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abdiquer

Quand tu entendras, à l’heure de minuit, une troupe invisible passer avec des musiques exquises et des voix, ne pleure pas vainement ta Fortune qui déserte enfin, tes œuvres échouées, tes projets qui tous s’avérèrent illusoires. Comme un homme courageux qui serait prêt depuis longtemps, salue Alexandrie qui s’en va. Surtout ne commets pas cette faute : ne dis pas que ton ouïe t’a trompé ou que ce n’était qu’un songe. Dédaigne cette vaine espérance… Approche-toi de la fenêtre d’un pas ferme, comme un homme courageux qui serait prêt depuis longtemps ; tu te le dois, ayant été jugé digne d’une telle ville… Ému, mais sans t’abandonner aux prières et aux supplications des lâches, prends un dernier plaisir à écouter les sons des instruments exquis de la troupe divine, et salue Alexandrie que tu perds.

Auteur: Cavafis Constantin

Info: Dans "Les dieux désertent Antoine", traduction de Yourcenar in Poèmes, Gallimard

[ humilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humour

Lee Lightouch et Pato Conchi franchirent la frontière à l’aube. Lightouch était habillé de cuir, Conchi de lin. Le premier portait un couvre-chef gras de sueur, le deuxième allait boucles au vent. L’un était grand, l’autre rond. Le grand maigre, arborant moustache et barbiche, marchait mains dans les poches, le gros glabre avait glissé une machette dans sa ceinture. Leur mule les suivait comme une ombre. Ils voyagèrent cinq jours d’affilée. Le soir, ils mangèrent du lard : une couenne était attachée au bat. Ils firent de petits feux sans fumée. Le matin, ils burent une infusion de chicorée. Les nuages à l’horizon ne changeaient ni de taille ni de couleur, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Sauf le soir, quand ils viraient au rouge, comme d’ailleurs le reste du monde.
– C’est magnifique, dit Lightouch.
– Bof, dit Conchi.

Auteur: Biermann Mika

Info: Booming

[ western ] [ décalage ]

 

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langage

Chez mes parents, nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L’appel quotidien de mon père C’est l’heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi Comment il parle l’autre, pour qui il se prend. Ca y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie.
Parler philosophie, c’était parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches. Parler comme ceux-là qui ont la chance de faire des études secondaires et supérieures et, donc d’étudier la philosophie. Les autres enfants, ceux qui dînent, c’est vrai, boivent des bières parfois, regardent la télévision et jouent au football. Mais ceux qui jouent au football, boivent des bières et regardent la télévision ne vont pas au théâtre.

Auteur: Édouard Louis

Info: En finir avec Eddy Bellegueule

[ ségrégatif ] [ sociologie ] [ paroles ] [ discriminatoires ]

 

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femmes-par-homme

La femme, au contraire, se fait une idée positive du bonheur. C’est que, si l’homme est plus agité, la femme est plus vivante. Ah ! ce n’est pas elle qui demandera, comme le jeune homme de tout à l’heure : "Qu’est-ce que vous entendez par vivre ?" Elle n’a pas besoin d’explications. Vivre pour elle, c’est sentir. Toutes les femmes préfèrent se consumer en brûlant, à être éteintes ; toutes les femmes préfèrent être dévorées, à être dédaignées. Et dans ce "sentir" quelle mobilité, quelle ampleur des réactions ! Quand on voit qu’une femme, si l’homme qu’elle aime semble l’aimer moins – ne fût-ce qu’un peu moins – souffre autant que s’il ne l’aimait pas du tout ; quand on voit qu’ensuite, si elle reconnait qu’il l’aime autant, non seulement elle en éprouve une joie merveilleuse, mais elle ajoute à sa joie cette nouvelle joie, de se faire pardonner de l’avoir soupçonné, quand on voit cela, et qu’on voit en regard la lourdeur des hommes, on donne un sens au mot vivant.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles (I/IV) : Les Jeunes filles

[ empathiques ] [ charnelles ] [ sensitives ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

genèse

Lorsque Dieu a procédé au partage de l’univers, le paysan a pris la terre, le pêcheur le lac, le chasseur la forêt, le jardinier les vergers et le marchand des étalons de poids ainsi que la balance. Et ainsi de suite. Pendant ce temps-là, le poète s’attardait dans la forêt où le rossignol le charmait de son chant et les arbres lui susurraient dans l’oreille maints secrets des bois... Mais les yeux – les yeux du poète – ne parvenaient pas à se détacher des genoux de la lavandière et de la planche de blanchisseuse qu’elle tenait à la main. C’est ainsi que le troubadour a perdu toute notion de l’heure et s’est présenté en retard. Et quand il est arrivé, l’univers avait déjà été partagé. De sorte que Dieu ne disposait plus à son intention que des nuages, des arcs-en-ciel, des roses et des oiseaux d’été. En revenant, il n’a même plus retrouvé la lavandière. Elle s’était fait engager quelque part comme nourrice... — Puisque tu as de l’imagination, lui dit l’Eternel, eh bien ! Tu n’as qu’à te créer des univers toi-même!

Auteur: Peretz Isaac Leib

Info: Les oubliés du shtetl. Yiddishland

[ conte ] [ fable ] [ professions ] [ rêveur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

entités

Une autre remarque s’impose encore, au sujet de l’emploi que nous faisons du mot "être" lui-même, qui, en toute rigueur, ne peut plus s’appliquer dans son sens propre quand il s’agit de certains états de non-manifestation dont nous aurons à parler, et qui sont au delà du degré de l’Être pur. Nous sommes cependant obligé, en raison de la constitution même du langage humain, de conserver ce terme même en pareil cas, à défaut d’un autre plus adéquat, mais en ne lui attribuant plus alors qu’une valeur purement analogique et symbolique, sans quoi il nous serait tout à fait impossible de parler d’une façon quelconque de ce dont il s’agit ; et c’est là un exemple très net de ces insuffisances d’expression auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure. C’est ainsi que nous pourrons, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, continuer à parler de l’être total comme étant en même temps manifesté dans certains de ses états et non manifesté dans d’autres états, sans que cela implique aucunement que, pour ces derniers, nous devions nous arrêter à la considération de ce qui correspond au degré qui est proprement celui de l’Être.

Auteur: Guénon René

Info: Les états multiples de l'être, avant-propos, p 3.

[ manifestations ] [ émergences ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vie quotidienne

Lorsqu’un homme a exercé la même profession pendant des années, il a perdu la notion du temps. Même si sa journée de travail se limite à huit heures de présence, elle ne s’achève pas quand la maîtrise siffle l’heure de la sortie. Il faut encore y ajouter la durée du trajet entre sa boîte et chez soi, sans oublier les longues minutes qu’on va devoir consacrer à manger, à se laver, à s’acheter de nouveaux vêtements, ou une voiture, à remplacer ses pneus, ou sa batterie, à payer ses impôts, à copuler, à recevoir des amis, à se soigner, à se remettre d’un accident, à faire sa lessive, à éviter de se faire voler, à s’inquiéter de la météo, à dormir, à faire des insomnies, et je laisse de côté toutes ces choses dont la décence nous interdit de parler, BREF l’être humain n’aura au bout du bout que TRES PEU DE TEMPS à se consacrer. Il arrive même que les heures supplémentaires le privent de quelques-unes de ces tâches de première nécessité, comme de baiser. Bordel de merde ! Et ce genre d’existence vous bouffe six jours de la semaine et, comme le dimanche, vous êtes censé fréquenter l’église ou manger en famille, parfois les deux, parlez d’un rêve éveillé !

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", page 212

[ salariat ] [ collectif-personnel ] [ routine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

autisme

Après viendra la peur

Qu’on m’ait vue sans armure

Au bord de la terreur,

Au cœur de la fêlure.

Quand cesseront les pleurs

Restera l’écorchure,

Un goût de déshonneur,

D’échec et de souillure.



Après viendra la peur

De n’avoir vu venir

La vague en sa fureur

Qui noie mes souvenirs

Et m’arrache des heures.

Dans vos yeux vais-je lire

La gêne ou la douceur,

La fuite ou le sourire ?



Après viendra la peur

De ma propre impuissance

Face au chaos rageur

Où j’implose en enfance.

Je sais mon impudeur

Même au fond de la transe,

Je sais votre stupeur

Devant sa fulgurance.



Après viendra la peur

D’avoir perdu mon corps

Dans l’absurde torpeur

D’un orage indolore

Où seuls restent les pleurs

Quand la mémoire se tord,

L’instant perd ses couleurs

Et l’émotion s’endort.



Après reviendra l’heure

De remettre l’armure,

De rajuster l’humeur,

De faire douce figure

Pour masquer la laideur

D’un instant de cassure.

Mais gravée dans mon cœur

Restera la brûlure.

Auteur: Fazi Mélanie

Info: sur son blog, 17 sept 2020. Avec ce texte : Inspiré par plusieurs événements qui pourraient être, quoique je n’en sois pas complètement sûre, ces crises autistiques que l’on nomme "meltdowns", sortes d’explosions face à une surcharge sensorielle ou émotionnelle impossible à gérer.

[ témoignage ] [ poème ]

 

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homme-animal

L’oiseau saute de la poitrine de Heathcote pour aller fureter dans ses draps, qui ont pris la teinte jaunâtre d’une carte au trésor à force de sueur séchée et de thé renversé. Heathcote observe, fasciné malgré l’heure indécente, cet oiseau affairé qui retourne les plis, creuse des sillons, enfonce son bec dans des crevasses. Qui agite la tête de haut en bas comme s’il psalmodiait une prière frénétique. Le choucas s’interrompt. Il a trouvé quelque chose de doux, rose et poilu. Il le pince violemment et Heathcote hurle. Ce n’est manifestement pas ce que cherchait l’oiseau, qui se dirige d’un pas déterminé vers la tête de Heathcote et hurle à son tour.

Heathcote marmonne et, telle une marionnette animée de vie, il rassemble ses jambes filiformes pour se lever. Il est nu – enfin, si l’on excepte le choucas perché sur son épaule. Quand il aperçoit son reflet dans la grande fenêtre incurvée dans le mur de sa chambre arrondie, il sourit. La vie ne s’est pas déroulée exactement comme dans ses rêves d’il y a une quarantaine d’années, mais elle s’en rapproche pas mal. Sans baisser les yeux, il ouvre sa vessie et expédie un jet de pisse dorée dans l’ouverture d’un grand vase. Le récipient est déjà plein aux trois quarts et cette nouvelle contribution fait monter son contenu repoussant jusqu’à ras bord.

Auteur: Gilmour Charlie

Info: Premières plumes

[ cohabitation ]

 

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transhumances planétaires

Tandis que la lointaine civilisation chinoise retarde l’heure de sa mort en se tournant vers son propre passé, tandis que l’Inde répand, pour soulager sa fièvre, une religion sur l’Asie, l’ombre noie peu à peu les rivages où s’est écoulée l’éclatante et virile jeunesse du monde occidental. Les flux et les reflux, depuis le début de l’histoire, balancent l’océan des peuples du plateau de l’Iran aux terres fraîches et salubres qui regardent l’Atlantique. Des invasions silencieuses ont accumulé dans les plaines du nord de l’Europe les réserves d’hommes qui renouvelleront l’innocence des peuples méridionaux quand un contact trop énervant avec l’Asie affaiblira leur foi dans leur propre intelligence. On a vu les Phéniciens apporter à la Grèce et à l’Italie, avec la science et l’idéal de la Chaldée et de l’Égypte, l’écho indien des ivresses mystiques par qui le saint frisson de la vie universelle est entré dans l’ordre occidental. On a vu la Grèce, entraînée par Alexandre, déposer dans l’âme trouble et lasse de l’Inde, l’étincelle inspiratrice. Rome doit subir à son tour le sensualisme de l’Asie quand elle lui porte la paix… Le mouvement épuisait peu à peu son rythme. Il était nécessaire qu’un grand repos succédât à la dépense d’énergie d’où sortit l’avenir du monde, et que la nature de l’homme se repliât sur elle-même pour imposer à son esprit trop tendu, à ses sens pervertis, l’oubli de leurs conquêtes et le désir de remonter à leurs sources naturelles.

Auteur: Faure Elie

Info: Histoire de l'art. L'art médiéval

[ migrations mondiales ]

 
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