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auto-affirmation

Laisse tomber tes tentatives de passer pour quelqu'un de normal. Suis ton génie propre (geekdom). Embrasse la nerditude. Pour reprendre les mots immortels de Lafcadio Hearn, sois un génie (geek) d'une incroyable obscurité, dont l'œuvre est toujours imprimée après cent ans, "courtise la muse de l'étrange". Tu es peut-être un geek. C'est possible que tu sois un geek. Tu devrais t'efforcer d'être un geek qu'ils n'oublieront jamais. Ne cherche pas à être civilisé. N'espére pas que les hétérosexuels te garderont comme une sorte d'animal de compagnie. Qu'ils aillent au diable. Tu devrais réaliser pleinement ce que la société a fait de toi et prendre une terrible revanche. Deviens. Sois très bizarre. Deviens dangereusement bizarre. Sois sophistiqué, complètement bizarre, et ne le fais pas à moitié. Mets-y toute la puissance dont tu disposes. Ne deviens pas une personne bien équilibrée. Les personnes bien équilibrées sont lisses et ennuyeuses. Deviens quelqu'un d'épineux. Fais pousser des épines sous tous les angles et enfonce-toi dans leur gorge comme un poisson-globe.

Auteur: Sterling Bruce

Info:

[ idiosyncrasie assumée ] [ injonction ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

eau

L'eau. Si on se glisse en elle sans la déranger, elle approuve, elle aime, elle s'enroule au corps, l'emporte et sourit avec lui.
Pour peu qu'on la frappe, qu'on la force, elle réplique immédiatement avec une énergie incroyable.
Au jeu de la violence, c'est elle qui l'emporte.
L'eau surenchérit.
Elle ne cède qu'à l'effusion onctueuse.

Et d'ailleurs, son nom le disait déjà, mais c'était de façon si discrète qu'on n'entendait pas.

Je dis bien, je répète: Eau. A-t-on jamais vu, lu, manipulé un mot semblable? un mot juste fait de son eau. Un mot d'eau imprenable, impossible à mordre, à cogner contre les dents, inodore et sans saveur, glissant entre les doigts.
J'écris _eau_. E. A. U.
Oh, ça alors...

Nulle consonne où agripper le mot, pas plus que la chose. (...)

Eau sans prise aucune.
Eau qui ne connaît que la déprise. De soi en elle, au travers d'elle.
Eau qui ne commence ni ne finit, me révélant mon indéfinité accordée à la sienne.

Auteur: Leclerc Annie

Info: Eloge de la nage

[ aqua simplex ]

 

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mémorialiste

J'écris les guerres d'Alexandre sur les Mémoires de Ptolémée et d'Aristobule : unanime, leur témoignage me présente le caractère de la vérité ; opposé, je le discute, et n'admets que les faits dignes de foi, dignes de l'histoire. D'autres ont rapporté d'autres gestes du fils de Philippe ; car nul n'occupa des écrivains plus nombreux et plus divisés. Ptolémée et Aristobule m'ont paru mériter le plus de créance ; Aristobule ne quitta point le prince durant cette expédition Ptolémée fut son compagnon d'armes ; et roi, il se fut plus avili qu'un autre par le mensonge ; tous deux enfin n'écrivirent qu'après la mort du conquérant, affranchis de cette contrainte et de cet intérêt qui auraient pu leur faire trahir la vérité. Quelques auteurs ont rassemblé des traits qui méritent, d'être cités, et que je n'ai pas jugé incroyables pour n'appartenir qu'au seul Alexandre ; je les ai recueillis. La surprise de voir un nouvel historien succéder à tant d'autres, cessera peut-être en comparant leurs écrits au sien.

Auteur: Arrien Lucius Flavius Arrianus

Info: Expéditions d'Alexandre, introduction

[ seconde main ]

 

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amoureuse

Beaucoup de gens noircissent des pages et des pages pour raconter la magie de leur premier baiser, avec tous les détails possibles sur l'ambiance - couchers de soleil, plages paradisiaques, flocons de neige, etc. —, mais personne n'explique jamais que le moment unique, incroyable et indescriptible a lieu plus tard, quand on rentre chez soi. Le trajet. Les pieds qui ne touchent pas terre, le cœur qui s'emballe.

Parce que, quand cela arrive à ceux qui en rêvent depuis une éternité, qui pleurent devant les comédies romantiques, qui attendent leur première histoire depuis longtemps, tout est beau et émouvant. Mais quand cela arrive à une fille de dix-sept ans, née en 1999, qui écoute les Pink Floyd et la musique grunge des années quatre-vingt-dix, qui n'a jamais mis de jupe, qui ne se maquille pas et qui préfère mille fois Fight Club à Twilight, eh bien, "émouvant" n'est pas le mot juste.

Ça la retourne comme une chaussette. Ça lui arrache les tripes. Ça détruit ses certitudes.

Auteur: Galiano Enrico

Info: Et pourtant, le bonheur est là

[ éprise ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nourriture

S'il y a bien une chose que j'ai entendue mille fois à Samarcande, c'est que les gens ont le meilleur pain de tout l'Ouzbékistan, et ce, grâce à une eau et un air d'une incroyable pureté. Le célèbre pain de Samarcande est rond et plat ; en Russie, on le connaît sous le nom de lepiochka. Selon la légende, l'émir de Boukhara fit venir le meilleur boulanger de Samarcande pour goûter son pain. Le boulanger débarqua à Boukhara muni de sa farine, de son eau, et de son bois de chauffe. Mais une sorte d'arbitre des émirs spécialiste en boulangerie décréta que ce pain n'avait pas le même goût que le véritable pain de Samarcande. L'émir exigea alors l'exécution du boulanger, mais suspendit l'application de la sentence quelques instants, pour demander à ce dernier ce qu'il avait à dire pour sa défense. "C'est que, répondit le boulanger, il me manque l'air de Samarcande : c'est ça qui fait lever la pâte." Ces paroles produisirent leur effet sur l'émir qui gracia le condamné.

Auteur: Batuman Elif

Info: Les Possédés : Mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent

[ miche ] [ mythologie ] [ folklore ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

plante hallucinogène

Le bocal contenant le peyotl était là, sur le plancher, près de la chaise. Je me baissai, saisis au hasard un des boutons et le plaçai dans ma bouche. Il avait un goût de moisi. De mes dents, je le coupai en deux puis entrepris de mâcher l’une des moitiés. Une amertume forte et âcre m’envahit et m’engourdit presque aussitôt la bouche. L’amertume persistait et augmentait au fur et à mesure que je mâchais, activant ma salivation d’une manière incroyable. Mes parois buccales et mes gencives me donnaient l’impression d’avoir mangé quelque chose de très salé, du poisson ou de la viande séchée, qui obligerait à une longue mastication. Un peu plus tard je commençai à mâcher la seconde moitié dont je ne goûtai même plus la saveur amère. Le peyotl avait une consistance granuleuse, un peu comme une orange très fibreuse ou de la canne à sucre, et j’ignorai si je devais l’avaler ou le cracher. A ce moment notre hôte se leva et nous invita tous à gagner le porche.

Auteur: Castaneda Carlos

Info: Dans "L'herbe du diable et La petite fumée", trad. de Marcel Kahn et Nicole Ménant avec la collaboration de Henri Sylvestre, éditions du Soleil noir, Paris, 1972, pages 43-44

[ dégustation ] [ expérience psychédélique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

enfance

Et, pourtant, au cours de leur long voyage du passé vers le présent, les objets environnants ont perdu une qualité essentielle, tellement indéfinissable qu'on ne peut même pas l'expliquer. Avant, la journée commençait ainsi : les adultes partaient au travail, la porte se refermait derrière eux et tout l'énorme espace qui m'entourait, la multitude infinie d'objets et de positions devenaient miens. Plus aucun interdit ne fonctionnait. Les objets semblaient se détendre et cessaient de cacher quelque chose. [...] Lorsque les adultes étaient là, le lit, je le jure, rétrécissait, se faisait étroit et inconfortable. mais dès qu'ils partaient au travail, soit il devenait plus large, soit l'on pouvait mieux s'y installer. Et chaque planche - à l'époque, on ne les peignait pas encore - se couvrait des arabesques dessinées par la croissance des arbres hachés par la scie sous des angles incroyables. Disparaissaient-elles en présence des adultes ou bien n'y prêtait-on pas attention sur fond de conversations pesantes à propos des équipes de travail, des normes à remplir et de la mort qui rôdait ?

Auteur: Pelevine Viktor

Info: Ontologie de l'Enfance

[ nostalgie ] [ dépoétisation ] [ utilitarisme ]

 
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deuil

D'Honoré, je garde l'image d'un conteur. Quand il vous saluait, il s'inclinait légèrement, en vous demandant droit dans les yeux : " Tu vas bien ? " Honoré adorait raconter des histoires, et c'était toujours passionnant. D'ailleurs, il lui arrivait toujours des choses incroyables, comme sa découverte d'un dessin de Raymond Queneau dans une benne à papiers. Il aimait les histoires, mais aussi l'Histoire. Il adorait détourner les images célèbres, de tableaux, de films ou de pubs. Dans l'univers d'Honoré, les gargouilles de Notre-Dame portent des masques à gaz, les panneaux autoroutiers posent des questions philosophiques, Chaplin et son Kid deviennent des racailles de cité, les gorilles jouent de la guitare électrique, et les grands noms de la littérature sont des rébus. À l'heure de la palette graphique et de Google Images, Honoré faisait de la résistance esthétique. Il dessinait toujours à l'ancienne, sur une table d'architecte des années cinquante, au milieu d'une multitude de boîtes à chaussures remplies de photos découpées dans les journaux, où il allait puiser son inspiration. Honoré m'aidait à prendre du recul pour mieux comprendre le monde.

Auteur: Fischetti Antonio

Info: Même pas morts. Suite au massacre de Charlie Hebdo

[ hommage ] [ épitaphe ]

 

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saison

Je m'assis sur un petit billot et sortis une cigarette. Devant moi l'Iennisseï s'étalait comme un plateau d'argent ciselé par le vent. Sur la rive opposée, au-delà de la barrière sombre des sapins, ondoyait la profondeur bleutée de la taïga qui était incroyablement automnale. J'ai toujours l'impression, je ne sais pourquoi, qu'ici l'automne n'apparaît pas sur place, mais qu'il vient d'ailleurs, sous la forme d'un air bleuté à la teneur particulière, qui jaunit, flétrit, resserre tout, tandis que soudain, de pair avec une vigueur physique accrue, nous voyons sourdre en nous une étonnante réceptivité à la nature. Et soumis à cette calme volonté, nous avons envie de grimper. sur la plus haute falaise et de tomber à genoux, en regardant la mer lointaine de l'Ienisseï....

Et longtemps s'inscrira en nous le chatoiement funèbre des rives, d'un jaune strié de vert sombre, et la fissure de feu traversant un nuage gris basalte bouchant le nord, jusqu'à ce que dans la fraîcheur d'un petit matin, un coup sourd de rame résonnant dans le brouillard ne donne des ailes au premier poème.

Auteur: Tarkovski Mikhaïl

Info: Le temps gelé, p. 36-37

[ émerveillement ]

 

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dictature

Le trait dominant chez les chefs, autant que j'ai pu voir, c'est la paresse, fruit du pouvoir absolu. Faire travailler les autres, faire surveiller le travail, faire juger les surveillants et même le travail fait, tel est le métier de chef. Par exemple celui qui ordonne de creuser un abri, en tel lieu, ne saura jamais qu'on a rencontré du roc et usé des pioches ; il n'y pense même point. Et cette méthode qui rend ingénieux, patient et obstiné celui qui exécute, produit les effets contraires en celui qui ordonne car il ne s'exerce jamais contre le roc, ni contre l'eau ; il s'exerce seulement contre l'homme ; mais, par l'institution militaire, la discussion n'étant pas permise, et la révolte étant punie de mort, il n'y a point de vraie résistance ; le moyen est simple et toujours le même ; aussi fait-il des esprits enfants. Ainsi la volonté, l'esprit d'observation et de vigilance, le jugement enfin se retirent de ceux qui ordonnent. De là des erreurs incroyables, et qui même accablent l'esprit, tant qu'on ne remonte pas aux causes.

Auteur: Alain

Info: Marche ou la guerre jugée

 

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