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obscurité

Quelques fines lueurs de clair de lune s'infiltraient dans les bois. Les comptonies voyageuses décrivaient un arc au-dessus de l'ancien sentier d'élagage, recouvrant les tiges de mûriers sauvages comme les lames d'une scie dans leur fourreau. Effluves de vinaigriers. Les branches de bouleaux et de peupliers luisaient légèrement. Une étroite trouée dans la canopée leur permettait d'avancer mieux que n'importe quel éclairage terrestre. Edgar se protégeait le visage des mains tandis que les ronces déchiraient ses vêtements. De temps à autre, il s'arrêtait pour appeler les chiens en frappant dans ses mains. Ils déboulaient, frottaient leurs museaux et leurs babines contre sa paume et disparaissaient à nouveau, sûrs d'eux dans la nuit. Il les suivait du regard, ombres parmi les ombres avant de se remettre en route. Il était environné de lucioles. Les voix qui les appelaient s'étaient perdues dans l'écorce de troncs d'arbres qui se balançaient dans la brise nocturne comme des coques de navire. Sans savoir pourquoi, il était certain qu'ils n'avaient pas tourné en rond. Le sens du vent, probablement, ou les rayons de lune qui se projetaient à l'ouest. Lorsqu'un bosquet de bouleaux surgit devant lui, là où il s'attendait à une brèche, il comprit qu'il était arrivé au bout du chemin ou qu'il s'en était éloigné.

Auteur: Wroblewski David

Info: L'Histoire d'Edgar Sawtelle

[ forêt ]

 

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mégapole

Calcutta est une ville de poussière. Quand on se promène dans ses rues, on voit sur les trottoirs des monticules de poussière hauts comme des dunes, où chiens et enfants restent assis à ne rien faire, tandis que des ouvriers en sueur défoncent le macadam à coup de pioches et de marteaux-piqueurs. Sans cesse on démolit les routes, soit pour la construction du nouveau métro soit pour tout autre raison obscure, comme le remplacement d'une canalisation qui ne marche pas par une autre qui ne marche pas mieux. Calcutta se met alors à ressembler à une oeuvre d'art contemporain dénuée de sens et de fonction, mais qui continue d'exister pour quelque raison esthético-ésotérique. Partout des tranchées et des tas de poussière donnent à la ville l'air d'avoir été pilonnée. Les vieilles maisons aux murs apaisés s'effritent en lente poussière, leurs portails jadis rutilants sont désormais rouillés. Du plafond des bureaux s'écaille la poussière; les bâtiments tombent en poussière, les routes se font poussière. Sans cesse, sous l'action arbitraire du vent, la poussière s'érige en formes nouvelles surprenantes, des formes sur lesquelles les chiens et les enfants restent assis à ne rien faire. Jour après jour, sans un murmure, Calcutta part en poussière, et jour après jour, Calcutta renaît de sa poussière.

Auteur: Chaudhuri Amit

Info: Une étrange et sublime adresse

[ cycles ]

 
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néologisme

Dans l’affaire du pronom iel, la pire arnaque du Robert est de faire croire au caractère “scientifique” de son travail. Mais le fait de choisir n’a rien de scientifique ! Ce dictionnaire se décerne le label scientifique sans s’imposer aucun des critères rigoureux que sont la fréquence d’utilisation d’un mot nouveau, sa fluctuation, sa géographie, sa sociologie, et surtout sa temporalité ! Jean Dutour rappelait en 1998 qu’une longue période d’observation est nécessaire pour qu’un mot s’intègre définitivement à une langue et pour l’admettre dans le dictionnaire ; mais en l’adoptant précipitamment, Le Robert le passe au micro-ondes, et, plus grave encore, il le valide selon la formule magique qui pose tout dictionnaire en instance de légitimation : “C’est dans le dictionnaire, donc on peut l’employer !” […]

L’écriture inclusive n’est pas une écriture mais un code, et pas inclusive mais exclusive, relevant du séparatisme anglaméricain, appropriée à des relations en chiens de faïence. Le code exclusif est ignorant de la langue française, laid, sourd, simpliste, moraliste et d’ailleurs illisible et imprononçable ; il constitue un signe manifeste d’une allégeance à la doxa américaine, séparatiste et communautariste. Valider ce “pronom” inconsistant qui en est le supplément logique n’est pas une démarche linguistique, mais un acte militant, il collabore à l’autocolonisation en cours.

Auteur: Borer Alain

Info: Interview Le Point, 2 décembre 2021

[ grammaire ] [ progressisme ] [ critique ] [ impatience ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ordre

La plupart des hommes servent l'Etat non en tant qu'hommes mais en tant que machines, avec leur corps. Ils sont l'armée, la milice, les geôliers, les policiers, etc. Dans la plus part des cas, il n'ont aucune liberté de jugement ni de sens moral ; ces hommes se placent d'eux-mêmes au niveau du bois, de la terre et de la pierre ; et si l'on fabriquait des hommes en bois, ils feraient peut-être tout aussi bien l'affaire. Ils ne méritent pas plus de respect que des hommes en paille ou des tas de boue. Ils ont le même genre de valeur que des chevaux et des chiens. Pourtant, ils sont généralement considérés comme de bons citoyens. D'autres - comme la plupart des législateurs, des politiciens, des hommes de loi, des ministres et des fonctionnaire - servent l'Etat surtout avec leur tête ; et comme ils portent rarement des jugements d'ordre moral ; ils peuvent, sans s'en apercevoir, servir le Diable tout aussi bien que Dieu. Un infime minorité - les héros, les patriotes, les martyrs, les réformateurs au sens noble et les hommes dignes de ce nom - servent également l'Etat avec leur conscience et s'opposent donc à lui sur presque tous les points ; ils sont en général traités par l'Etat en ennemis.

Auteur: Thoreau Henry David

Info: La désobéissance civile

[ oppression ] [ marginalité ] [ sociologie ]

 

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gêne

Paraná, boulevard Racedo, en face de l’ancienne gare, 2 heures 03

"Les voilà donc, les deux types assis sur la cuvette. Ils savent qu’ils sont l’un à côté de l’autre et n’osent pas faire ce qu’ils ont à faire parce qu’ils se méfient du bruit. Un chef ne peut pas péter. Un employé non plus. Encore moins avec l’écho qu’il y a dans les toilettes. Donc les types se retiennent. Et là, c’est le moment crucial, tu comprends ? Va savoir s’il n’y a pas aussi un petit mot sur la porte en face du chef. Les deux pensent et attendent. C’est là que surviennent les révélations… T’as déjà entendu parler d’Héraclite ? Non ? C’était un philosophe grec qui disait que le temps est comme le fleuve. Le fleuve reste égal à lui-même, contrairement à l’eau. Eh bien, quand on est assis, le temps passe différemment. Une personne toujours assise se noie plus vite que celle qui reste debout, ça, c’est indiscutable. L’eau t’arrive au cou avant. C’est pour ça qu’il faut beaucoup réfléchir, c’est pour ça que je dois beaucoup réfléchir… Et c’est ce qui explique que les deux hommes qui sortent de ces toilettes ne sont pas les mêmes que ceux qui y sont entrés. Ils ont peut-être même fait une découverte les concernant, tu comprends ?"

Auteur: Romero Ricardo

Info: Les chiens de la pluie

[ chiottes ] [ wc ] [ petit coin ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hommes-par-femme

— Vous non plus, vous n'aimez pas les hommes. Et vous ne pouvez pas savoir : rien que penser à eux m'épuise. Vous dites qu'ils sont trop animaux. Mais ce n'est pas vrai, mère ! L'animal qui était en eux s'est perverti, humilié ; il est devenu servile, domestique, comme un chien. Je ne connais pas un homme qui ait la fierté d'un animal. À croire qu'ils ont cessé de penser. C'est ce qui arrive quand la dernière petite parcelle d'animalité sauvage meurt en eux.

— Mais nous avons un esprit…

— Nous n'avons plus d'esprit une fois que nous sommes apprivoisés, mère. Les hommes sont tous des femmes et ne font que tricoter des mots.

— Je ne peux pas être d'accord, vous le savez très bien, Louise.

— Oui, bien sûr, vous aimez les hommes intelligents. Mais le plus souvent, les hommes intelligents sont des animaux si déplaisants ! Chez des hommes comme Rico, l'animal s'est abîmé, dénaturé. Et chez ces jeunes gens élégants que vous aimiez tant pendant la guerre, il n'y a plus rien de l'animal sauvage. Ce sont tous des chiens dressés, même lorsqu'ils ont du courage et de la classe. Des chiens dressés par des maîtres humains. Il n'y a plus aucun mystère en eux.

Auteur: Lawrence David Herbert

Info: L'étalon

[ bridés ] [ formatés ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

maître

Cubitus est un chien parlant. Il appartient donc à la famille des chiens de BD doués de parole. Autrement dit, lorsqu'il naît en 1968, il hérite de quarante années d'expérimentations de la bande dessinée franco-belge en la matière. Le personnage s'inscrit dans la tradition de la bande animalière ; sa série relève du genre de la chronique domestique humoristique ; ses gags mettent en scène un chien, comme les strips des Peanuts ou les planches de Boule et Bill. À travers le parler de Cubitus, un certain nombre de ses ancêtres "parlent" : des chiens, bien sûr, mais aussi d'autres personnages de bande dessinée qui ont, pour diverses raisons et éventuellement à son insu, marqué le dialoguiste Dupa. Ainsi, les premiers gags de la série évoquent indubitablement l'influence graphique et textuelle de Greg (l'auteur notamment d'Achille Talon). Dupa reconnaît cette filiation manifeste, lui qui fut son assistant pendant de nombreuses années, il admet que "la ressemblance de style en découle tout naturellement". Bien entendu, le personnage de Cubitus ne s'inféode pas à ce seul modèle. Voilà donc la double question de cet article : "Qui parle à travers Cubitus ?" et "Comment parle-t-il ?". Autrement dit, à supposer que le chien soit "la voix de son maître", de quel(s) maître(s) a-t-il reçu la parole et quel usage fait-il de ce don ?

Auteur: Baratay Éric

Info: Milou, Idéfix et Cie, Le chien en BD

[ élève ] [ influence ] [ évolution ]

 

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transposition

Supposons que dans un roman anglais, un personnage dise "it's raining cats and dogs". Le traducteur qui, pensant dire la même chose, traduirait littéralement par il pleut des chats et des chiens serait stupide. On le traduira par il pleut à torrents ou il pleut des cordes. "
Dire presque la même chose n'est pas un essai théorique sur la traduction, mais une illustration des problèmes que pose la traduction à travers des exemples qu'Umberto Eco a vécus : en tant qu'éditeur, en tant qu'auteur, en tant que traducteur. Ce sont ces trois éclairages que nous retrouvons dans un ouvrage qui fourmille d'exemples. Nul besoin de maîtriser les langues citées pour comprendre, puisqu'on est toujours dans la comparaison.
Umberto Eco nous enseigne que la fidélité n'est pas la reprise du mot à mot mais du monde à monde. Les mots ouvrent des mondes et le traducteur doit ouvrir le même monde que celui que l'auteur a ouvert, fût-ce avec des mots différents. Les traducteurs ne sont pas des peseurs de mots, mais des peseurs d'âme. Dans ce passage d'un monde à l'autre, tout est affaire de négociation. Le mot est lâché : un bon traducteur sait négocier avec les exigences du monde de départ pour déboucher sur un monde d'arrivée le plus fidèle possible, non pas à la lettre mais à l'esprit. Tout est donc dans le presque du titre.

Auteur: Bouzaher Myrien

Info: à propos de Dire presque la même chose, Expériences de traduction d'Umberto Ecco

[ interprétation ]

 
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beaux-arts

Le style est la réponse à tout.

L’approche neuve d’une chose terne et dangereuse.

Mieux vaut faire une chose terne avec du style qu’une chose dangereuse sans style.

Faire une chose dangereuse avec style, c’est ça l’art.



La tauromachie peut être un art.

La boxe peut être un art.

Faire l’amour peut être un art.

Ouvrir une boîte de sardines peut être un art.



Rares sont ceux qui ont du style.

Rares sont ceux qui peuvent le garder.

J’ai vu des chiens avoir plus de style que les hommes.

Bien que peu de chiens aient du style.

Les chats en ont à profusion.



Hemingway se faisant gicler la cervelle contre le mur au calibre 12, ça c’est du style.

Quelquefois les gens vous donnent du style.

Jeanne d’Arc avait du style.

Jean-Baptiste,

Jésus,

Socrate,

César,

Garcia Lorca.



J’ai connu en prison des gens qui avaient du style.

J’en ai connus plus en prison que hors de prison.

Le style, c’est une différence. Une façon de faire, une façon d’être.

Six hérons juchés sur leurs pattes dans un étang…

ou vous, qui sortez nu des chiottes, sans me voir.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Mockingbird, Wish Me Luck (Oiseau moqueur, souhaite-moi bonne chance) (1972) Traduction ? merci aux contributeurs si jamais

[ manière ] [ homme-animal ] [ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

imaginaire

Cette fraîcheur marine apportait avec elle une profusion d'odeurs dont on ne pouvait comprendre le mélange qu'en gardant les yeux fermés, un mélange qui ressemblait à un carnaval de couleurs - les mangues encore bonnes et vert tendre pendues dans les arbres, les mangues à moitié mangées par les chauves-souris, l'odeur verte du sape-sape, la poudre qui enveloppait les goyaves sur le point de tomber, le mélange de l'odeur du pitanguier et celle du néflier, odeurs de la brousse mêlées à celles des poules et des cochons, le cri des perroquets et des chiens, deux ou trois tirs d'AK-47, une radio oubliée par quelqu'un à l'heure des infos en langues nationales, le bruit des gens qui couraient pour arriver à la maison ou au moins quelque part où s'abriter de la pluie et même, si l'heure était avancée, les rumeurs de la boulangerie de la rue derrière où on commençait à travailler très tôt et pendant toute la nuit, pour être sûr que le pain du lendemain arriverait chaud chez ceux qui avait dormi toute la nuit. Ce qui veut dire que l'odeur de la pluie est quelque chose de difficile à faire comprendre à ceux qui ne connaissent pas la salle de bain de la maison de GrandMèreAgnette.

- Tu dors ou quoi ? ils m'ont demandé.

- Ferme-la. Je suis en train de mettre la pluie dans mes pensées.

Auteur: Ondjaki Nadu de Almeida

Info: GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique

[ olfactif ]

 

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Ajouté à la BD par miguel