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routine journalière

Je commencerai par dire que c'est difficile de parler de ce que les Toscans boivent sans mentionner d'abord ce qu'ils mangent. Disons que la journée d'un Toscan se déroule de la manière suivante : quand il se lève, il prend un caffè ristretto con grappa, un petit café très serré sur lequel il fait le signe de la croix avec un jet de grappa, ce qui remplace la prière du matin. Du laid chaud, du pain ou un cornet à la confiture, voilà de quoi rompre le jeûne de la nuit. Vers neuf heures, au bout de trois heures de travail dans les champs, il boit un verre de vin rouge pour se donner du cœur à l'ouvrage, qu'il accompagne d'un sandwich à la mortadelle. Ensuite, un espresso. Vers midi, un apéritif léger, genre Campiri soda ou prosecco. A une heure, il s'attable avec un litre de rouge à portée de main et prend un bon déjeuner, le repas le plus long de la journée, mais pas forcément très lourd : des crostini, pour commencer, ou du salami, ou du melon, des figues, du fenouil braisé, ou des aubergines. Après, une soupe épaisse ou des haricots à la sauge. Puis un ragoût de lapin aux olives ou du veau ou aux artichauts, pommes de terre sautées, haricots verts à l'ail ou épinards. Pour finir, une grappina, en fait un grand verre de grappa qui fera office de digestif avant la sacro-sainte sieste.

Auteur: De Blasi Marlena

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[ rythme circadien ] [ nourriture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sédition

Et si au lieu de faire un pas en avant, comme le demandent les tacticiens de la Société Nouvelle, nous faisions un pas sur le côté ? - Les queues ne tomberaient plus en face des guichets. - Les fusils tomberaient à côté des recrues. - Les usagers du petit matin ne tomberaient plus en face des portières du bus, des entrées du métro. - Ceux qui par manque de pot, le pas exécuté, se trouveraient en face de la portière, une fois arrivés au boulot pourraient retenter leur chance et là, à tous les coups c’est bon. Un pas de côté et tu t’assieds à côté de ta chaise de bureau. À la chaîne tu n’es plus en face des trous, tu boulonnes dans le vide. - Au comptoir tu bois dans le verre du voisin. Pas grave ! - Au cinéma tu n’es plus en face de la caisse, tu entres sans payer. Au poil ! - Et pour danser, ça ne gêne pas, il suffit de faire ensemble le pas du même côté. - Sur le chantier, un pas de côté et tu montes le mur à la place de la fenêtre. Mais regarde avant si l’échafaudage est assez long. Va pas mettre le pied dans le vide ! Car moi le sang me fait pas bicher. C’est pour ça que je cherche des trucs. Des trucs pour sortir de l’ornière, pour sortir des rails. SANS DOULEUR !

Auteur: Gébé Blondeaux Georges

Info: 25 mai 1970

[ décalage ] [ non-violent ] [ humour ] [ subversion ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

planète terre

Au singulier, civilisation ne serait-ce pas aujourd'hui, avant tout, le bien commun que se partagent, inégalement d'ailleurs, toutes les civilisations, "ce que l'homme n'oublie plus" ? Le feu, l'écriture, le calcul, la domestication des plantes et des animaux ne se rattachent plus à aucune origine particulière ; ils sont devenus les biens collectifs de la civilisation. Or ce phénomène de diffusion de biens culturels communs à l'humanité entière prend dans le monde actuel une ampleur singulière. Une technique industrielle que l'Occident a créée s'exporte à travers le monde entier qui l'accueille avec frénésie. Va-t-elle, en imposant partout un même visage : buildings de béton, de verre et d'acier, aérodromes, voies ferrées avec leurs gares et leurs haut-parleurs, villes énormes qui, peu à peu, s'emparent de la majeure partie des hommes, va-t-elle unifier le monde ? [...] Cependant la "civilisation industrielle" exportée par l'Occident n'est qu'un des traits de la civilisation occidentale. En l'accueillant, le monde n'accepte pas, du même coup, l'ensemble de cette civilisation, au contraire. [...] en supposant que toutes les civilisations du monde parviennent, dans un délai plus ou moins court, à uniformiser leurs techniques usuelles et, par ces techniques, certaines de leurs façons de vivre, il n'en reste pas moins que pour longtemps encore, nous nous retrouverons, en fin de compte, devant des civilisations très différenciées. Pour longtemps encore, le mot de civilisation gardera un singulier et un pluriel. Sur ce point, l'historien n'hésitera pas à être catégorique.

Auteur: Braudel Fernand

Info: Grammaire des civilisations

[ continent ] [ diversité ]

 

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cité imaginaire

Qui arrive à Tecla ne voit pas grand-chose de la ville, au-delà des clôtures en planches, des écrans en toile de sac, des échafaudages, des armatures métalliques, des passerelles en bois suspendues à des cordes ou soutenues par des scies, des échelles, des tréteaux. Si l'on demande : "Pourquoi la construction de Tecla prend-elle tant de temps ?", les habitants continuent de soulever des sacs, de  jouer du fil à plomb, de déplacer de longues brosses de bas en haut, et répondent : "Pour que sa destruction ne puisse commencer."

Et si on leur demande s'ils craignent qu'une fois les échafaudages enlevés, la ville ne commence à s'écrouler et à tomber en morceaux, ils ajoutent hâtivement, dans un murmure : " Pas que la ville."  Si, peu satisfait des réponses, vous jettez un oeil œil par la fissure d'une clôture, vous verrez des grues qui soulèvent d'autres grues, des échafaudages qui enserrent d'autres échafaudages, des poutres qui soutiennent d'autres poutres. "Quelle est la signification de votre construction ?" demande-t-on alors. "Quel est le but d'une ville en construction, à moins qu'elle ne soit une ville ? Où est le plan que vous suivez, le schéma directeur ?" "Nous vous le montrerons dès que la journée de travail sera terminée ; nous ne pouvons pas interrompre notre travail maintenant", répondent-ils. Le travail s'arrête au coucher du soleil. L'obscurité tombe sur le chantier. Le ciel est empli d'étoiles.

"Voilà le plan", disent-ils.


Auteur: Calvino Italo

Info: Les Villes invisibles

[ continue édification ] [ fuite en avant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

intrications

Un poète a dit un jour : "Tout l'univers est dans un verre de vin". Nous ne saurons probablement jamais dans quel sens il l'entendait, car les poètes n'écrivent pas pour être compris. Mais il est vrai que si nous regardons un verre de vin d'assez près, nous voyons l'univers entier. Il y a les choses de la physique : le liquide virevoltant qui s'évapore en fonction du vent et du temps, le reflet dans le verre ; et notre imagination y joint des atomes. Le verre est une distillation des roches de la terre, et dans sa composition nous percevons les secrets de l'âge de l'univers, et l'évolution des étoiles. Quel étrange ensemble de produits chimiques se trouve dans le vin ? Comment sont-ils apparus ? Il y a les ferments, les enzymes, les substrats et les résidus. C'est dans le vin que se trouve la grande généralisation : toute vie est fermentation. Personne ne peut appréhender la chimie du vin sans découvrir, comme l'a fait Louis Pasteur, la cause de beaucoup de maladies. Combien ce bordeaux est vivace, il imprime son existence à la conscience qui le regarde ! Si nos petits esprits, pour quelque convenance, décortiquent ce verre de vin, cet univers, en parties : physiques, biologiques, minérales, astronomiques, psychologique, et ainsi de suite - souvenons-nous que la nature ignore tout ça ! Remettons nous donc dans le bon sens et rappelons-nous l'essentiel. Qu'il nous procure un dernier plaisir ; buvons-le et oublions tout !

Auteur: Feynman Richard Phillips

Info:

[ terme univers ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

alcool

Les vins, comme les toiles de maîtres, ne sont pas affaire de science mais d'art... On résiste mal cependant à la curiosité scientifique puisque maints prélèvements de peintures anciennes ont fait l'objet d'analyses chimiques. On a aussi analysé les meilleurs vins, et l'on comprend mieux maintenant les secrets intimes de ce fascinant breuvage. L'eau est son constituant principal, soit, en gros 80 % de son poids, comme dans le corps humain. La concentration éthylique, en solution dans l'eau, représente un peu plus de la moitié du reste, avec des traces de plusieurs dizaines d'autres solutions alcoolisées. C'est lui qui structure le vin. Il est le support des divers composés odoriférants, tandis que l'eau dissout les sucres, reliquats des glucides originels fabriqués dans le raisin sous les rayons du soleil. La glycérine ainsi que plusieurs autres solutions alcoolisées donnent au vin son moelleux. C'est elle qui s'attarde sur les parois du verre quand on fait tourner son vin avant de le déguster. Les acides organiques enfin, une bonne trentaine, sont les partenaires indispensables des alcools. Ils se nomment laurique, malique, lactique, citrique, succinique, tartrique, propionique et acétique. Ils existent à l'état libre et sous forme de sel de potassium notamment. Leurs proportions équilibrées donnent au vin sa fraîcheur, sa nervosité... Le vin à ses débuts, c'est déjà ce liquide limpide étonnamment complexe. Mais un vin vieux, c'est encore beaucoup plus compliqué. Le temps ennoblit les grands vins. De lentes amours se nouent entre les alcools et les acides.

Auteur: Pomerol Charles

Info:

[ technique ]

 

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couleurs

Il y avait si longtemps qu'il avait quitté Venise, disait-il, qu'il ne se rappelait presque aucun nom. Il rêvait toujours des places et des canaux, mais ne se souvenait plus de leur nom. Il lut la déception sur le visage de Rodrigo et Jofre.
Il parut un moment découragé, puis il sembla avoir une idée, il se leva et s'enfonça dans l'obscurité. Il revint quelques minutes plus tard, tenant quelque chose de brillant dans sa main. C'était une petite fiole en forme de poire, du genre de celles dans lesquelles les femmes conservent des huiles parfumées. Dans sa main, elle était sombre et opaque, mais lorsqu'il la tint à la lumière d'une des torches, le verre laissa paraître de riches éclats bleus et pourpres, et de minuscules paillettes d'or scintillant sur toute sa surface.
"Vous voyez, voici ce dont je me souviens, la lumière de Venise est comme le verre. Je me souviens que le soleil de la fin d'après-midi faisait danser des étincelles dorées sur les eaux de la lagune. Je me souviens de la lumière nacrée de l'aube en hiver, et du rouge brûlant et âpre du soleil couchant en été, qui conférait au marbre une teinte rose vif. Je me souviens des nuits où les eaux des canaux étaient noires comme de la martre, du scintillement du clair de lune sur l'eau sombre, telle, une barrette d'argent dans les cheveux d'une belle femme. C'est la lumière de Venise que je capture dans mon verre."

Auteur: Maitland Karen

Info: La compagnie des menteurs

[ clarté ]

 

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consumérisme

Autrefois pour faire sa cour, on parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur, on offrait son cœur
Maintenant c'est plus pareil, ça change, ça change
Pour séduire le cher ange, on lui glisse à l'oreille, ah,
Gudule!

Viens m'embrasser et je te donnerai
Un frigidaire, un joli scooter un atomixer et du Dunlopillo
Une cuisinière avec un four en verre
Des tas de couverts et des pelles à gâteaux
Une tourniquette pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres
Un avion pour deux et nous serons heureux.

Autrefois, s'il arrivait que l'on se querelle
L'air lugubre, on s'en allait en laissant la vaisselle
Maintenant, que voulez-vous, la vie est si chère
On dit rentre chez ta mère et l'on se garde tout, ah,
Gudule!

Excuse-toi ou je reprends tout ça
Mon frigidaire, mon armoire à cuillères
Mon évier en fer et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses, mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace et mon chasse-filous
La tourniquette à faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures et le coupe-friture
Et si la belle se montre encore cruelle
On la fiche dehors pour confier son sort

Au frigidaire, à l'efface-poussière
A la cuisinière, au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates, au canon à patates
À l'eventre-tomates, à l'écorche-poulet
Mais très très vite, on reçoit la visite
D'une tendre petite qui vous offre son cœur
Alors, on cède car il faut qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois
Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois.

Auteur: Vian Boris

Info: La complainte du progrès

[ femmes-hommes ] [ chanson ]

 

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réanimation

J'éclairai de toutes parts l'enceinte où j'étais parvenu. C'était un caveau, et j'avais quelques raisons de m'en douter. Le milieu de ce milieu universel était occupé par un cippe (*) qui portait une bobèche (**) qui ne portait rien, au moins en apparence. A force de tourner les cendres d'une mèche usée sur laquelle avaient passé trente ou quarante siècles, je parvins cependant à en extraire une petite figure d'homme si pâle, si cassée, si ridée, si ratatinée, si mesquine et si rabougrie que ma première pensée fut de la mettre dans les manchettes. Un petit cri m'avertit qu'il restait je ne sais quel souffle de vie dans cet embryon ; je le saisis, je le réchauffai de mon haleine, je le frottai d'une goutte d'eau-de-vie retrouvée dans ma gourde de voyage, et je le replantai au milieu de sa bobèche, plus allègre que je m'y étais attendu. Comme il s'y tint ferme et la main sur la hanche avec toute la dignité que pouvait comporter sa taille de deux pouces et demi, je ne pensai plus qu'à remonter par où j'étais venu pour retrouver mes confrères et mon équipage. Cela me parut difficile.

"Arrête, Berniquet, me dit le nain, et ne sors pas d'ici sans me rendre tout à fait la vie que j'attendais de toi depuis des siècles sans nombre !"

Je me prosternai d'admiration en voyant que cela parlait. Vous l'auriez fait comme moi, Messieurs. Il est si rare qu'une idée articulée, et qui s'énonce en bons termes, jaillisse d'un chandelier, surtout quand la bougie est morte !

Auteur: Nodier Charles

Info: in "Contes satiriques", éd. La Chasse au Snark, p. 114-115 - (*) cippe : petite stèle funéraire ou votive, sur laquelle est généralement gravée une inscription (**) bobèche : disque de verre, de métal ou de porcelaine, percé au centre, adapté à une bougie ou un chandelier pour empêcher la cire de couler

[ modelage ] [ génie ] [ prodige ] [ adresse au lecteur ] [ résurrection ] [ ressuscitation ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

pseudo-démocratie

— Peuple ! dit Mâchefer, tu as la radio que tu mérites. Un jeu ! Voilà ce qu’ils ont trouvé ! Panem et Circenses, mais qui se souvient du mépris de Juvénal ? L’antiracisme, bien qu’à la mode, ce n’est pas tellement marrant, ni payant, à entendre, ils le savent, alors ils en font un jeu ! Depuis le temps que l’on joue, le peuple est rodé. Le cancer ? Un jeu. Le Sahel ? Un jeu. La Pologne ? Un jeu. J’en passe, et des meilleurs. Vous êtes tous formidables ! On envoie les histrions quêter ; on jette dans les rues, pour acheter des tickets de solidarité, le populo qui s’emmerde ; on lui fait éteindre ses lumières en cadence pour manifester sa volonté ; on transforme les quartiers et les villes en équipes de championnat qui se démènent à qui chargera le plus de camions de vivres ; la grande kermesse, avec résultats télévisés en permanence et animés par chansons et vanité... À minuit, terminé. On s’est bien amusé. Et qu’est-ce qu’on a fait, en réalité ? On a noyé le poisson sous les flonflons. On l’a escamoté. Fini. Au suivant. Et rien n’a changé. Mais personne ne s’en est aperçu. Cette fois, c’est de nous qu’il s’agit, de nous seuls. Vous verrez que personne n’en prendra conscience. On va encore jouer, mais plus longtemps, parce que le poisson est beaucoup plus gros et qu’il faudra bien quelques semaines pour le noyer et quand il ne sera plus temps de jouer, on découvrira stupidement que l’instant du salut est passé. Trop tard ! Il fallait penser au lieu de jouer. Mes enfants ! ne manquez pas "Spécial Armada", nous allons nous régaler ! L’armée des cons va envahir les ondes et le pays se noiera dans le torrent des inepties. Ah ! ils savent ce qu’ils font !

Auteur: Raspail Jean

Info: Le Camp des Saints, p.115

[ manipulation ] [ divertissements ] [ contrôle oligarchique ] [ bêtise prolétaire ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini