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suivi psychologique
Une psychothérapie est […] beaucoup moins longue, moins astreignante qu’une psychanalyse. Et surtout, le but est directement thérapeutique. On n’évoque que ce qui ne va pas actuellement pour le comprendre et sortir de la difficulté : on n’évoque pas tout ce qui vient à l’esprit. La psychothérapie vise plutôt les troubles conscients, la relation avec les proches, la réalité actuelle, et comment y faire face. Elle opère plus en surface et plus vite. Elle est souvent suffisante pour retrouver un équilibre viable, reprendre confiance, repartir du bon pied, sortir d’une période difficile dont on ne se serait pas sorti seul.
Dans une psychanalyse, le patient est sur le divan, il ne voit pas le psychanalyste qui reste silencieux. Il s’agit, pour le patient, de dire tout ce qu’il pense et ressent. L’expérience montre qu’à travers la relation imaginaire du psychanalysant avec le psychanalyste et les rêves dont il lui parle, il revit inconsciemment ses expériences passées en remontant son histoire. C’est comme une aventure au bout de laquelle on est moins fragile psychiquement, si je puis dire. Dans une psychanalyse, on évoque les souvenirs les plus anciens, ceux qu’on avait totalement oubliés. C’est une sorte de reviviscence de toute la vie – amour, haine, méfiance, confiance, etc. – autour de la relation imaginaire au psychanalyste.
Auteur:
Dolto Françoise
Années: 1908 - 1988
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: psychologue
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Lorsque l'enfant paraît", tome 2, éditions du Seuil, 1978, pages 191-192
[
différences
]
[
choisir
]
[
objectif
]
[
comparaison
]
couple
Voici un fait que je tiens de Masséna : " Un jour, me dit-il, étant à Bussinglien, j'aperçus un jeune artilleur de l'artillerie légère, dont le cheval venait d'être percé d'un coup de lance. Le jeune homme, qui paraissait n'être encore qu'un enfant, se défendait en déterminé, ce qu'attestaient plusieurs cadavres ennemis qui étaient autour de lui. J'envoyai un officier avec, quelques hommes pour le dégager, mais il arriva trop tard. Quoique cette action ce soit passée isolément, et sur la lisière du bois, en face du pont, l'artilleur avait été le seul but de la petite troupe de Cosaques et de Bavarois que nos gens firent fuir. Son corps était criblé de balles, bardé de coups de lance et haché de coups de sabre. Certainement il avait plus de trente blessures. Et savez-vous bien ce que c'était que ce jeune homme-là, Madame ? me dit Masséna en se tournant vers moi. C'était une femme.... Oui, une femme, et jolie encore... quoique, en vérité, il fût un peu difficile d'en juger, tant elle avait le visage souillé de sang. Elle avait suivi son amant à l'armée, qui était capitaine d'artillerie; elle ne le quittait jamais et lorsqu'il fut tué elle défendit ses dépouilles comme une lionne. Elle était de Paris, s'appelait Louise Bellet, et était fille d'un passementier de la rue du Petit-Lion.
Auteur:
Abrantès Laure Permon Junot duchesse d'
Années: 1784 - 1838
Epoque – Courant religieux: préindustriel
Sexe: F
Profession et précisions: femme de lettres épouse du duc d'Abrantès
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Mémoires
[
fidélité
]
[
soldate
]
[
anecdote
]
imagination
Chaque fois que je découvre une île sur la carte, je sens naître en moi des amitiés, des amours, comme un fourmillement. Il me semble voir immédiatement un chien qui fixe ses yeux dans les miens, un pêcheur vêtu de bure, aux gestes lents et aux mains agiles, qui parle peu, une barque lente et pesante au bois noirci et aux couleurs passées, qui sent fort la toile cirée, un oiseau qui suit la barque, des filets, des poissons, des écailles, des enfants merveilleusement beaux sur le quai, des cabanes honnêtes, du grondin ou du zée bouilli, une odeur de céleri, une marmite noire qui fume, une mer brumeuse aux horizons étroits...
J'ai toujours une carte sur le mur de ma chambre. C'est pour la regarder lorsque je ne crois plus au livre que je lis, la nuit quand il commence à m'ennuyer. Et quand je regarde la carte, j'y repère tout de suite une île minuscule comme un point et j'imagine les vents, les tempêtes, les grondements, les requins, et puis les hommes. Parfois je vois sur la carte des îles aux formes tortueuses sur lesquelles je me penche avec l'intuition d'un vieux sorcier pour en découvrir les secrets, mais ce qui m'attire le plus, ce sont les îles qui n'ont pas de forme et qui figurent comme des points.
Auteur:
Sait Faik Abasiyanik
Années: 1907 - 1954
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Turquie
Info:
Un point sur la carte
[
évasion
]
[
déclencheur
]
chimie minérale
Ceux d'entre nous qui connaissaient la situation de la chimie inorganique dans les universités il y a vingt ou trente ans se souviendront qu'à cette époque, elle était largement considérée comme une partie ennuyeuse et inintéressante du cursus de premier cycle. En général, elle était enseignée presque entièrement au cours des premières années du cursus et principalement comme une collection de faits sans lien les uns avec les autres. Dans l'ensemble, les étudiants ont conclu qu'à l'exception de certaines relations dépendant du tableau périodique, la chimie inorganique ne disposait pas d'un système comparable à celui de la chimie organique, ni de la rigueur et de la logique qui caractérisent la chimie physique. On pensait généralement que les possibilités de recherche en chimie inorganique étaient rares et que, de toute façon, les problèmes étaient ennuyeux et peu stimulants ; par conséquent, relativement peu de personnes se sont spécialisées dans ce domaine... Tant que la chimie inorganique sera considérée comme consistant simplement, dans les années passées, en préparations et analyses d'éléments et de composés, son manque d'attrait est tout à fait normal. Ce stade est désormais dépassé et, pour les besoins de notre discussion, nous définirons aujourd'hui la chimie inorganique comme l'étude intégrée de la formation, de la composition, de la structure et des réactions des éléments et des composés chimiques, à l'exception de la plupart de ceux du carbone.
Auteur:
Nyholm Ronald Sydney
Années: 1917 -1971
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: chimiste
Continent – Pays: Australie
Info:
Conférence inaugurale prononcée à l'University College de Londres (1er mars 1956). Dans The Renaissance of Inorganic Chemistry (1956), 4-5.
[
abiotique
]
insomnie
Quand on n'arrive pas à s'endormir, on essaye d'abord de ne penser à rien; on se met à compter - ou à prier. Soudain, il nous vient à l'esprit : "Bon sang, j'ai oublié de faire telle ou telle chose, hier ! " Et ensuite, on se rend compte qu'on s'est sûrement fait avoir à la caisse du magasin au moment de payer. Puis on se souvient que l'autre jour, notre femme ou notre ami nous a répondu d'une drôle de manière. Plus tard, un meuble craque, on se dit qu'il y a un voleur et on commence à brûler de peur, ou de honte. Et une fois qu'on est affolé, on réfléchit à son état physique, et, couvert de sueur, terrifié, on essaie de se rappeler tout ce qu'on sait sur la néphrite ou le cancer. Et tout à coup, on repense à une idiotie embarrassante qu'on a commise vingt ans plus tôt, qui nous donne à nouveau des sueurs froides. Petit à petit, on est confronté à soi-même, cet être étrange, obstiné et détestable; à ses faiblesses, à ses bassesses, à sa mauvaise conduite, ses limites, sa partialité, ses bêtises, ses humiliations et ses souffrances depuis longtemps passées. Toutes les choses gênantes, douloureuses et vexantes qu'on a vécues nous reviennent, comme au premier jour. Rien ne nous est épargné, quand on ne parvient pas à dormir.
Auteur:
Capek Karel
Années: 1890 - 1938
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Tchékoslovaquie
Info:
Contes d'une poche et d'une autre poche
[
gamberge
]
[
introspection
]
bilan d'existence
J'ai constaté que toute ma longue vie se divise en quatre périodes : la première, merveilleuse, surtout si on la compare à celle qui devait lui succéder, innocente joyeuse et poétique période de mon enfance, allant jusqu'à quatorze ans (1828-1842). Puis l'horrible deuxième période, s'étendant sur vingt années, de la dépravation la plus grossière, de l'asservissement à l'ambition, à la vanité et, surtout à la concupiscence (1842-1862) ; ensuite, la troisième période, allant de mon mariage à ce que j'appelle ma naissance spirituelle, période qui, du point du vue du monde, peut-être appelée morale. Pendant ces dix-huit ans, j'ai, en effet, vécu une vie régulière, honnête, familiale, exempte de tous les vices qui encourent la réprobation publique. Mais, je durant tout ce temps, je ne me préoccupais égoïstement que de ma famille, de l'accroissement de ma fortune, de mes succès littéraires et divers autres plaisirs et distractions (1872-1880). Enfin la quatrième période dans laquelle je vis maintenant, dans laquelle j'espère mourir et du sein de laquelle je vois toute la signification de ma vie passée... Je voudrais pouvoir raconter l'histoire de ma vie durant ces quatre périodes successives, si Dieu m'en donne les forces et le temps. Je pense qu'une telle biographie, écrite par moi, serait plus utile aux hommes que tout ce bavardage artistique qui remplit les douze volumes de mes oeuvres et auxquels les hommes de notre temps attribuent une signification imméritée.
Auteur:
Tolstoï Léon
Années: 1828 - 1910
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Russie
Info:
Le Roman de Tolstoï, dans les Notices autobiographiques de Tolstoï datées de 1903, à son biographe Paul Birioukov, rapporté par Vladimir Fédorovski
[
biographie
]
sens
Il était silencieux, puis l’implora : "Écoute, Sally.
Donne-moi un autre médoc.
Il y a des rats bouillonnant dans mon ventre qui rampent et
mordent." Elle essuya son front détrempé
Avec un morceau de tissu, puis s’assit sur le lit
En tenant sa vieille main mouchetée ; la secoua, la pressant
Contre sa joue.
De tout ceci, Seigneur –
Un vieil homme cancéreux, une épouse
Jalouse répétant toute la nuit
La litanie de ses erreurs passées,
Et une jeune adultère torride
Entre ses deux hommes – de tous ces éléments
Ordinaires de la vie commune, ces deux ou trois personnes
Qui non sans raison s’interrogent,
Une découverte peut-elle sourdre, ou un faucon s’envoler ?
Car tu n’es pas humain, tu ne tiens pas compte des personnes,
Ni sujet au dégoût ni adepte du péché,
Et tous tes chemins sont beaux.
Même tes choses qui dépérissent, la vase des mers et la charogne
Resplendissent dans l’obscurité ; même cette époque dépravée
Qui fait le mal dans ses rêves,
Ivre de tromperies et de cruautés,
Phosphorescente de guerres,
S’embrase comme une torche.
Elle a son propre honneur abandonné, et ses piliers de musique
Offerts aux pures étoiles.
Auteur:
Jeffers Robinson
Années: 1887 - 1962
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, poète
Continent – Pays: Amérique - Etats-Unis
Info:
Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 27-28
[
mystère
]
[
beauté
]
[
horreur surpassée
]
[
lila
]
littérature
Les sillons encore frais ressemblaient aux lignes d'une pièce de velours côtelé toute neuve et donnaient à cette vaste étendue un aspect mesquinement utilitaire. Tous les accidents de terrain avaient disparu ; plus la moindre trace d'histoire : ne restait que celle des quelques derniers mois. Et pourtant à chaque motte de terre, à chaque pierre, s'attachaient des souvenirs innombrables - échos des chansons entendues lors des moissons passées, paroles échangées, faits et gestes audacieux. Sur chaque pouce de terrain, combien n'y avait-il pas eu de manifestations d'énergie et de gaieté, de jeux brutaux, de querelles ? Sur chaque mètre carré, des groupes de glaneurs s'étaient courbés au soleil. Les mariages d'amour qui avaient peuplé le hameau voisin s'étaient noués ici, après le dernier coup de faux et avant la rentrée des blés. Sous la haie qui bordait le champ, des filles s'étaient données à des amoureux qui n'avaient même plus tourné la tête pour leur accorder un regard à la moisson suivante ; dans les blés, plus d'un homme avait fait des serments d'amour à une femme : après le mariage, au temps des semailles le printemps suivant, la voix de cette même femme l'avait fait tressaillir par son ton aigre et autoritaire. Mais de tout cela, ni Jude, ni les corbeaux qui l'entouraient, n'avaient cure : ils ne voyaient là qu'un terrain dénudé, bon champ de travail pour l'un, bon grenier de provisions pour les autres.
Auteur:
Hardy Thomas
Années: 1840 - 1928
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète écrivain
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Jude l'obscur
[
campagne -
]
nosologie psychologique
Comment se présente la maladie créatrice ? Souvent comme une névrose banale, qualifiée de "neurasthénie" ou de tout autre diagnostic conforme aux théories psychiatriques du jour. On observe des symptômes de dépression, d'épuisement, d'irritabilité, de l'insomnie, des maux de tête, des névralgies. Plus rarement, la maladie créatrice prend l'allure d'une psychose plus ou moins grave, ou encore revêt le caractère d'une maladie psychosomatique. Dans tous les cas, cependant, elle se distingue par quelques traits caractéristiques. Généralement, le début succède à une période de travail intellectuel intense, à de longues réflexions, à des méditations, peut-être encore à un travail plus technique tel que la recherche et l'accumulation du matériel intellectuel.
Pendant la maladie, le sujet est généralement obsédé par une préoccupation dominante qu'il laisse parfois apparaître mais cache souvent. Il est préoccupé par la recherche d'une chose, d'une idée qui lui importe par-dessus tout et qu'il ne perd jamais complètement de vue.
La terminaison est vécue non seulement comme libération d'une longue période de souffrances, mais comme une illumination. L'esprit du sujet est alors envahi par une idée nouvelle qui lui apparaît comme une révélation ou un ensemble de révélations. La guérison est souvent brusque, à tel point que le sujet peut en donner la date exacte. Elle est généralement suivie d'un sentiment d'exaltation, d'euphorie et d'enthousiasme si intenses que le sujet peut arriver à se sentir dédommagé d'un seul coup de toutes ses souffrances passées.
Auteur:
Ellenberger Henry F.
Années: 1905 - 1993
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: psychiatre
Continent – Pays: Amérique du nord - Canada
Info:
Traité d'anthropologie médicale
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autoguérison spontanée
]
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obsession
]
entendement
Vos prenez soin de votre cerveau car il est unique, c'est quelque chose d'extraordinaire. Nulle machine, nul ordinateur ne peuvent lui être comparés. Il est si vaste, si complexe, ses capacités sont immenses, aussi subtiles qu'efficaces. C'est l'entrepôt de l'expérience, du savoir et de la mémoire. Toute pensée jaillit du cerveau. On lui doit la malfaisance, la confusion, les souffrances, les guerres, la corruption, les illusions, les idéaux, la douleur et la misère, ainsi que les majestueuses cathédrales, les exquises mosquées et les temples sacrés. Ses capacités, tant passées qu'actuelles, sont stupéfiantes. Pourtant il est un domaine dans lequel il est apparemment impuissant : il ne parvient pas à modifier radicalement son comportement dans sa relation à un autre cerveau, à un autre être. Ce comportement, ni punition ni récompense ne semblent pouvoir le modifier et le savoir ne paraît pas non plus capable de transformer sa conduite. Le "moi" et le "vous" demeurent. Le cerveau ne comprend jamais que le moi est le vous, que l'observateur est observé. Son amour porte en germe sa dégénérescence, son plaisir débouche sur la douleur, les dieux de ses idéaux le détruisent. Sa liberté est sa propre prison. Le cerveau a été éduqué, conditionné, à la vie dans cette prison. Il ne cherche qu'à la rendre plus confortable, plus agréable. Votre cerveau est unique, prenez-en soin, ne le laissez pas se détériorer. Il est si facile de l'empoisonner.
Auteur:
Krishnamurti Jiddu
Années: 1895 - 1986
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: maitre spirituel
Continent – Pays: Asie - Inde
Info:
Journal
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cervelle
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espace raisonnant
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illusion
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je
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