Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 249
Temps de recherche: 0.054s

amour familial

Paul Bach-y-Rita est un neuroscientifique américain né en 1934 et mort en 2006. Il est l’un des premiers à étudier sérieusement l’idée de la neuroplasticité.

Tout commence en 1959, quand Pedro Bach-y-Rita, le père de Paul, se retrouve paralysé à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Le pronostic des médecins est rapide: il est hémiplégique, c’est à dire paralysé d’un coté du corps à vie et ses jours sont comptés. George Bach-y-Rita, le frère aîné de Paul, refuse de croire que son père ne pourra plus rien faire.

Il ne connaît alors rien à la rééducation mais il décide de considérer son père comme un nouveau-né et de lui réapprendre tous les gestes de base. A l’aide d’équipements bricolés, il va alors le mettre à plat-ventre pour le faire ramper, puis marcher à quatre pattes. Au bout d’un an d’exercices quotidiens acharnés, Pedro Bach-y-Rita jouera du piano, dansera et redonnera des cours à la faculté. Personne n’y comprend rien, pas même les neurologues. Pourtant, Paul Bach-y-Rita, qui revient d’un long voyage et qui a suivi avec émerveillement l’exploit de son frère et de son père, parle alors de neuroplasticité.

Quand son père meurt, six ans plus tard, on découvre lors de l’autopsie du cerveau que 97% des nerfs reliant le cortex cérébral à la colonne vertébrale ont été détruits par l’AVC. Il a donc vécu durant six ans avec 3% de connexions seulement et c’est sur cette base que son fils George l’a rééduqué et sans le savoir a permis la réintégration neuro-sensorielle des réflexes archaïques, ce que font les bébés qui viennent de naître et qui vont effectuer de nombreux mouvements pour se retourner, ramper, s’asseoir, se mettre debout et marcher tout seul. Les neurones correspondant à ces 3% se sont formidablement développés, pour remplir toutes les fonctions vitales.

Auteur: Internet

Info:

[ anecdote ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

homme-animal

- À l'instant, quand vous avez dit à la serveuse que vous étiez une autorité en matière de langage des mouettes, dis-je en changeant de sujet, vous parliez sérieusement ?
Le visage de Gould s'éclaira.
- Quand j'étais petit, je passais l'été avec ma mère dans une station balnéaire de Nouvelle-Écosse du nom de Clementsport, et tous les étés un vieux monsieur m'attrapait une mouette que j'apprivoisais, et parfois j'avais l'impression que ma mouette me parlait, ou du moins qu'elle essayait. Plus tard, quand j'étais à Harvard, je passais souvent le samedi après-midi sur le quai terminal de Boston à écouter attentivement les mouettes, jusqu'au jour où elles ont réussi à se faire comprendre, et peu à peu j'ai appris le langage des mouettes. Je le comprends mieux que je ne le parle, mais je le parle mieux qu'on pourrait le croire. En fait, j'ai traduit un certain nombre de grands poèmes américains en mouette. Écoutez bien !
Il rejeta la tête en arrière et commença à glapir, gazouiller, criailler, piailler, glousser, jacasser, croasser, ponctuant çà et là ses cris de postillons. Ce vacarme avait des accents psalmodiés et sonores qui m'étaient vaguement familiers.
- Vous ne reconnaissez pas ? s'écria Gould d'une voix surexcitée. C'est "Hiawatha" ! C'est un extrait de la partie intitulée "L'enfance de Hiawatha". Écoutez ! Je vais vous le retraduire :

Sur les rives du Gitche Gumee
Sur les rives de la Grande-Eau-Marine scintillante
Se dressait le wigwam de Nokomis,
Fille de la lune, Nokomis.
Sombre au-delà s'élevait la forêt,
S'élevaient les pins noirs et funestes,
S'élevaient les sapins couverts de cônes...

Gould ricana ; dès l'instant où il s'était mis à parler des mouettes, son humeur était devenue allègre.
- Henry Wadsworth Longfellow se traduit parfaitement en mouette, dit-il. Dans l'ensemble, pour être franc, je trouve que ça rend bien mieux en mouette qu'en anglais.

Auteur: Mitchell Joseph

Info: Le secret de Joe Gould, pp. 79-80

[ transposition ] [ humour ]

 

Commentaires: 0

femmes-par-femmes

Depuis vendredi où j'ai souffert de la voir avec ce Maigret insupportable, je ne pense qu' à elle, m'obstinant au charme têtu et délicat de son visage, à ses yeux couleur de crépuscule, à ses longs cils soyeux qui caressent une joue enfantine, à son petit nez aux narines palpitantes, et à la bouche enfin, ravissante, entrouverte sur un sourire couleur de perle qu'elle offre à tous, la tête renversée, avec un battement de cil voluptueux, une irrévérence de petite fille coquette qui fend le coeur, car elle est si menue, si petite, avec des chevilles si fragiles que l'on a tout le temps peur qu'elle n'ait de la peine ou du mal. On voudrait la protéger, l'aimer, la défendre. Cependant, dès qu'elle abandonne son exquise politesse et sa puérilité, dès qu'elle parle de choses qu'elle croit plus sérieuses, c'est elle qui domine au contraire et qui combat. Sa voix très agréable et douce se durcit d'autorité, d'indifférence. On sent qu'elle pense : "je peux commander, dire ce que je veux, je suis riche et n'ai besoin de personne, car mon notaire me défend."
La façon également dont elle donne sa main à baiser prouve toute son assurance, son égoïsme, sa vanité. Il y a de la dureté en elle, toute une armure sous de la soie, une armure camouflée d'enfantillage, car elle redevient si petite par instants, si petite qu'on a envie simplement de l'embrasser et de l'appeler ma petite fille chérie.
Ne pas oublier cependant qu'elle a un intérieur de démon, rouge, or et noir, de tout petits divans durs à sa taille où elle s'étend comme une petite reine, trop douce pour ne pas être infernale et s'abandonner à toutes les voluptés, et qu'il faut se méfier d'elle, de sa grâce trop mièvre, de son changeant sourire, de son autorité suppliante et de sa douceur tyrannique.[...]

Auteur: Havet Mireille

Info: Journal 1918-1919, Dimanche 26 janvier 1919

[ personnage ]

 

Commentaires: 0

éthique

S'il était possible qu'il se dégage des pages d'un livre une réelle puanteur, ce serait le cas pour celui-ci [l'autobiographie de Dali] [...]. Mais cela étant, il reste que Dali est un dessinateur exceptionnellement doué. C'est un exhibitionniste et un carriériste, mais ce n'est pas un imposteur. Il a cinquante fois plus de talent que la plupart des gens qui s'en prennent à sa moralité et ricanent devant ses tableaux. Et si l'on considère à la fois ces deux séries de faits, on se trouve face à un problème qui, en l'absence de toute base sérieuse d'accord, fait rarement l'objet d'une véritable discussion.
(...)
Ce que revendiquent en fait les défenseurs de Dali, c'est une sorte d'immunité artistique. L'artiste doit être exempté des lois morales qui pèsent sur les gens ordinaires. [...] On voit à quel point cette théorie est fausse si on l'applique à la criminalité ordinaire. [...] Si Shakespeare ressuscitait demain, et si l'on découvrait que sa distraction favorite consiste à violer des petites filles dans des voitures de chemin de fer, nous ne lui dirions sûrement pas de continuer à agir de la sorte sous prétexte qu'il écrira peut-être un nouveau Roi Lear.
(...)
Dali est un bon dessinateur et un être humain répugnant. L'un n'exclut pas l'autre et, en un sens, ne l'affecte même pas. Ce que nous demandons avant tout à un mur, c'est qu'il tienne debout. S'il tient debout, c'est un bon mur, et savoir à quoi il sert est une tout autre question. Et pourtant, le meilleur mur du monde mérite d'être abattu s'il entoure un camp de concentration.
(...)
Il représente un symptôme de la maladie du monde. L'important n'est pas de le dénoncer comme une crapule qui mériterait d'être cravachée en public, ni de le défendre comme un génie au-dessus de toute critique, mais de découvrir pourquoi il fait montre de ces aberrations particulières.

Auteur: Orwell George

Info: in L'immunité artistique. "Benefit of Clergy"

[ beaux-arts ] [ morale ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

égrégore

Outre les différentes formes de propagande dont il a été question dans ce chapitre, il faut encore en mentionner une autre qui semble tout à fait spéciale au théosophisme et à quelques sectes américaines qui lui sont plus ou moins apparentées : c’est ce qu’on appelle la "propagande mentale". Voici comment Mme Besant explique ce qu’il faut entendre par là : "Un groupe d’hommes qui ont des convictions communes, un groupe de théosophes, par exemple, peuvent contribuer dans une large mesure à répandre les idées théosophiques dans leur entourage immédiat, s’ils s’entendent pour consacrer, en même temps, dix minutes par jour à la méditation de quelque enseignement théosophique. Il n’est pas nécessaire que leurs personnes soient réunies en un même lieu, pourvu que leurs esprits soient unis. Supposons un petit groupe ayant décidé de méditer sur la réincarnation dix minutes par jour, à une heure convenue, pendant trois ou six mois. Des formes-pensées très puissantes viendraient assaillir en foule la région choisie, et l’idée de réincarnation pénétrerait dans un nombre considérable d’esprits. On s’informerait, on chercherait des livres sur le sujet, et une conférence sur la question, après une préparation de ce genre, attirerait un public très avide d’informations et très intéressé à l’avance. Un progrès hors de proportion avec les moyens physiques employés se réalise partout où des hommes et des femmes s’entendent sérieusement au sujet de cette propagande mentale" (Le Pouvoir de la Pensée, sa maîtrise et sa culture, pp. 178-179). Fait important à noter, c’est à des pratiques de ce genre que se rattache l’origine de la fameuse coutume des "minutes de silence", qui a été importée en Europe par les Américains, et qui est devenue, depuis la guerre, un des principaux éléments de presque toutes les commémorations officielles ; il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire, d’une façon plus générale, sur les déviations pseudo-religieuses inhérentes à l’espèce de "culte civique" dont cette coutume fait partie.

Auteur: Guénon René

Info: Le Théosophisme, Histoire d’une Pseudo-Religion, ch. 26 : Les organisations auxiliaires de la société théosophique, éd. Éditions Traditionnelles, note additionnelle de la seconde édition

[ sécularisation ] [ domination spirituelle ] [ Gestalt source ] [ pouvoir du verbe ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

dévouement individualiste

L’intellectualisation consiste en somme dans le processus de diffusion de l’abstraction intellectuelle dans le comportement d’être qui ne sont pas des intellectuels, mais qui y sont devenus réceptifs par la vulgarisation de la pensée idéologique. Cette abstraction renonce au raisonnement, au contact des actions concrètes, pour envisager les choses essentiellement sous l’angle des intentions vagues, des velléités et des fins indéterminées, en entretenant une sourde révolte contre un monde considéré comme débile, en tout cas insensible à la gravité des idées abstraites. Il en résulte une insatisfaction contestataire, souvent ensevelies dans des âmes dépitées face à l’incompréhension prétendue des autres, sous prétexte qu’ils seraient insensibles aux immenses malheurs d’un monde à sauver. L’imagination se dépouille de toute ironie pour devenir sérieuse et compassée, comme s’il fallait par exemple être à tout instant à l’écoute du Tiers Monde, à l’affût des conversations pour débusquer les ombres du racisme, prêt à manifester en faveur de la paix ou disposé à libérer le genre humain chaque fois d’une autre aliénation. L’événement le plus insignifiant est interprété comme déterminant pour le destin du monde. Tout se passe comme si on voulait nous condamner à une existence chagrine, dépourvue de tout humour et de toute gaîté. En fin de compte tout sentiment s’épuise dans un sentimentalisme militant et toute émotion dans une dramatisation sentencieuse. L’insatisfaction se traduit le plus souvent par un ténébreux mécontentement pour la profession qu’on occupe. En effet on se plaît à rêver d’une profession seconde, sous la forme par exemple d’une velléité de s’engager aux côtés des médecins sans frontières, sans aucune qualification dans le domaine de la santé, rien que pour jouer avec son désir indistinct de dévouement dans toutes sortes d’associations humanitaires, fraternelles ou soi-disant culturellement libératrices (féminisme, écologisme, etc.). La priorité écologique par exemple n’est pas donnée à une réflexion sur les conditions de la sauvegarde de la nature, mais à la manifestation rhétorique* préconisant cette sauvegarde.

Auteur: Freund Julien

Info: Politique et impolitique, page 11

[ popularisation ] [ erreur catégorielle ] [ amateurisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

culture

La littérature ne sert à rien. Si elle servait à quelque chose, la racaille gauchiste qui a monopolisé le débat intellectuel tout au long du XXe siècle n’aurait même pas pu exister. Ce siècle, bien heureusement, vient de s’achever ; c’est le moment de revenir une dernière fois (on peut du moins l’espérer) sur les méfaits des "intellectuels de gauche", et le mieux est sans doute d’évoquer Les Possédés, publié en 1872, où leur idéologie est déjà intégralement exposée, où ses méfaits et ses crimes sont déjà clairement annoncés à travers la scène du meurtre de Chatov. Or, en quoi les intuitions de Dostoïevski ont-elles influencé le mouvement historique ? Absolument en rien. Marxistes, existentialistes, anarchistes et gauchistes de toutes espèces ont pu prospérer et infecter le monde connu exactement comme si Dostoïevski n’avait jamais écrit une ligne. Ont-ils au moins apporté une idée, une pensée neuve par rapport à leurs prédécesseurs du roman ? Pas la moindre. Siècle nul, qui n’a rien inventé. Avec cela, pompeux à l’extrême. Aimant à poser avec gravité les questions les plus sottes, du genre : "Peut-on écrire de la poésie après Auschwitz ?" ; continuant jusqu’à son dernier souffle à se projeter dans des "horizons indépassables" (après le marxisme, le marché), alors que Comte, bien avant Popper, soulignait déjà non seulement la stupidité des historicismes, mais leur immoralité foncière.

[...]

Rappelons d’abord qu’on peut évidemment écrire de la poésie après Auschwitz, aussi bien qu’avant, et dans les mêmes conditions ; posons-nous maintenant une question plus sérieuse : peut-on écrire de la science-fiction après Hiroshima ? En examinant les dates de publication, il semble bien que la réponse soit : oui, mais pas la même ; et des textes, il faut le dire, franchement meilleurs. Un optimisme de fond, probablement incompatible avec la littérature romanesque, s’est évaporé là, en l’espace de quelques semaines. Hiroshima était sans doute la condition nécessaire pour que la littérature de science-fiction puisse vraiment accéder au statut de littérature.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, pages 73-74

[ barbarie ] [ politique ] [ inutile ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

sérendipité

Suisse : le mystère des "trous" dans le fromage enfin élucidé
L'institut des sciences en denrées alimentaires Agroscope, basé à Berne, vient de trouver l'explication scientifique aux "trous" dans certains fromages suisses. Et les bactéries, longtemps soupçonnées, n'y sont pour rien...
Qui ne s'est jamais demandé pourquoi l'Emmental ou encore l'Appenzell étaient criblés de trous ? ... A l'origine de l'apparition de ces cratères de toutes formes qui amusent tant les enfants, il n'y a pas d'intervention humaine, ni aucune petite souris qui serait passée par là... Alors depuis des décennies, la Suisse, pour qui le fromage est une affaire tout a fait sérieuse, tente de percer le mystère. Et c'est chose faire.
L'institut des sciences en denrées alimentaires Agroscope, basé à Berne, vient de découvrir le pot-au-roses. Les "trous" dans le fromage sont en fait provoqué par des gaz qui se dégagent pendant la fermentation. Et ces gaz sont eux-même engendrés par de petites particules de foin qui tombent dans le lait pendant la traite des vaches. "C'est une découverte qui a été faite complètement par accident, comme toutes les grandes découvertes", se réjouit l'institut scientifique.
Rien que du naturel donc et pourtant, ce sont les techniques modernes qui ont permis de faire cette découverte. Les chercheurs, qui avaient bien remarqué qu'il y avait de moins en moins de trous dans le fromage depuis ces dernières années, ont en effet constaté qu'ils avaient tendance à disparaître quand le lait était extrait avec des techniques plus modernes et "aseptisées" que celles des fromagers d'antan...
Et c'est là, la révélation ! "C'est la disparition du seau traditionnel", placé sous le pis de l'animal, et dans lequel les fameuses particules de foin pouvaient flotter à loisir, qui est à l'origine de la disparition des "trous", explique un porte-parole de Agroscope.
Cette découverte pourrait permettre au fromager de varier le nombre de "trous" désirés dans ses meules en jouant sur le dosage des microparticules de foin, et aux enfants de de continuer à s'amuser de ces drôles de cratères.

Auteur: France-info

Info: vendredi 29 mai 2015 06:52

[ gruyère ]

 

Commentaires: 0

anecdote

Il est temps de ramener, une fois de plus, Guy Roux dans la vie d'Éric.
"La mère de Canto m'a téléphoné le jour de son procès en appel. En trente ans, personne n'avait jamais interrompu une de mes séances d'entraînement. Mais elle était morte d'inquiétude. Éric lui avait dit que, si le juge confirmait le verdict initial, il lui casserait la gueule ! Oh, là, là... Je lui ai répondu : je ne suis pas Dieu le père. Mais... Je connaissais Béatrice Main, ancien sous-préfet de Château-Chinon et chef de cabinet du président Mitterrand à l'époque. Quatorze avant, j'avais accepté de faire une photo de l'équipe aux côtés de Mitterrand pendant qu'il faisait campagne pour la présidentielle. Il avait toujours eu un faible pour Auxerre et m'avait même dit, une fois : "Si un jour vous avez un problème, appelez Béatrice et on verra ce qu'on peut faire." Je lui ai donc expliqué que je n'avais encore jamais dérangé le président - je n'allais quand même pas demander son aide pour un PV ! - mais qu'on était confrontés à une situation grave : Cantona faisait face aux juges. Sa réaction a été prévisible : "On ne va pas donner de leçons aux Anglais, eux qui ont inventé l'indépendance de la justice !" Bien sûr, lui ai-je répondu, mais j'ai pensé à une solution. Si le président envoyait un télégramme à la reine pour dire : "Si Cantona va en prison, cela va ternir sérieusement les relations entre la jeunesse française et la jeunesse anglaise", peut-être que ça pourrait être utile... Elle m'a répondu : "Vous êtes complètement dingue. Je le savais.
- Vous pourriez lui transmettre quand même ?"
C'était un mercredi, jour du Conseil des ministres à l'Élysée. Elle m'a dit qu'elle me rappellerait dans l'après-midi. Et elle m'a rappelé à 15 heures : "Il n'y a que les fous qui réussissent en ce bas monde. Le président a demandé à un haut fonctionnaire d'envoyer un télégramme au Home Office." À 15 heures, Cantona voyait sa peine commuée et retournait chez lui.

Auteur: Auclair Philippe

Info: Cantona, le rebelle qui voulut être roi

[ football ] [ pouvoir ] [ influence ]

 

Commentaires: 0

kantisme

Ce drame, cet immense scénario dans lequel l'humanité a joué son rôle sur cette planète au cours des 4000 dernières années, apparaît clairement lorsque l'on adopte une vue d'ensemble de la tendance intellectuelle centrale de l'histoire du monde. Au deuxième millénaire avant notre ère, nous avons cessé d'entendre la voix des dieux. Au cours du premier millénaire avant J.-C., ceux d'entre nous qui entendaient encore les voix, nos oracles et nos prophètes, se sont éteints eux aussi. Au premier millénaire de notre ère, ce sont leurs paroles et leurs auditions, conservées dans les textes sacrés, qui nous ont permis d'obéir à nos divinités perdues. Et au deuxième millénaire de notre ère, ces écrits perdent leur autorité. La révolution scientifique nous détourne des dictons anciens pour découvrir l'autorisation perdue dans la nature. Ce que nous avons vécu au cours des quatre derniers millénaires est la lente et inexorable profanation de notre espèce. Et dans la dernière partie du deuxième millénaire de notre ère, ce processus est apparemment en train de s'achever. C'est la grande ironie humaine de notre entreprise la plus noble et la plus importante sur cette planète que, dans notre quête d'autorisation, dans notre lecture du langage de Dieu dans la nature, nous devions y lire si clairement que nous nous sommes trompés à ce point.

Cette sécularisation de la science, qui est aujourd'hui un fait avéré, trouve certainement ses racines dans le siècle des Lumières français auquel je viens de faire allusion. Mais elle est devenue brutale et sérieuse en 1842 en Allemagne dans un célèbre manifeste rédigé par quatre jeunes et brillants physiologistes*. Ils l'ont signé comme des pirates, avec leur propre sang. Lassés de l'idéalisme hégélien et de ses interprétations pseudo-religieuses des questions matérielles, ils ont décidé avec colère qu'aucune force autre que les forces physico-chimiques communes ne serait prise en compte dans leur activité scientifique. Pas d'entités spirituelles. Pas de substances divines. Pas de forces vitales. Il s'agit là de la déclaration la plus cohérente et la plus virulente du matérialisme scientifique jusqu'à cette époque. Et elle a eu une influence considérable.

Auteur: Jaynes Julian

Info: The Origin of Consciousness in the Breakdown of the Bicameral Mind, chap 6, the auguries of sciences *il s'agit en réalité du manifeste de 1847 de Hermann von Helmholtz avec Emil du Bois-Reymond, Ernst von Brücke et Carl Ludwig qui annonçait à la science l’avènement des nouvelles doctrines.

[ agnosticisme ontologique ] [ science-religion ] [ schisme ] [ matérialisme triomphant ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel