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mythe français

Sans doute parlait-on des événements politiques et militaires, le soir à la veillée, près de la cheminée ; et c'était peut-être leur écho que percevait la petite Jeanne, au travers des voix qu'elle disait avoir entendues dès 1424-1425, d'abord dans le jardin de son père, puis en d'autres lieux. Ces voix se manifestèrent-elles à Jeanne dans la vallée, le long du cours paisible de la Meuse, ou plus loin, en direction du sud, sur les hauteurs, vers le Bois-Chenu, à l'orée duquel on trouvait l'Arbre des Fées ? Partout, sans doute, mais en tous cas pas dans un pré où Jeanne aurait filé la laine pendant la garde des brebis ou d'un troupeau de moutons. Car c'est une idée fausse et pourtant communément admise que la fillette puis la jeune fille aurait pu être commise à cette tâche. Il lui arriva sans aucun doute de conduire des bêtes au pré, sitôt finie la récolte des foins, quand les paysans rassemblaient dans les prairies tous leurs bœufs et chevaux en assurant les uns après les autres un tour de garde du cheptel, ce qu'elle devait reconnaître plus tard. Mais elle n'était pas une bergère et ne s'occupait probablement pas de la surveillance des moutons, car c'était alors un travail de professionnel. Et elle devait plutôt aider ses parents aux travaux des champs, particulièrement lors des moissons, ou à ceux de la maison, et surtout "coudre et filer" pour faire des draps de lin, comme elle le dira à Rouen, face à ses juges. Quoi qu'il en soit, la nature était bien, de toute façon, le témoin de ces phénomènes étranges. Mais n'y avait-il que des voix ? N'y avait-il pas également des apparitions ? Certainement, car Jeanne nous dit avoir vu Sainte Catherine d'Alexandrie, Sainte Marguerite d'Antioche et l'Archange Saint Michel, entourés d'une multitude d'anges, en précisant bien qu'elle les vit de ses yeux.

Auteur: Sarindar François

Info: Jeanne d'Arc : Une mission inachevée, p 23

[ historique ] [ christianisme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

homme-animal

- Dieu est grand ! répondit le mendiant. Mais qu’importe les affaires. Il y a tant de joie dans l’existence. Tu ne connais pas l’histoire des élections ?

- Non, je ne lis jamais les journaux.

- Celle-là n’était pas dans les journaux. C’est quelqu’un qui me l’a racontée.

- Alors je t’écoute.

- Eh bien ! Cela s’est passé il y a quelque temps dans un petit village de Basse-Égypte, pendant les élections pour le maire. Quand les employés du gouvernement ouvrirent les ruines, ils s’aperçurent que la majorité des bulletins de vote portaient le nom de Barghout. Les employés du gouvernement ne connaissaient pas ce nom-là ; il n’était sur la liste d’aucun parti. Affolés, ils allèrent aux renseignements et furent sidérés d’apprendre que Barghout était le nom d’un âne très estimé pour sa sagesse dans tout le village. Presque tous les habitants avaient voté pour lui. Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?

Gohar respira avec allégresse ; il était ravi. "Ils sont ignorants et illettrés, pensa-t-il, pourtant ils viennent de faire la chose la plus intelligente que le monde ait connue depuis qu’il y a des élections." Le comportement de ces paysans perdus au fond de leur village était le témoignage réconfortant sans lequel la vie deviendrait impossible. Gohar était anéanti d’admiration. La nature de sa joie était si pénétrante qu’il resta un moment épouvanté à regarder le mendiant. Un milan vint se poser sur la chaussée, à quelques pas d’eux, fureta du bec à la recherche de quelque pourriture, ne trouva rien et reprit son vol.

- Admirable ! s’exclama Gohar. Et comment se termine l’histoire ?

- Certainement il ne fut pas élu. Tu penses bien, un âne à quatre pattes ! Ce qu’ils voulaient, en haut lieu, c’était un âne à deux pattes.

Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ conte ] [ humour ]

 

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obsédé

Bien que je n'en ai évidemment aucune preuve, il y a un aspect de la vie qui me semble clair, c'est que les gens biens font ce qu'ils croient être la chose juste. Etre vertueux est dur, pas facile. L'idée de faire de bonnes choses simplement parce qu'on est bon ressemble à un jeu à somme nulle; je ne suis pas même sûr ces actions puissent être qualifiées de "bonnes" puisqu'elles le sont simplement fonctions d'un comportement normal. Indépendamment du Dieu auquel vous croyez - un Dieu affectueux, vengeur, capricieux, un Dieu français avec un béret arrogant, ou autre - on peut supposer que vous ne pouvez être pénalisés pour avoir fait des choses que vous croyiez être vraiment justes et correctes. Et cela crée certainement quelques jolis et évidents problèmes : Hitler peut avoir pensé qu'il servait Dieu. Staline peut avoir pensé la même chose (ou un truc vaguement semblable). Je suis certain qu'Osama ben Laden était persuadé de servir Dieu. Il n'est pas difficile de comprendre que tous ces maniaques étaient certains que ce qu'ils faisaient était juste. Ceci étant je fais constamment des choses que je sais être fausses; et elles ne sont pas à la même échelle que l'élimination des Juifs ou la destruction de gratte-ciels, mais mes motivations pourraient être pires. J'ai regardé directement une femme aimée dans les yeux et lui ai sorti des mensonges sans raison, sauf que ces mensonges me permettraient de continuer à faire l'amour avec une autre femme qui comptait moins pour moi. Cet acte n'a pas tué 20 millions de paysans russes, mais il pourrait être "plus diabolique" au sens littéral. Si je meurs et découvre que je vais en enfer alors que Staline est au ciel, je noterais l'ironie de la chose, mais je ne pourrais pas me plaindre. Je ne suis pas celui qui fait les putains de règles !

Auteur: Klosterman Chuck

Info: Sex, Drugs, and Cocoa Puffs: A Low Culture Manifesto

[ motivation ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Balzac n'a jamais réussi à dominer son penchant le plus détestable: son snobisme; si conscient qu'il ait du être de sa puérilité et de son ridicule. L'homme qui a créé l'oeuvre la plus monumentale de son siècle et qui eût pu passer devant les princes et les rois avec la même indépendance que Beethoven, est affecté d'un respect maniaque pour l'aristocratie. Une lettre d'une duchesse du faubourg Saint-Germain a pour lui plus de poids qu'un éloge de Goethe... Par un inconcevable paradoxe, pour "s'élever" à ces hautes sphères il va s'avilir sa vie durant, pour vivre dans le luxe il va se river à la galère du travail, pour se présenter avec élégance se rendre ridicule ...  (...)

Petit-fils de paysans, fils de bourgeois, incurable roturier, Balzac a une telle corpulence qu'il ne saurait, rien que pour cela, espérer se donner une silhouette et une allure aristocratiques. Il n'est pas de tailleur de la cour,... qui puisse faire parâitre distingué ce gras plébéien aux joues rouges, taillé à la hache, qui parle fort et sans discontinuer et s'introduit dans tous les groupes pour y éclater comme un boulet de canon. Il a un tempérament bien trop exubérant, bien trop excessif pour s'adapter à des manières discrètes et retenues... Les couleurs de son habit et de son pantalon jurent ensemble, et à quoi sert le lorgnon d'or si les ongles des doigts qui le tiennent sont sales, si les lacets de souliers se balancent dénoués sur les bas de soie; à quoi sert le jabot si la graisse dont la crinière est empommadée dégoutte dessus dès qu'elle subit l'éffet de la chaleur ? Balzac porte son élégance qui, par suite de la vulgarité de ses goûts, vise de plus en plus à la pompe, et à l'extravagance, comme un laquais sa livrée...Sur lui ce qui est cher semble de la camelote...

Auteur: Zweig Stefan

Info: Balzac : Le roman de sa vie, pp.162-166

[ portrait ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

conte électoral

- Dieu est grand ! répondit le mendiant. Mais qu’importe les affaires. Il y a tant de joie dans l’existence. Tu ne connais pas l’histoire des élections ?

- Non, je ne lis jamais les journaux.

- Celle-là n’était pas dans les journaux. C’est quelqu’un qui me l’a racontée.

- Alors je t’écoute.

- Eh bien ! Cela s’est passé il y a quelque temps dans un petit village de Basse-Égypte, pendant les élections pour le maire. Quand les employés du gouvernement ouvrirent les ruines, ils s’aperçurent que la majorité des bulletins de vote portaient le nom de Barghout. Les employés du gouvernement ne connaissaient pas ce nom-là ; il n’était sur la liste d’aucun parti. Affolés, ils allèrent aux renseignements et furent sidérés d’apprendre que Barghout était le nom d’un âne très estimé pour sa sagesse dans tout le village. Presque tous les habitants avaient voté pour lui. Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?

Gohar respira avec allégresse ; il était ravi. "Ils sont ignorants et illettrés, pensa-t-il, pourtant ils viennent de faire la chose la plus intelligente que le monde ait connue depuis qu’il y a des élections." Le comportement de ces paysans perdus au fond de leur village était le témoignage réconfortant sans lequel la vie deviendrait impossible. Gohar était anéanti d’admiration. La nature de sa joie était si pénétrante qu’il resta un moment épouvanté à regarder le mendiant. Un milan vint se poser sur la chaussée, à quelques pas d’eux, fureta du bec à la recherche de quelque pourriture, ne trouva rien et reprit son vol.

- Admirable ! s’exclama Gohar. Et comment se termine l’histoire ?

- Certainement il ne fut pas élu. Tu penses bien, un âne à quatre pattes ! Ce qu’ils voulaient, en haut lieu, c’était un âne à deux pattes.




Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ humour ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

self-contrôle

Les émotions sont la plus basse forme de conscience. Les actions émotionnelles sont la forme de comportement la plus restrictive, la plus étriquée et la plus dangereuse.

Poésie et fiction romantiques des 200 dernières années nous ont bien masqué le fait que les émotions sont une forme active et nuisible de stupeur.

N'importe quel paysan vous le dira. Méfiez-vous des émotions. N'importe quel enfant peut vous le dire. Méfiez-vous d'une personne émotive. C'est une folle furieuse.

Les émotions sont causées par des sécrétions biochimiques dans le corps pour servir pendant in état d'urgence aiguë. Une personne émotive est un maniaque aveugle et fou. Les émotions sont addictives, narcotiques et sédatives.

Ne faites pas confiance à quelqu'un qui se montre émotif.

Que sont les émotions ? Dans un livre intitulé Interpersonal Diagnosis of Personality, écrit lorsque j'étais psychologue, j'ai présenté leurs classifications et des descriptions détaillées de leurs manifestations, modérées et extrêmes. Les émotions se basent toutes sur la peur. [...]

Une personne sous l'emprise de l'émotion ne peut pas penser ; elle ne saura agie ou manoeuvre de façon efficace (sauf parfois lors d'actes d'agression physique et de force). La personne émotionnelle est éteinte sensuellement. Son corps est un robot qui s'agite. [...]

Le seul état dans lequel nous pouvons apprendre, nous harmoniser, grandir, fusionner, nous joindre, comprendre est l'absence d'émotion. C'est ce qu'on appelle la béatitude ou l'extase, que l'on atteint en centrant les émotions. [...]

L'amour conscient n'est pas une émotion, c'est une fusion sereine avec soi-même, avec d'autres personnes, avec d'autres formes d'énergie. L'amour ne peut pas exister en état émotionnel. [...]

Le grand choc de l'expérience mystique, le coup exultant, extatique, est le soulagement soudain de la pression émotionnelle.

Vous êtes vous imaginé qu'il puisse y avoir des émotions au paradis ? Les émotions sont étroitement liées aux jeux de l'ego. Laissez vos émotions à l'extérieur du paradis.

Auteur: Leary Timothy

Info: The Politics of Ecstasy

[ distanciation ] [ émoi nocif ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

religion

"Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est tout simplement qu’il puisse y avoir de la croyance", dit Yegussa en s’énervant d’une façon incompréhensible aux yeux d’Olo. "Prenons un exemple : "Sautra est un être qui se compose de cinq personnes." Je n’arrive absolument pas à comprendre qu’une proposition invérifiable comme celle-ci ait ses adeptes en Molussie, en Almusie, en Supolie, en Isalie, dans chaque ville, maison après maison, jusque dans les patelins les plus isolés. […] Je ne suis pas étonné que la "croyance" n’ait pas encore été exterminée, je suis étonné qu’elle ait pu naître. […] Voilà donc les chevaliers de la croyance qui arrivent à cheval", imagina Yegussa. "Ils racontent que "Sautra est un être qui se compose de cinq personnes." On se dit que le paysan aurait dû demander : "A quoi cela sert-il ?", le forgeron : "Qu’est-ce que c’est ?", le cordonnier : "Mais pourquoi donc cinq personnes ?" Au lieu de cela, le paysan dit : "Je crois", mais il ne voit rien se composant de cinq personnes, et le forgeron dit : "Je crois", mais il ne voit rien se composant de cinq personnes, puis le boulanger dit : "Je crois", mais il ne voit rien se composant de cinq personnes. (Je parle de "croyance", mais que faisaient-ils réellement quand ils "croyaient" et qu’entendaient-ils quand ils disaient cela ?) […] Et ils n’ont pas seulement dit :  "Je crois", ils ont aussi éduqué leurs enfants dans leur croyance", continua Yegussa, aussi énervé qu’avant. "Et ils ont pris lances et boucliers et sont morts pour défendre l’être se composant de cinq personnes. Aujourd’hui encore, à la dixième génération, ils sont des milliers à n’avoir jamais oublié d’y croire ; des gens comme toi et moi, des ouvriers travaillant dans des gravières ou dans des chantiers navals, dormant comme moi – tout comme toi et moi, dans la même ville, à la même époque. Alors, s’il te plaît, explique-moi, qu’entendent-ils lorsqu’ils parlent de  "croire" et que font-ils quand ils "croient" ?"

"Je ne m’étais jamais rendu compte que je ne le savais plus", admit Olo.  "Je ne le sais vraiment pas."

Auteur: Anders Günther Stern

Info: La catacombe de Molussie, traduit de l’allemand par Annika Ellenberger, Perrine Wilhelm et Christophe David, éditions l’Echappée, Paris, 2021, pages 112-113

[ questions ] [ origine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclic

Un type de meurtrier que l'on rencontre assez fréquemment est le suivant : un homme vit tranquille et paisible ; son sort est dur, - il souffre. (C'est un paysan attaché à la glèbe, un serf domestique, un bourgeois ou un soldat.) Il sent tout à coup quelque chose se déchirer en lui : il n'y tient plus et plante son couteau dans la poitrine de son oppresseur ou de son ennemi. Alors sa conduite devient étrange, cet homme outrepasse toute mesure : il a tué son oppresseur, son ennemi : c'est un crime, mais qui s'explique ; il y avait là une cause ; plus tard il n'assassine plus ses ennemis seuls, mais n'importe qui, le premier venu ; il tue pour le plaisir de tuer, pour un mot déplaisant, pour un regard, pour faire un nombre pair ou tout simplement : "Gare ! ôtez-vous de mon chemin !" Il agit comme un homme ivre, dans un délire. Une fois qu'il a franchi la ligne fatale, il est lui-même ébahi de ce que rien de sacré n'existe plus pour lui ; il bondit par-dessus toute légalité, toute puissance, et jouit de la liberté sans bornes, débordante, qu'il s'est créée, il jouit du tremblement de son coeur, de l'effroi qu'il ressent. Il sait du reste qu'un châtiment effroyable l'attend. Ses sensations sont peut-être celles d'un homme qui se penche du haut d'une tour sur l'abîme béant à ses pieds, et qui serait heureux de s'y jeter la tête la première, pour en finir plus vite. Et cela arrive avec les individus les plus paisibles, les plus ordinaires. Il y en a même qui posent dans cette extrémité : plus ils étaient hébétés, ahuris auparavant, plus il leur tarde de parader, d'inspirer de l'effroi. Ce désespéré jouit de l'horreur qu'il cause, il se complaît dans le dégoût qu'il excite. Il fait des folies par désespoir, et le plus souvent il attend une punition prochaine, il est impatient qu'on résolve son sort, parce qu'il lui semble trop lourd de porter à lui tout seul le fardeau de ce désespoir.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Souvenirs de la maison des morts

[ serial killer ] [ tueur en série ]

 

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couple

Au physique, Grigori était un homme froid et grave, peu bavard, qui ne laissait tomber que des paroles ayant du poids et exemptes de frivolité. Il eût été impossible de déterminer au premier abord s’il aimait ou non sa femme humble et soumise, et cependant il l’aimait vraiment, et bien entendu elle le comprenait. Cette Martha Ignatievna, loin d’être sotte, était peut-être même plus intelligente que son mari, du moins avait-elle plus de bon sens dans les choses de la vie ; pourtant elle s’était soumise à lui sans murmure et sans réserve dès le début de leur mariage et le respectait sans conteste pour sa supériorité morale. Il est à remarquer qu’ils n’échangeaient jamais que de rares paroles, sinon sur les questions les plus indispensables de la vie courante. Le grave et majestueux Grigori méditait toujours seul ses affaires et ses soucis, aussi Martha Ignatievna avait-elle depuis longtemps compris une fois pour toutes qu’il n'avait nul besoin de ses conseils. Elle sentait que son mari appréciait son silence et qu’il reconnaissait en cela son intelligence. Il ne l’avait jamais vraiment battue, si ce n’est une fois seulement, et encore légèrement. La première année du mariage d’Adélaïde Ivanovna avec Fédor Pavlovitch, à la campagne, les filles et les femmes du village, alors encore serves, avaient été un jour rassemblées dans la cour des maîtres pour chanter et danser. On entonna Dans les prés quand soudain Martha Ignatievna, jeune femme à cette époque, bondit devant le chœur et exécuta "la russe" d’une manière spéciale, non pas à la paysanne mais comme elle la dansait du temps qu’elle était au service des riches Mioussov, sur leur théâtre particulier, dans leur propriété, où les pas étaient enseignés aux acteurs par un maître de danses qu’on avait fait venir de Moscou. Grigori avait vu sa femme danser et une heure plus tard, une fois chez lui, il lui donna une correction en la traînant un peu par les cheveux. Mais les coups en restèrent là une fois pour toutes et ne se renouvelèrent plus jamais ; d’ailleurs Martha Ignatievna se garda bien désormais de danser.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 120-121

[ obéissance ] [ autorité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

gaz

Définition du pet en général : Le pet, que les Grecs nomment (prout, pet, gaz intestinal, la machine n'accepte pas les caractères !) les Latins, crepitus, l'ancien Saxon, purten ou furten, le haut Allemand, Fartzen, et l'Anglais, fart, est un composé de vents qui sortent tantôt avec bruit, et tantôt sourdement et sans en faire.
Il y a néanmoins des auteurs assez bornés et même assez téméraires pour soutenir avec absurdité, arrogance et opiniâtreté, malgré Calepino et tous les autres dictionnaires faits ou à faire, que le mot pet, proprement pris, c'est-à-dire dans son sens naturel, ne doit s'entendre que de celui qu'on lâche avec bruit ; et ils se fondent sur ce vers d'Horace qui ne suffit point pour donner l'idée complète du pet.
Nam disposa sonat quantum Vesica pepedi. (Sat. 8)
(" J'ai pété avec autant de tintamarre qu'en pourrait faire une vessie bien soufflée. ")
Mais qui ne sent pas qu'Horace, dans ce vers, a pris le mot pedere, péter, dans un sens générique ? Et qu'était-il besoin, pour faire entendre que le mot pedere signifie un son clair, qu'il se restreignît à expliquer l'espèce de pet qui éclate en sortant ? Saint-Évremond, cet agréable philosophe, avait une idée du pet bien différente de celle qu'en a pris le vulgaire : selon lui, c'était un soupir ; et il disait un jour à sa maîtresse devant laquelle il avait fait un pet :
" Mon coeur, outré de déplaisirs,
Était si gros de ses soupirs,
Voyant votre humeur si farouche,
Que l'un d'eux se voyant réduit
À n'oser sortir par la bouche,
Sortit par un autre conduit. "
Le pet est donc, en général, un vent renfermé dans le bas ventre, causé, comme les médecins le prétendent, par le débordement d'une pituite attiédie, qu'une chaleur faible a atténuée et détachée sans la dissoudre ; ou produite, selon les paysans et le vulgaire, par l'usage de quelques ingrédients venteux ou d'aliments de même nature. On peut encore le définir comme un air comprimé, qui, cherchant à s'échapper, parcourt les parties internes du corps, et sort enfin avec précipitation quand il trouve une issue que la bienséance empêche de nommer.

Auteur: Hurtaut Pierre-Thomas-Nicolas

Info: L'art de péter

[ vocabulaire ] [ flatulence ]

 

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