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art pictural

Vous ne pouvez pas savoir, me répondit Monet, combien tout ce que vous venez de dire est véritable. C'est la hantise, la joie, la tourmente de mes journées. A ce point qu'un jour, me trouvant au chevet d'une morte qui m'avait été et m'était toujours chère, je me surpris, les yeux fixés sur la tempe tragique, dans l'acte de chercher machinalement la succession, l'appropriation des dégradations de coloris que la mort venait d'imposer à l'immobile visage. Des tons de bleu, de jaune, de gris, que sais-je ? Voilà où j'en étais venu. Bien naturel le désir de reproduire la dernière image de celle qui allait nous quitter pour toujours. Mais avant même que s'offrit l'idée de fixer des traits auxquels j'étais si profondément attaché, voilà que l'automatisme organique frémit d'abord aux chocs de la couleur, et que les réflexes m'engagent, en dépit de moi-même, dans une opération d'inconscience où se reprend le cours quotidien de ma vie. Ainsi de la bête qui tourne sa meule. Plaignez-moi, mon ami.

Auteur: Monnet Claude

Info: Rapporté par George Clémenceau dans : Claude Monnet intime, cité par Salva Rubio

[ seconde nature ] [ manie ]

 

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résumé

Nul artiste pourtant n'a été plus fidèle que lui, plus casanier. Il est né enraciné. Sans la tradition nourricière, sans l'héritage, sans Mozart bien-aimé, sans le siècle tel qu'il l'a pris, accepté et vécu (et vaincu, de cette seule victoire qu'on puisse avoir sur le siècle, tout artiste qu'on est : lui survivre), il eût peut-être été incapable de créer. Il conduit sa vie, et cette plus vivante vie, la fécondité créatrice, jusqu'à l'âge biblique de quatre-vingt-cinq ans. Et en famille. Pourtant il n'est mort ni patriarche ni prophète. Tout prédestinait cette existence à n'être qu'un parcours lisse. Elle a su traverser indemne tant de révolutions en art. Deux guerres mondiales ont quand même fini par la ruiner. La tourmente finale des années quarante l'obligeait à chercher son pain et son toit en exil. Qu'emmenait-il avec lui ? Presque rien, presque tout : ses quatre-vingts ans, sa femme, Pauline, et une capacité intacte de se laisser émouvoir par le monde, et de le dire au moyen de la musique.

Auteur: Tubeuf André

Info: Richard Strauss ou Le voyageur et son ombre

[ trajectoire ] [ compositeur classique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

décor

De hautes maisons de pierre peintes de couleurs vives s'étageaient sur le versant de la falaise jusqu'au bord de l'eau, formant un fouillis de toits et de fenêtres superposés. Hors des remparts, au pied des falaises plus basses ceignant la ville au midi, s'étendaient des kilomètres de champs et de pâturages disposés en terrasses et protégés par des digues, jolis comme des tapis à motifs variés. Partant des murs de la cité au bord de la falaise, chevauchant digues et dunes, filant droit au-dessus de la plage et de ses sables lavés par la marée, luisants de propreté, se dressait une chaussée qui, à grandes enjambées sur ses immenses arches de pierre, reliait la cité à une étrange île sombre émergeant des sables. C'était le Roc, saillie monstrueuse se détachant en noir sur la surface plane, lisse et polie des sables, lugubre, implacable, coiffée d'une arche et d'une tour dont les formes tourmentées dépassaient en fantastique tout ce que le vent et la mer eux-mêmes auraient pu façonner.

Auteur: Le Guin Ursula K.

Info: Le Cycle de Hain, tome 2 : Planète d'exil, chap. 1

[ science-fiction ] [ imaginaire ]

 

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traumatisme infantile

C’est dans ma première rencontre avec l'enfant malade que je vis les dessins faits par lui à la maison et au patronage. J’ai été frappée autant par les sujets de ces dessins que par l’expression anxieuse des personnes représentées. Mon attention fut attirée surtout par des dessins faits par Jacques les premiers jours de son séjour au Patronage. Le même sujet se répétait dans les deux dessins : un petit garçon regardait un homme avec méfiance et terreur.

Ayant constaté que l’unique moyen d’expression de Jacques était le dessin, je l’ai employé pour le traitement.

(...)

Dès la première séance je l’ai fait dessiner. Je donnais à ces dessins des interprétations que Jacques approuvait ou désapprouvait par des signes de tête. C’est ainsi que je réussis à l’aider à exprimer ses conflits inconscients.

(...)

Voyant que Jacques se débarrassait, par ses dessins, d’une grande partie des angoisses qui l’avaient tourmenté, j’ai pensé qu’il pourrait aussi, par cette voie, rompre son mutisme. 

Auteur: Morgenstern Sophie

Info: "Un cas de mutisme psychogène", Revue Française de Psychanalyse, T 1, Édition G. Doin et Cie, 1927, pp 492, 493

[ thérapie ] [ croquis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

christianisme

Au lieu de T’emparer de la liberté humaine, Tu l’as accrue et Tu as accablé à jamais le domaine spirituel de l’homme des souffrances de cette liberté. Tu as souhaité le libre amour de l’homme pour qu’il Te suivît librement, séduit et captivé par Toi. Au lieu de l’ancienne loi solide, l’homme devait désormais décider lui-même d’un cœur libre ce qui est le bien et ce qui est le mal, n’ayant pour seul guide que Ton image devant lui, mais est-il possible que Tu n’aies pas prévu qu’à la fin, il rejettera et contestera même Ton image et Ta vérité, si on l’accable sous un fardeau aussi terrible que la liberté du choix ? Ils s’écrieront à la fin que la vérité n’est pas en Toi, car il était impossible de les laisser dans un plus grand désarroi et un plus grand tourment que Tu ne l’as fait, Toi, en leur laissant tant de soucis et d’insolubles problèmes. Ainsi, Tu as Toi-même semé le germe de la destruction de Ton propre royaume, n’en accuse plus personne.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Discours du Grand Inquisiteur au Christ, dans "Les Frères Karamazov", volume 1, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 327

[ responsabilité ] [ inconfort ] [ perdition ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

abandon

Plus le statut de l’enfant est sacralisé, plus le vécu enfantin est déclaré déterminant, plus se développe, en regard des responsabilités écrasantes qui en résultent, un discours affirmant qu’assumer au mieux ces responsabilités consiste à intervenir le moins possible. Le respect de la liberté et des droits, le sujet auto-fondé sont de merveilleux antidotes au fardeau qui risquait d’écraser, transformé de plomb en plume. Là encore, sous les généreuses protestations, se perçoit cette petite voix : qu’ils se débrouillent tout seuls.
Le retournement dans les poussettes le murmure à sa manière. On prétend œuvrer pour le bonheur des enfants. Mais, dans les poussettes ainsi conçues, ils ne sourient plus. A qui, à quoi adresseraient-ils leurs sourires ? Au monde ? De là où ils le découvrent, il n’y a pas de quoi rire. Au ras du sol, sans regard pour les rassurer, ils jouent le rôle d’étrave pour fendre la foule, pour frayer un chemin à travers la circulation urbaine. Impossible de parler. Et si jamais une souffrance ou un tourment s’emparent d’eux, ils pleurent dans le vide, sans aucun visage pour seulement réfléchir leur chagrin.

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Une folle solitude", pages 300-301

[ cadre formateur ] [ responsabilité ] [ parents-enfants ] [ éducation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme

LA MERE AGNES

Vous êtes ma nièce, ma chère fille, et je voudrais vous donner plus qu’à pas une autre, une parole de soulagement. Mais il n’appartient pas à une créature de donner du soulagement dans une affliction ; c’est un office que Dieu a retenu pour soi seul. Et quel besoin de soulagement ? Vous souffrez et vous avez l’amour de Dieu. Vous avez tout.

LA SŒUR ANGELIQUE

Je n’ai pas tout.

LA MERE AGNES

Pourquoi vous tourmenter ? Dans notre religion, tout est tellement simple. Vous êtes heureuse ? Vous en rendez grâces. Vous êtes malheureuse ? Vous en rendez grâces. Vous n’avez qu’à vous laisser emmener, attendre les moments de Dieu, adorer tout ce qu’il vous envoie. Il y a soixante et onze ans que les tribulations m’entourent de leur fracas, sans que j’en aie éprouvé autre chose qu’un approfondissement du mystère divin, que je n’aurais pas éprouvé sans elles. Et je vais à la mort comme on va à la messe. Tout le temps n’est rien, ni ce qui s’y passe. Il n’y a de réel que l’éternité.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Port-Royal, Editions Gallimard, 1954, pages 71-72

[ surnaturel ] [ souffrance ] [ contentement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophe-sur-philosophe

Ramsey alliait harmonieusement qualités personnelles et capacités intellectuelles,  ses amis auront grand peine à oublier sa disparition. Sa corpulence Johnsonienne, son rire spontané, la simplicité de ses sentiments et de ses réactions... son honnêteté d'esprit et de coeur, sa modestie ainsi que la puissante et efficace aisance de la machine intellectuelle qui moulinait derrière ses larges tempes et son  visage souriant, nous ont été enlevés au sommet de leur excellence et avant que les fruits de son travail et de sa vie ne puisse être récoltés. (...)

Ce décès est une lourde perte - et bien que ses intérêts principaux aient été la philosophie et la logique mathématique, jusqu'à la pure théorie économique - s'il avait suivi la voie plus facile d'une inclinaison simple, il est possible qu'il aurait échangé  un jour les tourmentants exercices au sujet des fondements de la pensée, là où l'esprit essaie de se comprendre lui-même, pour  emprunter les chemins de la discipline plus confortable des sciences morales,  où théorie et faits, imagination intuitive et jugement pratique, se combinent d'une manière plus agréable pour l'intellect humain.

Auteur: Keynes John Maynard

Info: The Economic Journal, mars 1930, 40. A propos de Frank Plumpton Ramsey

[ mathématiques ] [ éloge ] [ eulogie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

destin personnel

[...] un homme comme moi ne peut vivre sans marotte, sans passion dominante, sans un tyran, pour parler comme Schiller, tel celui qui est devenu le mien. Désormais, à mon tour, je ne connais à son service aucune mesure. Il s’agit de la psychologie, depuis toujours le but qui me fait signe de loin, et qui maintenant, depuis que j’ai rencontré les névroses, s’est rapproché d’autant. Deux desseins me tourmentent : examiner quelle forme prend la doctrine du fonctionnement du psychique quand on introduit le point de vue quantitatif, une sorte d’économie de la force nerveuse, et, deuxièmement, dégager de la psychopathologie un gain pour la psychologie normale. [...] C’est à un tel travail que j’ai consacré, au cours de ces dernières semaines, chaque minute que j’avais de libre, j’ai ainsi passé une partie de mes nuits, de onze heures à deux heures, à élaborer des fantaisies, traduire et deviner, et je m’arrêtais seulement lorsque j’étais tombé quelque part sur un absurdum, ou lorsque je m’étais vraiment et sérieusement surmené au point de ne plus trouver en moi d’intérêt pour l’activité médicale quotidienne.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 25 mai 1895, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ découverte ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

identification

Tout être humain pouvait entrer, ne fût-ce que pour quelques instants, dans les pensées, les désirs d'un autre être humain, même si celui-ci était très différent, par un acte de l'imagination que les écrivains des Lumières appelaient "sympathie".

La déclaration qui ouvre la Théorie des sentiments moraux d'Adam Smith constitue peut-être l'explication la plus claire de ce qu'est la sympathie:

Comme nous n'avons pas d'expérience directe de ce que ressentent les autres hommes, nous ne pouvons nous former d'idée de la manière dont ils sont touchés qu'en imaginant ce que nous ressentirions nous-mêmes dans la même situation. Même si un de nos frères est sur le chevalet de torture, tant que nous sommes à notre aise, nos sens ne nous informeront jamais de ce qu'il souffre... Ce n'est que par l'imagination que nous pouvons nous former une idée de ce que sont ses sensations... Ce sont les seules impressions de nos propres sens, et non des siens, que notre imagination copie. Par l'imagination, nous nous plaçons dans sa situation, nous nous sentons endurer tous ses tourments, comme si nous entrions dans son corps.

Auteur: Sennett Richard

Info: La conscience de l'oeil : urbanisme et société

[ compréhension ] [ empathie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel