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fabrication sérielle

Nous avons, dans ces derniers temps, beaucoup travaillé et étudié la grande invention de la civilisation : la division du travail ; seulement nous lui donnons un faux nom. A vrai dire, ce n'est pas le travail qui est divisé, ce sont les hommes ; divisés en portions d'hommes, en petits fragments, en miettes vivantes, de telle sorte que la parcelle d'intelligence qu'on leur laisse est insuffisante pour former une épingle ou un clou, et s'épuise à former la pointe d'une épingle ou la tête d'un clou. Fabriquer un grand nombre d'épingles en un jour est évidemment une chose bonne et désirable, mais si nous pouvions seulement voir avec quel sable cristallisé ou à la loupe pour pouvoir discerner ce qu'il est -nous comprendrions quel déchet il renferme ! Et le grand cri qui sort de nos villes manufacturières, dominant le souffle de la fournaise, vient vraiment de ceci : -que nous fabriquons de tout, excepté des hommes.

Auteur: Ruskin John

Info: La Nature du gothique, Pierre de Venise, trad. Mathilde Crémieux, Librairie Aillaud, 1907

[ à la chaîne ] [ ère industrielle ] [ critique ] [ productivisme compétitif ] [ déshumanisation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vaincus

Nos admirables équipages qui se sont multipliés d’une manière surhumaine pour compenser une infériorité d’effectifs et de matériel écrasante, nos admirables équipages dont les pertes ont dépassé 33 % du personnel navigant et qui ont infligé à l’aviation ennemie (de son propre aveu) des pertes numériquement trois fois supérieures à celles de l’aviation française, nos admirables équipages qui ont été de jour et de nuit au combat sans une heure de repos, qui, ayant à peine atterri, reprenaient leur vol sur des avions criblés de balles et souvent avec, dans la carlingue, le sang non encore essuyé de leurs camarades tués ou blessés à leur poste, nos admirables équipages qui devaient se battre à un contre cinq et parfois à un contre huit se sont vus méconnus, critiqués, pis encore, parfois insultés par la foule désordonnée de la retraite.

Des larmes de rage aux yeux, ils repartaient cependant inlassablement, stoïquement, pour tenir tête, souvent contre tout espoir, à l’adversaire. Voilà pourquoi nous disons que le calvaire de l’aviation a été pire que le calvaire des autres ! Après l’avoir accusée en temps de paix d'avoir voulu être trop nombreuse, trop forte et trop luxueusement équipée, on l’a accusée, la guerre venue, d’être trop peu nombreuse et insuffisamment armée. C’est d’une atroce et douloureuse dérision.

Auteur: Chambe René

Info: Equipages dans la fournaise - 1940

[ ww2 ] [ déshonneur ] [ défaite ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

principe de précaution

Un point semble acquis depuis que la canicule, en août dernier, a fait les ravages que l’on sait : notre société doit se doter de toute urgence d’outils susceptibles d’anticiper les situations à risque, de les repérer, de les renifler, de les identifier si possible avant même qu’elles ne se connaissent elles-mêmes. 

L’idéal serait d’écraser le serpent dans l’œuf avant que l’œuf ne soit pondu. Avant que le serpent ne songe à le pondre. Avant que le serpent n’existe. Avant la Genèse, en somme. Avant le monde, cet amas infernal d’aléas de toutes sortes, de dangers toujours nouveaux, toujours en devenir et toujours surprenants, et qui ne veulent pas dire leur nom avant de se manifester dans toute leur ampleur dévastatrice. [...] On a fait sévèrement grief au gouvernement de ne pas avoir reconnu le risque alors qu’il était encore incertain. Et aux autorités sanitaires d’avoir fait montre, les premiers jours, d’un déficit flagrant de réactivité par rapport à un phénomène encore relativement invisible. Mais aussi aux municipalités et aux conseils généraux, qui auraient pu trouver sans grande difficulté les moyens et les énergies nécessaires pour organiser des actions préventives et anticipatrices de prophylaxie et de contraception si seulement ils avaient pensé à penser à la canicule avant que tout le monde y pense. Mais ils n’ont pas pensé à y penser. D’où les dysfonctionnements dont on les accuse et dont ils essaient tant bien que mal, plutôt mal que bien, de se disculper.

Mais on ne les y reprendra plus. Ils vont travailler désormais sur toutes les menaces et suspensions. Sur les prochaines canicules, bien entendu, et sur les inondations, sur les orages, sur les incendies, sur les ouragans, sur les tremblements de terre, sur les tempêtes de grêle, sur les marées noires. Sur les épidémies en projet et sur les intentions de pandémies. Sur le vent, sur la pluie, sur la neige. Sur les déluges et sur les crues. Sur les giboulées de feu, les inondations de vent, les fournaises de neige. Sur le cyanure qu’un dingue injectera un de ces jours dans les yaourts des supermarchés. Ou dans les petits pots de bébé.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1720

[ sécurité ] [ absurde ] [ pouvoir prophétique ] [ peur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson