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pornographie

Une serviette autour des épaules, dégoulinant, il emprunta l’étroit couloir jusqu’à sa chambre, un minuscule espace triangulaire tout au bout de l’appartement. Sa console d’holoporn s’alluma à son arrivée et une demi-douzaine de filles souriantes le regardèrent avec une joie non dissimulée. Elles semblaient situées par-delà les murs, dans des panoramas brumeux d’espace bleu pâle, leurs dents blanches et leurs jeunes corps fermes brillant comme des néons. Deux d’entre elles s’avancèrent et commencèrent à se toucher.

"Arrêtez", dit-il.

La console de projection s’éteignit aussitôt ; les filles fantasmes disparurent. L’appareil avait autrefois appartenu au grand frère de Ling Warren ; les cheveux et les vêtements des femmes étaient datés et plutôt ridicules. On pouvait leur parler et leur demander de se faire des choses toutes seules ou bien à plusieurs. Bobby se rappelait qu’à treize ans, il était amoureux de Brandi, celle avec le pantalon de latex bleu. Désormais, il aimait surtout les projections pour la sensation illusoire d’espace qu’elles offraient dans la chambre de fortune.

Auteur: Gibson William

Info: Dans "Comte zéro", trad. Laurent Queyssi, éd. Au diable vauvert, 2022, page 60

[ futuriste ] [ virtuelle ] [ hologramme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

têtes brûlées

Je le comparerais peut-être à un gentleman du passé, dont notre société conserve certains souvenirs légendaires. On disait, par exemple, du décembriste Lunin, qu'il avait recherché le danger toute sa vie, qu'il s'en était délecté, qu'il en avait fait un élément nécessaire de sa nature. Dans sa jeunesse, il se battait en duel sans raison. En Sibérie, il s'attaquait à un ours avec un simple couteau, et dans les forêts sibériennes, il aimait rencontrer des prisonniers évadés, qui, je le note en passant, étaient plus terrifiants que n'importe quel ours. Il ne fait aucun doute que ces gentlemen légendaires étaient capables d'éprouver, et peut-être même à un haut degré, un sentiment de peur ; sinon, ils auraient été beaucoup plus calmes, et le sens du danger ne serait pas devenu un élément nécessaire de leur nature. Mais vaincre la lâcheté en soi, c'est bien sûr ce qui s'est avéré si séduisant. La satisfaction constante de la victoire et la conscience que personne ne peut vous vaincre, voilà ce qui les attirait.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les démons

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

animal domestique

Pas une fois Rouslan n'était tombé sur sa trace, à aucun moment il n'avait flairé cette odeur virile qu'il aimait tant, une odeur de graisse de fusil, de tabac, de jeunesse robuste et bien lavée. Tous les maîtres sentaient comme ça, d'ailleurs. En outre, celui de Rouslan se parfumait volontiers avec une eau de Cologne qu'il achetait à la coopérative des officiers, mais le bouquet que formaient toutes ces odeurs lui appartenait en propre comme son caractère - et Rouslan savait que, comme les chiens, les hommes se distinguent par leur caractère, justement. C'était pour ça qu'ils avaient tous une odeur différente ; il suffisait de les flairer et le mystère était éclairci. Son maître, par exemple, à en juger par ce bouquet, n'était peut-être pas des plus courageux, mais il ignorait la pitié. Il n'était peut-être pas des plus intelligents, mais il ne faisait confiance à personne. Il n'était peut-être pas tellement aimé de ses amis, mais il aurait abattu n'importe lequel d'entre eux, pour peu que le Service l'eût exigé.

Auteur: Vladimov Georgij Nikolaevic

Info: Le fidèle Rouslan

[ vénération ]

 

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socio-littérature

Si nous pouvons dire des épopées homérique et virgilienne qu'elles étaient des manières d'entretien entre le poète et l'aristocratie, nous pouvons dire du roman qu'il a été la forme d'art fondamentale de l'ère de la bourgeoisie.

Avec le roman ne naquit pas seulement l'art du bourgeois, de l'habitant des villes d'Europe ; depuis Cervantès il fut le miroir que l'imagination, quand elle fait appel à la raison, tend à la réalité quotidienne. Don Quichotte lançait au monde de l'épopée un adieu ambigu et mélancolique ; Robinson Crusoé délimitait le monde du roman moderne. Comme le naufragé de Defoe, le romancier va s'entourer d'une palissade de faits tangibles : les maisons merveilleusement solides de Balzac, l'odeur des puddings de Dickens, les pharmacies de Flaubert et les interminables inventaires de Zola. S'il trouve une empreinte dans le sable, le romancier en déduira que c'est l'homme Vendredi qui se cache dans les buissons, non pas que c'est la trace d'une fée ou, comme dans le monde shakespearien, la trace fantomale du dieu Hercule "qu'Antoine aimait".


Auteur: Steiner George

Info: Tolstoï ou Dostoïevski

[ occidentale ] [ réalisme ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

deuil

D'Honoré, je garde l'image d'un conteur. Quand il vous saluait, il s'inclinait légèrement, en vous demandant droit dans les yeux : " Tu vas bien ? " Honoré adorait raconter des histoires, et c'était toujours passionnant. D'ailleurs, il lui arrivait toujours des choses incroyables, comme sa découverte d'un dessin de Raymond Queneau dans une benne à papiers. Il aimait les histoires, mais aussi l'Histoire. Il adorait détourner les images célèbres, de tableaux, de films ou de pubs. Dans l'univers d'Honoré, les gargouilles de Notre-Dame portent des masques à gaz, les panneaux autoroutiers posent des questions philosophiques, Chaplin et son Kid deviennent des racailles de cité, les gorilles jouent de la guitare électrique, et les grands noms de la littérature sont des rébus. À l'heure de la palette graphique et de Google Images, Honoré faisait de la résistance esthétique. Il dessinait toujours à l'ancienne, sur une table d'architecte des années cinquante, au milieu d'une multitude de boîtes à chaussures remplies de photos découpées dans les journaux, où il allait puiser son inspiration. Honoré m'aidait à prendre du recul pour mieux comprendre le monde.

Auteur: Fischetti Antonio

Info: Même pas morts. Suite au massacre de Charlie Hebdo

[ hommage ] [ épitaphe ]

 

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femmes-par-hommes

Joséphine était plus âgée que lui (...). A la voir habillée et coiffée avec mesure, on ne devinait pas qu'elle était une personne ardente. Au départ, d'ailleurs, Narcisse, qui ne s'en doutait pas, s'était intéressé à elle presque par amusement. Au guichet de la banque où elle l'accueillait, il avait vite compris que " le coup était jouable " - je reprends son expression. Et dès leur première rencontre, Joséphine révéla une qualité qui euphorisait chaque fois Narcisse : elle gémissait. Elle s'exprimait, chuchotait, câlinait avec des mots qu'il importe peu de reproduire ici. Elle aimait susurrer le prénom de Narcisse. Cela électrisait Narcisse ; il se sentait alors puissant, efficace, performant. Oui, Joséphine avait l'expérience et le talent pour encourager un homme. Son corps était accueillant, et, à la différence de la plupart des femmes de notre pays - les lycéennes en particulier, qui faisaient l'ordinaire de la vie sexuelle de Narcisse -, elle prenait l'initiative, embrassait en retour. Dès la première étreinte, elle avait su découvrir les endroits les plus sensibles de Narcisse, et les exploitait calmement, habilement.

Auteur: Ananissoh Théo

Info: Un reptile par habitant

[ sensuelle ] [ habile ]

 

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musique

Le matin, avant de préparer le café, il aimait à installer un décor différent selon les hasards du jour. Un décor projeté par une des nombreuses chaines radio qu'il avait à disposition. Parfois de grandes fresques new-age, vagues sans rugosités, avec de longues réverbérations, se développaient comme de grandes enceintes aux teintes claires. Au contraire des infos, qui venaient agresser son esprit par leurs répétitions de nouvelles négatives, ici la cuisine se zébrait d'un gris agité qui ramenait au concret de la vie des hommes. L'interview intimiste d'un anthropologue proposa un jour une ornementation aux teintes brunnes et solides, tons et contours générés par l'évocation du gouffre originel des ancêtres évoqués ? La pop anglaise quant à elle illuminait fréquemment les pièces par l'efficacité de sons puissamment tissés au sein d'une énergie positive, il sentait alors son corps emporté par les pulsions rythmiques. De temps en temps un concerto classique recouvrait tout de cascades de perles, multicolores, aux reflets ondoyants... alors que la musique contemporaine ou le free jazz avaient pour effet de tracer de petits gribouillis qu'il avait envie d'effacer d'un coup d'éponge.

Auteur: Mg

Info: 6 juin 2013, Trio B, tome 3

[ écoute ] [ styles ] [ synesthésie ]

 

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charité

Cette sacrée Rotonde, on allait là comme si on rentrait chez soi ; on se sentait en famille. Le papa Libion était bien le meilleur des hommes, et il les aimait, ses galopins d'artistes.

Il s'y passait des scènes vraiment curieuses.

Par exemple, à l'heure où on livrait le pain, la grande famille des affamés était au complet.

On apportait une vingtaine de pains immenses que la porteuse mettait dans une espèce de panier en osier, près du bar, mais les pains étaient trop longs et il y en avait un bon tiers qui dépassait : oh ! pas pour longtemps. Le temps de se retourner - et papa Libion avait toujours à s'absenter pendant quelques secondes à ce moment-là -, le temps de se retourner et tous les pains étaient décalottés en un clin d'œil.

Puis d'un air détaché, tout le monde sortait avec son bout de pain dans la poche. Et c'était toujours la même chose !

Papa Libion se mettait à tempêter, à parler de représailles, de police... et le lendemain, ça recommençait.

Auteur: Kiki de Montparnasse Alice Prin

Info: Souvenirs retrouvés

[ anecdote ] [ aumône ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

sincérité

Début septembre, le père avait loué un petit utilitaire pour l'installer dans sa studette. Ils avaient fait la route ensemble, pour une fois qu'ils se trouvaient seuls. Son père lui avait parlé de la vie, de sa jeunesse. Il lui avait même raconté de vieilles histoires de coeur. À un moment, Steph lui avait demandé s'il aimait toujours sa mère.

- Plus tellement.

II avait dit ça sans amertume et Steph l'avait adoré d'en finir pour quelques secondes avec les faux-semblants. Elle s'était sentie considérée. En revanche, elle s'était bien gardée de lui demander pourquoi ils restaient ensemble, ou ce genre de questions débiles. Être adulte, c'était précisément savoir qu'il existait d'autres forces que le grand amour et toutes ces foutaises qui remplissaient les magazines, aller bien, vivre ses passions, réussir comme des malades. Il y avait aussi le temps, la mort, la guerre inlassable que vous faisait la vie. Le couple, c'était ce canot de sauvetage sur le rebord de l'abîme. Le père et sa fille n'en avaient pas dit plus. Dans l'habitacle, lui se disait qu'il était fier, et Steph se sentait grande.

Auteur: Mathieu Nicolas

Info: Leurs enfants après eux, Pages 326-327, Actes Sud, 2018

[ parents-enfants ]

 

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rapports humains

Pour ma part je préfère être carrément un grossier personnage plutôt qu'un plaignant. Les plus grossiers sont tout aussi bien les plus fins, bien souvent. Les plaignants sentent cela et ne pardonnent pas aux grossiers le solide emballage qui protège le trésor de leur délicatesse. Les raffinés recouvrent leurs grossièretés d'une couche de finesse. L'habit des grossiers se laisse moins facilement transpercer, il est mieux cousu, il tient plus longtemps, mais finalement cela revient au même, et il est peut-être permis de se dire qu'en fait de grossièreté et de finesse, éducation et milieu mis à part, nous nous ressemblons diablement. Mais il faut d'abord avoir fait pour cela l'expérience de la dispute, cela me semble être le point essentiel dans cette histoire de grossièreté et de finesse. Le brigand aimait bien les gens grossiers. Les finesses le poussaient aux grossièretés et à l'égard des grossiers il savait être charmant, conventionnel et à l'aise, et par conséquent très fin. Il avait le don de s'adapter et un certain besoin d'équilibre. Avait-il affaire à un délicat, il sentait aussitôt qu'il n'avait pas de surcroît à l'être lui-même, sans quoi ce serait vraiment trop pareil...

Auteur: Walser Robert

Info:

[ types psychologiques ] [ interactions ] [ paradoxes ] [ caractères ] [ adaptation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson