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teinte

Mais revenons dans la seconde moitié du XIXème siècle, lorsque partout en Europe se met en place un nouveau paysage industriel et que des régions entières changent d'aspect sous l'emprise de la mine, du charbon, du fer et de la métallurgie. Le noir s'immisce partout, jusqu'au cœur des grandes villes, telle Londres qui, au dire de Charles Dickens, possède vers 186 "les rues plus plus sales et les plus sombres que le monde ait jamais vues" et que "la suie et la fumée enveloppent continuellement d'un crasseux vêtement de deuil". La capitale anglaise n'a cependant pas le monopole de l'obscurité et de la saleté. Dans toutes les cités industrielles, les fumées déposent sur les immeubles, les objets et les personnes des couches e suie plus ou moins épaisses, plus ou moins grasses, dont il est pratiquement impossible de se débarrasser. D'où la permanence des vêtements masculins de couleurs sombres, spécialement le noir, trop cher pour être porté par les ouvriers - leurs tenues de travail sont bleues ou grises - mais qui dans les bureaux et le monde des affaires constitue une sorte d'uniforme.


Auteur: Pastoureau Michel

Info: Noir : Histoire d'une couleur. Toutes les couleurs du noir - XVIIIème-XXIème siècle, p.198

[ ébène ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

économie

[...] l’argent étant impossible à éliminer, il s’agit de savoir de quel côté sont les moindres risques d’abus. Si, sous prétexte de désintéressement et de justice sociale, on barre à tous l’accès à la fortune privée, on aboutit nécessairement au capitalisme d’Etat, c’est-à-dire à la généralisation de la condition prolétarienne. Ce qui entraîne trois conséquences :


  1. Suivant la belle formule de Koestler, la mainmise absolue de l’Etat, qui représente l’infini, sur l’individu isolé et sans défense, égal à zéro.

  2. L’érosion de l’esprit d’initiative et du sens des responsabilités (avec l’inertie et le gaspillage qui en résultent), chaque travailleur étant inséré dans un engrenage trop vaste et trop anonyme pour qu’il puisse saisir le lien entre son intérêt personnel et le bien commun.

  3. La constitution d’une oligarchie de profiteurs grassement rétribués qui jouissent, par les avantages directs et indirects liés à leur fonction, de tous les privilèges de la fortune privée, à l’exception de ses risques et de ses devoirs. [...]


Ainsi, le mépris inconsidéré de l’argent risque d’aboutir à sa concentration absolue, c’est-à-dire à l’aggravation de sa pesanteur aliénante sur les plus faibles et les plus démunis.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, pages 215-216

[ socialisme ] [ communisme ] [ accroissement des inégalités ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolution

Enfant il se sentait comme l'homme des cavernes transporté dans une autre époque, témoin stupéfait devant l'ingéniosité d'hommes capables de vous organiser des habitations chauffées, avec de l'eau à disposition partout, de la lumière... résistant à toutes les intempéries... Et depuis peu on pouvait, grâce à la Télévision, contempler n'importe quel spectacle du monde en temps réel. Avec Internet c'était devenu encore plus dingue... Comment les couches de fientes agglomérées au cours des temps pouvaient-elles accoucher de tout ça, ce confort sans issue qui abrutissait l'homme combattant ?...

Pour qu'il oublie la mort ? Pour effacer cette conscience de n'être qu'un pauvre passeur juste issus de la strate des déjections précédentes ?... Aider à produire la suivante. Toute cette couche brune matricielle, champs labourés d'une terre bien grasse, couleur caca, excréments accumulés. Tel était peut-être l'unique rôle du vivant, sa seule création véritable... Empiler des couches... La création dans le soulagement du corps, socles infinis de l'émergence d'une vie toujours plus incompréhensible, terrains des humains pour une culture intensive à eux-seuls destiné. Bêtement. Quelle serait la gueule de la prochaine strate ?... Celle qui permettra au tâtonnement de la vie d'aller un peu plus avant ?

Auteur: Mg

Info: 25 janv. 2015 - En anglais ploughing up dirt = labourer la terre

[ humanité ] [ question ]

 

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pouvoir sémantique

Edward Bernays, dis-je, a compris comment mener les foules. Comment les faire aller là où il veut, ou, plus exactement, là où ses clients (ceux qui le rémunèrent grassement à cette fin) le souhaitent. Dès 1917, c’est lui qui parvient à retourner l’opinion publique américaine pour lui faire accepter l’entrée en guerre des États-Unis. En 1924, il est payé pour faire élire Coolidge à la présidence. En 1932, il fait voter pour Hoover. Entre-temps, il publie un essai, sobrement intitulé Propagande, dans lequel il explique les principes et mécanismes qu’il a mis au point et qui permettent, au fond, de tout vendre au plus grand nombre : du parfum, du savon, des cigarettes, des voitures, des présidents, la guerre, la paix, le bonheur, la démocratie, la tyrannie – absolument tout. L’un de ses plus fervents lecteurs s’appelle Joseph Goebbels, qui saura remarquablement mettre en pratique ses théories afin d’éduquer le peuple allemand.

Cependant, Edward Bernays a aussi très vite et très bien compris que "propagande" était un vilain mot. Il lui substitue donc les termes plus policés de "relations publiques" et invente dans la foulée le métier qui va avec : "conseiller en relations publiques".

Auteur: Malte Marcus

Info: Qui se souviendra de Phily-Jo ?

[ manipulation ] [ dissimulation ] [ historique ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

art pictural

De tous les portraits d'Atahualpa faits par le Titien, le plus fameux est sans doute celui peint dans les jardins de l'Alcazar, que l'histoire a retenu sous le titre du Conseil. L'Inca y est représenté en fils du Soleil, ceint de sa couronne écarlate, offrant son meilleur profil (l'artiste ayant pris soin de dissimuler son oreille abîmée pendant la guerre civile avec son frère), un perroquet bleu sur le bras, un bracelet d'or au poignet gauche. Il se tient debout devant une fontaine, sur le rebord de laquelle sont posés des paniers d'oranges et d'avocats. Un chat roux dort à ses pieds. Un serpent est enroulé autour de sa jambe. À l'arrière-plan, des palmiers montent vers le ciel où brillent ensemble le soleil et la lune, cerclés d'or et d'argent. Sur sa tunique d'alpaga, l'empereur a fait broder ses armoiries en fils d'or : on y reconnaît le château de la Castille, les bandes rouge et jaune d'Aragon, un faucon entre deux arbres, ainsi qu'une caravelle mauve découpée dans un soleil couchant, figurant son voyage depuis Cuba. Au centre, cinq têtes de puma sous un arc-en-ciel encadrent un fruit jaune aux pépins rouges, symbole de Grenade et de l'Andalousie.

Auteur: Binet Laurent

Info: Civilizations, pp 203-204, Grasset, 2019

[ verbalisé ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

désoeuvrement

Tantôt, il y restait à l’état végétatif, songeant : "A cette heure, les gens sont à leurs affaires, doivent faire des choses à heure fixe", et il gardait la bouche entr’ouverte, comme pour manifester mieux encore son relâchement. Mais à présent, ainsi étendu, il s’endormait, et c’était devenu son rêve : dormir le plus longtemps possible durant l’après-midi. Même il en vint à commander à Mélanie, de préférence, des plats lourds, des haricots, des purées, pour que la digestion sûrement l’endormît. Il s’éveillait vers les quatre heures, bâillant comme si le sommeil lui avait donné sommeil, les yeux pleins d’eau, les plis de l’oreiller imprimés sur ses joues, et se disant : "Eh ! bien, encore une de tirée !" Car, depuis la décision prise de quitter Arago, "tirer" les journées était devenu son grand bonheur. Chaque jour, il effaçait la journée sur son calendrier de portefeuille, dans sa hâte d’arriver à la date du départ. Parfois même si impatient que, vers midi, il effaçait la journée en cours comme si déjà elle était close. Et puis, vers six heures, il avait un renouveau de contentement, parce que la fin de la journée approchait. A neuf heures, il était au lit.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 162

[ ennui ] [ interminables ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

tue l'amour

Je ne sais plus par quel détour la conversation en vint à l’attentat contre les Twin Towers, mais quand j’entendis la jeune femme qui m’accompagnait au Café Romand soutenir que le Président Bush en était l’initiateur, je fus surpris. Quand elle tenta de nous prouver l’implication de la CIA et du Mossad dans ce complot, je pressentis que le pire allait venir et que cette soirée serait notre dernière soirée. […] Cette jeune femme, universitaire de surcroît, était d’ordinaire réservée. Je ne sais pas quel vent mauvais l’emportait, mais il me fut difficile de ne pas réagir, l’invitant à ne pas entrer dans un délire antisémite, ce qu’elle récusa aussitôt, prétendant que des experts australiens – rien n’est plus farfelu que l’arrivée d’experts australiens dans un débat – avaient établi les faits. Son visage s’empourprait et elle perdait tout charme à mes yeux. Je ne parvenais plus à comprendre la séduction que cette ravissante helléniste avait exercée sur moi.

Face aux objections qui fusaient, elle se réfugia derrière les films de Michael Moore. L’erreur dans le jugement s’accompagnait d’une faute esthétique. J’étais consterné. Jamais je n’aurais soupçonné que cette sylphide se gavait de la démagogie infecte de ce bateleur obèse.

Auteur: Jaccard Roland

Info: Dans "Ma vie et autres trahisons", éd. Grasset & Fasquelle, 2013, pages 175-176

[ femme-par-homme ] [ collapsus ] [ débandage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

opinions politiques

Si je l’avais choisi comme analyste, c’était avec la conviction qu’il était d’extrême gauche, qu’il partageait les idéaux de la Révolution. Ses fréquentes allusions à Marx, la caution d’Althusser, ses relations avec les membres de la Gauche prolétarienne maoïste et avec celui devenu entre-temps son gendre, avaient renforcé cette illusion. Certes il lisait Le Figaro tous les matins. Mais je n’étais pas à une contradiction près. Les hommes d’envergure peuvent se compromettre avec le diable en gardant leur intégrité. En vérité, je n’avais pas saisi son projet d’après Mai 68, celui d’attirer à lui ces jeunes intellectuels fascinés par l’action violente et le terrorisme à la mode allemande des années de plomb, éviter que cette jeune élite intellectuelle ne s’égare dans les sables mouvants du terrorisme. C’est à lui, bien plus qu’à Sartre, dressé sur son tonneau, que l’on doit ce sauvetage de l’élite d’une génération. Mais avait-il prévu le revers de la médaille, à savoir que ces gauchistes analysés, voire devenus psychanalystes, sans faire le deuil de leur fascination totalitaire, allaient injecter dans le mouvement psychanalytique cette mortelle maladie de l’esprit qui frappera en premier lieu son propre enseignement et sa transmission. Du coup, l’institution analytique finira par ressembler à une association mafieuse ou sectaire.

Auteur: Haddad Gérard

Info: A propos de Jacques Lacan dans "Le jour où Lacan m'a adopté", éd. Grasset & Fasquelle, Paris, 2002, page 134

[ conséquences ] [ incompréhension ] [ cénacle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

séduction

Cindy venait juste de sortir de la douche.

- Sacredieu, s'extasia Billy, t'es aussi galbée qu'une cuvette de chiottes en or massif !

- Tu le penses vraiment ?

- Si je l'ai dit, c'est que je le pense.

- Tu dis des choses si poétiques, Billy.

- Tsst, je ne suis que réaliste. Tiens, vu la taille de tes seins, si tu venais à perdre l'équilibre, ton gros cul t'empêcherait de t'écrouler.

- Oh, mais je n'ai pas un gros derrière, Billy.

- Bébé, le mot "derrière" ne s'applique pas à toi. Cette chose que tu désignes ainsi est un camion-poubelle rempli à ras bords de gelée de fruits, de confiture pur sucre et de boulettes de farine !

- Dis-moi, Billy, rien d'autre ne t'attire en moi ? Ne t'intéresses-tu pas à ma vie intérieure ?

- Et toi, bébé, ne vois-tu pas s'agiter sous tes yeux ce gros machin en forme de chignole ? Pour sûr que je vais entrer dans ta vie intérieure !

- Billy, ça ne me dit plus grand-chose. J'ai changé d'avis...

- Mon bébé, ne change rien. Approche. Viens grimper sur la Tour du Pouvoir.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Pulp", trad. Gérard Guégan, éd. Grasset & Fasquelle, 1995, pages 122-123

[ prélude de baise ] [ dialogue ] [ cru ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

impatience

Le temps passa. Léon se gardait bien de toucher aux illustrés et aux livres disposés sur la tache ; à l’exemple de tous les autres clients, il ne pensait pas, - développant à son comble la puissance majestueuse qu’il avait de ne s’intéresser à rien. Après vingt-cinq minutes, personne n’avait été introduit dans le cabinet, des idées injurieuses traversèrent M. de Coantré : "Gibout est en train de faire l’amour avec sa femme", ou "Il lit son journal, et ne nous laisse moisir que pour faire croire qu’il est surchargé de travail", ou : "Il est occupé à des recherches nobiliaires visant à découvrir lequel des deux se mésallie, dans le mariage de la carpe et du lapin." Il s’apercevait qu’il n’avait que manque d’estime et malveillance pour cet homme entre les mains duquel il venait mettre sa vie ; il ne lui pardonnait pas de ne l’avoir pas pris au sérieux ; peut-être ne lui pardonnait-il pas davantage sa santé, ses enfants, son argent. Un silence de salle de baccarat régnait dans le salon, et sur les visages un abrutissement bovin : nul, semblait-il, ne trouvait à redire à cette attente prolongée, comme si la prostration actuelle de ces gens ne différait que peu de l’état qui leur était ordinaire.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 283-284

[ médecin ] [ animosité ] [ résignation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson