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musique

Un opéra... Ce n'était évidemment pas la première fois qu'elle m'imposait cette épreuve en vingt ans. L'opéra, cette anomalie, ce fossile, ce dinosaure miraculé de la culture. Seule l'élite s'intéresse à ce spectacle qui n'a plus lieu d'être. Pourquoi pas apprendre le grec ou le latin, tiens, pendant qu'on y est ? Bon, entre nous, le vrai problème de l'opéra, ce n'est pas l'opéra en lui-même : c'est quand on me l'impose. Je ne me souviens pas qui a dit ça : l'opéra, c'est ce truc qui dure depuis deux heures et , quand tu regardes ta montre, vingt minutes ont passé.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Pension complète

[ vacherie ] [ interminable ]

 

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deuil

Pour étouffer la douleur, je sors ton cahier de recettes. Je l’ai récupéré dans le tiroir de la table de nuit de maman avant que Nicole s’installe dans votre chambre. Je le feuillette souvent sous les draps. Pas tant pour lire les recettes que pour retrouver maman à travers son écriture. Je m’attarde sur chacune des lettres, imaginant le grain de beauté sur son doigt alors qu’elle tient son crayon. Elle a une façon bien à elle de former les "e". Elle les termine par un trait qui se jette dans le vide au lieu de s’arrondir. "C’est mon côté rebelle", m’avait-elle dit en riant.

Auteur: Durand Jacky

Info: Le cahier de recettes

[ objet souvenir ]

 

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manie économe

Les sachets en plastique sous l'évier, derrière la poubelle. J'ai toujours vu maman ranger les sachets en plastique que la vie mettait sur sa route au même endroit, avec une sorte de jubilation. Genre, elle a bien niqué tout le monde sur ce coup. On a toujours besoin d'un sachet en plastique et elle, elle a sa réserve. Cela m'a souvent amusé et j'ai même pensé, certaines fois qu'on frisait la déviance. Qu'est-ce que j'ai fait à la seconde où je me suis retrouvé en appartement ? Pareil. Mon stock de sachets. Et ce soir je suis bien content d'en avoir à portée de main. Merci, maman.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Shit !, pp.95-96

[ conserver ] [ garder ]

 

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existence

Dans la vie, les étrangers qui se frottent les uns aux autres pour le boulot ne s'arrêtent jamais pour se dire : "Eh mais, qu'est-ce qu'on fout là, nom de Dieu ?" On a tous envie de faire des pauses et ça nous saoule tous de faire semblant de croire à ce qu'on dit, mais on y va. On se dit que tout ça c'est des conneries et que la vraie vie on la manque et puis un jour on comprend : y a pas de vraie vie. La vraie vie, c'est justement ça : faire semblant de croire à ce qu'on dit, à ce qu'on fait.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Mauvais coûts

[ illusion ]

 

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féminisme

L'assistant de Darwin, Romanes, disait : "Il est rare de trouver chez la femme la grande ténacité et la détermination à surmonter des obstacles qui caractérisent ce que l'on appelle un esprit viril. En d'autres termes, les femmes ont une capacité d'attention moindre ; leur esprit est plus enclin à ce qu'on nomme 'divagation' et il est rare qu'elles aient poussé aussi loin que les hommes leur spécialisation. "
Pendant quatorze ans, Eliza Grier [1864-1902], une esclave émancipée, a alterné une année d'études et la suivante à travailler dans un champ de coton, jusqu'à obtenir son diplôme d'enseignement et de médecine. Preuve s'il en est de l'absence de ténacité virile évoquée par Romanes - et c'est pour cela que vous n'entendrez jamais parler d'ELLE à l'école.

Auteur: Fleming Jacky

Info: Le problème avec les femmes

[ ironie ]

 

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rapports humains

Je m'appelle François Feldman, comme l'aut' con. Mais je suis pas chanteur. Et je suis pas juif. Depuis toujours quand je dis mon nom on me demande : "Comme le chanteur?" Quand je suis énervé je réponds : "Pis ta mère, tapette ?" Et quand je suis calme je dis que oui, c'est mon oncle. Là, les gens ne savent plus quoi dire et ils sourient bêtement. Ils sont écrasés par le poids de la célébrité et ils me regardent autrement. Sinon, on me demande souvent si je suis juif. "Feldman, Feldman... c'est juif, non ?" Quand je suis énervé je réponds : "Pis ta mère, tapette ?".  Et quand je suis calme je dis que oui, je suis feuj. Gros silence. Les gens n'ont rien contre les juifs mais ils n'aiment pas être avec eux, ils ignorent ce qu'il faut dire ou ne surtout pas dire, ils sont comme des cons et c'est ça qu'ils n'aiment pas : être comme des cons.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Demain c'est loin

[ ludiques ] [ identité ] [ assignation sémantique ]

 

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baise

Ensuite on a exploré le king size, comme des steaks dans une poêle on était; et d'un côté, et de l'autre, et je te retourne et tu cuis. Je me suis pris au jeu, j'étais excité à fond, je me disais même que j'aimerais bien revenir voir Brigitte de temps en temps quand, d'un coup, le tue-l'amour s'est produit. Brigitte s'est mise à quatre pattes pour que je la prenne en levrette et j'ai découvert qu'elle avait le visage de Johnny Hallyday tatoué dans le dos. En énorme. Un putain de poster, c'était. Mais bon, je n'étais pas là pour faire la fine bouche, je me suis exécuté et j'ai pris Brigitte par les hanches comme on prend un chariot à Carrefour. Je l'ai secouée, car c'était ce qu'elle voulait, mais ce bon vieux Johnny s'est mis à vivre, à bouger, sa bouche remuait sur la peau de Brigitte. Plus je la besognais, plus Johnny avait des trucs à me dire. Il disait: "Qu'est-ce que tu fous là, grand?"

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Demain c'est loin

[ humour ]

 

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femmes-par-hommes

Comme ce matin-là, un samedi, dix heures. Juliane Bacardi, ma conseillère financière, voulait me voir. Le mot conseillère était en trop, dans l'intitulé de son poste. En tout cas pour moi. Le seul conseil qu'elle m'avait jamais donné c'était de fermer ma boutique et de trouver un vrai travail. Salope. Je pouvais pas la blairer. C'était une Française ultra Française, de bonne famille, bien élevée, le genre de meuf qui ne dit jamais par contre mais en revanche. Le genre de meuf qui, dans un bar, vous repère tout de suite et vous évite pour se blottir contre des Clément ou des Benoît, inoffensifs et pas drôles. Pas drôle non plus, la Juliane. Quand je l'ai rencontrée au tout début, pour lancer ma boutique, je l'ai joué mec enthousiaste et enjoué. Je lui ai dit que j'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais qu'en fait j'étais normal. Ce genre de vannes, aux Buers, ça faisait marrer tout le monde. Mais dans la presqu'île, pas du tout, et à la Banque Populaire encore moins.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Demain c'est loin. Page 13, Points, 2018.

[ rébarbative ] [ conventionnelle ] [ bourgeoise ]

 

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maquette

Trois heures, temps universel. Les rues se coupent à angle droit. L’asphalte est muet. Les maisons immobiles. Gisèle dort sous une couette fleurie. Jacky, tout habillé, ronfle sur son divan. Suff est allongé sur le dos dans son lit de fer. Mme Angstroem sue sous son édredon. Maximilian lit une bande dessinée à la lueur d’une lampe de poche. Harry est assis à la table de la cuisine devant une canette de bière. Marguerite mange le dernier praliné. La mère et sa fille enlacées sur le sol ressemblent à des momies. Le collectionneur et sa femme font chambre a part. Les deux orphelines dorment dans le lit de leurs parents. Le troll bande dans son sommeil. Les sept nains ont un dortoir à sept lits. La fumeuse agonise. Tudal écrit une longue lettre. Le terroriste campe au salon, un briquet serré dans la main. Sonia et Carlos astiquent leurs armes de poing. La vieille n’a pas changé ses draps depuis des lustres. La famille empaillée ne bouge pas d’un pouce. Mme Pristil écoute son mari jurer dans le noir. Paul entend son beau-père jurer dans la chambre de sa mère. Le squelette grince des dents sur le sommier à lattes. Le petit garçon dort avec son dinosaure en peluche. Son père porte un protège-moustache en roupillant. Sur le parking, les camionneurs au fond de leurs cabines dorment profondément.

Auteur: Biermann Mika

Info: Mikki et le village miniature

[ écriture ] [ modélisation ] [ simultanéïté ]

 

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classe moyenne

Nous avons trouvé assez facilement la maison de Beynost, qui était au fond d'un lotissement de maisons toutes identiques. Dans les HLM il y a les mêmes apparts et là, visiblement, c'était pareil. En plus grand, avec un jardin et avec un garage, dans lequel on a vite rangé la voiture de police. Dans ce genre d'endroit les gens se connaissent et le moindre pet de travers ameute tout le voisinage, le front contre les carreaux de la cuisine. Les yeux torves, les yeux de gestapistes qui ne veulent de mal à personne, non, qui n'espionnent que pour protéger le territoire. J'étais un peu en mode parano, et stressé avec ça, j ai tout de suite senti dans l'air l'odeur de la droite. Des gens avec des revenus confortables, sans plus, sans ISF, pas totalement réactionnaires mais pas vraiment modernes non plus. Les bons Français, voilà, c'est là qu'ils sont, là qu'ils se retrouvent, là qu'ils se reproduisent. J'ai eu le sentiment d'être dans un parc animalier, dans le zoo de Saint-Martin-la-Plaine avec une seule espèce vivante domiciliée : la classe moyenne. Des gens avec une vie tiède, un bon vieux 12 sur 20 et "peut mieux faire", des gens qui ont peur des pauvres et qui sont impressionnés par les riches. Ils ne feraient pas de mal à une mouche mais ils ne balancent pas la pièce au manouche du feu rouge. Ils trouvent que les Balkany ne sont pas si mauvais que ça et que les socialistes sont trop honnêtes pour être honnêtes. Ils aimeraient bien qu'on offre une direction à la France sans se questionner sur le non-sens de leur propre vie. Plutôt inoffensifs, par ailleurs. On est parvenu à leur faire croire que s'ils sont dans la merde, ce n'est pas à cause de ceux qui ont tout le blé, non, c'est à cause de ceux qui n'en ont pas du tout. Dingue ! Ils ont gobé ça tout cru. Ils gobent tout, de toute façon. Y en a jamais aucun qui s'est dit : Tiens, je vais aller péter la gueule à ce député, là, qui me prend pour un jambon depuis cinq mandats. Ou : Tiens, ce chef au bureau, qui me sourit en me demandant comment a été mon week-end, gagne cinq fois mon salaire. Leur ennemi a été désigné, il est sale, il vit dans les banlieues, et il est pauvre. Il se goinfre tellement d'allocs que ça gèle les salaires. C'est à cause de lui... Quoi ?... Les actionnaires ? Ah non, ça c'est pas pareil, ferme ta bouche et bouge de là. T'es pas content ? T'avais qu'à mieux bosser à l'école. Pis c'est pas de notre faute si tu t'es pas retrouvé dans la bonne couille.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Demain c'est loin, Pages 135-136, Points, 2018

[ réacs ]

 

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