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cité imaginaire

En bas, il n’y a que des habitats troglodytes, des galeries enterrées et quelques burons arc-boutés dans le lit du Fleuvent. En bas, il y a surtout ce qui tient les nobles en l’air, ce qui permet ballon et barcarolle, faribole et vie de palais…

— Quoi donc ?

— Les réflecteurs, mignonne ! Alticcio a cette particularité d’être située au débouché d’un canyon très encaissé, presque une fente, une incision dans la montagne. En amont de ce canyon, tu as une vallée très large qui se rétrécit progressivement en entonnoir. Si bien que le vent qui s’engouffre amont dans le goulet – pffffeee, il ressort aval avec une vitesse et une pression énormes – sccchhhha ! Les piles des tours ne tiendraient pas sous l’abrasion si les pionniers n’avaient eu l’idée et le culot d’installer, que dis-je, de cribler le lit du fleuve de grands panneaux en métal inclinés, sur lesquels vient buter le courant. Tu me suis, poupée ? Grâce à ces réflecteurs, le vent horizontal ricoche vers le haut. La cité est en quelque sorte portée, soutenue du sol par un matelas d’air ascendant qui permet aux Tourangeaux de planer paisiblement en altitude.

Auteur: Damasio Alain

Info: La Horde du Contrevent

[ volante ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

sentiment extrême

Que vous veut-on, quand on vous dit : "Je t'aime" ? La déclaration ne déclare guère ce qu'elle déclare. Pas même si elle est de l'offre ou de la demande. La magie de la formule ne tient pas à son sens, mais à son élocution. Sans dire ce qu'elle requiert, elle l'exige, tout simplement. "Je t'aime" est une clé, un mot de passe.

Qui exprime sa flamme se confère des droits. L'amour a l'étrange vertu de légitimer ce qui se trame en son nom. De l'ardeur à la caresse, il n'a rien à justifier, du dépit à la violence, non plus. Ce que vous veut qui vous aime est sans recours. L'amour ne s'autorise que de lui-même.

Et à quoi s'expose-t-on quand on aime ?

Au pire, évidemment ! De l'autre comme de soi.

L'amour invite à souffrir autant qu'à faire souffrir. Il anoblit ce qu'on subit comme ce qu'on fait subir. L'amour contente pour autant qu'il aveugle. Il pare de noblesse nos plus grandes faiblesses. En son nom tout peut se faire.

En son nom, tout se fait.

Est-ce folie d'aimer ?

Auteur: Lavie Jean-Claude

Info: L'amour est un crime parfait

[ risques ] [ sordide ] [ relations ] [ annexion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

savoir

Extrait d'un discours du "savant" Jean Perrin, de l'Académie des Sciences, et quelque chose dans le gouvernement actuel : - Je ne pensais d'abord qu'à la recherche pure. C'est d'elle en effet, qu'est venu, outre tout l'élargissement de notre intelligence, le formidable accroissement de puissance, qui est le grand fait de l'histoire contemporaine.
C'est par elle seule que nous pouvons espérer quelque chose de vraiment beau, qui libérera tous les hommes de toute servitude, et leur donnera ainsi les nobles loisirs sans lesquels il n'est pas de haute culture. Et cette même recherche finira par nous épargner la déchéance et la maladie, transformant en une aventure éclatante la destinée médiocre qui nous semblait promise. Encore un sot complet, - il en a d'ailleurs le visage, avec son air d'hurluberlu, - qui s'imagine que la science changera les hommes, les fera tous sensés, intelligents, généreux, les fera tous du même composé chimique et de la même structure organique, supprimera chez tous les passions, les rivalités, les haines, fera de tous des êtres de "haute culture", tous accessibles aux "nobles loisirs". Dire que toute notre époque, depuis la Révolution, repose sur ces âneries !

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire/Mercure de France 1986 <23 décembre 1936 II p.1752>

[ progrès ] [ dénigré ] [ railleur ]

 

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vénération

Ceci dit, le fétichisme est le même : à la limite tout objet ancien simplement parce qu'il a survécu et devient par là signe d'une vie antérieure. C'est la curiosité anxieuse de nos origines qui juxtapose aux objets fonctionnels, signes de notre maitrise actuelle, les objets mythologiques, signe d'un règne antérieur. Car nous voulons à la fois n'être que de nous-mêmes, et être de quelqu'un : succéder au père, procéder du père. Entre le projet Prométhéen de réorganiser le monde et de se substituer au père, et celui de descendre par la grâce de la filiation d'un être originel, l'homme ne sera peut-être jamais capable de choisir. Les objets eux-mêmes témoignent de cette ambiguité irrésolue. Certains sont médiations du présent, d'autres médiation du passé, et la valeur de ceux-ci est celle du manque. Les objets anciens sont comme précédés d'une particule, et la noblesse héréditaire compense la désuétude précoce des objets modernes. Jadis les vieillards étaient beaux parce qu'ils étaient "plus proches de Dieu" , plus riches d'expériences. Aujourd'hui, la civilisation technicienne a renié la sagesse des vieillards mais elle s'incline devant la densité des vieilles choses, dont la seule valeur est scellé et sûre.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ mémoire ] [ nocivité du progrès technologique ] [ illusion ]

 

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visionnaire

C'est dans ce monde en plein essor que se situe, à une date difficile à mieux préciser, la naissance d'une petite fille dans une famille appartenant à la noblesse locale du Palatinat. Ses parents, Hildebert et Mathilde (Mechtilde en allemand) sont probablement originaires de Bermersheim, dans le comté de Spanheim. Elle est la dixième enfant du ménage, et reçoit au baptême le prénom d'Hildegarde. Naissance sans éclat, dans une famille dont la noblesse ne s'est pas traduite par de grandes actions ; naissance pourtant qui se révélera singulièrement accordée à l'époque riche, effervescente qu'est ce tournant du siècle. L'année suivante, le 15 juillet 1099, les croisés s'empareront de Jérusalem.
Une petite fille comme les autres. Pas tout à fait cependant, car dès sa petite enfance elle étonne parfois son entourage. Une anecdote racontée tardivement (dans les actes de son procès de canonisation) la montre s'écriant devant sa nourrice : " Vois donc le joli petit veau qui est dans cette vache. Il est blanc avec des taches au front, aux pieds et au dos." Lorsque le veau naît quelques temps plus tard, on constate qu'il est exactement conforme à cette description. Hildegarde avait alors cinq ans.

Auteur: Pernoud Régine

Info: Hildegarde de Bingen

[ religion ]

 

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mots creux

C'est une impulsion naturelle chez l'être humain que d'échapper à l'étroitesse de la routine personnelle et familiale pour s'aventurer dans l'univers plus vaste de l'histoire, où l'on sent que sa vie est transcendante et où l'on obtient un "sens" supérieur. La façon la plus banale et la plus maladroite de le faire, accessible même aux pauvres, aux incapables et aux voyous, est de militer dans un parti ou pour une "cause", c'est-à-dire dans un groupe quelconque embelli de vocables pompeux comme "liberté", "égalité", "justice", "patriotisme", "moralité" ou "droits de l'homme". Ces termes peuvent représenter n'importe quelle valeur substantielle, mais pas lorsque l'individu croit en tirer toute l'essence qu'ils peuvent représenter, au lieu de les remplir de sa propre substance personnelle. L'illusion la plus criminelle de la modernité a été de persuader les hommes qu'ils peuvent être nobles en s'identifiant à une "cause", alors qu'en fait toutes les causes,qui constituent des noms de valeurs abstraites, n'acquièrent de valeur concrète que par la noblesse des hommes qui les représentent. Le fond de la dégradation est atteint lorsque certaines "causes" sont tellement valorisées qu'elles semblent infuser automatiquement des vertus à tout clochard, imposteur ou bandit qui se résout à les représenter".

Auteur: Carvalho Olavo de

Info: Diário do Comércio - Causas Sagradas. 17 janvier 2012

[ blabla ] [ engagement politique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nécropole

Des veilleuses rouges luisaient paisiblement sur des pierres tombales. Des icônes méditaient sur d'autres. Des croix de bois s'abritaient sous des toits pentus. Et les noms s’alignaient, en caractères latins ou cyrilliques, et les titres de noblesse, et les ordres de chevalerie, et les décorations, et les regiments dans lesquels les morts avaient servi, énumérés avec tant d'attendrissement et de minutie qu'on eût cru qu'ils y servaient encore. Ce cimetière, c'était un manuel d'histoire, c'était un armorial, et Sergo eût pu n'y voir que les témoignages du dernier orgueil de ceux à qui plus rien n'appartient et qui se consolent en pensant qu'eux du moins ont appartenu, mais il perçut qu'il s’agissait de bien autre chose : ces princes, ces évêques, ces généraux, et, dans les tombes plus récentes, ces cornettes et ces midships de quatre-vingts ans, ne se voulaient inséparables de leurs distinctions que parce qu'ils se préparaient à rendre compte de l'usage qu'ils en avaient fait. On devinait, sous terre, le bourdonnement de ces guerriers vaincus et désormais invincibles, qui attendaient impatiemment le premier coup de trompette de la parousie pour surgir de terre en tenue de parade. Cette Sainte-Geneviève-des-Bois, c'était déjà la vallée de Josaphat.

Auteur: Volkoff Vladimir

Info: Les Orphelins du Tsar

 

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Ajouté à la BD par miguel

libération

Là où je pense que l’enseignement du Bouddha, tel que préservé dans la tradition Theravada, surpasse toutes les autres tentatives pour résoudre les dilemmes spirituels de l’humanité, c’est dans son refus persistant de sacrifier la réalité pour l’unité. Le Dhamma du Bouddha ne nous dirige pas vers un absolu global dans lequel les tensions de l’existence quotidienne se dissolvent dans une unité métaphysique ou un vide insondable. Il nous dirige plutôt vers la réalité comme dernière sphère de compréhension, vers les choses telles qu’elles sont réellement (yathabhuta). Par-dessus tout, il nous indique les Quatre Nobles Vérités de la souffrance, de son origine, de sa cessation, et du chemin conduisant à sa cessation comme la proclamation libératrice des choses telles qu’elles sont. Ces quatre vérités, déclare le Bouddha, sont des nobles vérités, et ce qui en fait la noblesse est précisément qu’elles sont réelles, indéfectibles et invariables (tatha, avitatha, anannatha). C’est l’incapacité à faire face à la réalité de ces vérités qui nous a fait errer pendant si longtemps dans le long cours du samsara. C’est en pénétrant ces vérités telles qu’elles sont que l’on peut parvenir à la véritable réalisation de la quête spirituelle : mettre fin à la souffrance.

Auteur: Bhikkhu Bodhi

Info: Dans “Dhamma et non-dualité”, traduit par Alain Durel, https://linactuelle.fr/index.php/2019/12/30/bhikkhu-bhodi-bouddhisme-theravada-dualite/

[ bouddhisme ] [ anti-métaphysique ] [ acceptation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

plaidoyer

Voyez-vous, messieurs, vous me prenez, il me semble, pour tout autre que je ne suis, ajouta-t-il soudain d’un air sombre et triste. C’est un homme d’honneur qui vous parle, le plus noble des hommes, ne le perdez surtout pas de vue, un homme qui a fait une foule de bassesses, mais qui dans sa substance, en dedans, au fond de lui, a toujours été et est resté le plus noble des êtres, bref, je ne sais pas m’exprimer... Justement, ce qui l’a tourmenté toute sa vie, c’est qu’il avait soif de noblesse, qu’il était pour ainsi dire un martyr de la noblesse et qu’il la cherchait avec une lanterne, avec la lanterne de Diogène, cependant que toute sa vie il ne faisait que des vilenies, comme nous tous, messieurs... c’est-à-dire comme moi seul, messieurs, pas tous, moi seul, je me suis trompé, comme moi seul, seul !... Messieurs, j’ai mal à la tête – il grimaça d’un air de souffrance – voyez-vous, messieurs, je n’aimais pas son physique, ce quelque chose de vil qu’il avait, sa vantardise et sa façon de fouler aux pieds tout ce qu’il peut y avoir de sacré, son persiflage et son impiété, c’était abject, abject ! Mais maintenant qu’il est mort, je pense autrement.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 175

[ défense ] [ autoportrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Tout comme son sentimentalisme est profondément bourgeois et plébéien, mais son irrationalisme réactionnaire, sa philosophie morale contient également une contradiction interne : d'une part, elle est saturée de caractéristiques fortement plébéiennes, mais d'autre part, elle contient le germe d'un nouvel aristocratisme. Le concept de "belle âme" présuppose la dissolution complète de la kalokagathia* et implique la spiritualisation parfaite de toutes les valeurs humaines, mais il implique également l'application de critères esthétiques à la morale et est lié à l'idée que les valeurs morales sont un don de la nature. Elle signifie la reconnaissance d'une noblesse d'âme à laquelle chacun a droit par nature, mais dans laquelle les droits de naissance irrationnels sont remplacés par une qualité tout aussi irrationnelle de génie moral. La voie de la "beauté spirituelle" de Rousseau conduit, d'une part, à des personnages comme le Mychkine de Dostoïevski, qui est un saint sous les traits d'un épileptique et d'un idiot, d'autre part, à l'idéal d'une perfection morale individuelle qui ne connaît pas la responsabilité sociale et n'aspire pas à être utile à la société. Goethe, l'Olympien, qui ne pense qu'à sa propre perfection spirituelle, est un disciple de Rousseau au même titre que le jeune libre penseur qui a écrit Werther. 


Auteur: Hauser Arnold

Info: Histoire sociale de l'art, volume 3 : Rococo, classicisme et romantisme *dans la littérature grecque antique, forme abrégée de kalos kai agathos qui signifie littéralement "bel et bon"

[ post-lumières ] [ littérature ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste