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adolescence

Tout ceci, d’ailleurs, peut aboutir au suicide véritable, équivalent d’une scène primitive, celle de sa conception, dont l’adolescent se refuse à reconnaître qu’il a pris sa part dans l’acte initial de sa vie. Ces jeunes gens ne peuvent admettre que c’est de leur propre désir qu’ils sont nés, qu’il a été au jour le jour réassumé, et qu’ils ont survécu par lui jusqu’à aujourd’hui. On entend fréquemment un "Je n’ai pas demandé à vivre", sur un ton persécuté et revendiquant ; parfois, c’est un "Personne ne m’aime" qui, en réalité, traduit un "Je n’ai personne à aimer", et on peut dire même plus : "Moi-même, je me supporte avec difficulté." Ce désespoir de la solitude du cœur, au lieu de le reconnaître et d’en parler clairement, cet adolescent le retourne en revendications magnifiées, il se phallicise, oserais-je dire, dans un "Je m’aime vaincu". Et c’est dans un transport d’amour pour soi-même, un acting impulsif du désir de quelque chose d’autre, de quelque chose de nouveau, du désir d’en sortir, qu’ils se suicident, je crois, dans un ultime désespoir de sensation érotique-nirvanique. Heureusement il y en a qui se ratent (et c’est à partir de là qu’on peut psychanalytiquement étudier avec eux les processus qui les ont menés à ce point). Le sujet a veillé au cours de ce coma, et il est plus lucide après la tentative de suicide du Moi qu’avant. Et puis il est peut-être déculpabilisé de vivre, après avoir dépassé une occasion de mort imminente : puisque celle-ci a été refusée, cela veut peut-être dire qu’il faut jouer le jeu de la vie.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, page 341

[ révolte ] [ provocation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

irrécupérable médiatique

La métamorphose d’une épidémie en œuvre d’art contribue à la délivrer de sa fonction épidémique. La transformation du choléra en exercice de style, son appropriation par toutes les souplesses de la langue et par le choix des rythmes, autrement dit le surclassement, par l’esthétique, de tous les "mots d’ordre" dont ce cataclysme est gorgé, telles sont les propriétés qui font du Hussard [de Giono] un livre très exactement irrécupérable par la vision humanitaire du monde, par la machine à sauver les baleines, à mettre en scène les victimes de famines, à noyer les souffrances de la planète sous l’abominable cataracte des bons sentiments. Le secourisme mondial à grand spectacle, la vision-ONG déréalisante n’auraient aucun profit à tirer de ce roman de l’absence de complicité avec la surréalité trop réelle de l’épidémie. Tout le tragique qu’elle signifie, et dans lequel se précipiterait tête la première un mauvais écrivain (un Camus), un médecin sans frontières, Giono en fait un objet artistique, une pure question de forme. Que pour démontrer à tous les passionnées de la dramatisation en toc que la tragédie peut être ramenée à un effet de style. Dans les années 50 déjà, il faisait partie des rares élus à savoir que les catastrophes ne sont plus que des épisodes de la guerre livrée par les médias à l’inattendu, c’est-à-dire à la vie : "La bombe atomique n’est pour moi qu’un événement du journal", confie-t-il à la même époque dans un entretien. Le choléra aussi, dans son genre, est un événement du journal. Et quand on croit trop aux événements du journal comme réalités, on en meurt.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 160

[ virtualité ] [ détachement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

culture nippone

C’est ici qu’il faut dire un mot de l’origine du manga : il est une réaction, autant industrielle (production à bas prix et à grande échelle, dessins en noir et blanc) qu’artistique (héritage de l’estampe), au foudroiement nucléaire et à ce qui s’ensuivit : la mise au pas, la mise sous tutelle, la mise sous la coupe des Américains. De tout cela naît le sentiment d’avoir vécu la table rase : il ne reste plus rien de deux villes rayées de la carte, les enfants ont perdu leurs parents et vice-versa, le rattachement à la culture ancestrale est interdit au nom de la modernisation du pays, etc. Bref, l’éclair atomique constitue l’expérience originelle du manga ; et ce n’est donc pas un hasard si tous les mangas, sans exception, mettent en scène, comme point de départ incontournable, un déficit des origines, ce que j’appelle une "faille généalogique" : perte des parents, parents absents (Olive et Tom), adoption (Jeanne et Serge), orphelinat (Les chevaliers du zodiaque), bombardement de Tokyo (dans Akira), planète dévastée (Ken le survivant) ou détruite (Dragon Ball), etc. L’intrigue tourne par conséquent à chaque reprise autour de la question directrice suivante : comment surmonter la faille généalogique ? Comment continuer à vivre après l’apocalypse ? Différentes réponses se font jour, qui permettent alors de segmenter les mangas et d’en proposer une typologie : certains (comme Astro le petit robot et Goldorak) font le pari de la technologie, d’autres misent sur les valeurs collectives (qu’on retrouve principalement dans les mangas consacrés au sport, dans lesquels l’équipe est en réalité une synecdoque de l’Archipel), les derniers, enfin, font appel à la tradition.

Auteur: Baptiste Rappin

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2020/02/03/ken-le-survivant-confucius-japon-baptiste-rappin/

[ philosophie ] [ inspiration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

scène de séparation

Devant la paisible résistance d’Ulrich, son premier sentiment fut d’avoir vieilli. Elle eut honte de sa situation piteuse et obscène, à demi nue sur ce divan, en butte à tous les outrages. Sans plus hésiter, elle se redressa et saisit ses vêtements. Mais le bruissement froufroutant des calices dans lesquels elle se glissait n’induisit pas Ulrich au repentir. Bonadea sentit sur ses yeux le picotement douloureux de l’impuissance. "C’est un rustre, il m’a offensée exprès !" se redisait-elle. Puis, comme une constatation : "Il ne fait pas un pas !" Et à chaque cordon qu’elle nouait, à chaque crochet qu’elle fermait, elle s’enfonçait plus avant dans le profond puits noir d’une souffrance depuis longtemps oubliée, celle de l’enfant qui se sent abandonné. L’obscurité paraissait alentour. Le visage d’Ulrich s’offrait comme dans une lumière définitive, il se détachait avec rudesse et dureté sur l’ombre du chagrin. "Comment ai-je bien pu aimer ce visage ?" se demanda Bonadea ; mais au même instant, elle sentit toute sa poitrine se crisper sur ces mots : "Perdu pour toujours !" 

Ulrich, qui devinait confusément la résolution qu’elle avait prise de ne plus revenir, ne fit rien pour l’en empêcher. Alors Bonadea, plantée evant le miroir, lissa ses cheveux d’un geste violent, mit son chapeau et attacha sa voilette. Maintenant que la voilette lui cachait le visage, tout était consommé ; le moment était solennel comme une condamnation à mort, ou comme quand la serrure d’une malle se ferme bruyamment. Il ne l’embrasserait plus, il ne devinerait pas qu’il perdait ainsi la dernière occasion de le faire !

Aussi, prise de pitié, était-elle tout près de lui sauter au cou, et d’y pleurer toutes ses larmes.

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, page 199

[ pensées contradictoires ] [ humiliation ] [ couple ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dialogue

C'était dans le haut du village, d'où l'on aperçoit la mer à travers les ormeaux et les pommiers. Au vieux marin que je rencontrai, je fis la politesse de dire que je me sentais bien dans cet air-là, et c'était vrai. Mais lui reprit cette idée comme un homme qui cause, et qui laisse là le reste. Sa manière était de me quitter en tournant la tête vers moi, et puis de revenir, comme ayant encore une dernière chose à dire. 'Vous êtes donc, me dit-il, comme ce sacristain de Paris, si fâché de s'en retourner, et qui disait qu'avec cet iode dans les poumons, cet iode de la mer, on se sent rajeuni.' Ici quelque remous écarta l'homme ; puis il revint, tout confident : 'Il me disait qu'on ne peut mourir ici ; je lui répondis qu'on meurt partout.' Nouvelle feinte de départ, mais le conteur regardait ici et là, comme pour chercher des témoins. Toute la scène allait jouer sur ce mouvement de partir et de revenir. Ce fut bref. 'Vous savez ce que disait le terrien ; il disait au marin : 'Où donc sont morts tes grands-parents et tes parents ?' - 'Ils sont morts en mer, dit le marin.' - 'Et tu oses t'embarquer ! dit le terrien.' Une fausse sortie. Là-dessus le marin hausse les épaules et va s'en aller ; mais il revient et demande : 'Et toi, terrien, où sont donc morts tes grands-parents et tes parents ?' Le terrien répond qu'ils sont morts dans leur lit 'Et, dit le marin, tu oses te coucher !' II s'en alla, cette fois, sans autre commentaire.

Auteur: Alain

Info: Propos I

[ exemple ]

 

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écrivain-sur-écrivain

D’où vient le sentiment de malaise que fait naître Gogol ? De la certitude où il était peut-être lui-même d’avoir écrit le Diable, et pas un diable métaphorique mais le vrai Néant, le Rien qui devient tout – le Rien qui se déploie, et qui rigole, et qui vous laisse, seul, démoli, réduit à lui. Du Révizor au Mariage, en passant par Les Joueurs, du Nez au Manteau jusqu’au Portrait – la même force vide qui vous vampirise. Cette force, elle éclate dans Les Âmes mortes. Et pas seulement parce qu’il s’agit de morts qu’on peut vendre parce qu’ils ne coûtent pas cher, vu qu’ils sont morts, mais qu’on peut vendre parce qu’ils sont encore vivants aux yeux de l’administration. Non, ce n’est pas le sujet qui est en cause. Il y a dedans, par-delà les passages comiques, les scènes d’anthologie, derrière une invention verbale proprement géniale, quelque chose qui vous ronge – un sentiment, oui, comme de possession par quoi ? par un regard terrifiant, sans compassion aucune, sans pitié sur les hommes et particulièrement sur ceux qui se démènent, tremblent et se haïssent sur cette étendue plate, immense, et insauvable qu’on appelle la Russie… L’image de la troïka qui fend l’espace et de l’ivresse du voyage rappellent dans l’Odyssée de Tchitchikov "Les Démons" de Pouchkine – qui donnent leur titre aux Démons de Dostoïevski : Un tournoiement entre les monstres vides.

Alexandre Blok, mourant en 1921, l’avait écrit : "Elle nous a bouffés, notre brave mère patrie russe, comme une truie ses porcelets…" – Gogol, sidéré lui-même par l’ampleur du désastre qu’il reflétait, s’est, sans métaphore aucune, au sens le plus concret du terme, retourné dans sa tombe.

Auteur: Markowicz André

Info: Partages

[ slaves ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

reportage

J'aime aller chez les Roms. C'est rarement des vacances. Je ne choisis pas les communautés les plus florissantes. Je vais dans les cloaques. Ces lieux sont hallucinants de misère. Un mot me vient, il est familier, excusez-moi, c'est : barge. Des endroits barges. Je n'arrive pas en sifflotant. Je ne brandis pas mes appareils photo. Je mesure combien un type qui entre, fait clic-clac et ressort peut sembler ignoble à des gens qui n'ont rien. Je ne prends pas non plus l'air sinistre ou contrit. J'essaie d'être moi-même. Ce n'est pas facile, quand on est remué. Les gosses me font tourner en bourrique. Ils me tirent, me poussent, crient pour que je leur tire le portrait, se pendent aux courroies de mes appareils, dix fois, cent fois, jusqu'à l'exaspération. Pourtant, je leur dois souvent des moments de beauté foudroyants qui, avec un peu de chance, se retrouvent sur les photos. Comme je prends la précaution d'être bien accompagné, je suis généralement bien accueilli, par des gens qui n'ont de cesse que de m'ouvrir leur porte et de m'asseoir à leur table. Si je reviens, ce que j'essaie de faire, plusieurs fois de suite, ou à des mois de distance, je suis reconnu et l'affection franchit un pas. J'apporte les tirages des photos, parfois les clopes et le repas. Dans les sujets que j'ai visités comme photographe, souvent tragiques, j'ai toujours cherché la survivance, au fond, de ce qui rend heureux. Les petites choses. Les scènes où rien ne se passe et où, de fait, tout se passe. Les bas-côtés des évènements. Chez les Roms, ces scènes abondent. Le présent est là, brut, sans chichis, avec une intensité qu'il y a rarement ailleurs.

Auteur: Keler Alain

Info: Des nouvelles d'Alain. Ecrit avec Emmanuel Guibert

[ romanichels ] [ vivre ]

 

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naïveté

Le naïf doit impérativement résulter, sans intervention de notre part, des paroles et des actes d’autres personnes, qui tiennent la place de la deuxième personne présente dans le cas du comique ou dans celui du mot d’esprit. Le naïf prend naissance lorsque quelqu’un se met complètement au-dessus d’une inhibition parce qu’elle n’existe pas chez lui, c’est-à-dire lorsqu’il semble la surmonter sans aucun effort. La condition pour que le naïf produise son effet, c’est que nous sachions que ce quelqu’un ne possède pas cette inhibition ; sinon nous disons de lui non pas qu’il est naïf, mais insolent.

[...] [exemple] Un frère et une sœur, elle âgée de douze ans et lui de dix, sont en train de jouer devant un parterre d’oncles et de tantes une pièce de théâtre de leur composition. La scène figure une cabane au bord de la mer. Au premier acte, les deux écrivains-comédiens, un pauvre pêcheur et sa brave femme, se plaignent de ce que les temps sont durs et leurs gains faibles. L’homme décide d’aller au-delà de la mer immense sur son petit bateau pour chercher la richesse ailleurs, et après que tous deux se sont fait de tendres adieux, le rideau se referme. Le second acte se passe quelques années plus tard. Le pêcheur est revenu chez lui riche et la bourse bien garnie, et il raconte à sa femme, qu’il trouve en train de l’attendre devant la cabane, quelle a été sa bonne fortune dans le monde. La femme l’interrompt fièrement : "Moi non plus, je n’ai pas chômé durant tout ce temps", et elle livre à ses regards le sol de la cabane, sur lequel on voit dormir douze grandes poupées, ses enfants...

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient", éditions Gallimard, Paris, 1988, page 325 à 328

[ blague ] [ défini ] [ processus ] [ innocence ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

conte envoûtant

Jung, dans son essai de 1943, L’homme à la découverte de son âme, prend lui un exemple dans l'Antiquité égyptienne. Il met en scène une personne mordue au pied par une vipère des sables. Le prêtre-médecin consulté recourt alors à une thérapie narrative. Par sa parole, il réécrit l'incident qui a eu lieu sur le plan physique terrestre, en le portant sur un plan métaphysique où une solution peut alors être mise en œuvre. Il entreprend de raconter au patient comment le grand Dieu-Soleil parcourant ses domaines a été mordu par un serpent venimeux mis sur son chemin par la Déesse-Mère, comment tous les autres dieux la supplièrent alors de créer le contrepoison efficace, comment elle y consentit et comment fut alors guéri le Dieu souffrant.

Pour Jung : "il nous faut bien nous dire qu’à l’échelon psychique qui était celui des Égyptiens d’alors, ce récit constituait bel et bien un procédé thérapeutique : à cet échelon, en effet, l’homme pouvait encore être facilement plongé dans l’inconscient collectif par un simple récit, dont les images s’emparaient alors de tout son être avec une puissance telle que son système vasculaire et que ses régulations humorales rétablissaient l’équilibre compromis. C’est d’ailleurs, poursuit Jung, ce qui explique en toute généralité la valeur curative de la médecine magique à l’échelon primitif, alors que nous ne concevons la possibilité d’efficacités de cette sorte que tout au plus dans le domaine moral."

A ce niveau de lecture aucun de nous n'est plus alors un être unique, séparé, mais il incarne la totalité de l’humanité. A ce niveau de lecture littéraire du monde, nous aurions peut-être accès à la mémoire de l'espèce, à l'expérience engrangée par l'humanité depuis plusieurs millions d'années.



 


 

 

Auteur: Soccavo Lorenzo

Info: https://www.viabooks.fr/, redécouvrir la magie des mots. Quand Jung recourt à la thérapie narrative. mai 2015

[ lire remède ] [ interprétation premier degré ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

effet de discours

Enfant d’une Europe disparue, où dans ma campagne reculée le savoir relevait encore de la démarche paysanne, j’ai découvert l’ordre du monde en apprenant la lecture comme cérémonial de l’assemblage des lettres, respect des préséances par la majesté des majuscules et les subtilités de la ponctuation. De la vie mystérieuse des mots m’est resté le sens de la distance ouvragée entre des corps – corps du lecteur-scribe et corps des signes écrits – un sentiment d’être confronté au mystère d’une équerre invisible, et pour tout dire, cette sorte de pudeur qui s’exprime par le respect de l’étiquette, vieux vocable récupéré par les spécialistes du sport pour désigner les normes imposées sur un parcours de golf...

Cependant, cette conscience sauvage dans le rapport au lire-écrire, encore précieuse aux talmudistes comme aux interprètes du Coran, ou enfermée dans nos bagages philosophiques (voir le dialogue platonicien, Le Sophiste, où il est question de la société des lettres et des mots), a quelque chose d’inavouable pour la vision industrielle, toute en surface, de la communication humaine. [...]

On ne saurait en effet interroger la conception gestionnaire de la parole et, par voie de conséquence, mettre en doute l’idée selon laquelle les phénomènes scripturaires, catalogués en fonction de critères de performance, se réduisent à l’efficacité informationnelle. Ainsi croit-on (oui, il s’agit d’une croyance) que la rationalité scientifique, non pas dans ses effets de réalité tant célébrés à travers la technique, mais de par sa place mythique échafaudée à l’Ouest depuis un demi-millénaire, a scellé le destin de l’humanité. [...]

L’éducation occidentale élimine la tentation de faire de l’écriture une scène, une réalisation qui sollicite en vous l’identification à un "autrui" comme s’il s’agissait d’un lien à soi-même par l’intermédiaire d’un tiers terme.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 9-10

[ énoncé ] [ énonciateur ] [ parlotte technologique ] [ performatif ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson