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collectivisme

Dans le désir du grand nombre se trouve la puissance qui permet de forcer les choses et de parvenir à la réalisation des souhaits ; le plus beau semble pourtant être de se laisser glisser avec douceur et sans douleur vers une espèce de pays d'enfance où l'on peut s'abandonner à la vigilance des parents et se dépouiller, comme lorsqu'on était enfant des soucis et de la responsabilité. Ne pense-t-on et ne s'occupe-t-on pas de vous en haut lieu ? A toutes les questions, des réponses sont prévues ; pour tous les besoins, le nécessaire est fait. Ce somnambulisme infantile de l'homme de masse est si éloigné de la réalité qu'il ne se pose jamais la question : qui donc paie ce paradis ? Pour le règlement de l'addition, on s'en remet aux institutions supérieures, ce que celles-ci acceptent volontiers, car leur puissance se retrouve augmentée par cette exigence. Mais plus leur puissance augmente, plus l'individu isolé se trouve dépourvu et affaibli.
Chaque fois qu'un tel état social prend des proportions importantes, il prépare les chemins de la tyrannie ; il lui ouvre les portes et la liberté de l'individu se transforme en un esclavage physique et spirituel. La tyrannie étant en soi immorale et prête à tout pour atteindre son but, elle est naturellement plus libre dans le choix de ses moyens qu’un régime qui tient encore compte de l’individu.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Présent et avenir

[ déresponsabilisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fonction orale

Dès qu’il entre dans la dialectique de la frustration, l’objet réel n’est pas en lui-même indifférent, mais il n’a nullement besoin d’être spécifique. [...] Ce n’est pas l’objet qui joue là-dedans le rôle essentiel, mais le fait que l’activité a pris une fonction érotisée sur le plan du désir, lequel s’ordonne dans l’ordre symbolique.

Je vous fais remarquer au passage que cela va si loin, qu’il est possible que, pour jouer le même rôle, il n’y ait pas du tout d’objet réel. Il s’agit en effet seulement de ce qui donne lieu à une satisfaction substitutive de la saturation symbolique. Cela peut seul expliquer la véritable fonction d’un symptôme comme celui de l’anorexie mentale. Je vous ai déjà dit que l’anorexie mentale n’est pas un ne pas manger, mais un ne rien manger. J’insiste – cela veut dire manger rien. Rien, c’est justement quelque chose qui existe sur le plan symbolique. Ce n’est pas un nicht essen, c’est un nichts essen. Ce point est indispensable pour comprendre la phénoménologie de l’anorexie mentale. Ce dont il s’agit dans le détail, c’est que l’enfant mange rien, ce qui est autre chose qu’une négation de l’activité. De cette absence savourée comme telle, il use vis-à-vis de ce qu’il a en face à lui, à savoir la mère dont il dépend. Grâce à ce fait, il la fait dépendre de lui.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, page 255

[ explication ] [ objet symboliquement annulé ] [ indépendance ] [ toute-puissance ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bizarreries

Pour en revenir à l'abondance des manies chez les créateurs et pour n'en citer que quelques unes en guise d'apéritif, je dirai que Kafka, en plus de mâcher 32 fois chaque bouchée, faisait de la gymnastique nu devant la fenêtre ouverte par un froid de canard ; Socrate portait toujours le même vêtement, marchait nu-pieds et dansait tout seul ; Proust s'est mis un jour au lit et n'en est plus sorti (et Valle-Inclan et l'Uruguayen Juan Carlos Onetti, parmi bien d'autres, ont fait la même chose) ; Agatha Christie écrivait dans sa baignoire; Rousseau était masochiste et exhibitionniste; Freud avait peur des trains; Hitchcock, des oeufs; Napoléon, des chats; et la jeune écrivaien colombienne Amalia Andrade, chez qui j'ai pris les trois derniers exemples de phobie, avait peur dans son enfance que des arbres lui poussent à l'intérieur du corps si elle avalait une graine. (...) Rudyard Kipling ne pouvait écrire qu'avec de l'encre très noire, au point que le noir bleuté lui semblait déjà une " aberration". Schiller mettait des pommes gâtées dans le tiroir de son bureau, car il avait besoin de humer la nourriture pour écrire*. Dans ses vieux jours Isaak Dinesen mangeait uniquement des huitres et du raisin blanc avec quelques asperges. Stefan Zweig collectionnait compulsivement les autographe et envoyait trois ou quatre lettres par jour à ses personnalités favorites pour leur demander une signature...

Auteur: Montero Rosa

Info: Le danger de ne pas être folle, pp 15,16. *Amélie Nothomb a une marotte similaire (note de mg)

[ insolites ] [ écrivains ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

... je réponds aux messages sur Tinder, dernière étape de mon rituel matinal. J'y suis inscrit depuis trois mois, moins pour trouver I'amour que pour m'entrainer à capter l'attention, séduire et sortir de ma zone de confort. J'avais besoin dune bonne remise à niveau dans tous ces domaines. Ainsi, chaque jour, derrière l'écran, je m'exerce à me mettre en valeur, à faire ma propre publicité, à me différencier tout en étant conforme. Une version 2.0 de la séduction dans laquelle chacun peut, en fonction de sa valeur sur le marché, fixer les termes, conditions et contre-parties de son consentement à devenir l'objet du désir de l'autre. Méthodique, je rejoue la même séquence avec des dizaines, des centaines de filles différentes et ajuste ma stratégie après chaque échec. Il existe une formule, un mode opératoire pour tout, même pour plaire. La première étape consiste à maximiser ses "matchs" . Au début, mon score était négligeable, à peine 1 % de mes "likes" . Pour remédier, j'ai fait évaluer mes photos par des inconnues sur un site spécialisé, anonymement et sur plusieurs critères: charisme, attractivité, intelligence, confiance en soi... Cette étude m'a permis d'observer que la version optimale de moi souriait à peine, déboutonnait le col de sa chemise et ne regardait pas l'objectif de l'apparel. Désormais, mon taux de "matchs" dépasse les 3%. C'est mieux, mais doute encore loin des champions du "PageRank".

Auteur: Markov Bruno

Info: Le dernier étage du monde, 2023

[ cybernétiques ] [ orthogonaux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

transposition

Supposons que dans un roman anglais, un personnage dise "it's raining cats and dogs". Le traducteur qui, pensant dire la même chose, traduirait littéralement par il pleut des chats et des chiens serait stupide. On le traduira par il pleut à torrents ou il pleut des cordes. "
Dire presque la même chose n'est pas un essai théorique sur la traduction, mais une illustration des problèmes que pose la traduction à travers des exemples qu'Umberto Eco a vécus : en tant qu'éditeur, en tant qu'auteur, en tant que traducteur. Ce sont ces trois éclairages que nous retrouvons dans un ouvrage qui fourmille d'exemples. Nul besoin de maîtriser les langues citées pour comprendre, puisqu'on est toujours dans la comparaison.
Umberto Eco nous enseigne que la fidélité n'est pas la reprise du mot à mot mais du monde à monde. Les mots ouvrent des mondes et le traducteur doit ouvrir le même monde que celui que l'auteur a ouvert, fût-ce avec des mots différents. Les traducteurs ne sont pas des peseurs de mots, mais des peseurs d'âme. Dans ce passage d'un monde à l'autre, tout est affaire de négociation. Le mot est lâché : un bon traducteur sait négocier avec les exigences du monde de départ pour déboucher sur un monde d'arrivée le plus fidèle possible, non pas à la lettre mais à l'esprit. Tout est donc dans le presque du titre.

Auteur: Bouzaher Myrien

Info: à propos de Dire presque la même chose, Expériences de traduction d'Umberto Ecco

[ interprétation ]

 
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nuées animales

Il y a quelque chose de fascinant dans la façon dont bouge une colonie d'oiseaux dans le ciel ou un banc de poissons dans l'océan, dit Cillian. Il existe une telle harmonie, un tel synchronisme lorsqu'ils se déplacent au gré des vents et des courants que l'on dirait que tous, ils ne font qu'un. J'ai lu un jour que le plus fascinant dans tout ça, c'est qu'il n'y a pas besoin pour l'individu d'avoir une vue d'ensemble du tout pour savoir comment réagir, échapper à tel prédateur ou attraper tel courant porteur. Il suffit à l'individu de n'être conscient que des mouvements de ses proches voisins pour coordonner les siens propres. C'est ainsi que naît le parfait accord dans le déplacement et qu'apparaissent ces soudains changements de direction, ces ruptures instantanées de cap, comme si tous ils étaient aiguillés par le même esprit. Imagines-tu ce que l'Homme serait capable de faire s'il s'efforçait de prêter attention à ses prochains et de se comporter en harmonie avec eux ? Imagines-tu les grandes choses dont serait capable l'humanité ? Au lieu de ça, chaque individu, chaque nation, recherche son propre intérêt sans se soucier de ceux et celles qui les entourent. C'est pour ça que tous ils se heurtent et se cognent, s'assomment en plein vol, perdent des plumes et finissent tous un jour par tomber en chute libre, et par s'écraser au sol.

Auteur: Vall David

Info: De chair et de marbre

[ auto-organisation ] [ systèmes critiques ] [ inharmonie terrestre ] [ groupes autonomes coordonnés ] [ essaims ] [ murmurations mathématiques ] [ formes modulaires ]

 

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philosophie

Montaigne a eu de la chance : celle de naître "d’une race fameuse en prud’homie* et d’un très bon père", d’avoir été élevé "en toute douceur et liberté, sans rigueur et contrainte", d’avoir eu des précepteurs aussi intelligents et savants que débonnaires, enfin de n’avoir pas, au cours de sa vie, été trop maltraité par le sort : "Je dois beaucoup à la fortune de quoi jusqu’à cette heure [il a cinquante-cinq ans] elle n’a rien fait contre moi outrageux, au moins au-delà de ma portée" (III, IX, 83). Montaigne se doit à des rencontres heureuses, une chance complétant l’autre. Et comme, "par long usage,… fortune [passe] en nature" (III, X, 101), que le fortuit perd sa contingence dès lors que nous sommes ce que nous devenons, les hasards, sous le commandement du principal d’entre eux, celui de la naissance, ne composent pourtant qu’une seule et même nature. C’est cette nature changeante, mais qui change sans devenir autre, comme un fruit s’enrichit au dedans, qui va s’exprimer en une certaine manière d’envisager le monde et la vie, une sagesse.

(On peut admettre cette prud'homie à la condition qu'elle soit aimable, joyeuse... festive aussi... et on verra se développer une religion du laïc tout fondée précisémment sur la prud'homie, c'est à dire sur une conscience joyeuse, juge du bien et du mal, qui n'a pas besoin d'autre chose.)**

Auteur: Conche Marcel

Info: In "La sagesse comme art d'être heureux". *probité, sagesse dans la conduite. ** Pierre Magnard, https://www.youtube.com/watch?v=h5-CHNOfb7w 17 min 32 sec

[ renaissance ] [ Gaule ] [ bon sens ]

 

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non-voyant

Je vois la lumière, les couleurs et les formes, mais aucun détail. Ça me permet de choisir les couleurs de mes vêtements et de les accorder. C'est simple car j'adore le noir et le blanc. Je me coiffe toute seule aussi, mais si je veux me maquiller, je dois demander à quelqu'un. Je pense que ce sont les détails qui rendent beau ce qu'on voit avec les yeux. C'est pour ça que, pour moi, ce qui est beau ne se voit pas. C'est plus une impression d'ensemble, ce qui se dégage de quelqu'un... En général, quand je trouve quelqu'un laid, les voyants aussi le trouvent laid. Le contraire n'est pas toujours vrai. Il m'arrive de trouver une personne belle parce qu'elle est gentille, agréable, intéressante, et d'apprendre par les voyants qu'elle est moche ! Tout ça est très relatif, finalement...
(...)
La plus belle chose que je connaisse, c'est la musique. Là, je n'ai pas besoin d'avis pour savoir ! Je joue du piano, j'espère devenir professeur ou concertiste. Quand les notes sont parfaitement accordées, que les deux mains sont en harmonie, c'est le summum de la beauté. Voilà, en fait, c'est ça la beauté : l'harmonie, sous toutes ses formes. Et on n'a pas forcément besoin de voir pour y accéder. La seule chose qui me manque vraiment, c'est de pouvoir croiser un regard. Ça, ça doit être magnifique...

Auteur: Nadia

Info: 18 ans, in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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intradusible

Uhljeb (croate) : partisan pistonné, apparatchik stipendié

Le néologisme croate uhljeb (dérivé de hljeb, le pain) a eu un succès fulgurant, même à l’échelle internationale. Teinté d’une couche ironique d’argotle mot dépeint le phénomène du népotisme et du copinage politique. 

Uhljeb désigne une personne dépourvue de compétences professionnelles dotée d’un poste dans l’administration locale ou celle d’État, ou bien dans une entreprise publique. “D’ailleurs, pour obtenir un poste d’uhljeb, on n’a besoin ni de compétences ni d’expérience, mais plutôt d’affiliation politique à un parti, quand ce n’est pas du copinage ou des liens de parenté avec les responsables”, explique-t-on sur le site uhljeb.info, consacré à ce phénomène.

L’uhljeb est un opportuniste, loyal à son parti, ses chefs ou son entreprise tant qu’ils lui assurent son existence moyennant un salaire bien confortable et les privilèges qui vont avec. 

Ce mot est en train d’entrer dans le patrimoine mondial linguistique au même titre que pizza, omerta ou perestroïka”, se vante Novi List. Ce n’est pas la peine de le traduire en anglais, ironise le quotidien de Rijeka qui explique : A Londres, Atlanta ou Sydney il n’existe pas d’équivalent pour quelqu’un qui entre dans l’administration grâce à un parti politique et bénéficie d’un salaire confortable jusqu’à la retraite, tout en quittant son travail à midi sous prétexte d’une réunion urgente ou d’un déjeuner d’affaires.”

Les journaux croates organisent régulièrement des élections de l’uhljeb de l’année.

Auteur: Internet

Info: https://www.courrierinternational.com/ 26 déc. 2016

[ magouille ] [ pantouflage ] [ favoritisme ] [ définition ] [ emploi fictif ] [ sinécure ]

 
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pouvoir

Il me fallut une demi-journée pour les retrouver, eux ou une ombre si proche d'eux qu'il n'y avait aucune différence. Oui, ceux-là mêmes que j'avais déjà exploités jadis. C'étaient des gars petits, très poilus, très bruns, avec de longues incisives et des griffes rétractiles. Mais la conformation de leur main leur permettait d'appuyer sur une détente et ils me vouaient un véritable culte. Ils m'accueillirent avec des explosions de joie. Peu leur importait que, cinq ans plus tôt, j'eusse envoyé la crème de leur population masculine se faire massacrer dans un pays étrange. On ne critique pas un dieu. On l'aime, on l'honore, on lui obéit. Ils furent très déçus d'apprendre qu'il ne me fallait que quelques centaines d'entre eux, et je dus refuser des milliers de volontaires. Cette fois, la moralité de la chose ne me posa aucun problème de conscience. Sans doute pouvait-on arguer qu'en enrôlant ce groupe je m'assurais que les autres n'étaient pas morts en vain. Évidemment, ce n'était pas comme ça que je voyais les choses, mais j'aime à manier le sophisme à mes heures. Sans doute pourrais-je tout aussi bien les considérer comme des mercenaires à qui je verserais une solde spirituelle. Y a-t-il une grande différence entre celui qui se bat pour de l'argent et celui qui se bat pour une croyance ? J'étais en mesure de fournir l'un et l'autre quand j'avais besoin de troupes.

Auteur: Zelazny Roger

Info: Coffret Zelazny, 5 volumes : Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 1

[ Dieu ] [ science-fiction ] [ littérature ]

 

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