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aqua simplex

Pour bien dégager cette "participation" qui est l’essence même de la pensée des eaux, du psychisme hydrant, nous aurons donc besoin de nous appesantir sur des exemples trop rares. Mais si nous pouvons convaincre notre lecteur qu’il y a, sous les images superficielles de l’eau, une série d’images de plus en plus profondes, de plus en plus tenaces, il ne tardera pas à éprouver, dans ses propres contemplations, une sympathie pour cet approfondissement ; il sentira s’ouvrir, sous l’imagination des formes, l’imagination des substances. Il reconnaîtra dans l’eau, dans la substance de l’eau, un type d’intimité, intimité bien différente de celles que suggèrent les "profondeurs" du feu ou de la pierre. Il devra reconnaître que l’imagination matérielle de l’eau est un type particulier d’imagination. Fort de cette connaissance d’une profondeur dans un élément matériel, le lecteur comprendra enfin que l’eau est aussi un type de destin, non plus seulement le vain destin des images fuyantes, le vain destin d’un rêve qui ne s’achève pas, mais un destin essentiel qui métamorphose sans cesse la substance de l’être. Dès lors, le lecteur comprendra plus sympathiquement, plus douloureusement un des caractères de l’héraclitéisme. Il verra que le mobilisme héraclitéen est une philosophie concrète, une philosophie totale. On ne se baigne pas deux fois dans un même fleuve, parce que, déjà, dans sa profondeur, l’être humain a le destin de l’eau qui coule. L’eau est vraiment l’élément transitoire. Il est la métamorphose ontologique essentielle entre le feu et la terre. L’être voué à l’eau est un être en vertige. Il meurt à chaque minute, sans cesse quelque chose de sa substance s’écroule. La mort quotidienne n’est pas la mort exubérante du feu qui perce le ciel de ses flèches ; la mort quotidienne est la mort de l’eau. L’eau coule toujours, l’eau tombe toujours, elle finit toujours en sa mort horizontale. Dans d’innombrables exemples nous verrons que pour l’imagination matérialisante la mort de l’eau est plus songeuse que la mort de la terre : la peine de l’eau est infinie.

Auteur: Bachelard Gaston

Info: L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière. IV

[ H₂O ] [ éternel provisoire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

impassible gaïa

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde

où s'en va-t-il tout ce sang répandu

est-ce la terre qui le boit et qui se saoule

drôle de soûlographie alors

si sage... si monotone...

Non la terre ne se saoule pas

la terre ne tourne pas de travers

elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons

la pluie... la neige...

la grêle... le beau temps...

jamais elle n'est ivre

c'est à peine si elle se permet de temps en temps

un malheureux petit volcan

Elle tourne la terre

elle tourne avec ses arbres... ses jardins... ses maisons...

elle tourne avec ses grandes flaques de sang

et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent...

Elle elle s'en fout

la terre

elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler



elle s'en fout

elle tourne

elle n'arrête pas de tourner

et le sang n'arrête pas de couler...

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu

le sang des meurtres... le sang des guerres...

le sang de la misère...

et le sang des hommes torturés dans les prisons...

le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...

Et le sang des hommes qui saignent de la tête

dans les cabanons...

et le sang du couvreur

quand le couvreur glisse et tombe du toit

Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots

avec le nouveau-né... avec l'enfant nouveau...

la mère qui crie... l'enfant pleure...

le sang coule... la terre tourne

la terre n'arrête pas de tourner

le sang n'arrête pas de couler

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu

le sang des matraqués... des humiliés...

des suicidés... des fusillés... des condamnés...

et le sang de ceux qui meurent comme ça... par accident

Dans la rue passe un vivant

avec tout son sang dedans

soudain le voilà mort

et tout son sang est dehors

et les autres vivants font disparaître le sang

ils emportent le corps

mais ils est têtu le sang

et là où était le mort

beaucoup plus tard tout noir

un peu de sang s'étale encore...

sang coagulé



rouille de la vie rouille des corps

sang caillé comme le lait

comme le lait quand il tourne

quand il tourne comme la terre

comme la terre qui tourne

avec son lait... avec ses vaches...

avec ses vivants... avec ses morts...

la terre qui tourne avec ses arbres... ses vivants... ses

maisons... la terre qui tourne avec les mariages... les enterrements... les coquillages... les régiments...



la terre qui tourne et qui tourne avec ses grands ruisseaux de sang.

Auteur: Prévert Jacques

Info: Chanson dans le sang

[ impersonnelle ] [ neutre ] [ humaine barbarie ]

 

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