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astronomie

Très superstitieux, Kepler dressait de nombreux horoscopes tant pour les autres que pour lui-même ; c’est ainsi qu’il nous apprend qu’il fut conçu le 16 mai à 4 heures 47 du matin et que sa mère le mit au monde après une grossesse de 224 jours 9 heures et 53 minutes. Kepler se décrit lui-même comme "sans cesse en mouvement, furetant dans les sciences, la politique et les affaires privées, y compris les plus viles" ; il nous confie qu’il a horreur des bains, des parfums et des lotions et qu’il a "en toutes choses une nature canine" car son apparence est celle d’un petit chien : il aime ronger les os et les croûtons de pain et se donne pour si glouton qu’il prétend attraper tout ce qu’il voit.

On pourrait se demander, non sans motif, s’il ne faut pas chercher dans le goût de Kepler pour les sciences célestes une démarche de compensation visant à le consoler de sa myopie doublée d’un défaut de vision qui le condamnait à voir double ou même quadruple. Quoi qu’il en soit, il n’est nullement aberrant de penser que les études de Kepler ne sont que la projection existentielle d’un désir de se rapprocher des planètes et des étoiles, de voyager et de fuir ainsi le monde où il vivait, voire la nature qui était la sienne, en parcourant du regard et de la pensée les immenses espaces nocturnes, dont la contemplation pouvait lui donner l’illusion de triompher de lui-même et d’être transporté ailleurs. [...]

Fort significativement, Kepler compare lui-même le travail entrepris à un voyage animé de motifs métaphysiques et tout au long duquel il tient à faire le point : "Si non seulement nous pardonnons à Christophe Collomb, à Magellan, aux Portugais qui nous racontent leurs erreurs grâce auxquelles ils découvrirent celui-là l’Amérique, celui-ci la mer de Chine, cet autre la circumnavigation autour de l’Afrique et si nous ne voulons pas qu’ils en omettent puisque nous serions privés du grand plaisir de leur lecture, - par conséquent on ne me blâmera pas si, poussé à mon tour par la même bienveillance à l’égard du lecteur, je fais le récit de l’itinéraire que j’ai suivi" [Astronomia nova].

Kepler tient bien à préciser qu’il n’a pas entrepris un tel voyage par amour des mathématiques ou de la physique : "Je vous en supplie, mes amis, ne me condamnez pas entièrement à la meule des calculs mathématiques et laissez-moi du temps pour les spéculations philosophiques qui sont mes seules délices" [Lettre à Bianchi]. Ce que l’on trouve partout présent dans son œuvre, c’est une inspiration pythagoricienne et chrétienne à partir de laquelle il cherche à découvrir ces lois qu’il appelle "archétypales" selon lesquelles Dieu a créé le monde. Si une telle tâche n’est pas impossible, c’est justement parce que Dieu a fait l’homme à sa propre image ; savoir revient donc à retrouver le plan divin de la Création.

Celui dont on ne retiendra que les fameuses lois qui portent son nom, pense que le Soleil correspond au Père, la sphère des étoiles fixes au Fils et l’entre-deux, c’est-à-dire l’espace rempli de l’aura céleste, à l’Esprit Saint [...].

Auteur: Brun Jean

Info: "Les vagabonds de l'occident", Desclée, Paris, 1976, pages 43-44

[ biographie ] [ historique ] [ motivations ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

culte hilare

Il y a deux manières de contester avec humour les dogmes religieux: les rejeter en s’en moquant ou, sans s’énerver, les mettre en concurrence pour les relativiser. C’est la différence entre la laïcité de Charlie Hebdo qui répugne à tous les signes religieux et la parodique Église pastafariste qui s’inspire des monothéismes pour s’inventer de nouveaux dogmes, si possible très farfelus. Une démonstration par l’absurde qui, in fine, profite à la communauté scientifique. 

Une création en quatre jours. A l’origine de ce mouvement, un étudiant en physique, Bobby Henderson. En 2005, il écrit une lettre ouverte pour manifester contre la décision de l’État du Kansas d’autoriser dans les cours de science l’enseignement du dessein intelligent, une variante du créationnisme, au même titre que la théorie de l’évolution. Si la foi vaut la preuve, se dit-il, alors n’importe quelle entité surnaturelle peut être mise au programme universitaire. Et pourquoi pas le pastafarisme qui célèbre le "Monstre en spaghetti volant", un Dieu qui ressemble à un plat de pâtes avec deux boulettes de viande en guise d’yeux ? 

L’étudiant lui imagine une genèse: une création de l’Univers en quatre jours – pour que les week-ends soient plus longs - avec quelques imperfections imputables à l’alcool. Car la Créature ne crache pas dans son verre. Ses membres vénèrent les pirates, premiers apôtres d’un monde alors pacifique, portent des passoires sur la tête et finissent leur prière par Ramen, du nom des nouilles japonaises. Ils ont leur fête mais point de commandements, seulement des recommandations qui commencent par "Ce serait mieux si…"

L’étudiant, qui ne reçoit aucune réponse de l’Université, publie sa lettre sur son site. Le message devient viral. La même année, il reçoit 80 000 dollars d’un magazine pour rédiger "L’Evangile du Monstre en spaghetti volant", vendu à 100 000 exemplaires. Le mouvement est perçu comme un "outil de subversion carnavalesque" ou comme "une blague bien plus rationnelle que le créationnisme". Mangas et séries d’animation, comme South Park, citent le pastafarisme, devenu une véritable culture populaire grâce à internet. Sur FB, les communautés pastafaristes se multiplient, chacune adaptant les préceptes à sa culture, ses besoins, ses goûts et ses couleurs. On ne compte plus les blogueurs et les sites consacrés à cet humanisme parodique, dont la mission est de veiller avec humour aux dérives du religieux, tout en apportant ses arguties dans divers débats théologiques. La Suisse romande et la Belgique y comptent plusieurs adeptes. 

Dieu + Dieu ne font jamais quatre. Une anti-religion peut-elle être considérée comme une religion? C’est la question à laquelle ont été confrontés plusieurs pays. Si les Etats-Unis, sauf le Texas, lui refusent le statut d’Eglise, les Pays-Bas et surtout la Nouvelle-Zélande lui ont accordé cette reconnaissance officielle, nécessaire à leur  démonstration: tous les monothéismes ont droit de cité mais aucun ne peut être mis sur le même pied que les faits scientifiques. 

Ce week-end a donc été célébré le premier mariage légal, en tenue de pirates, au large d’Akaroa. La cérémonie a été transmise en direct sur le web. Un premier pas symbolique pour les pastafaristes qui se battent pour faire valoir leurs droits, notamment celui de porter une passoire sur leurs documents officiels, comme d’autres la kippa, le voile ou le turban. De plus en plus d’adeptes obtiennent satisfaction. Chez les pastafaristes, c’est sûr, Dieu est Humour. 

Auteur: Martin Marie-Claude

Info: Le Temps, 19 avril 2016

[ fixisme vs évolutionnisme ] [ rite ridiculisant ] [ oecuménisme joyeux ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

végétal

Quand le désordre nous dit comment le vivant se construit
Une majorité de plantes distribuent leurs feuilles et fleurs en spirale le long des tiges mais ces spirales sont souvent imparfaites. Un nouveau modèle stochastique de la genèse de ces spirales chez les plantes a été élaboré par les équipes de Teva Vernoux au Laboratoire de reproduction et développement des plantes et Christophe Godin de l'équipe-projet Inria Virtual Plants. Il montre que les désordres dans les spirales sont comme des filigranes qui donnent des informations sur les principes de construction des plantes. Cette étude est publiée dans la revue eLife.
Les organismes vivants produisent des structures ordonnées qui ont depuis toujours attiré la curiosité des chercheurs comme celle du grand public pour leur beauté et leur variété. Mais ces structures complexes ne sont pas parfaites et présentent des défauts à des degrés plus ou moins importants. C'est le cas sur la tige des plantes. Ces dernières produisent tout au long de leur vie de nouveaux organes (branches, feuilles, fleurs,...) le long des tiges, le plus souvent suivant une organisation en spirale. Les nouveaux organes sont produits dans un tissu spécialisé à l'extrémité de la tige et se positionnent successivement les uns par rapport aux autres en inhibant localement la production de nouveaux organes dans leur voisinage. C'est comme si dans une foule tous les individus produisaient un champ de force répulsif qui les empêchait de s'approcher trop les uns les autres. Dans ce système, il faut que la croissance de la tige éloigne suffisamment les derniers organes produits pour qu'un nouvel organe puisse à nouveau être créé. La croissance induit ainsi des initiations rythmiques d'organes. De façon étonnante, il a été observé récemment qu'il n'est pas rare que ce mécanisme régulier soit perturbé et que plusieurs organes soient initiés en même temps ou même inversés par rapport à l'ordre qu'ils devraient avoir sur une spirale idéale. Comment est-il possible de continuer à construire des spirales quand l'ordre des organes est à ce point perturbé ?
Une équipe composée de biologistes et mathématiciens menée par Teva Vernoux du laboratoire Reproduction et Développement des Plantes à l'ENS Lyon et Christophe Godin de l'équipe-projet Virtual Plants de l'INRIA à Montpellier, a crée un nouveau modèle de la genèse des spirales sur les tiges des plantes en introduisant une part d'aléatoire dans la manière dont les cellules perçoivent l'inhibition produite par les branches/feuilles/fleurs existantes. Ce modèle dans lequel la production des nouveaux organes est en partie déterminée par les lois du hasard permet de recréer avec précision à la fois la régularité des spirales mais également les perturbations de la temporalité des initiations perturbant la spirale. Le modèle suggère qu'une part d'aléatoire gouverne la construction des plantes mais surtout que la quantification des désordres des spirales sur la tige informe sur les paramètres du modèle et donc sur les mécanismes qui contrôlent le mise en place des spirales. Ces désordres sont ainsi comme les filigranes sur les billets de banque: quand on sait comment les mettre en évidence (en les plaçant devant une source lumineuse dans ce cas), il devient possible de lire une information cachée qu'ils portent. Comprendre le désordre nous permet donc de mieux comprendre comment se construisent les systèmes vivants.

Auteur: Internet

Info: A stochastic multicellular model identifies biological watermarks from disorders in self-organized patterns of phyllotaxis. Refahi Y, Brunoud G, Farcot E, Jean-Marie A, Pulkkinen M, Vernoux T, Godin C.Elife. 2016 Jul 6

[ méta-moteur ] [ imperfection ]

 

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non

Je viens de surfer sur Internet avec comme objet les interventions de Frédéric Lordon. Vif, touche-à-tout, avec la distance calculée d'un humour pesé au grès de l'interlocuteur, Lordon démolit avec aisance le libéralisme et ses excès, maintenant bien connus depuis - au moins - les années 2008. Ses arguments ont le mérite de la clarté et tapent souvent au bon endroit. Par exemple lorsqu'il dit qu'il faudrait interdire purement et simplement la spéculation - merci Jorion ? - comme ce fut le cas au 19e siècle. Ce qui me frappe à chaque fois au sortir ce genre d'intervention c'est le paradoxe, rarement soulevé je trouve - de l'arroseur arrosé.

Le système capitalistique mondial est comme disait frère Schütz de Taizé (si j'ai bonne mémoire) à l'image de l'homme : avide, conquérant, égoïste, stupide, etc... Pour dissiper toute ambigüité sachez que je n'intègre pas nécessairement "femme" dans cette "image de l'homme". D'autant que les structures de pouvoir des strates sociétales accumulées de l'histoire du monde ne sont pas, loin s'en faut, marquée par un matriarcat dominant. La force bête et brutale restant, de nos jours encore - voyez les USA avec leur armée et le NSA -, le fond ultime de toute discussion.

Cet égoïsme des mâles, se matérialise sous la forme du pouvoir, ou ses homonymes : l'argent et les armes. Deux outils pas si stupides puisque leur domination s'opère sous des aspects moins triviaux, c'est à dire par le soft power, terme qui condense, de manière dominante dans les médias : influence, maitrise du langage, préjugés non discutables, définitions du bon et du méchant, et tutti quanti.

Bref, pour en arriver à cette position "où on les écoute" dans la sphère médiatique, des gens comme Lordon ou Jorion, portent avec eux, beaucoup plus profondément qu'ils ne le croient, l'ADN d'un système qu'ils prétendent corriger ou améliorer. Issus de ses structures pédagogiques, pilotées par ce même pouvoir-argent-influence, ils en ont accepté le jeu, ont passés des examens, ils ont démontré, sans le vouloir et le savoir, une forme de compromission.

NB : L'adoubement final de ce système "programmeur" éducatif de base est souvent marqué par un doctorat. Je ne nie pas la bonne volonté de ces gens, intellectuels imprégnés au plus profond par la culture dominante séculaire, celle d'un pouvoir qui, se complexifiant, parait de moins en moins identifié (l'argent virtualisé en étant le symptôme actuel). Ils ne font que le renforcer. Ils en sont les lieutenants.

Tenez : en Argentine, on a voulu alphabétiser les gauchos au motif : "Ainsi tu ne te feras plus enfumer". Les gauchos refusèrent, disant : - si tu m'alphabétises tu me domines. Ils avaient compris, avant Michel Foucauld, que si tu acquiers le savoir du maître, sans t'en rendre compte, tu avales sa structure de pouvoir.

L'instinct du refus primal est de loin le meilleur, plus proche d'une conscientisation de l'homme via l'acceptation de son potentiel/défauts propre et transcendant. J'existe donc je refuse... Je sais que le chaînon manquant entre le singe et l'homme, c'est moi (Lorenz). Laissez-moi donc trouver ma voie ascendante personnelle ! Rassurez-vous, au-delà de cette attitude, je ne suis guère différent. Blanc occidental je ne puis que certifier n'avoir aucun papier ou diplôme à agiter. Ce système et ses concepts de réussite n'ont aucun intérêt. Je les ai, d'aussi loin que je me souvienne, toujours refusés.

Auteur: Mg

Info: 24 aout 2013

[ éducation ] [ formation ] [ réflexion déni ] [ réfléchir négation ] [ femmes-hommes ]

 

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emplacement

La configuration du mobilier est une image fidèle des structures familiales et sociales d'une époque. L'intérieur bourgeois type est d'ordre patriarcal : c'est l'ensemble salle à manger chambre à coucher. Les meubles, divers dans leur fonction, mais fortement intégrés, gravitent autour du buffet ou du lit de milieu. Il y a tendance à l'accumulation et à l'occupation de l'espace, à sa clôture. Unifonctionnalité, inamovibilité, présence imposante et étiquette hiérarchique. Chaque pièce a une destination stricte qui correspond aux diverses fonctions de la cellule familiale, et plus loin renvoie à une conception de la personne comme d'un assemblage équilibré de facultés distinctes. Les meubles se regardent, se gênent, s'impliquent dans une unité qui est moins spatiale que d'ordre moral. Ils s'ordonnent autour d'un axe qui assure la chronologie régulière des conduites : la présence toujours symbolisée de la famille à elle-même. Dans cet espace privé, chaque meuble, chaque pièce à son tour intériorise sa fonction et en revêt la dignité symbolique, la maison entière parachevant l'intégration des relations personnelles dans le groupe semi-clos de la famille. Tout ceci compose un organisme dont la structure est la relation patriarcale de tradition et d'autorité, et dont le cœur est la relation affective complexe qui lie tous ses membres. Ce foyer est un espace spécifique qui tient peu compte d'un aménagement objectif, car les meubles et les objets y ont d’abord pour fonction de personnifier les relations humaines, de peupler l’espace qu’ils partagent et d’avoir une âme. La dimension réelle où ils vivent est captive de la dimension morale qu’ils ont à signifier. Ils ont aussi peu d’autonomie dans cet espace que les divers membres de la famille en ont que les divers membres de la famille en ont dans la société. Êtres et objets sont d’ailleurs liés, les objets prenant dans cette collusion une densité, une valeur affective qu’on est convenu d’appeler leur "présence". Ce qui fait la profondeur des maisons d’enfance, leur prégnance dans le souvenir, est évidemment cette structure complexe d’intériorité où les objets dépeignent à nos yeux les bornes d'une configuration symbolique appelée demeure. La césure entre intérieur et extérieur, leur opposition formelle sous le signe social de la propriété et sous le signe psychologique de l’immanence de la famille fait de cet espace traditionnel une transcendance close. Anthropomorphiques, ces dieux lares que sont les objets se font, incarnant dans l’espace les liens affectifs et la permanence, du groupe, doucement immortel, jusqu’à ce qu’une génération moderne les relègue ou les disperse ou parfois les réinstaure dans une actualité nostalgique de vieux objets. Comme les dieux souvent, les meubles aussi ont parfois la chance d’une existence seconde, passant de l’usage naïf au baroque culturel. L’ordre de la salle à manger et de la chambre à coucher, cette structure mobilière liée à la structure immobilière de la maison est encore celle que propage la publicité dans un vaste public. Lévitan et les galeries Barbès proposent toujours au goût collectif les normes de l’ensemble "décoratif", même si les lignes se sont "stylisées", même si le décor a perdu de son affection. Si ces meubles se vendent, ce n’est pas qu’ils soient moins chers, c’est qu’ils soient moins chers, c’est qu’ils portent en eux la certitude officielle du groupe et la sanction bourgeoise. C’est aussi que ces meubles monuments (buffet, lit, armoire) et leur agencement réciproque répondant à une persistance des structures familiales traditionnelles dans de très larges couches de la société moderne.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p., p.21, 22, 23)

[ formes ] [ signes ] [ évolution ] [ esthétique ]

 
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étiquetage

Le référencement, c'est à dire le fait de créditer l'auteur d'une phrase/idée, présente, si on se met dans l'optique FLP, plus d'inconvénients que d'avantages. Déjà parce nous sommes dans un monde sémantique à fond anthropocentrique - voire androcentrique - dont il va falloir rapidement se distancier puisque ces deux instanciations fondatrices ont suffisamment montré leurs limites au vu de la situation globale des humains en 2022.

En réalité une quête de pureté onomasiologique devrait pouvoir s'en abstraire, si on veut bien réaliser qu'une immense partie des référencements furent motivés et articulés sur des bases douteuses, dues probablement - si on veut être optimiste - à une espèce humaine extrêmement jeune en terme de développement, espèce principalement soumise à son avidité et à des pulsions primitives, défauts trop souvent concentrés et démultipliés par des dirigeants désireux de maintenir/consolider leurs pouvoirs. Grand manque de conscience et de sagesse donc. 

Pour argumenter un peu plus en détails en ce sens on citera, entre autres, les diverses "vérités des vainqueurs", "damnatio memoriae"... et autres inerties de "savoirs établis" bien en peine de reconnaitre la fugacité de leurs vérités... Sans parler des arguments d'autorité qui vous assèneront que tel extrait de Shakespeare ou Einstein est plus vrai/pertinent que la parole d'un individu lambda ayant vraiment expérimenté une situation. 

Pour faire très court, on dira que pouvoir et linguistique forment dès le départ un curieux ménage puisque les mots furent et sont encore bel et bien orientés et décidés "d'en haut" via les règlements nationaux, dogmes politico/religieux, etc. 

Imprégnation sémantique devenue plus géopolitique actuellement à voir combien les médias, loisirs, systèmes comptables, universités et hautes écoles... sont noyautés par la pensée US post ww2.

Bien sûr la culture d'en-bas, celle de la masse, réseaux sociaux et des démographies... génère d'autres biais, pensons aux deux "biens" que sont l'Etat Providence et la culture de l'émotion, avec tous les excès qu'ils portent en  eux.

FLP penche cependant vers cette seconde catégorie... n'est que par envie de compensation historique. Pour notre système le sens des mots et des phrases devraient donc plutôt être discutés, mis en question et continuellement définis... "par tous", surtout via la fonction "chaines" qu'on pourra éventuellement apparenter à une forme de lemmatisation dans l'avenir.

Et puis il y a l'accélération des choses, l'informatique y aura bien aidé... Mais aussi les bienfaits des inerties, paliers historiques, stases dans l'évolution... Les bénéfices de ces arrêts... de la prise du temps de réflexion, du temps long... de la pondérations des équilibres. Timing des actions synchronisées... Diachronies discontinues... Uchronies créatrices.... Toutes idées au regard desquelles le langage apparait comme bien dérisoire. Mais stop.

Il faudrait donc avoir bien des trucs en tête lorsqu'on s'amuse à insérer un extrait sur FLP.... Se situer quelque part en-deça de soi-même dans l'idéal... et ne s'appuyer que sur le SENS de "l'agencement des mots". En faisant aussi bien gaffe à être le plus précis et pointilleux pour ce qui concerne le paramétrage des auteurs et des infos concernant le texte inséré. 

Alors, la classification enchevêtrée du système FLP et la souple puissance de son moteur de recherche, alliées aux outils étymologiques et lexicologiques d'Internet, ainsi qu'aux interventions des participants et de la modération, devraient permettre d'ordonner, contextualiser, intriquer, verticaliser... telle pensée ou extrait... le moins mal possible... Et faire avancer ce grand jeu pré-mémétique de la pensée humaine.

Auteur: Mg

Info: 15 juin 2022

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ indexation ]

 

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dernières paroles

Mardi 16 août, dans l'après-midi, à Hautefaye en Dordogne, un jeune noble du coin, Alain de Monéys (1842 - 1870), vient chercher une génisse. C'est jour de foire. Un certain Camille de Maillard, fils du maire de la commune voisine de Beaussac et propriétaire des environs, communique à quelques personnes, au milieu du champ de foire, les dépêches publiées par les journaux, relatives à la bataille de Reischoffen, où la France a été obligée de se replier :
- Ce n'est pas vrai, dit une voix, vous ne lisez pas ce qu'il y a, les Français ne reculent jamais, vous n'êtes qu'un prussien.... M. de Maillard veut donner quelques explications, mais on l'entoure, on le bouscule, on s'apprête à lui faire un mauvais parti, lorsque heureusement quelques uns de ses métayers, qui se trouvent à portée, parviennent à le dégager et il s'enfuit précipitamment pour se soustraire à la colère ambiante. Cinq minutes ne se sont pas écoulées qu'un grand tumulte s'élève un peu plus loin dans le champ de foire : ce sont les mêmes forcenés qui, voyant M. de Maillard leur échapper, portent leur fureur sur M. de Moneys, que son caractère, sa situation de famille, ses opinions politiques et ses accointances locales amicales devraient pourtant sauvegarder. Mais non ! C'est donc sur des rumeurs et des accusations infondées que des dizaines de personnes vont, tout en allant simultanément boire à l'auberge, participer au massacre du jeune Alain. Lui, pour essayer de s'en sortir, ne cessera de crier tout au long de son supplice :

"Vive l'Empereur ! A bas la Prusse !"

Tout cela au milieu des injures et des vociférations d'une foule abrutie d'au moins six cents personnes. On le frappe de coups de bâton, on le roue de coups, et on le traîne dans les ruelles du village l'espace de 600 mètres. Le maire de la localité et quelques personnes s'étant interposés, on parvient à l'arracher des mains de ces cannibales et on le dépose dans une étable à porcs, mais dans quel état ! Les vêtements lacérés, n'ayant qu'un reste de pantalon, les favoris arrachés et une plaie béante derrière l'oreille. Tout est donc fini ? Non, cette foule tout à l'heure ivre de vin, est maintenant ivre de sang. Elle redemande sa victime, on écarte les gens qui gardent la porte, on pénètre dans ce misérable refuge, et puis, qui par un bras, qui par une jambe, on traîne de nouveau ce malheureux jeune homme sur le champ de foire. On lui arrache les ongles des pieds... Mais l'oeuvre n'est pas tout à fait accomplie, le corps que l'on martyrise ainsi depuis plus de deux heures, donne encore quelques signes de vie. Alors, qu'imagine-t-on : on le dépose dans une mare desséchée, on accumule sur lui des fagots et de la paille, et .... on pousse les mômes à y mettre le feu !
Et pendant que la victime cherche instinctivement à repousser les atteintes de la flamme qui lui calcine les membres, la foule hurle, certains dansant avec des mimiques obscènes. Un instant après, M. de Moneys, tout à l'heure plein de force et de santé, chéri de sa famille, affectionné de tous ceux qui le connaissaient, n'est plus qu'un cadavre à moitié carbonisé. Et comme à un certain moment le maire, débordé, avait crié : " - après tout faites ce que vous voulez, mangez le si ça vous dit... " Certaines femmes iront jusqu'a récolter la graisse qui suppure du cadavre pour en faire des tartines qui seront distribuées à la ronde.
Le mercredi 21 décembre 1870, 21 personnes seront condamnées à diverses peines.
Le lundi 6 février 1871, à 8h 31 à Hautefaye, quatre des vingt et une personnes condamnées pour l'assassinat d'Alain de Moneys d'Ordières, sont guillotinées sur le lieu même de la vilénie, chose rare.

Auteur: Internet

Info:

[ barbarie ]

 

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parents-enfants

Il y a encore une autre raison pour laquelle les enfants orientés vers leurs pairs sont insatiables. Pour atteindre le tournant décisif, l'enfant doit non seulement être comblé, mais cette satisfaction doit être assimilée. Il faut que le cerveau de l'enfant enregistre d'une manière ou d'une autre que son désir de proximité et de connexion est satisfait. Cet enregistrement n'est pas cognitif ni même conscient, mais profondément émotionnel. C'est l'émotion qui fait bouger l'enfant et fait passer l'énergie d'un programme de développement à un autre, de l'attachement à l'individuation.

Le problème est que, pour que l'épanouissement s'installe, l'enfant doit être capable de se sentir profondément vulnérable - une expérience à laquelle la plupart des enfants peer-oriented ne seront pas exposés. Les enfants orientés vers leurs pairs ne peuvent pas se permettre de ressentir leur vulnérabilité. Il peut sembler étrange que les sentiments d'épanouissement exigent une ouverture aux sensations de vulnérabilité. L'épanouissement n'implique ni douleur ni souffrance, bien au contraire. Pourtant, il existe une logique émotionnelle sous-jacente au phénomène. Pour que l'enfant se sente plein, il doit d'abord se sentir vide ; pour se sentir aidé, il doit d'abord sentir qu'il a besoin d'aide ; pour se sentir complet, il doit s'être senti incomplet. Pour éprouver la joie des retrouvailles, il doit d'abord éprouver la douleur de la perte, pour être réconforté, il doit d'abord se sentir blessé.

La sensation de satiété peut être une expérience très agréable, mais la condition préalable est d'être capable de ressentir un sentiment de manque. Lorsqu'un enfant perd la capacité de ressentir ses vides d'attachement, il perd également la capacité de se sentir nourri et épanoui. L'une des premières choses que je vérifie dans mon évaluation des enfants est l'existence de sentiments de manque et de perte.  C'est révélateur de la santé émotionnelle d'un enfant, la capacité de sentir ce qui lui manque et de savoir à quoi correspond ce vide. Dès qu'ils sont capables de formuler, ils devraient pouvoir dire des choses comme "Papa me manque", "Ça m'a fait mal que grand-mère ne m'ait pas remarqué", "Tu n'avais pas l'air de t'intéresser à mon histoire", "Je ne crois pas qu'untel m'aime".

De nos jours, de nombreux enfants sont trop protégés, trop fermés sur le plan émotionnel, pour éprouver de telles émotions de vulnérabilité. Les enfants sont affectés par ce qui manque, qu'ils le ressentent ou non, mais ce n'est que lorsqu'ils peuvent sentir et savoir ce qui manque qu'ils peuvent être libérés de leur quête d'attachement. Les parents de tels enfants ne sont pas en mesure de les amener à ce genre de seuil décisif ou vers un lieu d'apaisement. Si un enfant se protège de la vulnérabilité parce que peer oriented, il devient également insatiable vis-à-vis de ses parents. Telle est la tragédie de l'orientation vers les pairs - elle rend notre amour et notre affection inutiles et insatisfaisants.

Pour les enfants insatiables, rien n'est jamais suffisant. Peu importe ce que l'on fait, combien on essaie d'arranger les choses, combien d'attention et d'approbation on donne, le point de rupture n'est jamais atteint. Pour les parents, cette situation est extrêmement décourageante et épuisante. Rien n'est plus satisfaisant pour un parent que le sentiment d'être la source d'épanouissement de son enfant. Des millions de parents sont privés d'une telle expérience parce que leurs enfants cherchent à être nourris ailleurs ou sont trop protégés de la vulnérabilité pour être capables de se rassasier.

L'insatiabilité maintient nos enfants dans leur première phase de développement, dans l'immaturité, incapables de transcender leurs instincts de base. Ils ne trouvent jamais le repos et restent toujours dépendants de quelqu'un ou de quelque chose d'extérieur à eux pour être satisfaits. Ni la discipline imposée par les parents ni l'amour qu'ils leur portent ne peuvent guérir cette condition. Le seul espoir est de ramener les enfants dans le giron d'affection auquel ils appartiennent, pour ensuite les adoucir afin que notre amour puisse réellement pénétrer et nourrir.

Auteur: Mate Gabor

Info: Hold On to Your Kids: Why Parents Need to Matter More Than Peers

[ réseaux sociaux ] [ déconnexion familiale ] [ risque zéro ] [ surprotection enfantine ]

 
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anthropologie

Lorsque Guénon écrivait, ni l’histoire de la Terre ni celle des peuples sans écriture n’était connue et ce type de considérations alimentait les réflexions de la plupart des ésotéristes. On a commencé de voir clair dans notre passé profond après sa mort. Chose étrange, ce que nous apprennent la géologie et la paléontologie résonne encore plus fortement avec les légendes de l’Asie centrale et du moyen-orient.
Les analyses génétiques des populations montrent la réalité de plusieurs exodes, dont les premiers ont pu avoir eu lieu dès l’apparition de l’homme dit "moderne" ou Homo sapiens sapiens, en d’autres termes nous-mêmes. L’homme de Néandertal, qui nous a précédés, était apparu environ 250 000 ans avant notre ère, au paléolithique moyen. Nous sommes alors à la fin de la glaciation de Mindel et l’expansion de Néandertal en Europe et en Asie profite d’un réchauffement peu accentué et qui ne dure pas plus d’une centaine de milliers d’années. À peine 100 000 ans plus tard, nos premiers parents génétiques sont présents. L’homme "moderne" apparu vers -200 000, juste avant la glaciation de Riss, une des plus sévères, va rester aux alentours de l’équateur jusqu’au réchauffement suivant qui commence vers 130 000. Le printemps éternel de Herschel pourrait y correspondre dans les régions circumpolaires. En effet, la température moyenne de la Terre atteint alors 4° au dessus de la moyenne actuelle, les eaux montent d’environ 3 mètres alors qu’elles étaient plus basses de 100 mètres – ce qui n’est pas rien – au plus fort de la glaciation de Riss. Vers -80 000, le climat se refroidit de nouveau sévèrement et, semble-t-il, très rapidement, en quelques années. Au plus fort de cette phase qui correspond dans les Alpes à la première période de la glaciation de Würm, les températures sont inférieures de 6° à la moyenne actuelle et le niveau des mers baisse de 120 mètres. Nous avons alors deux humanités sur notre planète, Néandertal et l’homme moderne, notre ancêtre direct.
Où sont-ils ? Quels sont leurs territoires respectifs ? Pour Néandertal, nous savons désormais qu’il n’a pas côtoyé l’homme moderne en Afrique. Par contre, il l’a rencontré en Europe et en Asie. On pensait jusqu’à ces dernières années qu’il s’agissait de deux espèces distinctes, incapables d’avoir une descendance commune, mais les études génétiques ont montré qu’il y avait eu des croisements et que les peuples de toute l’Eurasie portent encore aujourd’hui des gènes légués par les néandertaliens, des gènes importants puisqu’ils conditionnent en partie notre système immunitaire, notre réponse aux maladies. Néandertal disparaît assez brutalement vers -28 000, sans que l’on sache très bien expliquer ce remplacement drastique. Certains chercheurs sont d’avis que Néandertal aurait pu correspondre à l’Abel biblique tandis que les hommes actuels, selon les lois de succession cycliques, s’identifiaient à Caïn et à sa descendance. Toutefois, dans la Bible, Abel s’assimile à une tradition pastorale de bergers nomades tandis que Caïn désigne les premiers agriculteurs et constructeurs de complexes urbains, ce que n’a pas manqué de développer René Guénon dans l’article qu’il leur a consacré ; il les qualifie respectivement de "contemplatifs" et de "guerriers". Cette distinction pasteurs/cultivateurs n’a pas de sens avant le néolithique, donc avant la sortie de l’âge glaciaire. Toutefois, les preuves génétiques d’un croisement entre Neandertal, déjà présent sur le continent eurasiatique et homme moderne pourrait avoir laissé des traces dans la mémoire collective – faut-il y voir l’origine du mythe de la chute des Anges attirés par la beauté des filles des hommes ? (...)
Certains ésotéristes pensent aujourd’hui que Néandertal désignait peut-être les anciens Hyperboréens. Cette thèse ne manque pas d’intérêt car il a traversé deux glaciations et sa morphologie semble avoir été particulièrement adaptée au froid. Il aurait donc pu se réfugier dans les zones péri-arctiques lors de l’intervalle chaud de l’interglaciaire Riss-Würm. L’idée a été reprise par le musicien de Black Metal Varg Vikernes du groupe Burzum qui rattache l’homme de Néandertal à une tradition ouranienne et polaire qu’il relie au mythe de Thulé et au royaume mythique de l’Amenti, patrie boréale originelle des premiers rois Égyptiens, descendants d’Osiris.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ hypothèses scientifiques ] [ archéologie mystérieuse ]

 

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Stephen Paddock, le papy du futur ?
La tuerie de Las Vegas préfigure peut-être une nouvelle criminalité, celle des vieux et des malades qui n’ont rien à perdre dans une société du tout juridique où la morale n’a plus d’effet.
Stephen Craig Paddock, le tueur de Las Vegas, était trop vieux, trop riche, trop indifférent à la religion, à la politique - et même aux armes à feu - pour que son geste soit intelligible selon les grilles d’interprétation ordinaires. Et loin d’être un fou ou un être isolé, il était "normal", il avait une famille et une fiancée. Il n’avait d’ailleurs pas le moindre antécédent judiciaire. Angoissée par cette absence de sens, la presse chercha dans ses gènes l’explication de son massacre : son père avait été un gangster. Mais cette hypothèse loufoque ne satisfit personne. On prêta très peu d’attention au fait qu’il choisit de tuer des jeunes gens qui écoutaient un concert de musique country, celle que l’affreux retraité adorait. Des jeunes, donc, auxquels il aurait pu s’identifier. Comme si, au crépuscule de sa vie, il regrettait tant de quitter ses joies et ses délices qu’il en devint hargneux et envieux au point de vouloir éliminer ceux qui avaient devant eux de longues décennies pour en profiter.
Peut-être avait-il choisi d’en finir avec sa propre existence, ne supportant pas la vieillesse ou une maladie grave. Mais avant, Paddock voulait assouvir sa haine envers les jeunes bienheureux.
Cette hypothèse serait terrifiante si on la prenait non pas comme l’explication de l’acte isolé d’un homme mais comme une nouvelle manière d’appréhender nos rapports aux normes. En effet, que se passerait-il si la seule contrainte que nous ressentions était celle de la loi, si nous nous détachions complètement de celle de la morale ? Celle-ci était la grande obsession de la romancière américaine Patricia Highsmith. Dans son roman Ripley s’amuse, elle avait imaginé les comportements d’un homme, au bord de la mort, à qui l’on proposait de tuer pour sauver sa famille de la misère.
Bien sûr, la plupart de ceux qui arrivent à la fin de leur vie ne commettent pas des actes aussi graves, même si ces derniers restent impunis, parce que des contraintes morales les en empêchent justement.
Mais notre société ne cesse de saper ce rapport que nous entretenons avec la morale.
Depuis quelques décennies, l’Etat cherche à régler l’ensemble de nos comportements, ceux qui atteignent les autres, mais aussi ceux qui ne portent atteinte qu’à nous-mêmes, et cela commence de plus en plus tôt dans la vie. Il est vrai que les instances dites intermédiaires, comme la famille, l’école ou le travail, sont si fragilisées qu’elles peinent à imposer des normes. Désormais, ces institutions semblent incapables de fonctionner sans que les comportements, y compris les plus anodins, soient réglés par le droit. Ce nouveau travers de nos sociétés n’a-t-il pas comme conséquence l’incroyable cynisme que l’on peut attribuer à Paddock ? Ce travers permet, en effet, d’éviter les comportements antisociaux les plus graves, seulement si l’on risque d’être pris et puni.
Dans un tel monde, le groupe le plus redouté serait celui constitué par les personnes très âgées ou très malades, celles qui n’ont plus rien à perdre, et non plus par les jeunes. Complètement indifférentes à leur réputation post-mortem, elles formeraient des bandes se livrant aux pires turpitudes et suscitant la peur autour d’elles. Leur cynisme sera tel qu’elles devront être l’objet d’une surveillance constante et envahissante.
Des dispositifs techniques de contrôle viendront combler l’absence de sentiment de culpabilité des citoyens, celui-ci n’étant plus intérieur mais extérieur. Sauf à faire marche arrière sur cette bêtise qu’est le tout juridique, sauf à redonner du pouvoir aux instances intermédiaires, lesquelles devront être repensées à leur tour.
Mais quels efforts ne serions-nous pas prêts à faire pour éviter que des tueries comme celles de Sin City (Frank Miller et Robert Rodriguez, 2005), la ville du vice et du péché, ne deviennent aussi banales que les divorces ou les vols ? Pour empêcher que des salauds comme Paddock ne deviennent demain le type le plus courant du papy.

Auteur: Iacub Marcela

Info: Le nouvel observateur, 6 octobre 2017, 18:56

[ normalisation ] [ désenchantement ] [ tueur de masse ] [ amoralité ]

 

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