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révolte

La misère et la pauvreté sont si fondamentalement dégradantes, et exercent sur la nature humaine un effet si paralysant, qu'aucune classe de la population n'est jamais vraiment consciente des souffrances qu'elle endure. Il faut que d'autres le lui disent, et souvent elle refuse catégoriquement de les croire. Ce que les gros employeurs de main-d'oeuvre disent des agitateurs est indéniablement vrai. Les agitateurs sont des gens indiscrets se mêlant de ce qui ne les regarde pas, qui fondent sur une partie de la population parfaitement satisfaite de son sort et sèment en son sein les graines du mécontentement. C'est bien pour cela que les agitateurs sont absolument indispensables. Sans eux, au stade inachevé qui est le nôtre, il n'y aurait nul progrès vers la civilisation. Si l'esclavage a été aboli aux Etats-Unis, ce n'est pas à la suite d'actions menées par les esclaves, ni même parce qu'ils auraient exprimé un désir explicite d'être libérés. Il a été aboli uniquement grâce aux pratiques totalement illégales de certains agitateurs de Boston et d'ailleurs, qui eux-mêmes n'étaient ni esclaves, ni propriétaires d'esclaves, et qui en vérité n'avaient rien à voir avec la question. Ce sont indéniablement les abolitionnistes qui ont mis le feu aux poudres, c'est par eux que tout a commencé. Et il est très curieux de noter que les esclaves eux-mêmes leur apportèrent bien peu d'aide, et même bien peu de sympathie ; et lorsqu'à la fin de la guerre les esclaves se retrouvèrent libres, et même si totalement libres qu'ils étaient libres de mourir de faim, nombre d'entre eux regrettèrent amèrement leur nouvelle situation.

Auteur: Wilde Oscar

Info: l'âme de l'homme sous le socialisme, Oeuvres, la Pléiade, nrf Gallimard 1996<p.933>

 

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consumérisme

Si un Bulgare me demandait de lui donner une idée de la vie quotidienne aux USA, je lui recommanderais sans hésitation de se procurer une pile des suppléments publicitaires du New York Times. Ils vous donnent une idée de la richesse et de la variété de la vie américaine qui dépasse tout ce que les étrangers peuvent imaginer dans leurs rêves les plus fous. Comme pour prouver ce que j'avance, mon numéro contenait un catalogue d'idées cadeaux, publié par la firme Zwingle de New York. Il offrait une gamme incroyable d'objets, de ceux dont on ne soupçonnait pas jusque-là qu'ils fussent indispensables : des embauchoirs musicaux, des parapluies avec radio incorporée dans le manche, des polissoirs à ongles électriques. Quel pays fabuleux ! Mon préféré était une petite plaque chauffante-à-poser-sur-son-bureau-pour-empêcher-son-café-de-refroidir. Une véritable aubaine pour ceux qui souffrent d'un dérangement cérébral qui les pousseraient à partir à l'aventure en oubliant leur boisson. J'imaginais les lettres d'épileptiques reconnaissants, venues du monde entier (Chère Zwingle compagnie, Je ne peux vous dire combien de fois je me suis retrouvé sur le plancher, saisi du grand mal, en train de me dire : "mon Dieu, mon café va encore être froid." ) Sérieusement, qui donc peut bien avoir l'idée d'acheter ces gadgets, cure-dents argentés, caleçons avec monogramme, miroirs ornés de l'inscription "homme de l'année" ? Si je dirigeais une de ces firmes, je produirais une petite planche d'acajou, avec une plaque de laiton où serait gravé : "les mecs, j'ai dépensé 22 dollars 95 pour cette merde absolument inutile." Je suis sûr que ça partirait comme des petits pains.

Auteur: Bryson Bill

Info: Motel Blues

[ absurde ] [ humour ]

 

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question

Nous devons à présent nous faire une raison. A l’issue d’un long combat, la croyance, aujourd’hui, l’emporte sur la connaissance. Un peu partout, dans notre monde, le recrutement des scientifiques se fait de plus en plus malaisé, les étudiants délaissent les sciences – sauf en Chine sans doute, et en Inde. Et partout, ailleurs et ici, les croyances (de toutes sortes) se multiplient, se durcissent, nous encerclent, nous envahissent, nous attaquent.
Est-ce un bien ? Un mal ? Est-ce, comme pour d’autres modes de vie, une évolution passagère et indifférente ? Dur à dire.
Nous pensions nous diriger – nous ; l’Occident, les modernes, les évolués, les éclairés – tant bien que mal, siècle après siècle, et surtout dans les trois derniers, vers plus de clarté, plus de force, plus de compréhension des choses et des êtres, plus de maîtrise même ; nous nous trompions. L’obscurité marchait sans cesse à nos côtés, aussi rapide, plus rapide peut-être, que la lumière. L’éducation de tous, que nous jugions indispensable, s’effritait. Elle nous semblait de plus en plus inadaptée, vieillotte, comme un instrument de musique dont nous ne reconnaîtrions plus les accords. Du même coup, l’obscurité et sa sœur l’ignorance prospéraient, surtout depuis une cinquantaine d’années, et aussi leur proche cousine, la violence. Mais nous ne voulions pas, et nous ne pouvions pas, pendant longtemps, les voir.
En France, à la fin du XXe siècle, même si cela nous étonne, le nombre d’analphabètes était plus élevé que cent ans plus tôt. Et sans doute, aujourd’hui, ne cesse-t-il de croître, comme croît la population. Ailleurs aussi ? Nous ne le savons pas, mais c’est probable.

Auteur: Carrière Jean-claude

Info: Croyance

[ nord-sud ] [ décadence ] [ rationalisme ]

 

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femmes-hommes

Toussotement pour éclaircir la voix. Les yeux se ferment et se plissent. Au coin, adorables ridules en éventail miniature.
- La langue frôle légèrement le gland, en guise de salut. La peau du gland est soyeuse, comme celle de la queue. C'est un fait incontestable : voilà l'endroit le plus doux du corps masculin, souvent. La langue aime ce contact. Elle enrobe, elle glisse, elle humecte, elle atteint l'ourlet, pour l'agacer. Souvent l'ourlet aime les pressions fortes car, plus qu'aucune partie de cette chair, il subit la pression de la conque qui le reçoit. La langue donc l'agace. Elle glisse dans un mouvement circulaire tout en continuant les frottements. Sous le gland puis le retroussis de l'ourlet, on trouve une vague dépression, parfois, un resserrement excessif de la queue avant le jaillissement de la chair en tulipe que l'on vient de quitter.
- Parfois.
- Si ce n'est resserrement, le tissu tout au moins y est particulièrement tendu. Plus loin, on retrouve les plis esquissés de la peau. La langue court sur cette surface qui ne tarde pas à se tendre. Elle lèche, tout du long et en zigzag, et reprend par intermittence le gland pour l'enfourner. Les jeunes filles apprennent en rougissant qu'il est indispensable de protéger la queue des dents. Intransmissible savoir, position des mâchoires en retrait, les dents basses afin de ne pas égratigner l'objet du plaisir. Sans qu'il y paraisse d'ailleurs. La caresse des lèvres s'accompagne de celle de la langue. Il y a plusieurs moyens de caresse dans la bouche. La langue et les lèvres bien sûr, mais aussi l'intérieur de la joue. Mollesse et humidité.

Auteur: Cannone Belinda

Info: L'adieu à Stefan Zweig

[ fellation ] [ excitation ]

 

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Gaule

La France de Voltaire et de Bossuet, la France de Pascal et de Rabelais, de Diderot et de Bloy, de Molière et de Maistre, d’Aragon et de Claudel, de Proust et de Céline, aura été ce théâtre unique d’une désunion incessante, ou d’une cohabitation tenace et intenable, dont la dialectique sans arrêt renouvelée aura aussi imprimé sa marque dans les vies individuelles. C’est cette base dissolvante, différenciante et conflictuelle, aussi indispensable et structurante pour un peuple que des parents sexuellement différenciés pour leurs enfants, qui aura empêché quoi qu’on en dise, tous les "absolus" de s’y implanter durablement (c’est aussi là que s’originait la souveraineté, et là qu’existaient les conditions de possibilité de la politique). La France aura été le tombeau de Dieu comme celui des divinités idéologiques de substitution qui ont voulu y prendre racine.

Du moins jusqu’à ce qu’elle se convertisse aux "valeurs du Nord", c’est-à-dire à la rationalité protestante et marchande, par définition incompatible avec les attitudes interrogatives ou critiques, avec la duplicité, la contradiction, le flou, la diversité, les faux-semblants et toute la comédie irresponsable des alentendus jamais résolus. Il n’y a pas d’autre Europe possible que l’Europe du Nord. Bernanos, bien avant la dernière guerre, avait qualifié l’entreprise hiltérienne de "seconde Réforme allemande". La troisième, porteuse de messages hygiéniques autant qu’incritiquables, triomphe en douceur et rien ne l’arrêtera. Le terrible ordre européen ne pouvait se faire qu’au prix de l’effacement de la "latinité" et par la victoire des impératifs archangéliques d’authenticité, de vertu, de positivité et de transparence que la civilisation lutérienne contient en elle et que répercutent désormais à jet continu les sacro-saintes recommandations de Bruxelles.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 236-237

[ éloge ] [ esprit frondeur ] [ normalisation ] [ peuples-religions ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

électoralisme

Un auteur de peu postérieur à Périclès (Aristote, l'auteur de la Constitution d'Athènes), et qui dépréciait le modèle Athénien, observe malicieusement qu'Athènes est au premier rang de toute la Grèce pour le nombre de festivités et de jours de fête. Et les fêtes signifient des animaux sacrifiés aux dieux, c'est-à-dire de la viande gratuite pour le peuple. Dans une société archaïque (et notoirement pauvre) cela aussi est une ressource politique essentielle.

En définitive, l'approbation du peuple n'était pas "achetée" mais obtenue par des moyens qui comportaient aussi une évidente utilité sociale. C'est sur ce solide consensus que Périclès a fondé sa suprématie, qu'il faisait confirmer régulièrement en se faisant élire stratège; et cela avec une continuité qui suggérait à Thucydide l'idée de princeps et à ses adversaires l'ombre terrifiante du "tyran". Tout le reste, qui apparaît à Thucydide comme ses qualités essentielles, en découle: sa parole à contre-courant; sa capacité d'affronter une baisse de popularité; "guider, plutôt que se laisser entraîner".

Au siècle suivant, Démosthène, lecteur attentif des livres de Thucydide, a voulu se poser en nouveau Périclès. Il parle à la manière de ce dernier et imite le style pédagogique de son art oratoire, mais il sait que désormais la corruption est appréciée au lieu d'être traînée devant les tribunaux; "Si l'on avoue sans détour que l'on vole, le peuple rit avec complaisance (Démosthène, Troisième philippique, 39). Le politicien corrompu, donc riche et donc puissant, suscite l'admiration et le désir de l'imiter: de faire comme lui et - sait-on jamais? - de devenir comme lui. La parole victorieuse, celle qui emporte l'adhésion de la "multitude", commençait à ne plus être indispensable.

Auteur: Canfora Luciano

Info: La nature du pouvoir, p. 65

[ grèce antique ] [ démagogie ] [ sociologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

progrès symbolique

Pour comprendre les conséquences psychologiques de l’aveu, nous devons songer qu’il s’agit d’une répétition de l’acte sous sa forme la plus anodine, celle de la parole. Il permet en quelque sorte d’annuler l’acte de façon magique. Toutefois, cette tentative d’annulation rétroactive par les mots et par les gestes n’est pas suffisante si elle ne s’accompagne pas d’une forte réaction émotionnelle. Elle n’en demeure pas moins une tentative pour maîtriser le méfait au niveau de l’intellect. Ce phénomène peut sembler étrange. Peut-être s’éclairera-t-il si nous décrivons ce qui se passe si une telle répétition, au sens magique, n’a pas lieu. Comme celle-ci consiste en la prise de conscience partielle de la genèse et de la signification du crime, elle constitue la condition sine qua non du repentir et de l’expiation. Il ne peut y avoir sentiment conscient de culpabilité et tendance réelle à l’expiation que si le sujet prend pleinement conscience du fait que le crime lui a permis de satisfaire ses pulsions. Pour cela, il est indispensable qu’il se remémore son geste et le traduise en paroles, et qu’en même temps il le revive sur le plan émotionnel. S’il n’éprouve pas à nouveau la satisfaction que son méfait lui a procurée, celui-ci lui devient mystérieux, tout comme les hiéroglyphes enfouis dans la terre d’Égypte. [...]

Si l’auteur d’un méfait ne revit pas son geste et la gratification qui y était attachée, il ne peut pas prendre conscience de sa culpabilité, alors que c’est là la condition indispensable de l’expiation, faute de quoi le terme d’ "expiation" ou de "châtiment" se vide de son sens pour ne garder qu’une valeur purement légale de type formel ou mécanique.

Auteur: Reik Theodor

Info: Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, page 107

[ réel-symbolique-imaginaire ] [ détachement pulsionnel ]

 

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autisme d'asperger

Sur la question du regard : j’ai noté dans mes interactions pédagogiques avec Raphaël que lorsque je sollicite le sujet en lui, ce qui constitue le socle fondamental de ma pédagogie, il réagit, faiblement mais réellement et me regarde en me répondant. Son regard alors est lointain et fragile, peu assuré et perdu, mais bien présent. Lors d’épisodes de crise durant lesquels il se met subitement à émettre des écholalies, voire crie ou se frappe violemment, il se détourne de moi, vers la droite quand je suis à sa gauche ; je me déplace alors pour revenir lui faire face, et il se détourne du côté opposé. Lorsque je fais mine alors de jouer sur l’instrument durant ces épisodes pour lui donner l’exemple et le ramener au tiers-point indispensable de notre relation constitué par la discipline que je lui enseigne, il saisit ma main pour m’empêcher de jouer, comme s’il me disait de l’attendre durant ces moments où il est comme "capturé" par cette instance aliénante qui l’empêche d’être là. Je cherche alors par tous les moyens à capter son regard en me positionnant face à lui et en lui parlant doucement, et à des reprises chaque semaine plus nombreuses je parviens à le rapatrier dans l’échange intersubjectif. L’échange pédagogique que j’ai avec lui devient alors pratiquement normal et semblable à celui que j’ai avec mes autres élèves. Il m’a même formulé lors d’une de nos dernières séances la demande suivante, en me regardant dans les yeux de son propre chef, et de manière focalisée : "Je voudrais entendre un morceau". C’était la toute première phrase entière que j’entendais dans sa bouche depuis que je le connais, commencée avec le pronom personnel de la première personne du sujet.

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme, page 39

[ musique ] [ observations ] [ progression ]

 

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métaphysique

Il n'y a en effet rien de plus présomptueux de la part de l'individu que de s'imaginer qu'en raison du fait qu'il conçoit quelque chose qui transcende la Divinité personnelle, il peut ne pas tenir compte de Dieu dans sa quête de la transcendance. (...) la grâce de Dieu est l'indispensable moyen d'atteindre la transcendance. Même si sur le plan discursif il semble y avoir là une contradiction - la grâce émanant du Dieu personnel donnant lieu à la réalisation de l'Essence qui transcende le Dieu personnel -, l'apparence de contradiction disparaît dès que l'on comprend le principe essentiel suivant : le Dieu personnel n'est rien d'autre que l'Essence divine s'affirmant ou se déterminant au niveau de l'Être ; c'est la seule et même Réalité qui s'exprime comme Divinité personnelle, quel que soit le moyen dialectique d'indiquer la relativité de ce niveau de l'Être face à l'Absolu surontologique. Ainsi, sous ce rapport, la "grâce de Dieu" n'est rien d'autre que l'attraction ontologique qu'exerce l'Essence transcendante sur la conscience la plus intime de l'individu ; le moyen par lequel le Dieu présent au-dedans est appelé à réaliser le Dieu présent au-dessus ; le processus par lequel l'immanence rejoint la transcendance.

Avant de pouvoir les dépasser, il faut ainsi donner son dû, au niveau approprié, à chacun des trois "objets" fondamentaux - la religion, l'individualité, le Dieu personnel - appelés à être transcendés. S'acquitter de ce triple dû signifie : suivre les préceptes de la religion, permettre à la vertu spirituelle de gouverner l'âme, avoir une soumission totale à Dieu conçu comme l'infiniment "Autre" et une foi illimitée en Lui. C'est seulement alors, et conformément aux moyens spécifiques et aux conditions qu'offre la Tradition, que l'on peut s'engager sérieusement sur la voie de la transcendance.

Auteur: Shah-Kazemi Reza

Info: Dans "Shankara, Ibn Arabi et Maître Eckhart'

[ théologie ] [ créateur-créature ] [ foi source ] [ humilité ] [ triade ]

 
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relation platonique

Tous les fantasmes des nouveaux rapports de couple qui envahiront les générations suivantes, toute la nouvelle combinatoire hypothétique des rapports homme-femme qui va alimenter les espérances du genre humain, semblent trouver dans l’association Auguste [Comte]-Clotilde une première réalisation fragile. Leur amour, décide Comte, est de l’ordre de la "concordance organique". Mais on ne s’unit bien que dans les nuages, c’est au fond le seul lieu où on puisse s’emmêler réellement. En se refusant à lui – qui accepte ce refus avec un enthousiasme déchiré – Clotilde lui a fait subir "une intime initiation affective, dernier complément indispensable de mon entière préparation philosophique, et sans laquelle je ne pouvais remplir assez ma mission finale pour le service fondamental de la grande régénération humaine". De cet entraînement sportif à la non-copulation consentie, naîtra entre autres Le Système de politique positive. Célibat symbolique, chasteté des candidats à la prêtrise. "La grossièreté de mon sexe m’imposait, sans doute, cette orageuse transition pour aboutir au pur état d’une véritable amitié", reconnaît-il en voyant peu à peu son abstinence se transformer en érection religieuse. Il faudra cependant la mort de son amie pour que la dilatation soit complète…
Plus Clotilde lui refuse ses fesses, et plus Auguste Comte refoule ce refus dans la fable d’un culte universel. Plus elle dérobe son sexe et plus l’autel se concrétise. Plus elle se fait sainte et plus il se fait desservant. Plus elle devient comme le nom propre de la frigidité fermée, romantique, sentimentalement bavarde et doucement ployée dans une parodie d’abandon, et plus elle apparaît à ses yeux comme l’Humanité incarnée. L’objet de la religion de l’avenir se dessine à travers une femme censurée qui lui sourit derrière les fouillis blond-gris de sa silhouette, du fond d’une brume langoureuse et d’un amour à des années-lumière de toute possibilité de coït.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 140-141

[ sublimation délirante ] [ positivisme ]

 

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