématiquement dé systématiser sa pensée, donner des coups de pied dans la barricade qu'il a lui-même érigée autour de ses idées.

Auteur: Kundera Milan

Info: Les testaments trahis, p.212, Folio no2703

 

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dialogue

Vous savez ce qui se passe quand deux personnes bavardent. L'une parle et l'autre lui coupe la parole : c'est tout à fait comme moi, je ... et se met à parler d'elle jusqu'à ce que la première réussisse à glisser à son tour : c'est tout à fait comme moi, je ...
Cette phrase, c'est tout à fait comme moi, je ..., semble être un écho approbateur, une manière de continuer la réflexion de l'autre, mais c'est un leurre : en réalité c'est une révolte brutale contre une violence brutale, un effort pour libérer notre propre oreille de l'esclavage et occuper de force l'oreille de l'adversaire. Car toute la vie de l'homme parmi ses semblables n'est rien d'autre qu'un combat pour s'emparer de l'oreille d'autrui.

Auteur: Kundera Milan

Info: Le livre du rire et de l'oubli, p.128, Folio no1831

[ exister ]

 

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enfermement symbolique

Dès que l’on prend une chose à la lettre, la foi pousse cette chose à l’absurde. Le véritable défenseur d’une politique ne prend jamais au sérieux les sophismes de cette politique, mais seulement les objectifs pratiques qui se dissimulent derrière ces sophismes. Car les clichés politiques et les sophismes ne sont pas faits pour qu’on y croie ; ils servent plutôt d’excuse tacitement convenue ; les naïfs qui les prennent au sérieux y découvriront tôt ou tard des contradictions, commenceront à se révolter et finiront ignominieusement dans la peau d’hérétiques ou de renégats. Non, une foi excessive n’apporte jamais rien de bon ; et pas seulement aux systèmes religieux et politiques ; même à notre système, dont nous nous sommes servis pour attirer cette petite jeune fille.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 79

[ univocité ] [ impasse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

corps-esprit

Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli. Évoquons une situation on ne peut plus banale : un homme marche dans la rue. Soudain, il veut se rappeler quelque chose, mais le souvenir lui échappe. À ce moment, machinalement, il ralentit son pas. Par contre, quelqu’un qui essaie d’oublier un incident pénible qu’il vient de vivre accélère à son insu l’allure de sa marche comme s’il voulait vite s’éloigner de ce qui se trouve, dans le temps, encore trop proche de lui. Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli.

Auteur: Kundera Milan

Info: La lenteur

[ mécanisme mnémonique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

- Nous avons dit, explique la docteur Havel à sa femme, que le goût banal de la province se fait un faux idéal de la beauté, et que cet idéal est fondamentalement a-érotique, voire antiérotique, alors que le vrai charme, érotique, explosif, reste inaperçu de ce goût-là. Il y a autour de nous des femmes qui pourraient faire connaître à un homme les plus vertigineuses aventures des sens, et personne ne les voit.

- C’est ça, approuva le jeune homme.

- Personne ne le voit, reprit le médecin, parce qu’elles ne correspondent pas aux normes d’ici ; en effet, le charme érotique se manifeste plutôt par l’originalité que par la régularité ; plutôt par l’expressivité que par la mesure ; plutôt par l’anormalité que par la banale joliesse.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 237

[ détails ] [ séduisantes ] [ non conventionnel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

chasteté

Comme chacun sait, Abélard était châtré, et ça ne les a pas empêchés de rester des amants fidèles, lui et Héloïse, et leur amour est immortel. George Sans a vécu pendant sept ans avec Frédéric Chopin, immaculée comme une vierge, et on parle encore de leur amour ! Je ne veux pas, en une compagnie aussi auguste, rappeler le cas de la petite putain qui m’a accordé le plus grand honneur qu’une femme peut accorder à un homme, en me repoussant. Prenez-en bonne note, ma chère Elisabeth, il y a entre l’amour et ce à quoi vous pensez constamment des liens beaucoup plus lâches qu’on ne le croit. N’en doutez pas, Klara aime Fleischman. Elle est gentille avec lui, pourtant elle se refuse à lui. Ça vous paraît illogique, mais l’amour c’est justement ce qui est illogique.

Auteur: Kundera Milan

Info: Risibles amours, traduit du tchèque par François Kérel, éditions Gallimard, 1986, page 128

[ platonique ] [ sexualité ] [ paradoxe ] [ point de vue masculin ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

égoïsmes

...grâce à Soljenitsyne, l’expression "droit de l’homme" a retrouvé sa place dans le vocabulaire de notre temps… Mais comme en occident on ne vit pas sous la menace des camps de concentration, comme on peut dire ou écrire n’importe quoi, à mesure que la lutte pour les droits de l’homme gagnait en popularité elle perdait tout contenu concret, pour devenir finalement l’attitude commune de tous à l’égard de tout, une sorte d’énergie transformant tous les désirs en droits. Le monde est devenu un droit de l’homme et tout s’est mué en droit : le désir d’amour en droit à l’amour, le désir de repos en droit au repos,… le désir de publier un livre en droit de publier un livre, le désir de crier la nuit dans les rues en droit de crier la nuit dans les rues.

Auteur: Kundera Milan

Info: L'immortalité, p 206

[ tout m'est dû ] [ déresponsabilisation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

séduction

Kamila sent le mollet du metteur en scène qui presse sa jambe gauche sous la table. Elle s'en rend bien compte, pourtant elle ne retire pas la jambe. C'est un contact qui établit entre eux une communication sensuelle, mais qui aurait pu aussi se produire tout à fait par hasard, et dont elle aurait pu fort bien ne pas s'apercevoir tant il était insignifiant. C'est donc un contact situé exactement à la frontière de l'innocence et de l'impudique. Kamila ne veut pas franchir cette frontière, mais elle est heureuse de pouvoir s'y maintenir (sur ce mince territoire d'une soudaine liberté) et elle se réjouira davantage encore si cette ligne magique se déplace d'elle-même vers d'autres allusions verbales, d'autres attouchements et d'autres jeux. Protégée par l'innocence ambiguë de cette frontière mouvante, elle désire se laisser emporter loin, loin et encore plus loin.

Auteur: Kundera Milan

Info: La Valse aux adieux

[ femmes-hommes ] [ contact ]

 

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