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femme-par-homme

L'ange Asaël baissa la tête et ses pensées s’envolèrent à travers les millénaires pour remonter au début des temps. "Oui, elle était belle, Naéma, sœur de Tubalcaïn qui forgeait les broches et les chaînes en or, répondit-il à mi-voix. Elle était belle et gracieuse. Elle était belle comme un jardin de printemps, à l'heure où point le jour. Oui, elle était belle, la fille de Lamech et de Silla."

Et tandis qu'il se souvenait de la bien-aimée de sa lointaine jeunesse, deux larmes coulèrent sur les joues de l'ange. C'était des larmes d'homme.

Auteur: Perutz Leo

Info: La nuit sous le pont de pierre

[ moitié irremplaçable ] [ intemporelle ] [ nostalgique incarnation ] [ réminiscence ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

acteur

Je repense à [Louis] Jouvet qui n’aimait pas beaucoup jouer dans des films parce que ça consistait, disait-il, à faire des "singeries devant un œil de verre". Jouvet prenait tout de très haut, ses tirades comme ses films. C’est pour ça qu’il reste le seul comédien encore regardable à mon goût. Les dialoguistes n’ont jamais pu lui mettre en bouche que ses propres répliques. J’ai tous ses films en cassette, je ne me lasse pas de sa voix qui fend les phrases, ni de sa silhouette de brochet draculesque, ni de ses prunelles rondes d’envoûteur à écailles.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 309-310

[ cinéma ] [ éloge ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vision anthropocentrique du monde

Quand vous voyez un arc-en-ciel, vous voyez quelque chose d’entièrement subjectif. Vous le voyez à une certaine distance qui broche sur le paysage. Il n’est pas là. C’est un phénomène subjectif. Et pourtant, grâce à un appareil photographique, vous l’enregistrez tout à fait objectivement. Alors, qu’est-ce que c’est ? Nous ne savons plus très bien, n’est-ce pas, où est le subjectif, où est l’objectif. Ou bien ne serait-ce pas que nous avons l’habitude de mettre dans notre petite comprenoire une distinction trop sommaire entre l’objectif et le subjectif ? L’appareil photographique ne serait-il pas un appareil subjectif, tout entier construit à l’aide d’un x et d’un y qui habitent le domaine où vit le sujet, c’est-à-dire celui du langage ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, page 125

[ objectivité illusoire ] [ perception conditionnée ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

manger

Medhi découpa avec application un petit morceau de son steak et le porta à ses lèvres, avec sa couche de moutarde, en faisant bien attention à ne rien laisser tomber. Dès qu'il eut refermé la bouche, ce fut comme si quelqu'un avait craqué une allumette sur sa langue, comme si des démons se battaient dessus à coups de lance-flammes. Son nez s'emplit d'un nuage acre et il sentit, d'un seul coup, des gouttes de sueur sur son front. Certes, il avait ressenti un tel incendie sur son palais en mangeant les brochettes avec Moktar, à Settat, le samedi précédent ; mais ce qui était nouveau, c'était cette colonne de feu, qui lui remontait par le nez. Ça, c'était français.

Auteur: Laroui Fouad

Info: Une année chez les Français

[ piquant ] [ piment ]

 

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Shakespeare

Le style de Shakespeare est riche en figures extraordinaires qui proviennent d'idées abstraites personnifiées. Elles ne nous conviendraient certainement pas ; mais chez lui elles sont tout à fait à leur place, parce que de son temps tous les arts étaient dominés par l'allégorie. Il trouve aussi des comparaisons où nous n'irions pas les chercher. Par exemple il prendra pour terme de comparaison un livre. Quoique la découverte de l'imprimerie remontât déjà à plus d'un siècle, un livre paraissait néanmoins encore une chose sacrée, comme nous le voyons par les reliures du temps ; de même aussi un livre était pour le noble poète un objet digne d'amour et de vénération. Nous, au contraire, nous nous contentons de brocher les livres et nous n'avons plus de respect ni pour la reliure ni pour son contenu.

Auteur: Goethe Johann Wolfgang von

Info: Maximes et réflexions, Deuxième partie, trad. Sigismond Sklower, p.52, Brockhaus et Avenarius, 1842

[ littérature ]

 

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réception

[…] il y a des plateaux de minuscules crackers tartinés d’autruche, de l’opossum sur des brochettes en bambou, des têtes de crevettes enroulées dans de la vigne, d’énormes assiettes de tentacules disposées sur des bouquets de persil, mais je ne peux rien avaler et je suis à la recherche d’un sofa en cuir sur lequel m’effondrer parce que je suis incapable de dire si les gens ne s’intéressent vraiment à rien comme ils en ont l’air ou s’ils s’ennuient à mort tout simplement. Quoiqu’il en soit –c’est contagieux. Les gens passent leur temps à chasser les mouches quand ils ne sont pas trop occupés à murmurer ou à se cacher. Je me contente de dire "Hi". Je suis les instructions. C’est vraiment une fête alarmante et chaque invité est un monstre. C’est aussi un miroir.

Auteur: Ellis Bret Easton

Info: Glamorama

[ pince-fesses ] [ cocktail ]

 

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alimentation

Cette gravure réalisée en 1563 d’après des dessins de Bruegel présente une cuisine plus que prospère : un grand feu dans la cheminée permet de rôtir des cochons à la broche, des hommes à l’embonpoint impressionnant festoient autour d’une table chargée de victuailles, tandis que des charcuteries pendent du plafond. Signes d’une grande aisance : au premier plan, des enfants se bâfrent, une mère aux seins gonflés allaite son nourrisson et même le chien de la maisonnée a de quoi se remplir la panse. Dans le coin supérieur gauche de la gravure, un mendiant efflanqué (reconnaissable à sa cornemuse) se fait cependant chasser de ce banquet. Le thème de l’opposition entre "gras" et "maigre" connaît un franc succès dans la seconde moitié du XVIe siècle : peut-être satire du manque de charité chrétienne des riches, à moins que le personnage en haillons soit une allégorie du jeûne et des jours maigres.

Auteur: Laurioux Bruno

Info: A propos de la gravure "La maigre cuisine de Breughel" gravure de Pieter Van Der Heyden, d'après les dessins de Pieter Bruegel, 1563

[ abondance ] [ ripailles ] [ description ] [ art pictural ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par Coli Masson

gouvernants

Alors qu'il en arrivait à sa conclusion, Chérif coupa le son du téléviseur. Pendant quelques minutes, nous regardâmes le président parler sur l'écran, sans entendre ses mots. Ses lèvres s'ouvraient et se refermaient sur le silence. Il mastiquait le vide avec force.

- C'est exactement ce que vit le pays, constata Chérif. Nos dirigeants nous parlent de derrière un écran, une vitre qu aucun son ne traverse. Personne ne les entend. Ça ne changerait rien si on les entendait. On n'en a plus besoin pour savoir qu'ils ne disent pas la vérité. Le monde derrière la vitre est un aquarium. Nos dirigeants, par conséquent, ne sont pas des hommes mais des poissons : des mérous, des cabillauds, des silures, des espadons, des brochets, des morues, des soles et des poissons-clowns. Et beaucoup de requins, bien sûr. Mais le pire, quand on regarde leurs visages de poissons, c'est qu'ils semblent nous dire : à notre place, vous ne feriez pas mieux. Vous décevriez comme nous décevons.

Auteur: Mbougar Sarr Mohamed

Info: La plus secrète mémoire des hommes

[ politiciens ] [ impuissants ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

jeu d'acteur

Il sort de ce corps de reptile du Quaternaire une parole qui est la moins innocente, la moins spontanée, la moins animale qui soit. Jamais il ne s’est abaissé à faire semblant de parler naturellement, ni d’imiter le bafouillis de la "vraie vie" toujours à la recherche de ce qui pourrait être dit et de la façon dont on pourrait le dire en le surchargeant de recherche.

[…]

Tous les dialoguistes se sont rués pour lui mettre des phrases dans la bouche, et les voir retranscrites par fragments et débris dans le marbre noir et net de son articulation prétaillée. Ils se sont bousculés pour lui donner des répliques à casser. A tronçonner. A hémisticher. A retransformer en morceaux choisis et de bravoure.

Mais ils n’ont pu lui confier que ses phrases à lui. Tous les dialogues de Jouvet sont signés Jouvet. Personne, à part lui, n’aurait jamais pu dire, dans Entrée des artistes, de cet air de brochet déterré : "Au théâtre, le public paye pour avoir l’illusion qu’il est au théâtre." Il est l’anti-accord parfait personnifié, l’homme qui joue par lui-même comme on pense par soi-même. L’agnosticisme de cet animal froid est stupéfiant.

Auteur: Muray Philippe

Info: A propos de Louis Jouvet, dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 330

[ description ] [ éloge ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Sean, dans son épicerie, pouvait renifler de loin les clients merdiques.
Trois latinos en costume de lin, moustaches fines, bien taillées, entrèrent par ordre de taille décroissant et remplirent, dans le même ordre, trois gobelets à la fontaine de soda. RAS.
Le signal Danger clignota. Le mec de la pompe 4 qui venait d'entrer atteignait 5,9 sur l'échelle des débiles graves.
- Qu'est-ce que t'as foutu tout ce temps, connard ! On le fait pas attendre, le Steve !
- Ca fait 19 $.
Le mec sort un billet de 20 de sa poche.
- Eh, tu me rends ma monnaie, espèce de NEGRE !!
Le plus grand des latinos se trouvait juste derrière Steve dans la file.
- Hé, toi ! Excuse-toi !
- Va te faire foutre, Julio ! Retourne voir les guenons que vous appelez les mères de vos gosses !
Steve ne vit rien venir. Un second latino arriva par derrière avec à la main une bouteille de sauce barbecue grosse comme une balle de bowling. Qui écrabouilla le nez du Steve.
Sean fut alors le témoin d'une catégorie de violence assez inédite. Le plus grand des latinos prit dans chaque main deux broches à hotdogs de la rôtisserie et enfonça les pointes dans le torse de Steve comme on plante des banderilles. L'une transperça le poumon droit, l'autre lui éclata un ventricule.
Steve se tortilla et se mit à râler, deux hotdogs ratatinés et tremblotants dépassaient de sa poitrine comme des oreilles de lapin.
Le grand latino enjamba le corps et s'approcha de Sean.
- On vous doit trois Coca et deux hotdogs.

Auteur: Dorsey Tim

Info: Florida Roadkill

[ violence ] [ contraste ]

 

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