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épave

Ici, dans la forêt, je me trouve enfin à la place qui me convient. Je n’en veux plus aux fabricants d’autos, ils ont depuis longtemps perdu tout intérêt. Mais comme ils m’ont torturée avec des choses qui me répugnaient ! je n’avais que cette petite vie et ils ne m’ont pas laissé vivre en paix. Maintenant que les hommes n’existent plus, les conduites de gaz, les centrales électriques et les oléoducs montrent leur vrai visage lamentable. On en avait fait des dieux au lieu de s’en servir comme objets d’usage. Moi aussi je possède un objet de ce genre au milieu de la forêt : la Mercedes noire de Hugo. Quand nous sommes arrivés avec, elle était presque neuve. Aujourd’hui, recouverte d’herbe, elle sert de nids aux souris et aux oiseaux. Quand la clématite fleurit au mois de juin, elle devient très belle et se met à ressembler à un gigantesque bouquet de mariée. Elle est belle aussi en hiver lorsqu’elle est brillante de givre ou se couronne d’une coiffe blanche. Au printemps et à l’automne, je distingue entre les tiges brunes le jaune passé de ses coussins jonchés de feuilles de hêtre, mêlées à des petits morceaux de caoutchouc mousse et de crin, arraché et déchiqueté par des dents minuscules. La Mercedes d’Hugo est devenue un foyer confortable, chaud et abrité du vent. On devrait placer des voitures dans les forêts, elles font de bons nichoirs. Sur les routes, à travers tout le pays, il doit y en avoir des milliers recouvertes de lierre, d’orties et de buissons. Mais celle-là sont entièrement vide et sans habitants.

Auteur: Haushofer Marlen

Info: Le Mur invisible, p. 258

[ automobile ] [ nature ]

 

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littérature

Un gros champignon poussa ce matin au fin fond de la plaine, sur le bord du ruisseau que jalonnent les goupillons des saules.
C'est un pêcheur à la ligne. Coiffé d'une ombelle de paille, il s'est assis, dès l'aube, dos tourné à la plaine, et, penché sur l'eau où flageolent les reflets des hêtres, attentivement, il pêche ces reflets.
Vers patron-minette, sont arrivés des moissonneurs pour couper l'herbe sous les pieds des épis. Après eux, des vaches, égrenant le choc clair de leurs clarines, traînaient à la remorque leurs pâtres.
Midi ; des troupes défilèrent. Puis des sages, marchant à pas comptés, ont, avec leurs cannes, tracé des figures dans le sable de la route.
Peu avant l'Angelus, le soleil a lancé jusqu'au bout de l'horizon l'ombre unique des couples. Et tant d'autres, chacun chantant sa complainte chacunière.
A regret, la nuit. Le pêcheur ne bouge pas, épie toujours les faucheux qui patinent sur l'eau. Il ne prend rien et ne se lasse pas de ne rien prendre. Soit, cet homme est un sot, il importe que je lui fasse remarquer : "Champignon insolite, champignon mesquin, vous avez perdu votre journée : tandis que vous tachiez à saisir quelques goujons, vous renonciez au diorama de cette plaine, à la pantomime du Passant en 36 tableaux : couples, pâtres, troupes et sages paisibles. Pauvre sot, que ne vous retourniez-vous ?"
L'homme ne daigne point relever la tête :
"Tout cela dit-il, et bien des choses qui vous ont échappé, je le guettai dans ce miroir où, solitaire, je pêche des reflets."
Mais chut ! Ça mord... Voici la lune qui rôde autour de l'hameçon.

Auteur: Veber Pierre

Info: Mercure de France, février 1894

[ nature ]

 

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objet petit a

La notion de ce Ding, de ce Ding comme fremde, comme étranger, et même hostile à l’occasion, en tout cas comme le premier extérieur, c’est là ce autour de quoi s’oriente tout le cheminement qui, sans aucun doute, pour le sujet, est à tout instant cheminement de contrôle, cheminement de référence, par rapport à quoi ? Le monde de ses désirs ! […]

Cet objet, quand il sera là, quand toutes les conditions seront remplies, c’est-à-dire, au bout du compte, vous le savez bien... mais parce que, bien entendu, il est clair que ce qu’il s’agit de trouver ne peut pas être retrouvé, puisque c’est de sa nature que l’objet est perdu comme tel ...qu’il ne sera jamais retrouvé, que quelque chose qui est là en attendant mieux, ou en attendant pire, mais en attendant.

Le système du monde freudien, c’est-à-dire du monde de notre expérience, c’est que c’est cet objet, das Ding, en tant qu’Autre absolu du sujet, qu’il s’agit de retrouver. C’est l’état de le retrouver tout au plus comme regret. Ce n’est pas lui qu’on retrouve mais ses coordonnées de plaisir : cet état de le souhaiter et de l’attendre, dans lequel sera cherché, au nom du principe du plaisir, cette tension optima au-dessous de laquelle il n’y a plus bien sûr ni perception ni effort. Et si en fin de compte, il n’y a pas quelque chose qui l’hallucine en tant que système de référence, aucun monde de la perception n’arrive à s’ordonner, à se constituer d’une façon humaine, d’une façon valable. Ce monde de la perception nous étant donné comme corrélatif, comme dépendant, comme référence à cette hallucination fondamentale sans laquelle il n’y aurait aucune attention disponible.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 9 décembre 1959, L'éthique

[ la chose ] [ concept psychanalytique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

catholicisme

Toujours est-il (et tel est au point de vue politique le fait capital) que c’est au moment où les papes ont cessé de compter parmi les princes qu’ils sont devenus monarques absolus de l’Eglise; c’est la veille du jour où ils ont perdu leurs minces Etats temporels, que d’un bout à l’autre du monde catholique ils ont vu toutes les vieilles résistances nationales abdiquer solennellement à leurs pieds, de façon qu’en réalité jamais le Saint-Siège n’a été plus puissant dans l’Eglise, jamais il n’a plus régné sur les âmes que depuis qu’il a cessé de donner des lois aux bords du Tibre et que le Pape vit en prisonnier au Vatican. Telle est, en somme, pour qui regarde les choses de haut, la principale conséquence du dernier concile, et c’est là un fait que les hommes d’Etat ne sauraient perdre de vue ; si, depuis le mois de septembre 1870, les papes, frustrés de leur ancienne souveraineté, restent humainement et politiquement désarmés, jamais dans le domaine religieux ils ne se sont trouvés mieux équipés pour la lutte. En dehors de là, en dehors du prestige et de l’ascendant qu’elle assure au Pape, l’érection de l’infaillibilité pontificale en dogme a peu modifié la situation intérieure et la constitution actuelle de l’Eglise. Contrairement à la thèse des vieux catholiques allemands ou suisses, on pourrait soutenir que le concile n’y a en réalité rien changé. Il n’y a guère, en somme, qu’un article de foi de plus au Credo catholique, et cet article de de foi, jadis tant contesté, était dans la pratique accepté de presque tous les croyants, longtemps avant d’avoir été solennellement promulgué dans le transept de Saint-Pierre. Le concile s’est borné à convertir le fait en droit.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 263-264

[ historique ] [ religieux-civil ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

- Qu'est-ce que le Dadaïsme ?
Une pâquerette au milieu de l'autoroute, le vol du papillon au milieu du béton, un pique nique dans le tramways, faire l'amour alors que le monde se fissure autour de nous, marcher nus au milieux de la foule, pétrir du pain à Pouldresic, a la claire fontaine te dire que jamais je ne t'oublierais, marcher légèrement au milieu de la désolation, la petite souris qui trotte dans ma tête, les coquelicots au milieu des blés, une fée légère perdue dans les pages de mon roman, te porter ma raison comme un fruit sans raisons, te gratter la noreille au milieu de mon cynisme, une poussière d'étoile accrochée au balais, des petites notes de musique qui se mêlent à la pluie qui tombe, avoir mal alors que tu es la, crever de trop t'aimer, un couteau sans manche et sans lame, réfléchir les miroirs, conter l'argent, le goût de menthe de mon café, la beauté de la laideur, le lutin qui passe sur mon lit pendant que je dors, ta main qui ne trouve pas mes cheveux, le goût sucré de l'océan, l'amer amertume de nos baisers d'adolescents, le goût d'amande de tes taches de rousseurs, le bruit assourdissant des flocons de neige venus mourir à mes pieds, un chat qui est un chien, Je qui est un autre mais qui est moi, un lapin blanc en retard et qui me bouscule, le bruit rose de l'amour de mes voisins, mon regard usé sur le nouveau né, la force de ta main qui serre ma faiblesse, le noeud au creux de mon ventre quand je déploie mes sentiments, les traces de pollens sur ta peau silencieuse, ton odeur d'absence.... Dis je peux t'appeler Shalaoshou ?

Auteur: Aghouchy Sofiya

Info:

[ littérature ] [ perdu ]

 

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étymologie

Serendipity est donc ce substantif créé par l'irremplaçable Horace Walpole à partir d'un conte persan traduit au XVIe siècle, Le voyage et les aventures des trois princes de Serendip, où les héros se tirent toujours d'embarras en faisant appel à leur sens de l'observation plutôt qu'à la très complète formation intellectuelle dont ils ont bénéficié.

Bien que le mot évoque un peu la pitié dépitée, les Québécois ont adopté cette sérendipité - leurs ingénieurs lui préfèrent toutefois l'aimable fortuité - pour désigner les découvertes inattendues et dire en gros : " qui ne cherche pas trouve ".

La notion, fait cependant remarquer un observateur des nouvelles ressources, s'applique assez bien à l'exploration du réseau planétaire, en particulier, pourrait-on ajouter, quand on s'est escrimé de longues heures à tenter d'assimiler des écrans abscons en corps 6 et qu'une espèce d'état d'hypnose finit par vous persuader que la vérité est sous vos yeux. Il suffit alors de la faire cadrer avec la chaîne de raisonnement déjà en place dans votre esprit, en espérant que celle-ci sera encore là. Notre maxime électronique est-elle donc plutôt " qui cherche trouve autre chose " ?

Cela sonne assez merveilleux et rappelle un peu ce cher hasard objectif. Mais selon les gardiens de l'ordre établi tel Michael Gorman, le nouveau système serait une pioche idiote qui ne ramène que des snippets déracinés de tout contexte et sans valeur réelle alors que le catalogue traditionnel, en cartes, puis informatisé, impliquait de connaître la signification globale d'un ouvrage au complet. Pieds nus et en chemise, nous serions donc en train d'embarquer pour la galaxie de l'information foisonnante en renonçant d'emblée à la comprendre et à la dominer. C'est Alzheimer effaçant Gutenberg, ronchonne l'imprécateur resté sur le tarmac.

Auteur: Polastron Lucien Xavier

Info: La Grande Numérisation : Y a-t-il une pensée après le papier ? p. 97

[ Murphy ] [ désordre ] [ évolution ] [ perdu ] [ lecture ] [ historique ] [ synonyme ]

 

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différenciation

C’est une phase essentielle du processus d’individuation. Elle a pour but de détacher la conscience de l’objet de sorte que l’individu cesse de placer l’assurance de son bonheur, voire de sa vie, dans des facteurs qui lui sont extrinsèques, qu’il s’agisse de personnes, d’idées ou de circonstances, et qu’à la place, il prenne conscience du fait que tout dépend de lui et que le trésor est ou n’est pas en sa possession. S’il parvient à s’approprier cet or, alors le centre de gravité de l’individu va se situer à l’intérieur de lui et non plus dans un objet extérieur dont il dépend. Atteindre un tel état de détachement est le but des pratiques orientales, et c’est également celui de tous les enseignements de l’Eglise. Dans les différentes religions, le trésor est projeté sur des figures sacrées mais aujourd’hui cette hypostase n’est plus possible pour un esprit éclairé. Les valeurs impersonnelles d’un grand nombre d’individus ne peuvent plus désormais s’exprimer dans des symboles historiques.

On se trouve donc face à la nécessité de trouver une méthode individuelle par laquelle on puisse donner forme aux images impersonnelles. Car elles doivent absolument prendre forme, elles doivent vivre la vie qui leur incombe, sans quoi l’individu est amputé d’une fonction fondamentale de sa psyché et devient alors névrosé, perdu et en conflit avec lui-même. En revanche, s’il est capable d’objectiver les images impersonnelles et de s’y relier, il sera en contact avec cette fonction psychique vitale à laquelle la religion s’est consacrée depuis l’aube de la conscience. […]

La seule façon rationnelle de présenter cet état de détachement, c’est d’en donner une définition : il s’agit d’une sorte de centre qui n’est pas situé dans le moi, mais dans la psyché de chacun. C’est le centre d’un non-moi.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: "Sur les fondements de la psychologie analytique", trad. Cyrille Bonamy et Viviane Thibaudier, éd. Albin Michel, Paris, 2011, pages 234-235

[ universel-singulier ] [ inconscient collectif ] [ devoir psychologique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-hommes

J'ai lu un article qui raconte que lorsque les femmes ont une conversation, elles communiquent sur cinq niveaux. Elles suivent la conversation en cours, la conversation qui est spécifiquement évitée, les intonations qui y sont appliquées, la conversation enfouie couverte par le sous-texte, et enfin le langage corporel de l'interlocuteur.
C'est, à bien des égards, stupéfiant pour moi. Je veux dire, c'est comme avoir un putain de super pouvoir. Quand moi et la plupart des autres personnes avec un unique chromosome Y avons une conversation, nous en avons une. Au singulier. Nous prêtons attention à ce qui est dit, en tenant compte de cela, et nous y répondons. Toutes ces autres conversations qui semble-t'il hurlent depuis des milliers d'années ? Je ne savais même pas qu'elles existaient avant de lire cet article stupide, et je suis presque sûr que je ne suis pas le seul.
(...) Alors, mesdames, si vous discutez un jour avec votre petit ami, votre mari, votre frère ou votre copain et que vous lui dites quelque chose de parfaitement évident, et qu'il en sort complètement désemparé ? Je sais qu'il est tentant de se dire : "L'homme ne peut pas être aussi stupide!" Mais oui, oui. Oui, il peut.
Nos forces innées ne sont pas les mêmes. Nous sommes de puissants chasseurs, qui savent se concentrer sur une chose à la fois. Pour l'amour de Dieu. Nous devons éteindre la radio dans la voiture si nous avons l'impression de nous être perdus et qu'il faut trouver comment se rendre à notre destination. C'est dire à quel point nous sommes affaiblis. Je vous le dis, nous n'avons qu'une seule conversation. Peut-être qu'un vétéran de la relation comme Michael Carpenter peut avec deux, mais c'est repousser les limites. Cinq conversations simultanées ? Cinq ? Ouaouh. C'est pas possible. Du moins pas pour moi.

Auteur: Butcher Jim

Info: Cold Days

[ humour ] [ incompréhension ]

 

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cité imaginaire

A partir de là, après sept jours et sept nuits, l'homme arrive à Zobéïde, ville blanche, bien exposée à la lune, avec des rues qui tournent sur elles-mêmes comme des files d'une pelote. Voici ce qu'on raconte à propos de sa fondation : des hommes de diverses nations firent un rêve semblable, ils virent une femme courir en pleine nuit dans une ville inconnue, ils la virent de dos avec ses cheveux longs, et elle était nue. Ils rêvèrent qu'ils la suivaient. A la fin, chacun la perdit. Ayant rêvé, ils partirent à la recherche de la ville, ils ne la trouvèrent pas mais se retrouvèrent ensemble ; ils décidèrent de construire une ville comme dans leur rêve. Dans la disposition des rues chacun reconstitua l'itinéraire de sa poursuite : là où il avait perdu les traces de la fugitive, il ordonna l'espace et les murs autrement que dans le rêve, de telle sorte qu'elle ne puisse plus s'échapper. Ce qui donna la ville de Zobéïde où ils s'établirent dans l'attente qu'une nuit se répète la scène. Aucun d'entre eux, ni en rêve, ni à l'état de vaille, ne revit jamais la femme. Les rues de la ville étaient celles par lesquelles ils allaient au travail tous les jours, sans plus aucune relation avec la poursuite du rêve. Qui du reste était déjà oublié depuis longtemps. D'autres hommes arrivèrent d'autres pays, ayant fait un rêve semblable au leur, et ils reconnaissaient dans la ville de Zobéïde quelque chose des rues de leur rêve, et ils changeaient de place arcades et escaliers de manière à ce que cela ressemble mieux au chemin de la dame poursuivie et que là où elle avait disparu il ne reste plus d'issues par ou s'échapper. Les premiers arrivés ne comprenaient pas ce qui attirait ces gens à Zobéïde, dans cette ville sans grâce, cette souricière.

Auteur: Calvino Italo

Info: les villes invisibles

[ légende ] [ littérature ] [ femmes-hommes ]

 

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homme-animal

- Dieu est grand ! répondit le mendiant. Mais qu’importe les affaires. Il y a tant de joie dans l’existence. Tu ne connais pas l’histoire des élections ?

- Non, je ne lis jamais les journaux.

- Celle-là n’était pas dans les journaux. C’est quelqu’un qui me l’a racontée.

- Alors je t’écoute.

- Eh bien ! Cela s’est passé il y a quelque temps dans un petit village de Basse-Égypte, pendant les élections pour le maire. Quand les employés du gouvernement ouvrirent les ruines, ils s’aperçurent que la majorité des bulletins de vote portaient le nom de Barghout. Les employés du gouvernement ne connaissaient pas ce nom-là ; il n’était sur la liste d’aucun parti. Affolés, ils allèrent aux renseignements et furent sidérés d’apprendre que Barghout était le nom d’un âne très estimé pour sa sagesse dans tout le village. Presque tous les habitants avaient voté pour lui. Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?

Gohar respira avec allégresse ; il était ravi. "Ils sont ignorants et illettrés, pensa-t-il, pourtant ils viennent de faire la chose la plus intelligente que le monde ait connue depuis qu’il y a des élections." Le comportement de ces paysans perdus au fond de leur village était le témoignage réconfortant sans lequel la vie deviendrait impossible. Gohar était anéanti d’admiration. La nature de sa joie était si pénétrante qu’il resta un moment épouvanté à regarder le mendiant. Un milan vint se poser sur la chaussée, à quelques pas d’eux, fureta du bec à la recherche de quelque pourriture, ne trouva rien et reprit son vol.

- Admirable ! s’exclama Gohar. Et comment se termine l’histoire ?

- Certainement il ne fut pas élu. Tu penses bien, un âne à quatre pattes ! Ce qu’ils voulaient, en haut lieu, c’était un âne à deux pattes.

Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ conte ] [ humour ]

 

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