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femme-par-homme

Le pauvre Job Caudle était un de ces rares hommes que la Nature, dans son occasionnelle bonté envers les femmes, place dans le monde en tant que patients auditeurs. Il était, à bien des égards, tout oreilles. Et ces oreilles, Mme Caudle (sa légitime épouse, ainsi qu'elle ne manquait jamais de le lui rappeler, car elle n'était pas femme à porter des chaînes sans les secouer) en avait pleine et entière possession. Elles étaient sa propriété, aussi expressément faites pour convoyer jusqu'au cerveau de Mr Caudle le flux de sagesse qui coulait continuellement des lèvres de sa femme, que l'entonnoir métallique employé par Mme Caudle pour verser en bouteille le vin de sureau. Il y avait cependant une différence entre la sagesse et le vin. Le vin était toujours sucré : la sagesse, jamais.

Auteur: Jerrold Douglas William

Info: Introduction de "Mrs. Caudle's Curtain Lectures" - ma traduction

[ couple ] [ mégère ] [ litote ] [ langage fleuri ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

morosité littéraire

Chez Simenon, il n'y a que des victimes, y compris les criminels. Le monde les écrase tous, les broyant dans des structures mauvaises, qui ne sont pas réformables et qui leur ont faussé l'esprit et le coeur. On le voit à ce détail que tous, du clochard au bourgeois, habitent en termites des bâtiments trop grands pour eux, qu'il s'agisse des maisons de Samois, du château de Saint-Fiacre ou même sous un pont par-dessus la Seine. Simenon a dû faire cette expérience [...] Lui aussi a dû souffrir de ces vêtements trop grands. Il en est resté cet homme nu, qui est aussi celui des Pères du désert, l'espoir d'un salut, jamais évoqué, promis à nos destinées d'insectes, dont les trajets se perdent dans le noir de la mort, une oeuvre immense et la présence à nos côtés du commissaire Maigret.

Auteur: Sureau François

Info: "L'Or du Temps", récit, Gallimard, 2020 - page 127

[ grisaille générale ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

jungle primaire

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de la Białowieża Puszcza. Mais pour peu que vous ayez grandi dans la zone tempérée qui couvre une bonne partie de l’Amérique du Nord, du Japon, de la Corée, de la Russie et de plusieurs anciennes républiques soviétiques, ainsi que certaines parties de la Chine, de la Turquie et d’Europe de l’Est et de l’Ouest – îles Britanniques comprises –, alors quelque chose en vous en garde le souvenir. Si vous êtes né dans la toundra ou le désert, les régions subtropicales ou tropicales, la pampa ou la savane, il existe quand même des endroits sur Terre associés à cette Puszcza qui sauront stimuler votre mémoire.

Puszcza est un vieux mot polonais signifiant " forêt vierge ". À cheval entre la Pologne et la Biélorussie, le demi-million d’acres de la forêt de Bialowiesa renferme les derniers fragments européens de forêt à l’état primitif. Souvenez-vous de la forêt mystérieuse et embrumée que vous imaginiez quand on vous lisait un conte de Grimm. Ici, les frênes et les tilleuls culminent à quarante-cinq mètres de hauteur, et couvrent de leur ombre un enchevêtrement humide de charmes, de fougères, d’aulnes rugueux et de gros champignons. Les chênes, tapissés d’un demi-millénaire de mousse, sont tellement immenses qu’ils servent de garde-manger aux pics épeiches : ceux-ci creusent le tronc à sept centimètres de profondeur pour y entreposer des pommes d’épicéa. L’air, épais et frais, se pare d’un silence que seuls viennent briser les cris brefs du casse-noix, le sifflement grave d’une chevêchette d’Europe, ou la plainte d’un loup.

(...) Quel choc que de se dire que l’Europe entière ressemblait jadis à cette Puszcza. On se rend compte, en y pénétrant, que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu qu’une pâle copie du programme originel de la nature. Ces sureaux aux troncs de deux mètres de large, ou ces gigantesques épicéas sans âge, devraient nous sembler aussi exotiques que l’Amazone ou l’Antarctique, à nous qui avons grandi près des bois de deuxième génération, chiches en comparaison, qui parsèment l’hémisphère Nord. Eh bien non, ce n’est pas le cas. Au contraire, on s’y sent en terrain connu. Une impression de plénitude en émane, au niveau cellulaire.

Étudiant en sylviculture à l’université de Cracovie, Andrzej Bobiec avait appris la gestion des forêts dans une optique productiviste maximale, notamment en se débarrassant de la couche organique " excessive ", de crainte qu’elle n’abrite scolytes et autres nuisibles. Quand il découvrit la forêt de Bialowiesa, il fut stupéfait d’y trouver dix fois plus de biodiversité que dans toutes les forêts qu’il connaissait.

Auteur: Weismann Joseph

Info: Homo disparitus, 2007

[ nature ] [ native ] [ végétale matrice ] [ Bialovèse ] [ Belovej ]

 

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Ajouté à la BD par miguel